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Mi-saison du CH : Repêcher tôt est plus important que de faire jouer Montembeault

Une chance que certains animateurs, commentateurs et chroniqueurs – vous les connaissez autant que moi, et ils sont TRÈS nombreux – ne sont pas à la tête du Canadien de Montréal.

Je veux bien comprendre qu’il faut nourrir la bête et entretenir le ronron quotidien avec des sujets faciles, émotifs, accessibles à tous.

C’est la business.

Mais pour tout dire, je ne suis tout simplement plus capable d’entendre jour après jour les mêmes rengaines sur les « séries encore possibles » et l’obsession de faire jouer Samuel Montembeault.

Genre, « Un autre match important demain soir contre les Flyers/Sharks/Oilers, Montembeault doit jouer si on veut se donner une chance de faire les séries cette année», etc.

Soyons sérieux deux f… minutes.

(Crédit: capture d’écran NHL.com)

En date d’aujourd’hui, la Flanelle joue pour .488, est à 7 points d’une place en séries, présente un différentiel collectif de -28, le deuxième pire de sa conférence derrière celui des minables « « Jaquettes bleues »!

-28!

On ne s’en va nulle part avec ça! On reste même en dedans, bien au chaud!

Ajoutez à cela que les Red Wings, Caps, Penguins et Devils, qui affichent des dossiers de quatre à six matchs au-dessus de .500, devancent tous le Tricolore dans la course et ça vous donne une superbe probabilité de faire le séries de 2,7%, selon un logiciel qui a fait 100 000 simulations de fins de saison possibles!

2,7%!

Ça, c’est a peu près les mêmes chances qu’un cégépien passe son cours alors qu’il montre un « scintillant » 45% avant sa dissertation finale!

On peut aussi regarder le classement par le bas pour rendre le tout encore plus clair!

(Crédit: capture d’écran NHL.com)

On veut bien croire que « ça se joue sur la glace » et autre clichés du genre, mais à un moment donné, comme dirait Elvis Gratton, « faut être réaliste cal…»!

À ce compte, le 6e échelon au prochain repêchage est pas mal plus réaliste que les séries!

Faut-il alors vraiment tout faire pour demeurer dans le « peloton du no man’s land » en faisant jouer davantage Montembeault, dont les statistiques avancées sont de loin supérieures à celles de ses acolytes Allen et Primeau?

Pour moi, c’est un non-sens ab-so-lu!

Et pour ceux qui s’inquiètent pour la culture de l’équipe et du risque de se complaire dans la défaite, comme les Sabres et les Sens, oubliez ça!

Tous les joueurs de l’organisation comprennent le plan de reconstruction du CH et, côté culture, Martin St-Louis fait un travail extraordinaire auprès de ses troupiers pour les garder motivés et en faire de meilleurs joueurs. La preuve en est que rares ont été les matchs où le Canadien s’est fait démolir et il n’a encore connu de longues séries de défaites.

Ça n’a peut-être pas été joli cette semaine – un petit coup de mou après un gros match émotif contre les Rangers –  mais règle générale, on voit un club qui joue avec fierté.

« Oui, mais les partisans pis les familles qui payent 800 $ pour aller voir le CH ont droit à voir le meilleur produit possible sur la glace! »

On sympathise avec vous, mais ce n’est pas en ne faisant pas jouer systématiquement le meilleur gardien et en échangeant 2-3 vétérans d’ici la fin de la saison que vous allez nécessairement perdre au change. Ce n’est pas eux qui font le show!

Bientôt, vous pourrez apprécier les talents de Joshua Roy, Logan Mailloux et Lane Hutson, ça compensera amplement!

Bref, il ne reste plus que 41 matchs, quelques mois à peine, à cette phase initiale nécessaire de reconstruction, celle où il faut accumuler les jeunes espoirs de premier plan.

Alors, de grâce, continuons à faire jouer Montembeault pas plus de 50% des matchs d’ici la fin du calendrier.

Il en goalera 60 sur 82 l’an prochain. M’en sacre!

Ou, un peu comme Réjean dans la P’tite vie, « qu’il prenne toutes ses breaks cette année, comme ça il pourra travailler en paix l’an prochain »!

Une formule éprouvée

Comme on a pu le comprendre entre les lignes lors de son récent passage à l’Antichambre – chapeau à Denis Gauthier pour ses bonnes questions – laissons Kent Hughes négocier avec Martin St-Louis la gestion optimale des gardiens en vue du véritable objectif de cette saison et des intérêts supérieurs de l’organisation à long terme.

Et quel est le grand objectif de cette saison et de quels intérêts supérieurs parle-t-on, demandez-vous?

En 12 mots comme en 1000 : perdre davantage aujourd’hui pour améliorer ses chances de gagner à long terme.

Bien sûr, avec la présence d’un Kirby Dach, le Canadien serait probablement au plus fort de la course aux séries.

Il serait peut-être même en séries, et là on se dirait tous en chœur « ben, tant qu’à y être, go Montembeault! » et on aurait raison de le faire.

Mais ce n’est pas le cas.

Dach, peut-être le vrai centre #1 du club, est fini pour l’année depuis le 2e match de la saison!

Fait que…

Fait que?

Quand la vie t’envoie des citrons, tu dois faire de la limonade…

Cette année, la « limonade » c’est de se donner une chance légitime de gagner la « loterie Celebrini » ou, au pire, s’assurer de repêcher le plus haut possible dans le top-10 et mettre la main sur un joueur de talent qui se joindra rapidement au jeune noyau déjà en place.

Vu d’ici, se retrouver avec un 3e choix dans le top-10, dont deux dans le top-5 en trois ans, serait loin d’être une mauvaise idée!

Le Tricolore emprunterait ainsi une formule éprouvée par les Caps, les Kings, les Penguins, les Hawks, le Lightning et l’Avalanche, qui ont tous repêché très haut à au moins 2 reprises dans un très court laps de temps pour dénicher les piliers qui leur ont permis de devenir les aspirants annuels qu’ils ont tous devenus lors des 15-20 dernières années.

Bien sûr, à moins de gagner la loterie, même s’il repêchait encore « haut » en 2024, le modèle du Canadien différerait un peu de celui de ces puissances qui ont eu la chance de mettre la main sur des joueurs générationnels et/ou des supervedettes.

Même s’il ne faudrait pas sous-estimer Slafkovsky et quelques autres, il est loin d’être assuré que ce genre de joueur se trouve dans l’organisation en ce moment ou qu’il sera disponible pour elle en 2024.

Mais ne perdons pas de vue que lorsqu’ils ont gagné, tous ces clubs identifiés plus haut avaient aussi une grande profondeur, une profondeur qui, jusqu’à preuve du contraire, fait encore défaut aux Oilers et aux Leafs, souvent cités en contre-exemples.

Disons que le modèle du CH risque plus de ressembler à celui des Blues de 2019…

Un attaquant à tout prix au repêchage? Non, mais…

Donc, sélectionner un espoir très tôt au repêchage c’est bien beau, mais lequel?

Je n’irais pas jusqu’à dire que le CH doit absolument éviter de repêcher un défenseur en juin prochain. Mais je dirais qu’un tel défenseur devra clairement être le meilleur joueur disponible pour qu’on daigne le repêcher.

Le Canadien est tellement profond en défense et est encore tellement faible à l’avant, que passer à côté d’une occasion en or d’acquérir aussi facilement un attaquant de calibre top-6 relèverait presque de l’hérésie.

Et s’il est clair qu’un tel attaquant devrait être disponible dans le top-10, en dehors de celui-ci, ce sera beaucoup moins certain.

Après avoir raté le top-4 des attaquants l’an dernier et décider de lever le nez sur Michkov en choisissant Reinbacher (un vieux débat!), Hughes et Gorton voudront-ils passer à côté d’un des 5-6 meilleurs attaquants disponibles cette année (parmi lesquels j’inclurais personnellement Michael Brandsegg-Nygard, Simon « Snake » Boisvert parle pour sa part de Trevor Connelly, à suivre…)?

Penserais pas.

Pour ça, il leur faut à tout prix éviter de terminer entre les positions 10 à 16 au prochain repêchage.

Et, rendu là, comme en rénovation, allons-y donc d’un beau « tant qu’à être » :  viser le top-5 pour se donner une meilleure chance de pouvoir sélectionner Celebrini -déjà un coéquipier de Hutson!- serait encore plus intelligent!

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