Si vous vous demandez simplement pourquoi je considère encore Juraj Slafkovsky comme un espoir malgré ses 121 matchs d’expérience dans la LNH, relisez le premier texte de notre série!
Pour les autres, on plonge!
On a donc décidé de développer Slaf avec le gros club dès l’âge de 18 ans, une décision audacieuse tout comme l’avait été son repêchage dans l’esprit de plusieurs « fans »… de Shane Wright!
Même l’automne dernier, à 19 ans, suite à un début de saison couci-couça, le choix de faire jouer Slafkovsky à Montréal ne faisait toujours l’unanimité. J’étais parmi ceux qui se questionnaient avant que tout tourne en sa faveur en l’espace de quelques semaines et qu’on le jumelle à Suzuki et Caufield!
Quoi qu’il en soit, deux ans après avoir été repêché au tout premier rang en 2022 et même après une deuxième moitié de saison dominante, voire une première grande symphonie dans la LNH à 19-20 ans, on a toujours cette même impression que plusieurs sous-estiment encore Slafkovsky.
D’une part, certains s’offusquent lorsqu’on parle de Slaf comme une future supervedette ou qu’on ose le comparer aux « sacro-saints » frères Tkachuk, archétypes des attaquants de puissance nouveau genre, un peu comme si c’était impossible que ce type de joueur existe à Montréal!
De l’autre, le repêchage de la nouvelle sensation, Ivan Demidov, généralement perçu comme plus talentueux que le Slovaque – je suis d’accord pour dire que son potentiel est peut-être plus élevé – contribue aussi à renforcer cette idée de recaler Slafkovsky en second plan.
Mais quand on analyse le portrait global, il serait prématuré de placer le jeune russe devant le gros cheval slovaque et complètement injustifié de ne pas placer Slaf dans la même catégorie que les Tkachuk et les meilleurs attaquants de puissance de sa génération au même âge..
Pourquoi?
Parce que plusieurs ne tiennent pas compte des comparaisons statistiques probantes, sous-estiment la courbe de développement de Slaf et/ou ne regardent peut-être pas vraiment les matchs!
Bref, un bon nombre d’amateurs ne réalisent pas à quel point son profil est très rare et précieux et que l’assurance qu’il atteigne son potentiel est presque déjà devenue une certitude dans l’esprit des dirigeants, comme en fait pas mal foi le contrat de 8 ans / 60,8 M$ qu’il vient de parapher.
Bref, comme le pense Eliotte Friedman, le CH pourrait bien avoir un monstre dans son alignement à l’attaque dès le premier match de la saison…
1. Juraj Slafkovsky
Potentiel : 37.5/40
Assurance : 19/20
Utilité/rareté : 28/30
Valeur d’échange : 9/10
Total : 93.5/100 (plus gros score de l’histoire de ce décompte!)
C’est assez rare qu’on modifie à la hausse notre évaluation du potentiel d’un joueur d’une année à l’autre dans ce classement, mais c’est le cas ici avec le gros #20.
On a fait la démonstration à plusieurs reprises la saison dernière qu’au même âge Slafkovsky n’avait absolument rien à envier aux meilleurs power forwards de sa génération et on parle ici de la crème de la crème : Draisaitl, Rantanen et les deux frères Tkachuk.
Les stats au même âge sont là. Le swag est là. Le talent est là. La façon de jouer est là. L’efficacité est là.
Et il ne faut pas oublier que Slafkovsky n’a même pas encore atteint son plein développement aux niveaux physique, technique et tactique.
Comme on peut déjà l’anticiper avec le nombre de bagarres qu’il gagne le long des rampes, très bientôt, peu de joueurs seront capables de lui enlever la rondelle ou de le bouger près du filet. Probablement que plusieurs n’essaieront même pas.
Même si ce n’est pas toujours archi-spectaculaire, sa domination physique fait partie des game breaking skills : elle lui permet de réaliser régulièrement des jeux impensables pour d’autres.
Statistiquement, après avoir enregistré près d’un point par match en 2e moitié de saison, plusieurs – j’en suis – s’attendent à environ 70 points de sa part l’an prochain.
Et comme pour ses comparables, s’il maintient sa courbe actuelle, j’estime maintenant que son potentiel offensif optimal pourrait osciller en 90 et 110 points d’ici quelques années.
Une vrai supervedette. Un vrai game-breaker.
Juraj Slafkovsky IIHF Men’s WC
Point 0 of 10
(this one is pre-tournament) pic.twitter.com/2HAXuYZOVF
— Shaun (@shaun_has_em) May 7, 2024
Assurance
Avec la progression hallucinante et constante qu’il nous a montré l’an dernier – c’était presque comme s’il franchissait une nouvelle étape dans son développement à chaque 15 matchs – il faudrait être fou pour parier contre ses chances d’atteindre son plein potentiel dans un avenir plus que raisonnable.
C’est pour ça qu’il mérite un spectaculaire 19/20 dans cette catégorie.
À moins qu’il ne subisse une blessure majeure – rappelons qu’il n’a pas manqué un seul match l’an dernier tout en jouant de façon robuste – on ne voit pas comment il ne pourrait pas devenir le joueur dominant d’un point par match et plus que les plus optimistes voyaient en lui en 2022.
Encore ici, sa façon de jouer et ses statistiques comparables au même âge au meilleurs joueurs de son style génèrent énormément d’optimisme et d’assurance quant à l’atteinte de son potentiel.
Comme on le disait plus haut, ses patrons sont certainement convaincus eux aussi.
C’est ici que Slaf se distingue de plusieurs de ces « compétiteurs » à l’interne dans ce décompte.
La « Brute » est unique au sein de l’organisation et se veut un spécimen archi-rare dans toute la LNH.
Slafkovsky a clairement démontré qu’il pouvait rendre les autres meilleurs par sa simple présences à leurs côtés. La production de Suzuki et de Caufield a considérablement augmenté après qu’on l’ait muté sur leur trio, et qui sait le genre de saison que Dach aurait pu connaître en évoluant avec lui toute la saison.
Contrairement à plusieurs de ses coéquipiers, Slaf semble être en mesure de marquer de plusieurs façons différentes. Tantôt avec des buts spectaculaires, tantôt en faisant dévier des tirs avec ses culottes, tantôt à l’aide de fracassants one-timers.
What a fucking one timer shot by Juraj MF Slafkovsky! 😤
To quote Pierre Houde: « Quel boulet de canon! » 🚀 pic.twitter.com/RY6IfvZrTn
— /r/Habs (@HabsOnReddit) October 30, 2022
Mais, à la Rantanen et Draisaitl, c’est aussi un très savant metteur en scène capable d’exécuter ultra-rapidement des jeux pour ses coéquipiers.
Du reste, du haut de ses 6’4 et 223 lbs, il peut patiner comme un train, dominer le long des rampes ainsi que devant le filet, en plus de commencer à être « une douleur dans le derrière » de ses opposants, comme dirait Shakespeare.
Rajouter à cela qu’il devrait tôt ou tard évoluer en désavantage numérique, comme on l’anticipe depuis son repêchage alors qu’on l’avait comparé à Marian Hossa, et vous avez là un des attaquants les plus complets et terrifiants de toute la LNH. Bob Hartley abondait aussi en ce sens dernièrement .
Bref, c’est le profil d’un gars éventuellement capable de te faire gagner beaucoup de matchs en séries.
De l’or en barre.
Un contrat qui en dit long…
Et parlant d’or en barre et de valeur d’usage, que dire de son contrat « à prix d’ami » pour ses patrons!
Comme certains joueurs vedettes des Leafs de Toronto, Slaf et son agent auraient pu jouer beaucoup plus dur à la table de négos.
Avoir été égoïstes, ils auraient aussi très bien pu exiger beaucoup plus d’argent que Suzuki et Caufield.
Après tout, Slaf est un premier choix au total qui mérite pleinement d’avoir été sélectionné à cette échelon. Il a débuté sa carrière à 18 ans, était déjà un joueur dominant dans la LNH à 19 ans et possède somme toute un profil extrêmement rare et recherché. Tous des faits d’armes et des arguments que ne pouvaient utiliser ses deux coéquipiers lors de leurs propres négos.
À 19 ans, il était même déjà meilleur que Suzuki et Caufield la plupart des soirs en deuxième moitié de saison…
Or, plutôt que se montrer gourmand ou jouer les prima donna, Slaf a préféré « gagner à Montréal » et, pour le bien de l’équipe, a généreusement laissé au bas mot 1,5 M$ sur la table, car il très clair pour moi qu’il vaudra facilement 9, voire 10 ou 11 M$, par saison d’ici peu.
Ça aussi c’est la marque d’un champion. #Crosby
Bref, est-ce qu’on peut clôner ce gars-là?
Remarquez que c’est peut-être ce que le CH a tenté de faire en optant pour Demidov, qui partage plusieurs de ces qualités malgré un gabarit plus modeste.
On verra…
Considérant tous les paramètres, à l’heure actuelle, très peu de joueurs de hockey auraient clairement une plus grande valeur marchande que Slafkovsky sur la planète hockey.
On en compterait qu’une toute petite poignée, pas plus.
En fait, one on one, j’en verrais juste quatre McDavid, Mackinnon, Makar et Bedard comme ayant clairement une plus grande valeur marchande que lui.
Considérant son talent, son caractère, sa dimension physique, son âge ET son contrat, si vous êtes un DG devant négocier avec le plafond salarial :
Slaf ou Marner?
Slaf ou Matthews?
Slaf ou Rantanen?
Slaf ou un des deux Tkachuk?
Slaf ou Draisaitl?
Slaf ou Kucherov?
Slaf ou Barkov?
Slaf ou Celebrini?
Ben c’est ça.
Qu’on réponde Slaf ou non à ces questions, on est rendu dans ces eaux-là avec lui.
Autrement dit, il faudrait qu’on offre la Lune et une partie de la planète Mars à Kent Hughes pour mettre la main sur sa jeune étoile slovaque.
Conclusion
Voici donc notre top-15 :
1. Juraj Slafkovsky
2. Ivan Demidov
3. Lane Hutson
4. David Reinbacher
5. Jacob Fowler
6. Michael Hage
7. Kaiden Guhle
8. Joshua Roy
9. Adam Engstrom
10. Arber Xhekaj
11. Logan Mailloux
12. Justin Barron
13. Cayden Primeau
14. Owen Beck
15. Jakub Dobes
Mentions honorables (Volokhin, Kapanen, F. Xhekaj, Mesar)
On peut diviser tout ce beau monde en quelques groupes :
1. Le groupe des supervedettes en devenir : Slafkovsky, Demidov et potentiellement Hutson… à sa manière!
2. Le groupe des potentiels vedettes : Reinbacher et Fowler, des vedettes « défensives » plus sobres, mais il en faut…
3. Le groupe des potentiels joueurs d’impact : Hage et Guhle. Guhle en est déjà un lorsqu’en santé et on est peut-être un peu conservateur avec Hage ici…
4. Le groupe des bons joueurs complémentaires : Roy, Engstrom, Xhekaj, Mailloux, Barron, Beck, Primeau, Dobes. Selon moi, on a là des joueurs ayant le potentiel de devenir des joueurs supérieurs à la moyenne de la ligue à leur position, des hockeyeurs à tout le moins dignes de la première ronde de leur repêchage respectif ou presque.
En somme, même s’il y en avait quelques-un qui sous-performaient par rapport aux attentes, le Canadien ne sera pas mal pris. Il y a trop de quantité et de qualité sur le tableau pour manquer son coup.
Certains (Oliver Kapanen? Le gardien Evgeny Volokhin? Florian Xhekaj? Le gros sniper Tyler Thorpe?) pourraient aussi nous surprendre, ne l’oublions pas!
Et si on ajoute les autres membres du jeune noyau qui ont déjà atteint leur plein potentiel ou presque, Suzuki, Caufield, Laine, Dach et Newhook (un beau mélange de joueurs bien au dessus de la moyenne), on semble bel et bien être en voiture pour éventuellement s’amuser pendant de longues saisons à Montréal.
Peut-être même jusque tard en juin dans un avenir pas si lointain…
Comme à l’habitude, curieux de vous lire dans le respect sur Facebook et Twitter!