Top 15 des espoirs du CH : les positions 9 à 7 | Qui aurais-je choisi à la place de Zharovsky?
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Tranquillement pas vite, nous voici déjà rendu à mi-chemin de notre décompte annuel.

Comme vous le savez, la particularité de ce classement porte en bonne partie sur la rareté et la valeur d'usage qu'on anticipe pour les différents espoirs du Tricolore ainsi que sur l'assurance qu'ils puissent atteindre leur plein potentiel.

Un jeune joueur aura toujours besoin d'un potentiel assez élevé pour atteindre la LNH, mais encore faut-il qu'il se développe et, le moment venu, décroche un rôle enviable pour être considéré « important » et, par la même occasion, améliorer l'équipe.

Ainsi, les trois joueurs qu'on présente aujourd'hui aux positions 9 à 7 possèdent tous pas mal de talent au hockey. Ça ne fait aucun doute.

Mais sauront devenir des joueurs d'impact dans la LNH? Sauront-ils trouver LA chaise pour laquelle ils ont été « destinés » lors de leur repêchage?

9. L.J. Mooney | AD | 18 ans |113e, 2025

Potentiel : 34.5/40
Assurance : 14.5/20
Utilité/rareté/valeur d'usage : 22/30
Valeur d'échange : 5.5/10
Total 76.5/100

Je dois l'avouer, j'ai eu un peu moins de temps que prévu cette année pour évaluer les espoirs en vue du dernier repêchage.

Ainsi, après avoir rapidement aperçu Mooney lors du Défi des espoirs en novembre – il revenait à peine d'une blessure au genou – il n'est plus apparu sur mon écran radar des quelques 40-45 joueurs que j'ai décortiqué plus en détails.

Entre autres, j'aurais dû regarder plus attentivement le championnat des moins de 18 ans, où il a certainement été l'un des bons joueurs des États-Unis, terminant à égalité au premier rang des marqueurs américains avec 11 points en 7 matchs.

En rétrospective, si j'avais été plus alerte dans son cas au lieu de trop me concentrer sur son coéquipier Jack Murtagh, Mooney aurait sans doute mérité une place dans les mentions honorables de mon top-20.

Après l'avoir observé plus attentivement depuis son repêchage, il est à mes yeux très proche de Cameron Schmidt, que j'aimais beaucoup et que j'ai classé au 19e rang….

Bref, comme plusieurs le pensent, juste à le regarder jouer, on voit tout de suite que Mooney a effectivement un talent digne de la première ronde.

C'est donc encore et toujours la taille, la taille et la taille qui discrédite les joueurs comme lui et Schmidt car, oui, rappelons que ce dernier – malgré tout son dynamisme, son tir de feu et le fait qu'il était pressenti comme un choix de fin de première ronde par de nombreux analystes – est finalement sorti au… 94e rang!

Appelons ça « l'effet Panthers de la Floride ».

Maintenant, parlant de feu, Mooney semble justement jouer avec ce fameux feu sacré. C'est tout un compétiteur. Et c'est clairement ce qu'on a vu au camp de développement. On retrouve aussi cette subtile braise joyeuse dans son regard en entrevue, surtout quand on lui parle de son gabarit.

Mooney a beau être petit, il est assez costaud, solide sur patins et ne craint pas les contacts.

Vite comme ça, on ne partira pas en peur, mais il rappelle un peu Martin St-Louis, Brad Marchand… et Lane Hutson.

Pas convaincu? Regardez ça.

C'est simple, Mooney est déjà un des meilleurs patineurs et manieurs de rondelle de l'organisation. Ajoutez à cela une vision du jeu pas piqué des vers et vous avez là un des espoirs les plus dynamiques du dernier repêchage.

Vous pouvez donc me placer dans le camp des croyants dans son cas, je n'y verrai aucun problème.

Si on veut ensuite discuter de son assurance d'atteindre son plein potentiel et, par la même occasion, la LNH, les plus fins observateurs auront remarqué que contrairement au basketball, l'objet qu'on doit mettre dans le filet au hockey repose – comme le filet lui-même – plus souvent qu'autrement sur la glace!

Si tu es rapide, talentueux et assez solide, être « petit » n'est donc pas nécessairement un gros désavantage. C'est souvent même le contraire. Tu peux, entre autres, accélérer plus rapidement et profiter de ce fameux centre de gravité plus bas, comme nous le rappelait fréquemment l'excellent analyste de Radio-Canada Gilles Tremblay du temps de Mats Naslund et des parties à 20h le samedi soir!

Pour ce que ça vaut, à 6'4, Vincent Lecavalier a toujours trouvé qu'il était plus difficile pour lui de contenir des gars de 5'7 que des adversaires plus grands.

Cela dit, la route pour se rendre à la LNH ne sera probablement pas un long fleuve tranquille pour Mooney.

Il devra éviter le genre de blessure qu'il a subi la saison dernière en évitant de se faire frapper durement aussi souvent.

Il devra ensuite dominer assez rapidement dans la NCAA, où l'on s'attend à le voir jouer un minimum de deux ans.

Après cela, il devra forcer la main de l'organisation, soit en cassant la barraque à Laval et/ou en se montrant supérieur à la compétition à Montréal lors d'un camp d'entraînement, quelque part en 27-28 ou 28-29…

En fait de valeur d'usage, présentement bien meilleure que sa valeur d'échange (113e choix…), si Mooney franchit toutes ses étapes avec succès, bien que dans un tout autre style, je le verrais très bien éventuellement remplacer un gars comme Brendan Gallagher dans la l'alignement du CH sur le 3e trio et sur une deuxième unité d'avantage numérique d'une puissante équipe.

Mais Mooney a aussi le talent pour évoluer sur un 2e trio au besoin… ou au mérite.

Une genre de bougie d'allumage qui augmente le tempo des joueurs autour de lui.

8. Alexander Zharovsky | AD | 18 ans | 34e, 2025

Potentiel : 34.5/40
Assurance : 14/20
Valeur d'usage, utilité, rareté : 22.5/30
Valeur d'échange : 6.5/10
Total  : 77.5/100

Voici un rang qui me semble approprié dans ce décompte pour le « joyau », le « Demidov light », le « Zhar » du dernier repêchage de Lapointe et Bobrov.

Ces derniers ont ainsi tôt fait de nous mentionner que Zharovsky aurait été sélectionné au 16e ou 17e rang si le CH avait conservé au moins un de ces deux choix lors du dernier repêchage.

C'est une affirmation très audacieuse et on aimerait certainement avoir une Dolorean traficotée pour voyager dans le futur afin de vérifier si Zharovsky sera à la hauteur de leurs attentes, s'il deviendra effectivement, disons, un des 20 meilleurs joueurs de 2025.

Il ne fait nul doute que le jeune Russe, bon compétiteur, possède un sens du jeu et des mains dignes des très bons joueurs du dernier encan.

Mais c'est aussi un des patineurs les moins explosifs sélectionnés lors des deux premières rondes.

L'accélération et la vitesse brute sur patins peuvent se corriger et il y a de pires défauts, mais lors de nos visionnements, on l'a trouvé carrément lent en ligne droite et il sera très surprenant que les Barbara Underhill de ce monde le transforment en fusée.

Si Zharovsky peut devenir une Kia Niro, ça sera déjà ça de gagné. Une accélération surprenante!

Vous aurez compris que même si je ne déteste pas sa sélection, j'ai certaines réserves par rapport à Zharovsky et le moment est donc venu pour moi de vous révéler qui aurait mon choix si j'avais eu à me prononcer au 34e rang.

J'aurais choisi Jack Murtagh, le dynamique ailier et très bon marqueur du USNTDP.

Ce n'est pas du tout du second guessing puisque j'avais classé Murtagh au 17e rang de mon top 20 final quelques semaines avant le repêchage. Je l'avais aussi identifié parmi mes trois cibles réalistes quelques jours avant l'encan.

Murtagh est un patineur puissant doté d'un bon gabarit, d'un excellent lancer et d'un sens du jeu tout à fait adéquat qui s'inscrit davantage dans un style nord-sud.

Je ne comprends toujours pas pourquoi il a été sélectionné aussi tard qu'au 40e rang par les Flyers (qui avait déjà pu sélectionner Martone et Nesbitt!).

Basé uniquement sur son jeu sur la patinoire, j'ai du mal à voir ce qu'il lui manquait dans l'esprit des recruteurs de la LNH.

Peut-être que sa personnalité et son caractère ne plaisaient pas à tout le monde?

Allez savoir…

Peu importe, j'espère cette fois-ci me tromper et que le CH n'a pas choisi Zharovsky juste pour faire plaisir à son ami Ivan Demidov, comme il l'avait fait avec Filip Mesar en 2022 pour rendre la soirée de Slafkovsky encore plus magique…

Depuis le temps, on a vu que Jiri Kulich (mon choix à la place de Mesar) a monté rapidement dans la hiérarchie des attaquants à Buffalo…

Un des rares faux pas du duo Gorton-Hughes, Mesar…

Maintenant, si on revient à la perspective de Lapointe et Bobrov sur Zharovsky, ceux-ci anticipent un futur attaquant top 6, peut-être celui qui complètera ce fameux et dangereux noyau que possèdent tous les clubs champions

Dans cette optique, on préfère de loin ses chances d'y parvenir à celles qu'on donnait à Mesar en 2022… mais dans ce cas-ci, la barre n'est vraiment pas très élevée!

Il faudra d'abord que Zharovsky s'affirme dans la KHL la saison prochaine et trouve une façon d'obtenir un temps de glace appréciable dans cette ligue souvent des plus bizarres avec les jeunes appelés à la quitter rapidement…

Ensuite, il serait bien que le CH rachète le contrat de Zharovsky et qu'il l'amène rapidement en Amérique, probablement à Laval, pour qu'il s'acclimate au hockey d'ici ; un style plus « direct », un rythme plus rapide et soutenu que la KHL.

C'est à ce moment qu'on pourra se faire une meilleure idée quant à l'assurance de voir le jeune Russe atteindre son plein potentiel dans la meilleure ligue au monde. D'ici là, je vais demeurer prudent.

Cela dit, Zharovsky possède assurément déjà une certaine valeur autour de la LNH puisqu'on a appris qu'une équipe (Nashville?) s'apprêtait à le repêcher au 35e rang, de là la transaction que le CH a du réaliser avec les Hurricanes pour s'assurer de ses services.

En somme, on a ici un joueur de talent et un projet intéressant; emballant pour les uns, quelque peu intrigant pour les autres.

7. Jacob Fowler | G | 20 ans | 69e, 2023 | Dernier classement : 5e 

Potentiel : 35/40
Assurance : 15/20
Valeur d'usage, utilité, rareté : 22.5/30
Valeur d'échange : 7/10
Total  : 79.5/100

Après une autre saison absolument brillante dans la NCAA pour Boston College, un club élite, c'est avec enthousiasme que l'on a accueilli Fowler à Laval le printemps dernier.

Fowler n'a pas raté son entrée en matière en fin de saison et en séries où il s'est imposé lors de la première ronde sans pour autant avoir à voler des matchs ; l'opposition des Monsters de Cleveland n'était vraiment pas si forte…

Ç'a été beaucoup plus difficile pour lui lors de la deuxième ronde, où Cayden Primeau a dû venir en relève et remporter les trois matchs nécessaires à l'élimination des Americans de Rochester.

Puis, ce sont les deux gardiens qui se sont effondrés au troisième tour contre les Checkers de Charlotte, un club qui semblait nettement supérieur au Rocket en séries.

Ainsi, Fowler n'a pas répété les grands exploits de Carey Price en 2007, alors avec les Bulldogs de Hamilton.

Ça ne nous empêchera pas de penser qu'il pourrait un jour devenir un bon numéro un dans la LNH, mais ça nous invite à remettre certaines choses en perspectives.

Repêché au 5e rang en 2005, Price était ni plus ni moins qu'un gardien générationnel, l'archétype du gardien de but moderne.

Le CH et, en particulier, son recruteur Billy Ryan, avaient beau l'aimer et le considérer comme le « meilleur gardien » disponible en 2023, Fowler demeure pour sa part un « projet » repêché en troisième ronde (69e), le sixième gardien sélectionné cette année-là.

Comme pour à peu près tous les gardiens qui ne s'appellent pas Price ou Vasilevskiy, qui sait à quoi ressemblera la carrière de Fowler dans 5 ans?

Si on est toujours prêt à lui concéder de meilleures chances de réussite que d'autres gardiens de buts de l'organisation sur la base de son rang de sélection et de ses performances convaincantes depuis son repêchage, on doit tout de même le faire avec une certaine prudence.

D'abord, de manière très générale, il est maintenant très rare que les gardiens s'établissent dans la LNH avant l'âge de 24 ans. Il peut se passer bien des choses durant ses 5-6 ans de développement après le repêchage…

Ensuite, plusieurs des meilleurs gardiens de buts proviennent maintenant de la Russie et des environs. Or, en Volokhin et Radkov (Bélarus), le Canadien a récemment misé sur deux types élancés et pas mal athlétiques provenant de cette région du globe.

Les deux sont un peu plus grands que Fowler et leur jeu à raz la glace est plutôt impressionnant.

Qui nous dit que ces deux-là ne seront pas supérieurs à Fowler vers 23- 24-ans ?

Sorokin et Shesterkin, pour ne nommer que ceux-là, ont respectivement été choisis 78e en et 118e en 2014…

On dirait qu'il y a pas mal des diamants bruts cachés dans les contrées de « tonton Vladimir » et que la manière plus « holistique » de les développer et d'en faire d'abord d'excellents athlètes donne souvent de bons résultats.

À cet effet, il sera intéressant de se rendre à Blainville l'an prochain pour y suivre les progrès de Radkov, qui a décidé de poursuivre son développement dans la LHJMQ.

Cela dit, les États-Unis ne sont pas en reste côté gardiens (Helleybuck, Swayman, Ottinger, entre autres) et il se pourrait fort bien que Fowler, qui a déjà représenté son pays avec un certain brio au CMJ de 2024, suive les traces de ses illustres compatriotes et qu'il connaisse une très belle carrière.

Enfin, si on veut dire quelques mots sur sa valeur d'échange, Fowler est sans doute celui qui en possède le plus parmi les gardiens de la banque d'espoirs de l'équipe au moment d'écrire ses lignes.

Mais, il suffirait que l'Américain trébuche un peu à Laval, que Dobes chauffe les fesses de Montembault à Montréal, que Radkov brûle la LHJMQ ou que Volokhin décroche un poste de # 1 et domine dans la KHL pour que tout ça puisse rapidement être remis en question…

Ainsi va la vie dans le monde des gardiens de but…

Sur le lot, il y en a sûrement au moins un qui va se trouver une place au soleil.

C'est clairement la stratégie du CH devant le filet.

Conclusion

Avec des notes oscillant entre 34 et 35 sur 40 au niveau du potentiel, en Mooney, Zharovsky et Fowler, dans le meilleurs des scénarios on anticipe donc des futurs joueurs d'impact, peut-être même un gardien « vedette » dans le cas de Fowler.

On espère qu'ils puissent un jour tous occuper des postes importants, voie très importants.

Mais, dans les trois cas, c'est au niveau de l'assurance d'atteindre ce fameux potentiel et d'occuper ces rôles prépondérants que ça accrochait un peu et qu'on a préféré demeurer conservateur.  Aucun n'a fait mieux que 15 sur 20 dans cette catégorie.

Au niveau des joueurs en eux-mêmes, je ne suis vraiment pas si certain que Zharovsky deviendra un meilleur joueur que Mooney. Mais par son rang de sélection et le fait qu'il semblait convoité par d'autres équipes au début de la deuxième ronde du dernier repêchage, on peut certainement le considérer comme plus important pour le CH. Il a simplement plus de valeur pour l'équipe… en ce moment.

Mais, qui sait, en y allant pour la longue balle en 2e et 4e ronde, peut-être le Canadien a-t-il simplement repêché les meilleurs attaquants russe et américain de l'encan 2025?

Qui vivra verra…

Fowler a pour sa part perdu deux petits rangs par rapport à l'an dernier. La compétition n'a peut-être jamais été aussi intense parmi les nombreux jeunes gardiens de l'organisation et ça n'a pas d'autres choix que d'affecter sa valeur d'usage, sa rareté.

Puis, ce n'est tout de même pas de sa faute si Kent Hughes a réalisé un autre coup de maître qui s'est trouvé une place dans notre top 6…

Alors voilà, on reconnecte justement la semaine prochaine avec les positions 6 à 4!

Départs, gradués et mentions honorables 
Positions 15 à 13
Positions 12 à 10