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Chuuuut!!!! On en est déjà à l’an 7 de la reconstruction

« La nature a horreur du vide » (Aristote)

Si on s’entend pour dire que l‘humain fait partie de la nature et qu’il a lui aussi « horreur du vide », on ne s’étonnera pas qu’il ait, au fil du temps, inventé les dieux, la science et la philosophie pour répondre à tous ses questionnements.

Pour combler le « vide ».

On ne s’étonnera donc pas du vertige qui s’empare du fiévreux partisan de la Flanelle quand il tente de situer sa « raison de vivre préférée » par rapport à son processus de reconstruction!

« Où en sommes-nous? »

Question existentielle s’il en est une!

Parmi d’autres, un podcast « sérieux » payé « a’ec nos taxes », se demandait justement la semaine dernière – au cours de la récente série de cinq défaites, tiens donc! – si la reconstruction de notre Flanelle adorée n’allait pas être « plus longue que prévu ».

Pour répondre à cela, prenons un pas de recul ou, mieux, gravissons le Mont-Royal (à défaut d’Acropole!) pour mieux voir l’ensemble du décor au lieu de rester collé sur l’actualité étourdissante qui juge de la chose au quotidien, au gré des victoires et des défaites…

Une reconstruction en deux temps

Une vue d’ensemble doit d’abord nous permettre d’identifier le début « officiel » de cette fameuse reconstruction, et ce qu’on a dit sur sa longueur prévue.

Et là-dessus les avis sont on ne peut plus divers!

Novembre 2021, Geoff Molson, suite au congédiement de Marc Bergevin, se décide finalement à utiliser le mot « reconstruction » sans détour, mais sans toutefois donner une date butoir, l’idée d’une ligne d’arrivée.

Geoff Molson oserait-il parler de « l’an 7 » de la reconstruction ? Et pourtant, il devrait…
(Crédit: HabsTV)

Ainsi, deux ans et des poussières après cette décision de Molson, serions-nous seulement « à l’an 2 » du processus, comme on l’entend régulièrement un peu partout?

Ben voyons don’!

Si c’était le cas, ça prendrait un sacré coup d’accélérateur pour gagner la Coupe en 2027 comme le souhaite Réjean Tremblay! 

Les Penguins ont connu la reconstruction la plus rapide de l’histoire récente en gagnant la Coupe seulement huit ans après l’échange de Jaromir Jagr et six ans après avoir repêché Marc-André Fleury au premier rang en 2003. Ils ont ensuite eu la chance inouïe de repêcher deux centres générationnels coup sur coup en 2004 et 2005 : Evgeni Malkin et Sidney Crosby!

Mais bon, par chance, la reconstruction CH remonte dans les faits à pas mal plus loin que le congédiement de Bergevin et le repêchage du bon Juraj en 2022!

Les racines sont beaucoup plus profondes!

Il faut remonter au printemps 2018 alors que Bergevin avait procédé à la transaction du vénérable Tomas Plekanec, quelques mois avant de repêcher Jesperi Kotkaniemi et 3e rang et de mettre la main sur Nick Suzuki en retour de Max Pacioretty!

Il faut donc tout simplement scinder en deux la reconstruction du CH pour en avoir une idée plus juste.

Il y a eu le fameux « reset on the fly » de Bergevin entre 2018 et 2020 – en réalité une mini-reconstruction – où l’on a accueilli en 24 mois Kotkaniemi, Romanov, Suzuki, Caufield et Guhle, tout en conservant Price, Weber, Gallagher et Danault.

Puis, il y a eu un petit hiatus en 2020-2021 qui est devenue la « tentative ultime » de Bergevin de remporter la Coupe avec ses vétérans adorés en rajoutant de la « grosse viande de séries » : Anderson, Chiarot, Edmundson, Toffoli et Perry.

Ça bien failli fonctionner.

Si près du but… mais en même temps si loin.

Suite à ce pari qui n’aura en réalité duré que quelques mois, on assista à la grande implosion coïncidant avec les tristes fins de carrière de deux futurs membres du Temple de la renommée et au tout aussi malheureux départ de Danault sur le marché des agents libres.

MAIS, ne l’oublions pas, si Danault demeure à Montréal à long terme, le Canadien se retrouve probablement dans le no man’s land pour de nombreuses années et ne peut repêcher Slafkovsky en 2022 et doit probablement aussi oublier Reinbacher en 2023.

Aussi bien dire que si Danault s’étant entendu avec le Canadien, il n’y aurait pas eu de « vraie reconstruction » et que le meilleur scénario aurait été de continuer à « patcher » les trous dans les fondations, les murs et la toiture…

Donc, si on additionne les repêchages 2018, 2019, 2020, 2022 et 2023, le CH en est déjà à cinq repêchages clairement dits de « reconstruction ».

Et ce n’est pas comme si celui de 2021 était de facto un repêchage sans impact avec des choix comme Mailloux et Roy qui, déjà, montrent clairement de belles promesses.

Juin 2024 se voudra donc le 6e repêchage – ou le 7e, si on inclus 2021 – de reconstruction du Tricolore depuis 2018.

On est donc loin de « l’an deux »… et c’est une maudite bonne affaire!

Enfin, à tous ces repêchages, il faut aussi ajouter que les acquisitions de récents choix de premières ronde, Barron (2020), Dach et Newhook (2019) par Kent Hughes, ont maximisé encore davantage le potentiel de ces 6-7 premières années de reconstruction.

Au milieu d’un long processus?

L’an dernier, le directeur général des Coyotes de Phoenix, le très lucide Bill Armstrong, disait qu’une reconstruction pouvait prendre entre 6 et… 14 ans, tout dépendant si l’on parle des Penguins de Pittsburgh, des Hawks de Chicago ou des…Blues de Saint-Louis, avec qui il venait justement d’apprendre les rudiments du métier de DG dans le cadre d’un processus de reconstruction assez long et méthodique.

Avant de remporter la Coupe en 2019 sans miser sur aucune « supervedette » à proprement parler, les Blues avaient connu de nombreuses bonnes saisons à la suite du repêchage d’Alex Pietrangelo au 4e rang en 2008. Ils ont été patients, ont su accumuler les bons choix au fil des ans (pas toujours dans le top-10) en plus de réaliser quelques échanges audacieux et ç’a fini par payer.

Donc, si on pense une fois de plus que le modèle du CH ressemble étrangement à celui des Blues, et qu’il s’inscrit aussi dans un processus qui pourrait facilement durer une dizaine d’années à compter de l’acquisition de Suzuki, on découvre alors qu’on est à quelque part… vers la fin du milieu de la reconstruction!

À défaut d’une superstar, le Canadien mise sur quatre attaquants dominants sur son top-6, dont ces trois-là qui font déjà pas mal « vibrer » les fans.

Il possède les bases d’un excellent troisième trio avec Newhook et Roy.

Il compte déjà sur pas mal de défenseurs qui peuvent aspirer à faire partie d’un bon top-4.

Il semble avoir suffisamment de talent et de relève dans les buts pour ne pas avoir à s’inquiéter de ce côté.

Donc, moyennant quelques ajustements/ajouts estivaux de HuGo, un gain normal de maturité chez les jeunes de l’organisation et moins de blessures graves, peut-on espérer que le Canadien fasse les séries l’an prochain?

Oui.

Peut-on souhaiter qu’il commence à faire un peu de bruit en 2025-2026 alors que le plan de HuGo commencera à montrer son vrai visage et qu’on aura pu ajouter les pièces manquantes?

Oui.

Mais ne mettons pas la charrue devant les bœufs.

Un peu comme pour les Blues, l’analyse du portrait d’ensemble indique que la reconstruction du CH n’atteindra probablement pas son apogée avant 2028, soit, une bonne dizaines d’années après son début.

Et ce serait bien normal.

Conclusion

La blessure de Dach est un mal pour un bien, une bénédiction déguisée.

En étant très optimiste, avec un Dach en santé et, qui sait, en s’accrochant à Monahan pour le dernier droit de la saison, on aurait pu assister à une saison « tremplin », une genre de saison de transition où les séries auraient pu être « possibles ».

Mais les pessimistes (ou les clairvoyants, c’est selon) auraient tout suite pensé – séries ou pas – à une saison de no man’s land au repêchage.

Quoi qu’on en pense, tout s’est finalement transformé en occasion inouïe d’ajouter un autre très haut choix de repêchage pour une troisième saison consécutive ; une recette gagnante éprouvée par tous les gagnants des 15 dernières années.

C’est donc à une autre saison de reconstruction totale, une troisième consécutive, à laquelle nous avons eu droit, avec comme prix de consolation un beau pourcentage pour la « loterie Celebrini » ainsi que – ne l’oublions pas – l’arrivée de Hutson, Reinbacher et Engstrom dans les prochaines semaines.

Ces arrivées sont à mon sens très importantes.

Car si le Canadien repêchait 5e ou 6e l’été prochain, les performances de ce prometteur « trio » de jeunes défenseurs d’ici la fin de la saison à Laval et Montréal aideront l’organisation à prendre une décision optimale quant au type de joueur à sélectionner, à savoir un autre talentueux défenseur (droitier) ou le meilleur attaquant encore disponible.

Elles nous donneront aussi – comme la première sélection du club en juin – une meilleure idée de la réponse à notre question existentielle initiale : la reconstruction sera-t-elle plus longue que prévu?

« Où en sommes-nous? »

On s’en reparle!

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