Top 12 des espoirs du CH | 8e position : Le brillant Sean Farrell

Lors du texte d’introduction à notre décompte 2022 des espoirs les plus importants du Tricolore, nous avions bêtement omis deux joueurs qui auraient certainement mérité de se retrouver dans les nombreuses mentions honorables : Emil Heineman et Ty Smilanic. On va mettre ça sur le compte des « distractions estivales » (aussi appelés les satanées rénos) et sur l’écriture compulsive durant de longs trajets en voiture dans le siège du passager!

Cela dit, acquis tous deux par Kent Hughes dans le cadre d’échanges importants impliquant aussi des choix de premières rondes en retour de Toffoli et Chariot, Heineman et Smilanic présentent des profils TRÈS semblables, si bien qu’ils seront probablement en compétition pour les mêmes postes à Montréal.

On verra bien si ces fougueux ailiers gauches enfileront un jour l’uniforme bleu-blanc-rouge, mais comme plusieurs autres « mentions honorables », ils semblent tous deux avoir les qualités requises, dont la rapidité, l’intensité et le tir, pour aspirer à la LNH de façon très réaliste sur un bottom 6.

Fin de préambule et de mea culpa!

Notre article du jour traitera d’un joueur qui fait quand même jaser un peu plus que Heineman et Smilanic dans les chaumières : Sean Farrell.

Récemment, l’Américain a d’ailleurs été classé quatrième dans une très, très courte liste d’espoirs concoctée par son homographe… Sean Farrell (!), un correspondant pour NHL.com, au quatrième rang, ce qui est certainement de nature à en exciter plus d’un.

Or, contrairement à notre top 12 des espoirs les plus importants de l’organisation, le top 5 de NHL.com, n’inclut pas les jeunots avec un peu plus de millage dans LNH comme Caufield et Dach. Dans cette perspective, l’idée de placer Farrell au quatrième rang derrière Slafkovsky, Guhle et Barron n’est donc pas déraisonnable.

Ça peut même se défendre très bien.

Mais en plaçant Jordan Harris au 5e échelon – il est 11e chez nous – en affirmant que Harris a joué au dernier Championnat mondial senior pour le compte des USA, Sean Farrell, le correspondant de NHL.com, se discrédite pas mal en tant qu’évaluateur d’espoirs, car Jordan Harris n’a malheureusement pas joué un seul match au Championnat mondial cette année

Aouch!

On peut alors sérieusement se demander combien d’heures il a investi dans l’élaboration de sa liste et à visionner les espoirs…

Fin de la parenthèse!

Jusqu’ici nous avons établi l’ordre suivant :
12. Filip Mesar
11. Jordan Harris
10. Joshua Roy (égalité au 9e rang)
9. Logan Mailloux

Au huitième rang, allons-y donc de notre propre évaluation de Sean Farrell!

Sean Farrell | Dernier classement : mention honorable
Potentiel : 32.5 / 40
Assurance : 14 / 20
Valeur d’usage : 23.5 / 30
Valeur d’échange : 6.5 / 10

Total : 76.5 / 100

Potentiel
On doit avouer avoir été plutôt sceptique lorsque plusieurs s’enflammaient par rapport aux exploits de Farrell avec le Steel de Chicago dans la USHL. Farrell, qui aurait dû jouer sa première saison à Harvard cette année-là, avait 19 ans et domina outrageusement la ligue avec ses 101 points en 53 parties. Il sera élu joueur par excellence du circuit en plus de contribuer grandement à la victoire de la Clark Cup par le Steel.

On pense qu’il faut encore relativiser les records et les exploits de Farrell avant son arrivée à Harvard l’an dernier, mais on admettra qu’il a très bien réussi sa transition au niveau universitaire. Harvard n’est peut-être pas dans la division la plus forte, et, à 20 ans, Farrell n’était pas un « vrai » freshman, mais maintenir une moyenne de plus d’un point pas match (28 points en 24 matchs) dans une ligue dite défensive mérite certainement d’être souligné.

Sans être une fusée sur patins, Farrell est un bon patineur. Il utilise une large base et démontre une très belle agilité rappelant un peu celle d’un Jeff Skinner, comme sur son très beau but ici à 0:48:

Si vous connaissez peu Farrell, je vous recommande de visionner l’entièreté de la vidéo ci-haute. Il s’agissait sans doute de l’un des très bons matchs de l’Américain à Harvard la saison dernière et vous en verrez tous les faits saillants.

AVERTISSEMENT: Plusieurs séquences du #21 sont très convaincantes!

Il est à la fois dynamique ET intelligent en plus de démontrer une excellente vision ainsi qu’un superbe sens du jeu. En plus de son intelligence et ses qualités de passeur, le coach du développement des habiletés Adam Nicholas, qui le connaît depuis son passage à Chicago, vantait dernièrement l’excellence de son tir.

« Il est phénoménal. Il sait comment lire la glace. Il joue aux échecs alors que tout le monde joue aux dames. Ce gars-là sera très, très spécial. Il réfléchit au jeu et il a des outils d’élite; son tir est en fait vraiment sous-estimé. Il a un tir foudroyant. Et c’est un passeur d’élite. »
– Adam Nicholas

Bref, au plan des habiletés et du QI hockey, Farrell, s’il n’est pas élite, est certainement au-dessus de la moyenne et semble destiné à évoluer sur un top 6, où il pourrait avoir la capacité de rendre ses coéquipiers meilleurs.

Assurance
Le premier signal positif suite à la sélection de Farrell ne s’est pas fait attendre très longtemps et est venu de nul autre que Cole Caufield qui, peut-être un peu biaisé, ne s’est pas gêné pour qualifier de « vol » la sélection de son ami au 124e rang.

Depuis, le CH n’a rien précipité dans son cas et le laissera prendre de la maturité physique à Harvard encore cette saison, avant de souhaiter le voir passer chez les pros à 21 ans, peut-être aussi tôt qu’au printemps prochain. Ç’a aura donné trois saisons de développement de qualité à Farrell et ce dernier arrivera donc pratiquement comme un produit fini dans le giron du Tricolore. En outre, son développement aura inclus des performances inspirées aux Jeux olympiques et au Championnat mondial où, sans être un joueur dominant comme Juraj Slafkovsky, on l’a vu très bien se tirer d’affaire.

Farrell n’est pas un géant à 5’9 et 174 livres, mais grâce à un très bon équilibre et un centre de gravité bas, il est solide sur patins. Quelques livres de muscles en plus ne nuiront certainement pas, mais son modeste gabarit ne semble pas être un facteur qui pourrait grandement affecter ses chances de réussir chez les pros, soit à l’aile ou au centre.

Au-delà de tout ça, on sent qu’autant l’ancienne que la nouvelle administration aiment le joueur et qu’on veut le placer dans des conditions pour qu’il puisse réaliser son plein potentiel. On lui a sans doute fait sentir qu’on l’avait en très haute estime lorsqu’au dernier camp de développement, on l’a jumelé à Slafkovsky, le nouveau joyau de l’organisation et tout premier choix du dernier repêchage.

Une belle petite tape dans le dos… et un indicateur qu’on compte sur lui pour le futur.

Valeur d’usage
Le Canadien a donc clairement des plans pour Farrell et si notre lecture de la situation est bonne, on ne serait pas surpris qu’il soit projeté comme un attaquant dynamique de 2e trio qui pourrait produire aux côtés de joueurs de talent ainsi que sur le jeu de puissance. Avec sa rapidité et son anticipation, il n’est pas non plus impossible qu’il puisse évoluer un jour en désavantage numérique.

Si on avait à le comparer à d’autres espoirs de l’organisation, on dirait qu’à ce stade, on lui donne de meilleures chances que Jan Mysak, Owen Beck, Filip Mesar et Roy de percer le top 6 et de jouer en avantage numérique dans un avenir raisonnable. On ne croit d’ailleurs pas que son séjour avec le Rocket sera de très longue durée. En fait, il pourrait même ne pas du tout passer par Laval…

Farrell ne débutera peut-être pas sa carrière avec sur un deuxième trio, mais il possède plusieurs cordes à son arc. Celles-ci devraient lui permettre de bien s’établir dans la hiérarchie du club avant longtemps. On a donc de nombreuses raisons de croire qu’il deviendra assez rapidement un joueur important et utile à Montréal.

Avec les départs anticipés de Byron, Drouin, Hoffman dans les prochains mois, la voie pourrait se dégager assez rapidement pour un joueur ayant le profil de Farrell…

Cela dit, le fait qu’il sera tôt ou tard en compétition avec les plus jeunes Mesar, Beck et Mysak, choisis dans les premières rondes, et qui partagent un profil semblable au sien (centres qui peuvent jouer à l’aile), ne le rend pas nécessairement indispensable et rare au sein de l’équipe.

C’est assez pour lui enlever quelques points en matière de valeur d’usage et de rareté.

Valeur d’échange
Choisi tard en 4e ronde (124e), Farrell a certainement pris beaucoup de valeur depuis son repêchage. D’ailleurs si ce dernier était à refaire, le petit américain serait probablement classé en fin de 1ère ou en tout début de 2e ronde. Bien qu’il semble encore trop tôt pour crier au génie, jusqu’ici il répond parfaitement à son étiquette de « vol » du repêchage 2020.

Bien sûr, tant qu’il n’aura pas joué de match chez les pros, cette valeur demeurera très spéculative, mais il ne fait aucun doute que plusieurs dirigeants, en plus d’applaudir son jeu à Harvard, ont pris des notes sur Farrell lors des deux grandes compétitions auxquelles il a participé en 2022.

Ça nous fait dire que lorsque Hughes discutera avec ses homologues pour combler des besoins ailleurs, son nom risque de revenir de plus en plus souvent dans les discussions, et avec les Roy, Mysak, Mesar et Beck en arrière-plan – peut-être surtout Mysak, qui est gaucher et qui présente une belle polyvalence – il n’est pas exclu que Hughes puisse être tenté de céder Farrell dans une transaction un jour.

Mais aussi attrayant puisse être l’Américain aux yeux de certains, son profil de petit joueur offensif intelligent avec un certain potentiel n’est pas exactement rare au niveau de la LNH ; il ne l’est même pas à Montréal. Plusieurs équipes comptent sur leur propre « Sean Farrell » dans leur organisation et n’en cherchent pas nécessairement un deuxième…

Conclusion
Avec Joshua Roy, Farrell pourrait bien être l’autre dernier petit « joyau » des rondes tardives de l’ère Timmins. Mais Farrell semble avoir une petite longueur d’avance sur Roy et ses autres compétiteurs au sein de l’organisation.

Roy, qui se retrouve à égalité avec Mailloux au 9e/10e rang de notre liste, et Farrell sont deux joueurs offensifs aux styles très différents, mais qui, au final, se comparent peut-être en fait de talent brut. On tend toutefois à accorder un léger avantage à Farrell à cause de sa polyvalence, son dynamisme et de la maturité de son jeu sur 200 pieds.

Au pire, grâce à sa polyvalence, l’Américain pourrait évoluer sur un troisième trio qui aurait un certain punch. Mais on aime beaucoup ses chances d’éventuellement s’implanter sur un top 6 à cause de ses trop nombreuses qualités offensives. Il semble y avoir une petite machine à faire des points qui fonctionne en permanence chez lui.

Qui sait, peut-être que le gaucher Farrell développera un jour une chimie très naturelle avec son ami droitier Caufield.

Une chimie encore meilleure que celle existante entre Suzuki et ce même Caufield? À ce stade, nul ne saurait le dire et tout est encore possible. Après tout, au même âge, Suzuki n’était pas radicalement meilleur que Farrell…

Ce sera donc une dernière année de formation déterminante pour ce dernier à Harvard.

Une occasion de passer à un niveau supérieur comme il n’en aura peut-être plus jamais une fois rendu chez les pros.

On reconnecte dans quelques jours avec la 7e position! 

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