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Top-15 des espoirs du CH | 7e position : Joshua Roy

AJOUT : L’heure de sortie du texte qui suit a été programmé avant l’annonce du décès de Yvon Pedneault, dont je viens de prendre connaissance. Je tiens à ajouter ma voix aux messages de sympathie pour cet analyste passionné qui a accompagné plusieurs de nos des soirées hockey les mercredis soir à TVA, puis à RDS avec Pierre Houde avant de poursuivre à TVA Sports et dans plusieurs autres médias. Merci Yvon!  « Tu te dois » de te reposer maintenant!

Après avoir classé quatre solides défenseurs (Mailloux, Xhekaj, puis Engstrom et Barron) aux positions 11 à 8, des défenseurs que l’on voit surtout évoluer sur les deux dernières paires dans la LNH, nous allons maintenant nous tourner vers quelques attaquants qui ont tous le potentiel d’occuper des rôles importants dans le top-6 ou, à tout le moins, devenir des joueurs de troisième trio au-dessus de la moyenne.

Nous commençons aujourd’hui avec Joshua Roy en septième position.

7. Joshua Roy, AG | Dernier classement : 10e
Potentiel : 35/40
Assurance : 15/20
Valeur d’usage : 24/30
Valeur d’échange : 7/10

Total : 81/100

Potentiel

Le meilleur marqueur de la LHJMQ en 2021-2022 à l’âge de 18 ans (51 buts, 119 points en 66 matchs) a décidé l’an dernier de parfaire son jeu sur 200 pieds afin de préparer sa transition chez les pros.

Roy n’a pas remporté un second titre de champion marqueur avec ses 99 points en 55 matchs, mais les résultats globaux ont été fantastiques alors qu’il s’est même retrouvé sur le premier trio d’Équipe Canada au CMJ, évoluant aux côtés du surdoué Connor Bedard.

Dans une moindre mesure, celui qui a été repêché au premier rang de la LHJMQ en 2019 est lui aussi un genre de « surdoué » du hockey. Ça va avoir l’air très simple ce que je vais dire, mais c’est comme s’il savait intuitivement comment bien jouer au hockey. C’est sans doute ce qui lui confère la plus haute note au niveau du potentiel jusqu’ici dans notre décompte.

Mais Roy, ce n’est pas juste de l’instinct et de l’intuition. C’est un authentique QI hockey au-dessus de la moyenne qu’il semble avoir développé en perfectionnant son jeu ces dernières années.

Défensivement, Roy semble toujours être dans les pattes de l’équipe adverse, coupant les corridors de passes, créant des revirements, des contre-attaques, des pertes de rondelles, ce qu’il lui permet, entre autres, d’exceller en désavantage numérique, comme on l’a vu autant avec Équipe Canada qu’à Sherbrooke. C’est une facette qu’il pourra éventuellement transposer au niveau professionnel.

Ce mélange d’instinct et de d’intelligence lui permet aussi des séquences offensives lumineuses comme sur cette passe menant au but gagnant de Dylan Guenther lors du match pour la médaille d’or du CMJ en janvier dernier :

Encore meilleur sous pression comme on vient de le voir, il est devenu le Québécois avec le plus grand nombre de points en deux participations au CMJ, devançant nul autre que Jonathan Huberdeau, un ancien troisième choix au repêchage.

Il y a cependant un petit bémol qui n’a pas trop été soulevé à ma connaissance concernant ce fameux record.

À cause de l’horaire estival du tournoi de 2022 (because la COVID et blablabla…), Roy, dont l’anniversaire est le 6 août, a réalisé son exploit en participant à deux tournois en l’espace de quelques mois en tant que joueur de 19 ans.

Ça ne lui enlève pas son mérite, personne ne lui enlèvera les points qu’il a fait – encore moins un compatriote beauceron! – mais objectivement et historiquement, ça lui a donné un avantage sur les autres Québécois, un avantage qu’on ne reverra peut-être plus jamais lors de cette compétition.

Mais bon, peu importe ce calendrier un peu tombé du ciel pour son record au CMJ, la façon de jouer de Roy s’inscrit ainsi dans l’ADN du système de jeu que Martin St-Louis tente de mettre en place depuis son arrivée : Roy cherche constamment à faire LE meilleur jeu et pas juste un jeu.

Un bon point pour lui.

Au niveau des qualités plus techniques et athlétiques, Roy ne sera jamais le patineur le plus rapide, mais on a quand même vu une très belle progression de ce côté lors des deux dernières saisons. Rien d’inquiétant là donc, car de toute façon, il compensera toujours largement – un peu comme un Mark Stone – par une lecture de jeu, une anticipation et un timing quasi parfaits qui lui permettent souvent d’être à la bonne place au bon moment, comme ici :

Ou encore ici :

Sinon, le Beauceron peut faire à peu près tout sur une patinoire pour aider son équipe. On a déjà parlé de son jeu défensif, mais il demeure que ce sont bien sûr ses qualités offensives qui pourraient le conduire sur les premiers trios du Canadien sur une base permanente.

En plus de son instinct et de son QI hockey très élevé, en l’espace d’un an Roy a aussi déjà considérablement amélioré sa force physique et excelle encore davantage en protection de rondelle.

Son lancer du poignet est également au-dessus de la moyenne, tout comme son habileté à préparer des jeux du périmètre et à converger au filet pour faire dévier des rondelles et cueillir des rebonds.

Il peut aussi fort bien se débrouiller en échec avant si on lui confie ce rôle.

Si on se projette un peu dans le futur, en gros, les qualités de Roy sont très complémentaires à celles de joueurs comme Suzuki et Caufield…

À moyen et long terme, est-ce que l’ensemble de ces qualités offensives et défensives pourraient lui conférer un avantage sur des ailiers comme Slafkovsky et Newhook?

La question se pose.

Donc, il a théoriquement des chances de se retrouver un jour à l’aile gauche du « premier trio » du Tricolore, ou plus modestement au sein du top-6.

S’il a été capable de s’adapter au style de jeu de Connor Bedard dans le temps de le dire, pourquoi Roy ne pourrait-il pas évoluer avec les Suzuki, Caufield et Dach de ce monde?

En temps et lieu, Roy aura sans doute des opportunités de monter dans la hiérarchie offensive de l’équipe. Ce sera à lui de les saisir.

Assurance

À moins de tout casser au camp d’entraînement et de ne laisser aucun doute dans l’esprit des dirigeants, le Québécois aura fort probablement besoin d’une période d’adaptation au hockey professionnel à Laval et devra aussi apprendre à vivre avec le statut de joueur « vedette » francophone au coeur de la mythique institution montréalaise.

Le défi au plan psychologique risque d’être plus grand que l’adaptation au niveau hockey.

Roy semble avoir une très bonne tête sur les épaules, mais on devra bien le conseiller et l’entourer afin de s’assurer qu’il demeure les deux pieds sur Terre et qu’il vive le tout sereinement. C’est une chose d’avoir les projecteurs sur soi quelques fois par années au niveau junior, c’en est une autre d’être soudainement un des principaux visages dans les médias sur une base quotidienne.

D’autres Québécois avec des profils offensifs assez élevés, semblables au sien, pensons aux Ribeiro, Latendresse et Drouin, ont chacun à leur façon et pour diverses raisons, tous eu du mal à s’adapter à leur nouvelle réalité dans la grosse marmite.

Psychologiquement, la clé pour Roy sera de rester terre à terre tout en demeurant lui-même, c’est-à-dire, à la fois calme, confiant, « happy go lucky » et réussir à ne pas trop s’en faire avec le « bruit » positif ou négatif autour de lui.

Mis à part cet aspect un peu plus « mental » du défi qui l’attend, il ne semble pas y avoir de raison strictement « hockey » qui empêcherait Roy de s’épanouir comme joueur d’impact avec le Tricolore.

Comme mentionné plus haut, je ne crois pas que son coup de patin représentera un grand problème pour lui étant donné sa capacité d’anticipation hors norme.

S’il continue à travailler fort et offre une production honnête dans le rôle qu’on lui confiera, on n’a pas à trop s’inquiéter pour son capital sympathie et le niveau de critiques qu’il subira de la part des médias et partisans.

Le fait qu’il ait été repêché en 5e ronde et non en première ou deuxième ronde, comme les trois autres Québécois mentionnés, lui enlève aussi un peu de pression.

Bref, avec toutes les qualités qu’on a énumérées et sa progression constante et impressionnante comme attaquant complet, on a très peu de doutes que Roy atteindra un jour la LNH dans un avenir très raisonnable pour y devenir un joueur au-dessus de la moyenne dans bien des facettes du jeu.

Seul un dérapage par manque de professionnalisme ou par une perte de confiance prolongée, un cassage sous pression, pourrait le mener à sa perte, mais en ce moment, on n’a aucune raison de penser que Roy tombera dans les pièges du vedettariat montréalais, et il a aussi l’air très solide entre les deux oreilles. Un genre de joyeux stoïcisme.

Mais quand même, les expériences passées avec d’autres Québécois aux profils semblables au sien nous invite à une certaine prudence quand à l’assurance de le voir atteindre son plein potentiel avec le CH. De là le relativement conservateur « 15/20 » qu’on lui a conféré à ce niveau.

Valeur d’usage

Au plan hockey, Roy deviendra soit un excellent joueur de troisième trio, capable de museler l’adversaire et d’assurer une belle possession de rondelle à son équipe, soit une excellente addition à n’importe quelle combinaison du top-6 de l’équipe, capable de rendre ses coéquipiers meilleurs.

On pourrait aussi le retrouver un jour sur les deux unités spéciales tellement il possède des qualités offensives et défensives qui le démarquent du lot.

Somme toute, Roy possède un talent naturel et un combinaisons de qualités assez rares chez les ailiers de l’organisation. Mais avec les jeunes Slafkovsky et Newhook qui sont débarqués dans l’organisation après lui dans les treize derniers mois avec fanfare et trompette – et il ne faudrait pas écarter trop rapidement Rafaël Harvey-Pinard de la course – le Beauceron aura quand même beaucoup de compétition dans les années à venir au sommet de la hiérarchie chez les ailiers gauches.

Au plan marketing, il va sans dire que le sympathique Beauceron pourrait devenir un des favoris des médias et donc un « champion » de la relation avec les partisans avec sa bonne humeur contagieuse qui n’est pas sans rappeler celle d’un Phillip Danault. Ça peut sembler peu important pour certains, mais c’est un facteur que prend en compte l’organisation.

En somme, on comprend que Roy pourrait devenir un joueur utile au CH à bien des niveaux, mais il y aura de la compétition autour de lui. Il faut bien sûr voir sa note de 24/30 comme une projection où Roy deviendrait dans les faits un acteur important dans plusieurs facettes et phases du jeu.

Valeur d’échange

Sans dire que sa valeur d’échange ait monté en flèche – il n’a gagné qu’un demi-point dans notre évaluation – Roy a laissé toute une carte de visite aux dirigeants des équipes de la LNH lors de ces prestations aux deux derniers CMJ et moyennant une belle transition chez les pros, il pourrait être un nom très en demande dans les discussions que Hughes entretiendra avec ses homologues au cours des prochaines années.

Mais, vu d’ici, lorsqu’on regarde l’organigramme du Tricolore pour les années à venir, on ne voit vraiment pas le Canadien échanger un attaquant de la trempe de Joshua Roy pour le plaisir de la chose. On va attendre de voir où pourra se situer Roy dans la hiérarchie à l’attaque, parce qu’il pourrait aussi bien devenir le meilleur ailier gauche du club. Enfin, comme on l’a dit, la chose n’est pas impossible. Il faudra voir…

Puis, évidemment, s’il performe bien, avec la réalité du marché montréalais, Gorton et Hughes seraient fous de se départir d’un francophone aussi sympathique et populaire auprès des partisans. Avec Harvey-Pinard et Montembeault, eux aussi très sympathiques, Roy pourrait former un « super trio » capable d’assurer cette communion naturelle et historique avec la base francophone des partisans de l’équipe.

Cela dit, s’ils avaient à l’échanger dans les prochaines années, disons avant qu’il n’atteigne son plein potentiel et lorsque le Canadien sera une équipe plus aguerrie, ce serait possiblement dans une combine (package) pour mettre la main sur un attaquant encore meilleur que lui.

Mais dans quelques années, disons, dans deux, trois ans, des attaquants «meilleurs que lui », aussi utiles à l’équipe, à aussi bon prix, il n’y en aura pas de disponibles à tous les coins de rues…

Disons simplement qu’on le voit plutôt s’établir à long terme avec le Canadien.

Conclusion

Paradoxalement, même s’il a grandit sous nos yeux, Joshua Roy représente l’un des espoirs les plus intrigants de toute l’organisation. À l’origine repêché au 150e rang en 2021, avec son potentiel, s’il réussi sa transition chez les pros – et il semble bien avoir assez développé son jeu pour ça – le Beauceron pourrait bien devenir l’équivalent d’un choix de première ronde. Il deviendrait ainsi le meilleur choix du Canadien aussi tard au repêchage depuis Brendan Gallagher et l’une des dernière perle laissée par Trevor Timmins.

Après tout, avant d’arriver dans la LHJMQ, la différence de talent entre lui et un certain Alexis Lafrenière était minime aux yeux de plusieurs.

Son camp d’entraînement sera captivant à suivre et pourrait aussi révéler assez rapidement les intentions du CH à son endroit pour les mois à venir. Mais Roy a le pouvoir et le talent pour influencer favorablement son sort.

On poursuit la semaine prochaine avec la 6e position!

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