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Top-15 des espoirs du CH | 3e position : Juraj Slafkovsky

Après Kaiden Guhle la semaine dernière, nous voici donc rendus à la troisième position de notre décompte qu’occupera le 1er choix universel du repêchage 2022, Juraj Slafkovsky.

Pourquoi Slaf devant Guhle?

Même s’il est très bon, qu’il est même meilleur et plus important que Slaf présentement, Guhle n’est plus exactement très rare en défensive. Plusieurs seront en mesure de lui voler des minutes de jeu dans les prochaines années.

Le profil de Slafkovsky est beaucoup plus rare au sein du CH et de la LNH en général.

Slaf est aussi 2 ans plus jeune que Guhle. Il faut donc faire l’effort d’imaginer le Slovaque à 21-22 ans ou retourner en arrière et revoir le Guhle de 19-20 ans dans la WHL

Ainsi, on a entendu tous les qualificatifs pour décrire la première saison de Slafkovsky – à tout juste 18 ans – dans la LNH.

« Correcte ».

« Bof ».

« Pas si pire ».

« Ordinaire ».

« Décevante ».

« Mauvaise ».

Certains, encore plus subtils, croient même qu’il est déjà un flop, probablement les mêmes qui auraient choisi Shane Wright au 1er rang…

J’estime pour ma part que sans être constamment bon, Slafkovsky a été meilleur que ce qu’à peu près tout le monde a dit à son sujet.

En fait, je pense juste très banalement que le Slaf a été ben correct pour un gros ailier de 18 ans que personne n’a jamais vu comme un joueur de concession.

The kid is fine.

Ce sont les grosses mises en échecs qu’il a reçues alors qu’il avait la tête basse et le peu de points au compteur qui ont surtout marqué l’imaginaire, mais on semble souvent oublier le portrait général.

Seul joueur de sa cuvée à évoluer régulièrement dans la LNH, Slafkovsky jouait en moyenne 12 minutes par partie. Même s’il manquait d’expérience, il travaillait fort, il n’avait pas l’air d’un joueur junior et je ne me rappelle pas de beaucoup de matchs où il aurait clairement été le moins bon attaquant de son équipe. Enfin, signe de progression, ses responsabilités allaient toujours en augmentant.

Mon opinion sur lui rejoint en fait pas mal celle de Martin St-Louis, qui a reconnu lors du dernier repêchage avoir été agréablement surpris en revoyant les matchs de Slafkovsky après la saison.

Impressionné par ses « touches » de rondelles et par le fait que Slaf ressortait régulièrement du lot, son entraîneur pense qu’il aurait même dû lui donner plus de responsabilités par moments et regrette de ne pas avoir eu la chance de le faire en seconde moitié de saison.

Malgré tout, Slaf a eu le temps de nous montrer quelques flashs ici et là. Tantôt son lancer, tantôt ses mains, tantôt une belle vitesse, tantôt sa force physique. Certains soirs on avait presque une idée du joueur auquel ont rêvé les recruteurs du Tricolore à l’été 2022.

Mais bon, on n’a jamais pu connaître la fin de l’histoire avec lui la saison dernière.

3. Juraj Slafkovsky, AG/AD | Dernier classement : 1er 
Potentiel : 37/40
Assurance : 16 /20
Valeur d’usage : 25.5/30
Valeur d’échange : 8.5/10
Total  : 87 / 100

Potentiel 

Il y avait déjà une bonne part de mystère entourant le potentiel de Slafkovsky avant même son repêchage en 2022 et, sans malice aucune à son endroit, disons simplement que la saison dernière saison n’aura rien fait pour éclaircir la question.

Premièrement, on a voulu développer le jeune homme dans la LNH, étape par étape, en lui faisant prendre des petites bouchées et en le protégeant. Dans un passé pas si lointain, même les Oilers d’Edmonton, n’ont pas choisi cette voie avec un certain Leon Draisaitl…

N’empêche, on commençait à vouloir lui donner de plus grosses responsabilités offensives aux côtés de Monahan lorsque celui-ci s’est blessé lors de son fameux match retour à Calgary.

Dommage, on a tout de suite vu lors de ce fameux match qu’une chimie aurait pu s’installer entre les deux. Slaf avait marqué dès la première minute.

Puis, quelques semaines plus tard, ce fut au tour du principal intéressé de tirer sa révérence pour le reste de la saison suite à une blessure au genou dont l’origine demeure nébuleuse à ce jour.

Bref, pas évident de bien évaluer son potentiel dans de telles circonstances, on en conviendra…

On lui redonne donc son 37/40 de l’an dernier au niveau du potentiel, soit un score qui témoigne toujours de notre foi de le voir devenir un des bons attaquants de puissance de sa génération.

Il lui faudra maintenant retrouver une identité claire au sein du Canadien. Il doit revenir à l’essentiel. Slafkovsky possède un coffre à outils qui, pour reprendre la comparaison de Marc-Antoine Godin, peut faire penser à celui de Rick Nash.

On l’a repêché au premier rang parce qu’il est très costaud, qu’il peut patiner, lancer et faire des jeux avec la rondelle. On veut le voir filer à toute allure et traverser la patinoire avec autorité. On veut le voir prendre plus de tirs.

On n’a pas à réinventer la roue avec lui.

Assurance d’atteindre son potentiel

Slafkovsky est un athlète sérieux, exigeant envers lui-même, quitte à être son pire critique. C’est pourquoi Martin St-Louis veut qu’il conserve sa passion et le simple plaisir de jouer et qu’il arrête d’être aussi dur envers lui-même.

Mais à choisir, si mon but est de gagner la Coupe Stanley, je préfère les types qui s’imposent des standards élevés aux types complaisants et satisfaits.

Sans surprise, Slaf a donc pris les grands moyens cet été pour s’améliorer dans plusieurs facettes.

Perte de poids pour être plus explosif et rapide? Check. Son poids tournerait maintenant autour de 230 lbs. Pour un ailier de 6’3 qu’on veut voir traverser la zone centrale puis converger au filet, ça me semble préférable que son ancien poids de 238 lbs.

Exercices pour augmenter sa capacité respiratoire de 20 % et, par le fait même, sa récupération et sa puissance? Check. Pas une mauvaise idée si on veut éventuellement jouer une vingtaine de minutes par match à fond de train.

Exercices avec lunettes spéciales pour mieux évaluer les distances et rehausser son orientation spatiale sur la glace? Check. Dans son cas, si ça peut l’aider à mieux repérer les dangers et les options qui s’offrent à lui, ça ne pourra pas nuire.

Certains diront sans doute que tout ça est un paquet de détails insignifiants, des gadgets, des trucs de science-fiction.

Mais dans un univers où tout se joue sur des fractions de seconde, ne voudriez-vous pas mettre toutes les chances de votre bord ?

S’il corrige son défaut de jouer la tête basse, on ne croit pas, contrairement à Guhle, que son style de jeu devrait lui occasionner un grand nombre de blessures.

À moins que son genou n’était déjà fragilisé, la blessure qui a mis fin à sa saison semble avoir été bêtement occasionnée par un geste accidentel d’un joueur des Rangers.

En souhaitant que cette blessure soit un accident isolé, pour le reste, on ne peut donc qu’aimer l’humilité et le souci de s’améliorer de toutes les façons possibles de Slaf.

On souhaite que ce soit des traits qu’il gardera longtemps, car ils sont nécessaires à l’atteinte de son potentiel.

Du reste, à 19 ans, le #20 a encore bien du temps devant lui pour peaufiner son jeu d’ensemble.

Bien qu’on lui ait enlevé quelques points cette année, en matière d’assurance d’atteindre son plein potentiel, personne de sain d’esprit ne s’imagine le voir déployer toutes ses ailes avant l’âge de 21-22 ans, comme ont pu le faire les Caufield et Suzuki avant lui.

Bref, suite à un rétablissement complet de sa blessure au genou, ce qui serait rassurant en 2023-2024, il serait tout simplement important de le voir progresser en capitalisant sur son important travail estival.

Valeur d’usage

Avec le plan qui se dessine à l’horizon, il semble que le Canadien espère à terme compter sur deux trios offensifs dignes de ce nom… et il ne fait nul doute que Slafkovsky devra éventuellement se retrouver sur ces deux premiers trio dans son rôle bien à lui pour que le plan fonctionne dans son intégralité.

On ne repêche pas un ailier de 6’3, 220-230 lbs avec le tout premier choix pour qu’il évolue timidement sur une troisième ligne en faisant sa petite affaire !

Mais je ne crois pas qu’on ait à s’inquiéter tellement à ce sujet ; si le plan demeure le même avec lui, et que l’on n’accueille pas un attaquant vedette dans un proche avenir, Slaf jouera régulièrement sur l’un des deux premiers trios de l’équipe avant longtemps. À part Caufield, Newhook et Joshua Roy, je ne vois personne d’autre dans l’organisation qui a le potentiel pour être un des 4 ailiers du top-6.

Voici d’ailleurs, en primeur (!), ce à quoi pourrait ressembler le top-6 du Canadien dans deux ans, soit à l’aube de la saison 2025-2026, saison pour laquelle on leur prédit un retour en séries.

Roy-Suzuki-Caufield
Newhook-Dach-Slafkovsky

Vous pouvez inverser Roy et Slaf si vous voulez, mais là où une sérieuse question persiste avec Slovaque, c’est par rapport à son rôle en avantage numérique.

N’en déplaise à tous ceux qui se disent « il est gros, on doit le placer devant le gardien de but », Slaf ne semble pas un grand adepte du devant du filet, surtout si on le compare à Joshua Roy.

Pour un « gros bonhomme », sans craindre craindre le jeu robuste, Slaf n’a pas non plus le style des Tkachuk.

Serait-il alors plus à l’aise sur le mur droit ?

C’est l’hypothèse que j’oserais faire.

Celui qui a tout de même marqué 2 de ses 4 buts la saison dernière en avantage numérique, semble aimer tirer la rondelle de cet endroit, hors l’aile, comme on le voit ici :

Il peut aussi être un passeur efficace et bien protéger la rondelle avec son corps depuis cette position.

Je ne sais pas si on va continuer à placer presque automatiquement Suzuki sur le mur droit de la première unité du jeu de puissance, mais on pourrait certainement commencer par y tester Slafkovsky sur la seconde unité dès cette saison.

Après, on verra.

De toute façon, ce n’est pas comme si le CH a été transcendant ces dernières années avec l’avantage d’un homme. Ça même été carrément pathétique en général.

Le jeu de puissance du CH a besoin d’une bouffée d’air frais et ça fait depuis Kovalev qu’on n’y a pas retrouvé un puissant tireur gaucher sur le flanc droit. Alors qu’on s’attendait à beaucoup du droitier Caufield dans cette phase de jeu sur le flanc gauche, celui-ci n’a inscrit jusqu’ici que 12 buts en carrière en PP.

Puis, avec les gauchers Matheson et bientôt Hutson à la pointe comme principaux quarts-arrière de l’équipe – on verra pour Guhle -,  la rondelle pourrait très bien se diriger un peu plus souvent et facilement vers le flanc droit que le flanc gauche.

L’essentiel, c’est que comme n’importe quel joueur, si on veut que Slaf atteigne son plein potentiel, le plan consistera aussi à lui fournir les opportunités qu’il mérite….

Pour reprendre les mots de Martin St-Louis, il semble bien y avoir « une chaise à voler » pour lui en avantage numérique!

Valeur d’échange

Il y a sans doute quelques têtes dirigeantes qui après avoir vu le gros Slovaque se faire pincer 3-4 fois la tête basse se disent qu’il y a un certain risque avec ce joueur. Le QI hockey est peut-être douteux, certaines habitudes sont difficiles à perdre, etc.

Mais plusieurs auront aussi noté, comme l’a d’ailleurs fait le principal intéressé à la blague (« I have a big head! »), que la tête en question est vissée assez solide sur les épaules! D’après nos recherches, officiellement, Slaf n’aurait pas subi de commotions cérébrales malgré les quelques durs coups au haut du corps qu’il a dû encaisser l’an dernier.

En somme, s’il arrête de se faire régulièrement frapper de la sorte, on continuera à le voir comme un spécimen rare sur deux lames un peu partout à travers la LNH et sa valeur marchande ne s’en portera que mieux.

Pouvant lui aussi distribuer les coups d’épaule, il demeure le genre de brute que plusieurs voudraient avoir en séries, surtout lorsqu’on sait qu’il aime les grandes occasions (Olympiques et Championnat mondial en 2022) et qu’il aspire à faire la différence.

Bien sûr, comme pour tout haut choix, s’il ne se développe pas assez rapidement au goût de ses patrons dans les prochaines années, ceux-ci pourraient être tentés de l’échanger alors que sa valeur est encore bonne sur le marché.

Si une transaction pour mettre la main sur joueur vedette devait inclure Slafkovsky pour se réaliser, Kent Hughes pourrait être preneur, surtout s’il n’est pas 100% convaincu que le Slovaque atteigne son plein potentiel à Montréal.

Il se pourrait aussi qu’une transaction en apparence plus « horizontale », où l’on s’échangerait des « insatisfactions chroniques » de part et d’autre,» se réalise un jour.

Par exemple, avec un Alexis Lafrenière, le tout premier choix des Rangers, ancien club de Jeff Gorton, en 2020.

Mais on n’en est pas là. Vraiment pas.

On voudra préférablement faire des soustractions à la défense pour ajouter du talent à l’attaque.

Conclusion

Alors que ce fut plutôt tranquille l’an dernier au niveau des comparaisons avec les joueurs de son année de repêchage – Wright, Jiricek et Kasper n’auront joué qu’une poignée de matchs dans la LNH – les analyses critiques risquent d’être plus nombreuses cette saison avec les arrivées probables de Nemec et Cooley, respectivement 2e et 3e choix de 2022, qui ont très bien fait dans la AHL et la NCAA.

Comme je le dis depuis le repêchage de 2022, c’est une chose d’avoir erré en optant pour Mesar à la place de Kulich au 26e rang, mais c’en serait une tout autre d’avoir commis une erreur avec le tout premier choix au total…

Cela dit, nous n’avons qu’à peine entrevu la pointe de l’iceberg avec Slafkovsky la saison dernière. On a simplement accueilli, accompagné et protéger le « gros bébé » de 18 ans !

Il se pourrait fort bien que la saison à venir nous révèle une nouvelle version, plus alerte, plus mature et moins nerveuse du Slovaque.

Chose certaine, le printemps prochain, l’état-major saura davantage quelle genre de bibitte elle a repêché à l’été 2022. Sans nécessairement parler de « grande éclosion », les dirigeants du CH, comme les fans, veulent voir une nette progression de Slafkovsky dès cette année.

Prolongation

J’ai assisté au match de 13h hier opposant les formations « B » et « D ». Une belle première balade sur le REM!

Slaf a connu un bon match dans l’ensemble comme troisième roue du trio avec Newhook et Anderson. Il semblait peut-être un peu trop penser sur la glace par moments, mais c’est aussi ce que doit souvent faire une troisième roue ; lire les deux autres et aller là où il faut aller.

Parfois, il faut aussi simplement leur créer de l’espace.

Plus spécifiquement, Slaf jouait la tête plus haute dans les trois zones et a réalisé plusieurs bonnes « touches » de rondelle. Très peu d’erreurs, son positionnement défensif et offensif était aussi très bien tout du long.

On en a ici un bel exemple en fin de match, alors qu’il s’est fait oublier une fraction de seconde à l’embouchure du filet. En plus du beau jeu de Josh Anderson, on remarquera l’agilité de Slaf pour récupérer la passe avec son patin pour ensuite rediriger la rondelle sur sa palette, puis dans le haut du filet en un rien de temps.

Quelques commentaires éclair sur les autres

Roy a été meilleur que Monahan aux côtés de Dach. Comme dirait Michel Bergeron, « il a l’air d’un joueur de hockey »!

De son côté, Alex Newhook a l’air d’un joueur de centre. Il semblait jouer très librement. Beaucoup de vitesse et de créativité. Superbe passe sur le but de Novak.

Matheson était dans une classe à part ; tellement calme et fluide. L’été dernier, sans que personne ne s’en rendre trop compte, Kent Hughes a mis la main sur un Petry gaucher, plus jeune et meilleur.

Comme on l’a vu sur le but de Slaf, on a aussi eu droit à un Josh Anderson plus créatif. Est-ce un prélude pour la saison qui l’attend? Est-ce que les conseils et les cordes que St-Louis tente d’ajouter à son arc, vont enfin porter fruit?

Logan Mailloux semble de plus en plus à l’aise, deux beaux buts. Positionnement encore douteux en défense, mais aussi capable de beaux jeux dans sa zone par moments.

Mesar a bien patiné au centre. Un des meilleurs patineurs de l’organisation. Il a obtenu quelques chances de marquer grâce à sa vitesse et son sens du jeu. Au risque de se répéter, il est encore frêle et comme pour Lehkonen et Ylonen, laissons-lui le temps, Il va percer un jour, ça ne sera juste pas avant 21-22 ans. Mais bon (soupirs), comme je le dis depuis son repêchage, Kulich était juste là

Kirby Dach a pratiqué son lancer du poignet cet été et ça paraît. Je crois que son jeu va encore monter d’une grosse coche cette saison. Et peut-on arrêter de dire qu’il est « lent »?

J’ai bien aimé Nathan Légaré. Solide. Bon échec avant.

Enfin, Lias Andersson, un gros « bof ». Comment diable ce joueur a-t-il pu être repêché au 7e rang au total en 2017? Un patineur très ordinaire dont les qualités (tir/mains) ont été pas mal invisibles hier. Ça va en prendre plus que ça pour commencer l’année à Montréal ou être le premier rappelé, disons…

On se dit à la semaine prochaine pour la 2e position!

En attendant, vous pouvez (re)lire notre série d’articles :
Promotions et mentions honorables
Positions 15 à 13 (Farrell, Mesar, Heineman) et une « wild card » (Lias Andersson)
Positions 12 à 10 (Fowler, Mailloux, Xhekaj)
Positions 9 et 8 (Engstrom et Barron)
7e position : Joshua Roy
6e position : Alex Newhook
5e position : Owen Beck
4e position : Kaiden Guhle

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