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Le CH est-il une superpuissance en devenir? 2e partie

On poursuit aujourd’hui notre analyse qui évalue les chances du CH d’arriver à mettre en place une superpuissance capable de rivaliser avec les plus récents vainqueurs de la Coupe Stanley.

La clé?

Rassembler dans un horizon raisonnable un noyau de joueurs dominants, dignes du top 10-15 de leur repêchage respectif.

Alors, après Slafkovsky, Guhle et Caufield hier, nous parlerons des autres joueurs de l’édition actuelle qui doivent déjà être inclus dans un tel noyau. Puis, après un petit détour du côté des mentions honorables, on évaluera ensuite quels espoirs de l’organisation auront bientôt des chances de se greffer à celui-ci.

Enfin, en conclusion, on tentera de répondre s’il faudra absolument, soit au repêchage ou par le biais de transactions, que le CH mette la main sur des joueurs supérieurs à ceux déjà en place afin de devenir un véritable club aspirant.

Mais commençons par clore sur les évidences déjà en place.

Kirby Dach, 3e choix au total en 2019

On l’oublie parce qu’il a été blessé et que sa moyenne de points par match à Chicago n’a jamais été sensationnelle, mais Dach, sélectionné 3e en en 2019, est aussi… le 3e meilleur marqueur de sa cuvée.

Dach nous a montré un petit côté cocky qu’on ne lui connaissait pas lors de son retour victorieux à Chicago…
(Crédit: Capture d’écran)

Choisi 12 rangs devant Caufield, Dach semble se maintenir dans la discussion du top 5 de son année de repêchage, surtout s’il continue à bâtir sur sa poussée des dernières semaines.

L’Albertain est un joueur transformé et libéré depuis qu’on l’a muté à l’aile droite sur le premier trio. Sa chimie avec ses deux comparses est souvent belle à voir, on sent même qu’ils peuvent en offrir encore davantage.

Bien sûr, c’est un peu plate que son déblocage offensif se soit fait à l’aile. Le rêve serait toujours de pouvoir compter sur un centre droitier dominant de 6’4, la réincarnation de Ryan Getzlaf, et pour l’instant, rien ne nous indique que Dach pourrait un jour avoir ce profil.

Mais, malgré ses carences au cercle (qu’il tente encore de corriger dans les entraînements), il y a encore de fortes chances que l’on replace Dach au centre, peut-être dès cette saison. L’expérience n’est certainement pas terminée, comme nous le rappelait récemment Jeff Gorton.

Cela dit, qui se plaindrait d’un gros ailier dominant offensivement, qui patine comme le vent, capable de bien jouer sur 200 pieds? C’est d’ailleurs souvent lui qui s’occupe du travail défensif dans sa zone, laissant plus énergie à Suzuki pour passer à l’action à l’offensive.

Chose certaine, on peut vraiment commencer à penser que Dach a sa place bien à lui dans le top 10 de ce repêchage très profond de 2019 et qu’il ne devrait pas en sortir.

Si on veut parler de celui qui est parti afin que Dach puisse s’amener, comme le disait son agent avant son repêchage, Alexander Romanov mériterait certainement encore des considérations dans le top 10 de 2018.

Mais le CH avait vraiment besoin d’ajouter du talent de pointe à l’attaque. En mettant la main sur Dach, il semble pour l’instant sortir grand gagnant de cette espèce de transaction à trois clubs avec les Islanders et les Hawks.

Et toujours dans le contexte du dernier repêchage, n’oublions pas dans l’équation qu’à ce jour, rien ne garantit que Shane Wright connaîtra une plus grande carrière que Kirby Dach… En partant, l’Albertain est un meilleur patineur et, pour ce que ça vaut, il possède un avantage physique sur l’Ontarien. Le CH a donc pu mettre la main sur Slafkovsky ET un genre d’équivalent de Wright en l’espace de quelques minutes, sans s’affaiblir en défensive.

Bref, Dach représente toute une acquisition pour l’organisation, qu’il demeure à l’aile ou qu’il parvienne à s’établir au centre.

Nous n’avons encore vu que la pointe de l’iceberg…

Nick Suzuki, 13e choix au total en 2017

À 23 ans, le capitaine se maintient cette saison parmi les meilleurs marqueurs de la LNH. Il pointe aussi au cinquième rang des pointeurs de toute la cuvée 2017.

Suzuki sera au centre des succès du CH pour encore longtemps…
(Crédit: Capture d’écran Sportsnet)

Suzuki postule cette année pour faire son entrée officielle dans le premier tiers de joueurs de centre de la ligue et sa candidature est sérieuse. Si le passé est garant de l’avenir, règle générale, le premier tiers, c’est un niveau suffisant pour un être le pivot principal d’une équipe aspirante, voire d’une équipe championne.

On n’aurait pas misé notre maison sur l’atteinte d’un tel niveau aussi tôt pour Suzuki, mais il semble bel et bien entrer dans ce club sélect.

Sa qualité de jeu commence être tout à fait comparable à ce qu’ont pu offrir des joueurs comme Toews, Kopitar, O’Reilly et Bergeron au fil des ans, tous des gagnants de la Coupe Stanley au cours des 15 dernières années.

Kent Hughes et Jeff Gorton ont donc raison d’affirmer qu’ils l’ont, leur premier centre. C’est pourquoi, il n’était pas catastrophique de ne pas repêcher un centre (Wright ou Cooley) au premier rang en juin dernier, et que ça ne serait toujours pas catastrophique de ne pas pouvoir repêcher un Connor Bedard ou un Adam Fantilli l’été prochain.

La belle affaire, c’est aussi que Suzuki n’est à peu près jamais blessé car, sans être frileux, il s’expose peu aux contacts et lors des rares fois où il s’est fait vraiment « pincer », il s’est toujours relevé comme si de rien n’était. Suzuki est fait solide et possède une force physique surprenante. Le CH devrait donc logiquement pouvoir compter sur un premier centre généralement en santé et régulier dans ses performances jusqu’à la fin de son contrat en… 2030!

Si le Canadien veut être bon longtemps et espère se trouver une place parmi l’élite de la LNH, ça devra donc passer par des performances conséquentes de Suzuki, un joueur qu’il faut absolument considérer pour le titre de 3e meilleur joueur de la cuvée 2017, derrière Cale Makar et Jason Robertson.

Sean Monahan, 6e choix au total en 2013

À seulement 28 ans, Sean Monahan renaît de ces cendres cette année à Montréal. Avec ses 476 en 678 matchs, et même après avoir peu produit ces dernières années à cause de ses hanches endolories, il pointe toujours au 3e rang des marqueurs de sa cuvée après MacKinnon et Barkov. Pas trop gênant…

Bien sûr, c’est loin d’être une garantie que Monahan fera partie du noyau du CH lorsque celui-ci pourrait devenir un aspirant logique, mais l’Ontarien a déjà rapporté un choix de première ronde (2025) et risque d’en procurer un autre à ses patrons d’ici le 3 mars prochain!

Bref, il est lui-même un top 10 encore capable de jouer comme un top 10, et avec un peu de chance et beaucoup de flair des recruteurs, il pourrait théoriquement en rapporter deux autres!

Si en plus il en revenait à Montréal pour s’entendre à long terme avec le CH l’été prochain dans un rôle qui rappellerait étrangement celui qu’on aurait dû attribuer à Phillip Danault, ce serait probablement du jamais vu dans l’histoire de la LNH comme acquisition!

On y allant d’une petite métaphore, ça serait un peu comme l’équivalent du beurre (Monahan qui joue maintenant), de l’argent du beurre (le 1er choix en 2025 déjà obtenu des Flames), de l’intérêt sur l’argent du beurre (l’autre 1er choix qu’il pourrait rapporté d’ici le 3 mars) et le placement dans un paradis fiscal de l’intérêt sur l’argent du beurre (s’il revenait l’an prochain)!

Sans blague!

Arber Xhekaj : un « outsider » qui sort de l’ordinaire!

Enfin, il ne faudrait pas oublier l’ami Arber Xhekaj! Wi-Fi n’a jamais été repêché, lui dont la première année d’admissibilité aurait été 2020, la cuvée de Guhle. Mais un coup d’œil rapide aux meilleurs joueurs de cet encan nous convaincra qu’il mériterait déjà d’être surveillé parmi les aspirants, peut-être pas au top 10, mais assurément au top 15. Actuellement meilleur buteur chez les défenseurs recrues de la LNH (4 buts), avec ses 7 points en 22 matchs, il pointerait déjà au 5e rang chez les défenseurs et se retrouverait 16e rang chez les marqueurs de sa cuvée.

Xhekaj, c’est quand même beaucoup plus que la truculence…
(Crédit: Capture d’écran)

En plus de posséder un lancer frappé dévastateur ainsi qu’un lancer du poignet vif et précis, Xhekaj est mobile, rugueux, truculent, et il a déjà une présence rassurante auprès de ses coéquipiers. On en compte peu dans son moule dans la LNH

Il devra cependant doser ses combats et continuer de cumuler les K.O. en sa faveur plutôt que le contraire. Il pourrait appeler un certain Mike Komisarek pour en jaser…

Qu’à cela ne tienne, il demeure toute une acquisition de la part de Bergevin sous les conseils de Luke Richardson! Le genre de joueur qu’on souhaite avoir en séries…

Mentions honorables

Brendan Gallagher (147e, 2010) et Josh Anderson (95e, 2012) sont de très belles trouvailles et font assez belle figure dans leur repêchage respectif, mais ils se classent davantage dans les 15-20 meilleurs choix de cuvée tantôt ordinaires (2010), voire faibles (2012). On peut aussi entretenir de sérieux doutes quant à la suite de leurs carrières, surtout pour Gallagher.

Ça ne devrait pas aller en s’améliorant, disons…

Si on regarde juste les points, Jonathan Drouin (3e, 2013) pointe pour sa part au 13e des marqueurs d’un impressionnant repêchage, pas si mal. Mais personne ne le prendrait aujourd’hui sur son équipe avant ceux qui se retrouvent pour l’instant juste derrière lui dans la liste… Bref, si on regarde le portrait d’ensemble, il ne mérite pas d’être considéré dans le top 15, voir le top 20 de 2013. Triste, mais c’est ça.

Pas mal le même raisonnement peut s’appliquer à Mike Hoffman, 10e meilleur pointeur de l’encan de 2009. Personne ne le prendrait avant les Oliver Ekman-Larsson, Reilly Smith, Mathias Ekholm, Ryan Ellis (blessures malchanceuses…), Nick Leddy, Kyle Palmieri et autres Anders Lee qui le suivent. Mais à sa défense, en étant de bonne foi, on peut difficilement le sortir du top 20. Le genre de gars qui, dans un rôle précis, pourrait encore être utile à une équipe aspirante possédant un fort leadership pour compléter un noyau de joueurs de talent. Il ajouterait une certaine profondeur offensive et il n’est pas aussi mauvais défensivement que les mauvaises langues le laissent croire…

Maintenant, que laisse entrevoir l’horizon?

Il semble que deux candidats issus du dernier repêchage se démarquent déjà comme de très sérieux candidats à un précoce top 10 rétroactif de 2022. On parle bien sûr d’Owen Beck qui pulvérise actuellement la OHL et de Lane Hutson, qui fait de même avec Boston University. Les deux avaient préalablement fait écarquiller bien des yeux lors de leurs camps respectifs dans la métropole suite à leur sélection.

Dans le cas de Beck (33e, 2022), il semble être le « poster boy » des négligés de la OHL passés sous le radar après avoir manqué une saison entière à 16-17 ans dû à l’annulation de la saison (COVID-19). Il y a sûrement une bonne quinzaine d’équipes qui présentement, se demandent comment ils ont pu sous-estimer à ce point un joueur quasiment « parfait » comme Beck à partir du 15e rang…

En voilà un dont le style, la personnalité et le rang de sélection en deuxième ronde fait drôlement penser à un certain Patrice Bergeron… Et quel tir du poignet il possède!

On espère bien le retrouver au sein d’Équipe Canada junior dans quelques semaines…

Du côté de Hutson (62e, 2022), seul le bon vieux conservatisme des recruteurs et des dirigeants de la LNH peut expliquer sa sélection tardive en 2e ronde. Comme certains l’ont dit, eût-il mesuré six pieds, il aurait été repêché dans le top 10-15 les yeux fermés. Avec ses 17 points en 14 matchs dans la NCAA, il suit la cadence de Logan Cooley (21 points en 17 matchs), un centre, choisi au 3e rang et est présentement le meilleur pointeur chez les défenseurs de toute la NCAA… à son année recrue !

Hutson : le futur quart-arrière tant attendu? On sera les premier surpris s’il ne le devenait pas!
(Crédit: Capture d’écran/Twitter)

Après avoir été nommé le meilleur défenseur du U18 le printemps dernier, on s’attend donc à ce que Hutson domine le prochain CMJ… Il sera d’ailleurs intéressant de le comparer à son compatriotes Luke Hughes, jeune frère plus costaud des deux autres, et super-espoir du New Jersey (4e au total en 2021) à la ligne bleue des Américains.

Sans dire qu’il sera supérieur à Luke Hughes, Hutson prouvera-t-il pour une millième fois aux recruteurs que la talent et la détermination sont plus importants que la grosseur et la grandeur?

Pense que oui…

Conclusion

En incluant, Beck et Hutson, on arrive donc à un huit-neuf joueurs qui lucidement et logiquement font ou devraient faire un jour partie du top 10-15 de leur repêchage respectif au sein de l’organisation.

Est-ce que les Mesar, Farell, ou encore Mailloux, pourraient prétendre à ce statut?

À tout le moins, à la lumière de ce qu’on a pu voir, on peut spéculer qu’ils ont des chances d’intégrer le top 15 de leur année respective, comme on a osé en donner à Xhekaj, Beck et Hutson. En tous cas, ce sont trois joueurs au talent supérieur à la moyenne pour qui on aurait tendance à entrevoir des rôles prépondérants dans la formation.

En étant optimiste, ça donnerait déjà une bonne dizaine de candidats pour un noyau dur de joueurs talentueux.

On s’approche sérieusement de la cible…

On ne sait pas qui repêchera le CH avec ses deux, trois ou quatre choix de première ronde l’été prochain, mais moyennant de bonnes sélections, il semble que cette cuvée que l’on croit profonde, pourrait en théorie suffire à compléter le portrait de ce noyau d’une douzaine de joueurs dignes des 10-15 meilleurs de leur année respective.

Bien sûr, si jamais le CH repêchait Connor Bedard, Adam Fantilli ou même un Leo Carlsson en juin prochain, ça donnerait tout un coup d’accélérateur pour se placer parmi les aspirants logiques. C’est pourquoi, à nos yeux, Kent Hughes doit encore tout faire dans les prochains mois pour maximiser ses chances de les repêcher ou visant plus le top 5 que le top 10 du prochain encan.

Mais même si ce n’était pas le cas, que ces trois merveilles échappaient au CH, une couple de très solides sélections dignes du top 10 pourraient très bien faire l’affaire à moyen terme et long terme… Des « joyaux » il en reste chaque année en dehors du top 10-15.

Du reste, voici ce que nous a dit Jeff Gorton lui-même lorsque The Athletic lui a posé la question sur la possibilité d’assembler un club de tête :

« Je pense qu’on le peut, oui », a répondu Gorton lorsqu’on lui a demandé si le Canadien avait le luxe de se passer d’un autre haut choix de première ronde pour avoir le succès espéré.

Bref, Comme disait le prophète, « la force des jeunes, le meilleur est à venir »!

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