betgrw

Top 12 des espoirs du CH | 4e rang : Le « projet » Lane Hutson

Il faut tout simplement accepter que les espoirs évoluant dans les collèges américains ne puissent participer aux camps d’entraînement professionnels.

Mais c’est toujours dommage de ne pouvoir évaluer les plus prometteurs parmi ceux-ci en même temps que les autres!

C’est en plein ce qu’on se dit ces jours-ci en pensant à Lane Hutson alors que débutent les matchs pré-saison.

Bien sûr, Hutson n’aurait eu aucune chance de faire le saut avec le grand club cet automne. Il n’avait même pas été retenu (à tort?) dans l’équipe américaine des moins de 20 ans au CMJ du mois d’août.

Mais on peut dire la même chose d’Owen Beck avec le Canada et regardez-le aller présentement au camp celui-là !

Mettez-lui le # 51 sur le dos, puis changez son nom pour « Wright » et tout le monde ferait des « Oh! » et des « Ah! » en suppliant l’organisation de le garder à Montréal!

Et je ne pense même pas trop exagérer!

Choix de deuxième ronde, 33e au total, son histoire ressemble déjà un peu à celle de Patrice Bergeron, choisi au 45e en 2003…

Evans ou Beck? Beck ou Dach?

Ok, je vais arrêter de faire le tannant.

Il est encore trop tôt et la vraie compétition ne fait que débuter au camp… Restons calmes!

M’enfin

Pour revenir à Hutson, nommé meilleur défenseur du dernier championnat U18,  il aura bien la chance de se reprendre avec les U20 cet hiver.

Le voici donc qui pointe au 4e rang de notre décompte devant tout ce beau monde (et Owen Beck au 13e rang!) :

12. Filip Mesar
11. Jordan Harris
10. Joshua Roy (égalité au 9e rang)
9. Logan Mailloux
8. Sean Farrell
7. Cayden Primeau 
6. Justin Barron
5. Kirby Dach 

Lane Hutson
Potentiel : 35 / 40
Assurance : 15 / 20
Valeur d’usage/rareté : 25.5 / 30
Valeur d’échange : 6.5 / 10

Total : 82 / 100 

Potentiel
Hutson est le joueur qui se mérite jusqu’ici la plus haute note de notre palmarès en fait de potentiel. Et c’est aussi le premier à qui on accordera du véritable « star power » ; lorsque le fruit sera mûr, Lane Hutson pourrait devenir une vedette quasi instantanée dans la LNH.

Voici LA séquence qui a fait le tour du monde et qui démontre toute l’étendue de son talent, particulièrement la vitesse de son cerveau hockey, sa confiance et sa hargne :

Le petit défenseur du programme national de développement américain est un dynamo offensif comme il s’en fait peu. Celui qui a célébré ses 18 ans en février, a enregistré 103 points en 93 matchs toutes compétitions confondues en 2021-2022, une saison rien de moins qu’époustouflante au plan statistique.

À titre comparatif, puisqu’ils ont un peu le même style, une taille semblable et qu’ils ont joué dans le même programme américain, Quinn Hughes avait enregistré 84 points en 98 matchs en 2016-2017. Mais étant donné que Hughes est un « late » (sa fête est le 14 octobre), il avait dû attendre et jouer une autre saison complète dans la NCAA avant de pouvoir être repêché en juin 2018.

En plus de posséder ce que plusieurs considéraient être le meilleur QI hockey du dernier repêchage, Hutson possède une vitesse de pieds et de mains ainsi que des feintes à faire rêver. On dirait qu’il est coincé et qu’il va perdre la rondelle, mais non ! Il active tous les mécanismes de son corps et de son cerveau et se sort d’impasse!

Bien sûr, il faudra voir à quel point il pourra continuer à faire de la magie une fois rendu chez les pros, mais des joueurs au gabarit et au talent comparable au sien ont réussi à continuer leur domination offensive dans la LNH sans trop de problèmes.

Donc, tous les traditionalistes et les conformistes qui ne lui accordent aucune chance de réussir au plus haut niveau en raison de son gabarit risquent fort d’être une fois de plus dans le champ. La réalité c’est que de plus en plus de défenseurs au physique plutôt modeste trouvent le moyen d’atteindre la LNH et d’y performer à divers degrés.

En gardant en tête que selon les prédictions des endocrinologues qu’il a consulté, Hutson devrait mesurer 5’10 d’ici deux ans, voici une liste assez impressionnante de défenseur de 5’11 et moins et on dirait que la liste ne fait que s’allonger d’année en année dans la LNH : Cale Makar, Adam Fox, Samuel Girard, Quinn Hughes, Torey Krug, Tyson Barrie, Tony DeAngelo, Jared Spurgeon, Henri Jokiharju, Rasmus Sandin, Ty Smith, Erik Brannstrom, Victor Mete, pour ne nommer que quelques-uns des plus connus.

Et c’est sans parler des nombreux « faux » 6′ 0…

Mais en plus de se rappeler qu’on y jouait à quatre contre quatre, tous ceux qui ont été renversés par les performances de Hutson lors du dernier camp de développement du CH en juillet dernier devront demeurer lucides : Hutson fait penser à Quinn Hughes, mais n’est probablement pas Quinn Hughes!

Au même âge, Hughes était plus fort physiquement en plus d’être un meilleur patineur dans toutes les directions. Hutson doit encore améliorer son patin à reculons. Ces deux facteurs expliquent sans doute que Hughes ait pu être sélectionné au 7e rang (on sait tous qu’il aurait dû sortir 3eou 4e et qu’on aurait dû le préférer à Kotkaniemi!), alors que Hutson a dû attendre au 62e rang avant d’entendre son nom.

Mais, pour l’instant, ça n’enlève rien à son potentiel offensif qui, au même âge, n’a pas grand chose à envier à celui de certains défenseurs devenus élite de la LNH.

Seul Cam York, qui évoluait avec peut-être la plus forte cohorte jamais vue par ce programme (Jack Hughes, Zegras, Caufield, Boldy, Turcotte, etc.) a fait plus de points que lui dans l’histoire du USNDT.

Oui, en plus de Quinn Hughes, Hutson a aussi battu les marques d’Adam Fox, qui avait enregistré 90 points l’année précédant son repêchage!

Reste maintenant à voir comment ça se passera pour lui dans les rangs universitaires…

Enfin, voici comment un recruteur a résumé le potentiel de Hutson juste avant le dernier encan amateur :

« If he was 6-foot-2, he’d be a top-10 pick in the draft « . 

Assurance
La plus belle assurance que Hutson capitalise sur son potentiel vient probablement de son propre caractère qui s’illustre plutôt bien avec la citation suivante provenant de la bouche même du cheval :

« It’s all about how you play the game, not how big you are. When you get on the ice, everyone’s the same size».

Telle est la mentalité de Hutson, une mentalité qui semble transcender dans son jeu.

Ça peut sembler bizarre et déconnecté de la réalité, mais souvent, il n’y a rien comme une croyance absolue en une idéologie pour nous faire passer à travers des murs et réaliser l’impossible.

Bien sûr, si les endocrinologues ont vu juste et que Hutson prend réellement deux pouces et une vingtaine de livres, ça ne devrait pas trop nuire, mais bon, vous comprenez l’idée! You gotta believe!

Pour l’instant, Hutson croit aussi que c’est justement sa petite stature qui l’aide à performer aussi bien sur la glace.

Est-ce qu’un Hutson plus grand et plus lourd (il pesait environ 150 livres lors du repêchage) serait nécessairement un meilleur joueur?

Rien ne peut le garantir, mais pour l’instant, ces réflexions ne servent pas à grand-chose.

L’autre facteur d’assurance qui donne espoir quant à la réalisation de son potentiel au niveau supérieur, c’est bien sûr la quantité astronomique de points qu’il a enregistrés avec le programme américain. Règle générale, peu importe leur gabarit, moyennant une éthique de travail irréprochable et un coup de patin adéquat, ceux qui amassent des points à la pelle aux niveaux inférieurs finissent généralement par produire une fois rendus dans la LNH.

Le QI hockey et la vision ne disparaissent pas, ils ne font que s’adapter à une vitesse d’exécution plus rapide.

Enfin, on notera que ses coachs ont tendance à dire que Hutson se débrouille plutôt bien en défensive grâce à son intelligence et la qualité exceptionnelle de son jeu avec son bâton, le fameux « bon bâton ». En 93 matchs, en plus de ses 103 points, il a aussi terminé la dernière saison avec une fiche – tenez-vous bien ! – de +98!

Non, il n’y a pas d’erreur de frappe !

Donc, louanges de ses entraîneurs, caractère et motivation de feu, statistiques offensives et défensives exceptionnelles.

Peu importe les prévisions des endocrinologues, cela nous semble compenser amplement pour tous les petits problèmes réels et imaginaires reliés à sa taille actuelle.

Valeur d’usage

Ahhhhhhh, la fameuse valeur d’usage anticipée!

Il s’agit peut-être du critère le plus intéressant, celui qui fait la particularité de notre palmarès.

La valeur d’usage va souvent de pair avec la rareté du joueur au sein de l’organisation. Or, que l’on regarde du côté de Mailloux, de Barron ou de Guhle, aucun n’arrive à la cheville de Hutson en matière de potentiel offensif. Seul Hutson se présente avec un profil absolu de futur quart-arrière de l’attaque à cinq.

Les autres ont des chances d’y avoir une place, probablement plus sur une deuxième unité, car ils sont de bons patineurs et possèdent d’excellents tirs, mais aucun ne peut tailler en pièces la défensive adverse comme le fait Hutson, avec son intelligence, sa créativité, sa patience, ses feintes et sa vitesse d’exécution.

Et vous pouvez tout de suite oublier Harris et Norlinder dans cette phase de jeu dans la LNH.

Lorsqu’on prend en considération que le jeu de puissance du CH fait pitié depuis des lunes, ce n’est pas en direction des attaquants qu’il faut surtout pointer le doigt. Depuis le déclin, puis le départ de Markov et dans une moindre mesure celui de Subban, c’est surtout l’absence d’un véritable général à la ligne bleue qui maintient le CH dans le dernier quart de la ligue en supériorité numérique. Petry et Weber ont eu quelques moments intéressants ici et là, mais règle générale, la créativité, la vision, la vitesse et la qualité d’exécution faisaient trop défaut pour surprendre l’adversaire.

La rondelle ne se rend juste pas assez souvent au bon moment sur la palette des attaquants une fois le quintette installé, sans mentionner toutes les misères à entrer en zone ennemie en possession de la rondelle.

Peut-être Matheson, un superbe patineur, fera-t-il mieux que Petry dans ce rôle, mais c’est pourquoi Hutson présente aussi le plus haut pointage au plan de la valeur d’usage de notre palmarès jusqu’ici. Son talent et ses qualités de quart-arrière sont à ce point rares, voire carrément uniques, au sein de l’organisation.

Ça va passer par lui en attendant ! Mais historiquement Matheson n’est pas une machine à points…

Valeur d’échange

Si environ une trentaine de directeurs généraux ont passé leur tour deux fois plutôt qu’une sur Hutson au dernier repêchage, c’est sûrement que plusieurs ne l’avaient pas en si haute estime et/ou qu’ils ont préféré y aller avec des joueurs aux profils plus traditionnels et consensuels lors des deux premières rondes.

Je ne sais toutefois pas si on doit parler d’audace dans le cas du tandem Bobrov/Lapointe rendu au 62e rang. À ce stade, on doit peut-être davantage voir Hutson comme un choix « low risk, high reward », presque un no brainer, diront certains.

Hutson était classé beaucoup plus haut que son rang de sélection final sur une grande majorité de listes spécialisées. Plusieurs le vantaient comme LE joueur le plus intelligent de tout le repêchage depuis des semaines, voire des mois.

Si Hutson continue d’épater la galerie à l’université, se taille une place au sien de Team USA en vue du prochain mondial junior et, dans la lignée des Hughes et Fox, réussit son entrée chez les pros d’ici deux, trois, ans, c’est sans doute le rapport du petit geek à lunettes de leur équipe de recrutement (c’est une image) qui hantera les vieux DG traditionnaleux (c’est une autre image) qui se diront qu’ils auraient ben dû, don’ dû.

Si Hutson, se développe adéquatement et devient le défenseur de 50 points et plus que l’on voit en lui, plusieurs s’en mordront les doigts, car ils leur en coûtera l’équivalent de quelques choix de première ronde pour penser l’acquérir…

Rendu là, les discussions avec Kent Hughes pourraient être assez courtes, genre : clic!

Conclusion

Oui, vous pouvez m’inscrire dans le camp des « croyants » lorsqu’il est question de Lane Hutson, comme ça avait aussi été le cas pour Quinn Hughes et Cole Caufield.

Un talent exceptionnel jumelé à une éthique de travail de tous les instants valent beaucoup plus que tous les centimètres et les kilogrammes du monde.

Au pire des pires, Hutson deviendra un défenseur de troisième paire spécialiste de l’avantage numérique. Voilà où se situe le plancher… de son sous-sol. Mais on croit qu’en le jumelant à un bon défenseur stable qui se plairait à rester un peu plus en retrait, Hutson pourrait aisément se tailler une place au sein du top 4.

Avec les Cale Makar, Adam Fox et Quinn Hughes qui sont en train de redéfinir la position de défenseurs dans la LNH, de plus en plus, ce qui fera la différence à 5 contre 5 sera la qualité du jeu de transition et la capacité des défenseurs à appuyer l’attaque sur une base régulière.

À ce titre, Lane Hutson est peut-être ce qui se rapproche le plus d’un 4e attaquant dans l’histoire « récente » du Tricolore, et j’inclus ici Chelios et Subban.

Un cerveau offensif qui tente constamment de relancer et d’appuyer l’attaque. On ose croire que c’est un peu à ça que pensaient les têtes dirigeantes du CH lorsqu’ils ont arrêté leur choix sur Hutson au 62e rang en juillet dernier.

Et n’oubliez pas son « bon bâton »!

On reconnecte bientôt avec la 3e place! 

PLUS DE NOUVELLES