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Trois CHoses : Monahan et l’intérêt sur l’argent du beurre | Slaf vs Tkachuk | Match des espoirs de la CHL

Quel bonheur d’être de retour cette semaine avec une bonne vieille chronique « Trois CHoses »!

On a du stock en masse!

Au menu : l’incontournable échange avec les Jets, une comparaison remise à jour entre Slafkovsky à Matthew Tkachuk au même âge et, en dessert, on vous offre notre analyse de quelques jeunots présents lors de la plus récente édition du match des espoirs de la CHL. Certains, comme Parekh, Iginla, Dickinson, Yakemchuk et Catton, pourraient-ils être dignes d’intérêt pour le CH en juin prochain?

Échange de Monahan : les Jets et le CH ont gardé ça simple

En Colby Barlow (2023, 18e), Rutger McGroarty (14e, 2022), Brad Lambert (30e, 2022) et Chaz Lucius (18e, 2021), les Jets comptaient (et comptent encore) sur pas moins de quatre récents choix de première ronde, tous des attaquants avec d’assez bons gabarits qui ne devaient certainement pas laisser l’état-major de la Flanelle indifférent dans une transaction impliquant Sean Monahan.

Mais Kevin Cheveladayoff a décidé de tous les garder dans sa besace.

Bien sûr, à Montréal, on peut se réjouir de l’ajout d’un autre choix de première ronde, un second rapporté par le même joueur en moins de 17 mois.

Comme on l’anticipait il y a plus d’un an, avec Monahan, le Canadien a finalement eu le beurre, l’argent du beurre, puis le proverbial intérêt sur l’argent du beurre! Et si jamais il revenait l’été prochain pour quelques saisons à un bon prix, Hughes enregistrera rien de moins que l’équivalent d’un placement dans un paradis fiscal de l’intérêt sur l’argent du beurre!

Merci Sean!

Mais, par la même occasion, puisque les Jets n’ont cédé aucun espoir digne de ce nom, on a aussi eu la preuve que Monahan et son historique de blessures ne valait vraiment pas la même chose que Elias Lindholm dans la tête des dirigeants de la LNH.

On a aussi eu une petite pensée pour une réunion des frères Barron à Winnipeg dans une transaction plus audacieuse qui aurait pu impliquer ne serait-ce qu’un Chaz Lucius, 18e choix au total en 2021.

Mais bon, les deux organisations ont décidé d’y aller au plus simple en réglant ces grandes questions métaphysiques avec un bon coup de rasoir d’Ockham.

Cheveldayoff a eu ce qu’il désirait. Pas plus, pas moins.

De son côté, Hughes, aurait bien aimé recevoir un espoir, mais il a tout de même obtenu la latitude qu’il désirait en première ronde en vue du prochain repêchage, ou comme dirait le bon vieux Mick Jagger, grand lecteur d’Épicure dans ses temps libres :

You can’t always get what you want,
But if you try sometimes, well, you just might findYou get what you need

Slafkovsky : aussi bon que Matthew Tkachuk au même âge?

Si on oublie ses 14 premiers matchs, avec ses 18 points à ses 35 dernières rencontres – une cadence qui a encore augmenté lors des 20 dernières au cours desquelles il a inscrit 13 points -, Slafkovsky est sur un rythme de croisière qui oscille entre 42 et 53 points sur 82 parties.

Retenez ces chiffres comme des échantillons très représentatifs des deux nouveaux paliers de performance qu’il a atteint cette saison.

Et au-delà des points en tant que tel, c’est la manière avec laquelle joue le « gros ado » slovaque qui est encore plus convaincante. À 19 ans, Slafkovsky est souvent le meilleur attaquant « sur 200 pieds » de son équipe. Un style de jeu qui n’est pas sans rappeler son compatriote, le bon vieux Marian Hossa…

Parlant de comparaisons, rappelez-vous aussi qu’il n’y a pas si longtemps, peu après son 50e match dans la LNH, on avait rédigé une analyse détaillée sur les « vrais » comparables contemporains du # 20.

La conclusion?

Depuis 10 ans, les seuls « power forwards » repêchés dans le top-10 qui nous semblaient clairement avoir mieux fait que Slaf au « même âge » (18-19 ans) avaient été les frères Tkachuk, Andrei Svechnikov et Mason Mactavish. Tous les autres lui avaient été à peu près égaux ou moins bons, et de façon surprenante, ça incluait des attaquants allant de Valeri Nichushkin à Leon Draisaitl, en passant par Timo Meier, tous des gars assez riches aujourd’hui…

On aurait pu aussi parler de Pierre-Luc Dubois. Mais bon…

Environ deux mois ont passé depuis cette analyse et la carrière de Slafkovsky ne fait qu’intriguer davantage depuis.

Intriguer positivement, s’entend.

Plus personne ne parle de flop dans son cas. Même ses plus indécrottables « haters » qui devaient rêver à Shane Wright à l’été 2022 et/ou qui se sont depuis épris d’affection pour Logan Cooley…

De mon côté, vous savez depuis le 26 mai 2022 qui était mon favori, celui qui était le plus à même de devenir un joueur dominant...

Le rythme de Slaf est maintenant en tout point semblable aux rares individus qu’on avait classés « meilleurs que lui » dans notre récente analyse, si bien qu’on peut se demander aujourd’hui si, au même âge, n’est pas aussi bon que les frères Tkachuk. En tous cas, il faut être bon pour faire ce genre de passe auquel il commence nous habituer :

J’aime particulièrement la comparaison avec Matthew, puisque qu’il était le modèle spécialement ciblé pour Slafkovsky par ses propres patrons, en particulier Adam Nicholas.

Et justement, depuis qu’on a donné à Slafkovsky des tâches semblables à celles occupées par le Matthew Tkachuk de 18-19 ans avec les Flames en 2016-2017, les statistiques des deux gaillards sont fort comparables au même âge.

Matthew avait alors réalisé 48 points en 76 matchs – semblable au rythme actuel de Slaf – avant d’exploser deux ans plus tard à 20-21 ans avec une saison de 77 points en 80 matchs.

Est-ce une marque qui vous semble complètement inimaginable pour le gros Slovaque d’ici 2 ans?

Analyse de quelques espoirs pertinents pour le CH

Lors du récent match des meilleurs espoirs de la CHL, on a scruté pour vous quelques-uns des principaux joueurs dignes d’intérêt pour le Canadien en vue du prochain repêchage.

Vous noterez toutefois que le spectaculaire joueur de centre gaucher format géant, Cayden Lindstrom, en période de récupération après une opération à une main, était malheureusement absent.

Voici donc ce que ç’a donné!

Sam Dickinson
Commençons par celui qui se retrouve régulièrement très haut sur toute les listes provisoires. Patineur fluide et ultra-mobile au gros gabarit, le grand gaucher Dickinson rappelle un peu un Owen Power en moins talentueux et dynamique avec la rondelle. Il peut aussi faire penser à un genre de Jay Bouwmeester, voire un Ron Hainsey lorsqu’on le regarde jouer.

C’est le type de choix safe au « plancher haut » qui satisfera sans doute un club dans le top-10 quand des joueurs au talent supérieur ne seront plus disponibles.

Lors du match des espoirs de la CHL, je l’ai trouvé un peu mou et facile à tasser pour son gabarit, mais on a aussi remarqué sa grande mobilité et sa volonté d’appuyer l’attaque en tant que transporteur.

Quel sera toutefois son potentiel offensif dans la LNH quand il ne pourra plus dominer le jeu grâce à son gabarit imposant et sa vitesse supérieure?

Offensivement, on ne pourra pas lui enlever la qualité de son tir ni son coup de patin, mais il lui faudra être plus rusé et incisif pour faire des points à la tonne dans la LNH.

Dickinson fait sans doute partie des 4-5 défenseurs de 2024 que Scott Wheeler estime supérieurs à David Reinbacher. Pour ma part, je n’en suis pas du tout convaincu. Je crois que Reinbacher est plus robuste, plus fiable et possède un meilleur sens du jeu.

À mon avis, considérant la profondeur du côté gauche à Montréal, ça prendrait un défenseur générationnel pour avoir le moindre intérêt pour un autre gaucher dans le top-10.

Dickinson n’est pas générationnel et m’a semblé manquer un peu de « chien », pour tout dire.

Tij Iginla
J’avais entendu et lu certains commentateurs en parler en bien, mais ç’était une première analyse sérieuse du jeu de Iginla pour moi et j’ai été agréablement surpris, voire même passablement emballé. Le jeune homme a été, par une assez bonne marge, le meilleur joueur sur la patinoire lors de ce match. Il a d’ailleurs été nommé le meilleur joueur de la confrontation pour son équipe.

À la fois dynamique, fougueux, intelligent et efficace – un peu beaucoup comme son père Jarome – Tij ne fait rien pour rien sur la glace. Très fort physiquement pour son gabarit (6’0, 185 lbs), il joue avec des intentions nettes et met constamment de la pression sur la défensive adverse de diverses façons, soit en transportant la rondelle avec confiance et créativité, soit en la plaçant et la récupérant derrière les défenseurs, soit en se démarquant dans l’enclave, soit en créant des jeux pour ses coéquipiers, ou encore, en prenant de bon tirs vifs.

Voilà une superbe valeur sûre pour quiconque le repêchera, peu importe le rang. Un joueur qui affiche une qualité d’effort aussi exceptionnelle tout en présentant un niveau de talent aussi élevé, c’est assez rare.

Craig Button le comparait à un genre de Brad Marchand (en un peu plus gros). Je serais assez d’accord avec lui. Mais on rajoutera q’il a beaucoup du paternel dans les veines… même s’il est gaucher!

On voit encore régulièrement le jeune Iginla en dehors du top-15/top-20 sur différentes listes. Mais à cause de son dynamisme et sa capacité à être un meneur de jeu, je serai le dernier surpris s’il parvenait à se hisser dans le top-12, voire le top-10, au repêchage.

Un petit coup de coeur.

Berkly Catton
J’avais visionné le jeune Catton à quelques reprises dans les dernières semaines en voulant le comparer aux autres « gros noms » à l’attaque en vue du prochain repêchage et à chaque fois il m’avait laissé sur mon appétit.

Sans doute influencé par le type de joueur que devrait selon moi repêcher le CH en juin (un attaquant de préférence costaud, rapide et talentueux), mon préjugé était plutôt défavorable à son endroit à cause de son très modeste gabarit et son coup de patin ordinaire. Or, le match des meilleurs espoirs n’a rien fait pour modifier mes perceptions, et si Berkly Catton mesure « 5’11 », Nick Suzuki doit bien faire 6’2…

Fabricant de jeu montrant un certain dynamisme, Catton demeure cependant plutôt cérébral et préoccupé à trouver les espaces libres, car il peine un peu à se démarquer par sa vitesse. Très ordinaire défensivement, il ne fait aussi tout simplement pas le poids le long des rampes.

Le natif de Saskatoon est un peu le Cole Perfetti de cette année. Petite taille, assez agile, super sens du jeu, bon passeur, bonne vision, bon tir.

Mais pourra-t-il devenir un joueur de centre complet et vraiment dominant dans la LNH, surtout en séries?

Pas si sûr…

Et qu’ajouterait-il à un club comme le Canadien?

Comme Perfetti en 2020 (qui joue maintenant à l’aile même en l’absence de Scheifele), je ne le vois pas sortir avant la fin du top-10, et encore…

Zayne Parekh
Parekh semble très intéressant comme défenseur droitier offensif, même si on l’a somme toute assez peu vu lors de ce match. Sauf erreur, on dirait qu’il a eu considérablement moins de glace que Dickinson et Yakemchuk.

Contrairement à Grant McCagg qui a adoré ce dernier, j’ai trouvé Yakemchuk « spectaculaire », mais un peu lent pour son style de jeu et, donc, à risque. Je ne vois pas ce qu’il apporterait de plus au CH, qui mise déjà sur ce genre de profil en Barron et Mailloux qui sont de meilleurs patineurs – du moins Barron…

Mais pour revenir à Parekh, son fait le plus saillant a peut-être été une mise en échec percutante qu’il a asséné à Catton en entrée de territoire. Il possède un bon équilibre le jeune, et il a quand même pu démontrer sa grande mobilité dans toutes les directions et la qualité de ses mains ici et là.

Cela dit, je vais avoir besoin de le revoir à quelques reprises, dont à la Coupe Memorial avec Saginaw (et Owen Beck), pour me faire une meilleure tête sur son cas.

Mais le talent est là, ça c’est certain. Ces statistiques dans la OHL sont également hallucinantes (22 buts, 66 points en 44 matchs, +23!) et il pourrait certainement faire réfléchir le Canadien, surtout si on venait à échanger un droitier comme Barron ou Mailloux…

Prolongation

Bref, si le Canadien repêche au 5e, 6e, voire au 7e rang comme on est en droit de s’attendre, il est loin d’être assuré qu’il se tourne vers l’un des joueurs analysés plus haut.

À ces rangs, avec un peu de chance et en en étant à la merci des décisions des autres équipes, il pourrait plutôt mettre la main soit sur le le magicien Demidov ou encore le monstrueux centre Lindstrom.

D’ailleurs, comment ce dernier peut-il se retrouver au 11e rang sur la liste de Scott Wheeler? Faudrait lui poser la question! 

Mais bon, si on revient à nos moutons, à compter du 6e ou 7e rang, Zayne Parekh ou le fougueux Tij Iginla pourraient peut-être commencer à être des options très intéressantes.

On reviendra bientôt sur la pertinence (ou non) de repêcher un autre défenseur droitier en 2024, mais si on veut se concentrer sur les attaquants, on pourrait imaginer Iginla dans la catégorie des Helenius, Brandsegg-Nygard, Catton ou encore Eiserman qui dégringole sur les listes d’un peu tout le monde.

En ce qui me concerne, je le classerais aisément devant Catton, Helenius et même Eiserman, mais peut-être pas (encore) devant mon « chouchou » du dernier CMJ, le costaud, rapide et très complet Brandsegg-Nygard.

Hmmm, je crois qu’un petit top-10 du draft de 2024 s’imposera pour nous dans les prochaines semaines!

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