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Daniel Carcillo livre un témoignage terrifiant sur sa vie de retraité

Être victime d’un traumatisme crânien est absolument terrifiant. Lorsque ça arrive, le cerveau est propulsé sur la paroi de votre crâne et les différentes parties de l’organe bougent à des vitesses assez considérables pour endommager les connexions.

Suite au contact initial, selon sa force, vous êtes alors prisonnier de votre tête. Elle ne fonctionne plus comme avant, vous êtes confus, vous avez des hauts le coeur, vous êtes étourdis.

Parfois, j’aimerais que certaines personnes vivent l’expérience afin de comprendre à quel point ce n’est pas une blague.

Les effets secondaires à long terme sont d’ailleurs les pires à expérimenter. De nombreux anciens joueurs de la Ligue nationale ont d’ailleurs fait entendre leur voix, depuis quelques années, en entamant une poursuite contre la Ligue en raison de son incapacité à informer et aider les joueurs.

Steve Montador s’est éteint à l’âge de 35 ans, en 2015, suite aux conséquences d’une encéphalopathie traumatique chronique, cause directe des commotions cérébrales.

Plus récemment, il a été révélé que Johan Franzen est en centre de traitement, au Colorado, une cure qui ressemble à la désintoxication.

Le témoignage le plus percutant que j’ai vu fut celui de Paul Kariya, l’an dernier. 

Il ne se souvient toujours pas des quelques derniers jours ayant mené à la défaite de son équipe en Finale de la Coupe Stanley.

Jetez-y un coup d’oeil, ça vaut la peine.

Les statistiques ne mentent pas, d’ailleurs. Entre 1997 et 2004, on compte un total de 559 commotions cérébrales ayant été observées au cours d’une partie. Dans 21% des cas, une perte de mémoire est observée.

Par contre, les autorités de la ligue continuent de fermer des yeux à des statistiques aussi choquantes, continuant sans cesse de contribuer à la banalisation des commotions cérébrales.

Un exemple parfait pouvant illustrer l’hypocrisie des équipes serait le nombre de fois où l’on annonce des «concussion-like syndroms», qui se traduit par des symptômes qui s’apparentent à ceux d’une commotion. Est-il trop difficile d’annoncer une commotion?

Car entre des symptômes qui «ressemblent» et une blessure au cerveau (car au final c’est ce que c’est), il y a une énorme différence.

C’est aussi en étant extrêmement trop tolérant envers les coups à la tête qu’on encourage sans nécessairement le comprendre le fléau.

Daniel Carcillo a décidé, lui aussi, de faire entendre sa voix, étant tanné de la situation. L’émotion qu’on peut voir dans ses yeux est remplie de regrets et de tristesse à propos de sa carrière et des effets que celle-ci a sur sa vie en date d’aujourd’hui.

« Je donnerais tout mon argent, tout mon temps, vous pouvez retirer mon nom de la Coupe Stanley deux fois plutôt qu’une pour que je n’aie plus à vivre comme ça. »

Carcillo mentionne que les dirigeants de la LNH et de la NHLPA doivent faire quelque chose pour protéger les meilleurs athlètes au monde.

Nick Boynton, lui, est demeuré silencieux pendant des années. Par contre, encouragé par le désir de Carcillo de changer les choses, il a décidé d’écrire une longue pièce honnête qui accompagne le vidéo de son ami sur le site de The Players Tribune.

Le titre (Tout n’est pas O.K.) et la citation de présentation («Je ne veux pas mourir, mais rien n’est certain») sont déjà extrêmement dramatiques et représentent bien ce texte.

Trop de joueurs souffrent des effets secondaires des traumatismes crâniens. Dépendances. Anxiété. Étourdissements. Maux de tête. Dépression. Au final, on peut appeler ça comme on veut, il s’agit de pure souffrance qui ne devrait pas être.

Nick se demande parfois s’il est le prochain sur la liste après les Steve Montador, Wade Belak, Derek Boogard, Rick Rypien… C’est grave.

C’est pourquoi il a ressenti le besoin de faire connaître son histoire, une histoire traversée par de 8 à 10 commotions confirmées… Mais aussi plusieurs coups dangereux qu’il a lui-même distribués.

« Je n’aimais pas ça, par contre, ça c’est certain. C’est ce que je faisais, ça payait les factures et m’aidait à supporter ma famille. Mais je n’ai jamais aimé ça. »

L’ancien des Bruins raconte qu’il regardait parfois des extraits vidéo de lui-même quelques minutes après un coup à la tête… Et qu’il avait l’impression de regarder quelqu’un d’autre être dans son propre corps.

Terrifiant.

Savez-vous ce qui est encore plus dégoûtant?

Moins d’un mois après avoir demandé de l’aide, Boynton était échangé. « Leçon apprise », qu’il dit.

Heureusement, quelques années plus tard, Paul Holmgren, DG des Flyers, lui a sauvé la vie. Une nuit, il était resté debout jusqu’à des heures tardives, consommant une quantité énorme de cocaïne. Une façon d’éliminer le stress qui lui a donné l’impression de mourir tellement son coeur battait rapidement. Au lieu de se cacher, Boynton l’a avoué à son équipe de son plein gré et selon lui, leur réaction (l’envoyer en désintoxication) est la raison pour laquelle il est toujours en vie aujourd’hui.

« J’aurais dû prendre ma retraite à 26 ou 27 ans, même avant ma première Coupe Stanley. J’aimerais tellement pouvoir tout recommencer. Ils peuvent enlever mon nom de la Coupe et je redonnerais ma bague si je pouvais retourner dans le temps et faire en sorte que je n’aie pas à vivre toute cette souffrance, tristesse et colère. »

Pendant ce temps, la LNH ne fait rien. On vient tout juste d’apprendre que trois équipes avaient été pénalisées pour ne pas avoir respecté le protocole lié aux commotions cérébrales. 

Du changement s’impose.

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