CH : un noyau qui se rapproche de l’élite | Analyse éclair du camp de perfectionnement

Noah Dobson, Ivan Demidov, Zachary Bolduc et David Reinbacher devraient normalement être de la formation partante en octobre prochain.

C’est peut-être moins certain pour Reinbacher, mais j’aime ses chances. Au pire, ce sera au courant de l’hiver.

Ces « nouveaux venus » feront-ils du Canadien une meilleure équipe sur papier que celle qui a entamé la dernière saison?

Pas nécessairement, car on n’a pas (encore) remplacé tout le monde qui est parti. Et le Tricolore devrait aussi présenter une formation encore plus jeune que celle de l’an dernier.

Vu d’ici, les séries sont donc loin d’être une certitude pour le printemps 2026.

Mais en ajoutant quatre joueurs de cette qualité à son noyau dans la LNH, l’organisation fait un gros pas en direction des objectifs beaucoup plus élevés à moyen et long termes qu’ont en tête Hughes et Gorton.

Et ça c’est beaucoup plus important que de savoir si le club sera meilleur ou non au match 1 du prochain calendrier…

Peu de clubs présentent un tel noyau et celui du CH est encore à quelques années de sa maturité.

Un noyau digne de l’élite?

Après mon analyse de l’an dernier, voici une nouvelle version du noyau projeté du CH comparé à celui des récents champions et vice-champions de la Coupe Stanley, les Panthers et les Oilers.

Catégorie

Valeur (points)

Générationnel 20
Élite 17
Supervedette 14
Vedette 11
Impact 8

 

Catégories / Noyaux Montréal Edmonton Floride
 

Générationnel : Pas besoin de grande définition ici!

McDavid
Élite : Joueur aux qualités exceptionnelles dont un QI hockey nettement supérieur. Juste en dessous des joueurs dits « générationnels ». Fait partie des meilleurs joueurs à sa position. La crème de la crème. Il est dominant et peut parfois être un joueur « concession ». Rend les autres joueurs meilleurs. Capable d’exécuter régulièrement des jeux exceptionnels avec facilité. Niveau de compétition généralement au-dessus de la moyenne. Tire son club vers le haut à chaque saison. Carrière d’exception, souvent comblée par des honneurs individuels et collectifs. Temple de la renommée presque assurée très tôt en carrière. Draisaitl  

Barkov

 

Supervedette : Joueur aux qualités semblables, mais en général souvent juste un peu moins complet, constant et dominant que l’élite. Production généralement bien au-dessus de la moyenne. Superbe carrière ponctuée par des périodes dominantes ou productives plus marquées. Souvent des « deuxièmes meilleurs joueurs » de clubs aspirants ou champions. Fortes chances d’honneurs individuelles et/ou d’accès au Temple de la renommée. Généralement parmi les 3-4 meilleurs joueurs de leur cuvée. Hutson
Demidov
Tkachuk
Vedette : Joueur bien au-dessus de la moyenne, avec un bon nombre de qualités dominantes ou plusieurs belles qualités, mais qui ne traînera pas nécessairement son club sur ses épaules. Impact important, production abondante et constante sans être « exceptionnelle »sur un bon nombre d’années. Très belles carrières. Les clubs aspirants ou champions comptent souvent plusieurs joueurs dans cette catégorie. Se classe aisément parmi les 5-10 meilleurs de leur repêchage. Suzuki
Slafkovsky
Dobson
Caufield
 

Bouchard
RNH

 

Reinhart
Bennett
Marchand
Jones
Ekblad
Bobrovsky
Impact : Joueur au-dessus de la moyenne. Se classe généralement parmi les 15-20 meilleurs joueurs de leur repêchage. Se démarque dans au moins une facette du jeu, mais manque un ou des éléments pour être considéré comme un joueur vedette (régularité, constance, efficacité, production). On peut aussi y retrouver des anciennes gloires en fin de carrière.  

Reinbacher
Guhle
Matheson (futur?)
Bolduc (Laine?)
Dach (Hage?)
Montembault (Fowler/Dobes)

Hyman
Ehkolm
Nurse
Perry
Kane
Verhaeghe
Lundell
Forsling
Valeur totale du noyau 120 99 121

 

Encore une fois, on ne parle pas d’une science exacte, mais ça donne quand même une bonne idée de la force potentielle (et de plus en plus actuelle) du noyau du Canadien à comparé à l’élite du moment.

Avec ses « 12 joueurs », le noyau du CH a beaucoup plus de profondeur que celui des Oilers (9).

C’est un modèle qui ressemble davantage à celui des Panthers, mais est peut-être encore plus près de celui des Blues de 2019 puisque davantage bâti par le repêchage.

Il est donc facile de voir la cohérence et la pertinence du plan des dirigeants de la Flanelle. Un noyau plus ou moins dans le même groupe d’âge composé de 12 joueurs d’impact en montant, dont plusieurs vedettes et quelques supervedettes (presque « élite »), c’est une formule qui peut fonctionner. La preuve est faite et refaite.

Allons-y tout de même de quelques remarques additionnelles.

0. J’ai revu le classement de certains joueurs, modifié/nuancé quelques peu le poids des catégories et retiré la catégorie « joueur complémentaire ». Bien qu’ils peuvent être très utiles, ces joueurs (genre, Newhook, Rodrigues, Arvidsson, par exemple) sont souvent interchangeables et il est trop hasardeux de les compter dans un noyau.

1. Je n’ai pas osé inclure la « nouvelle sensation », Alexander Zharovsky dans l’équation. Mais, on l’a sans doute repêché dans l’esprit qu’il fasse partie du noyau plus tôt que tard à Montréal, au moins comme joueur d’impact sur le top-6. Lapointe et Bobrov l’auraient même sélectionné au 16e ou 17e rang, nous ont-ils confessé dans la joie… Attendons de voir comment il s’en tirera sur une saison complète dans la KHL.

2. Peut-être que Hutson et/ou Demidov feront partie de l’« élite » dans un avenir pas si lointain. Hutson a failli s’y retrouver. Il est déjà « élite » à plusieurs égards. Mais étant donné qu’il ne joue pas encore en infériorité numérique et qu’il a encore des petites choses à peaufiner (son tir, entre autres), je me suis gardé une mini gêne. Quant à Demidov, l’échantillon est encore trop petit pour le projeter parmi l’élite en toute certitude.

3. Suzuki doit répéter sa saison de l’an dernier ou même, idéalement, la surpasser pour qu’on puisse le considérer comme une « supervedette » du niveau de Matthew Tkachuk. Il n’est vraiment pas si loin de ce statut, cela dit…

4. On est encore un peu dans la projection en classant Slafkovsky parmi les joueurs vedettes, mais c’est déjà une « licorne » à sa façon. Au même âge, Suzuki et Caufield n’avaient pas encore une seule saison de 50 points. Slaf en a deux. Il est toujours parmi les trois meilleurs joueurs de son repêchage (faible) avec Hutson et Cooley.

5. Matheson est toujours là. Mais le « oui » très court, et sans explication supplémentaire de Kent Hughes quand on lui a demandé s’il se « voit continuer avec Matheson », m’a laissé perplexe. Au pire – ou au mieux, c’est selon – Matheson sera impliqué dans une transaction pour un joueur d’impact à l’attaque, idéalement un centre gaucher. Donc, ça pourrait s’équivaloir…

6. Je ne compte pas vraiment Laine parmi le noyau futur du CH et serais très surpris qu’il prolonge sa carrière à Montréal au-delà de la prochaine saison. C’est pourquoi je donne déjà sa « chaise » comme joueur d’impact à Zachary Bolduc.

7. Dach a encore des chances de demeurer à Montréal et de devenir un joueur d’impact au sein du noyau. Mais si ce n’est pas lui, ça pourrait très bien être Michael Hage. Je n’ai compté qu’un seul des deux, mais ça pourrait aussi être les deux…

8. Traitez-moi de fou, mais je ne déteste pas les chances de L.J. Mooney de faire partie de ce noyau un jour… Un peu comme j’ai failli inclure Evan Rodrigues dans celui des Panthers.

9. En plus de leur impressionnant noyau, la force des Panthers réside dans la qualité de leur joueurs complémentaires, les Rodrigues, Schmidt, Mikkola, Luostarinen, Samoskevich, Boqvist et compagnie. Pas tous des gros gars, mais des joueurs intenses. À cet égard, on ne déteste vraiment pas l’approche du Canadien. Il y aura bien sûr quelques « big boys » (F. Xhekaj, A. Xhekaj, Paupanekis, Thorpe), mais aussi des joueurs intenses comme Beck, Carrier et Mooney qui pourraient bien épauler le noyau.

Parlant des jeunes, plusieurs d’entre eux étaient en action cette semaine au camp de perfectionnement. Analysons ça rapidement.

Prolongation

Contrairement à mon collègue Marc-Olivier Cook, je n’étais pas sur place à Brossard cette année, mais j’ai eu du plaisir à regarder le match intra-équipe du camp de perfectionnement sur Youtube.

Bon, on ne tirera certainement pas de grandes conclusions de cette petite partie de cinquante minutes à quatre contre quatre, mais ça ne nous empêchera pas d’y aller de quelques observations.

1. J’aime la formule à quatre contre quatre. Ça permet à chacun de démontrer ce qu’il sait faire et d’y aller de belles séquences offensives ou défensives, que ce soit par une démonstration d’intelligence, une élévation du niveau d’intensité, une montée à l’emporte-pièce, une séquence le long de la rampe, une passe lumineuse, un sens de l’anticipation, un harponnage ou une mise en échec. Bref, c’est la formule idéale pour facilement identifier, de différentes façons, qui parvient à se démarquer.

2. Michael Hage : Ça avait l’air facile pour le mâle alpha sur la patinoire. Peut-être même un peu trop par moments, il pouvait presque se permettre de se la couler douce… Coup de patin puissant et fluide, gros gabarit, longue portée, excellentes mains. Pas facile de lui ravir le disque, comme dirait Pierre… Devra cependant travailler sur son niveau d’intensité s’il veut devenir un excellent joueur/centre de deuxième trio et s’élever au rang des 10-15 meilleurs joueurs de son repêchage (2024). Il en a le talent. Et en plus, il parle français comme souffle le vent. On l’avait presque oublié!

3. L.J. Mooney : Le jeu ne meurt pas souvent avec lui. Très créatif et dynamique. Quelle passe sur le premier but de Thorpe! Vigoueux et difficile à contenir le long des rampes ; une qualité essentielle pour les joueurs de sa taille afin d’atteindre la LNH. Très encourageante performance du 113e choix en 2025. Ce gars-là mange du hockey depuis son enfance. Le CH tient quelque chose avec lui.

4. Hayen Paupanekis :« Big Paupi » a un physique de rêve pour jouer du « big boy hockey ». Très bon patineur. Patine large. Bonnes mains. Grande portée. Un certain talent de passeur. Sens/compréhension du jeu correct, mais encore à développer, tout comme son niveau de robustesse. Sa progression la saison prochaine à Kelowna (qui accueillera la Coupe Mémorial) sera des plus intéressantes à suivre. Un très beau pari du CH au 69e rang la semaine dernière…

5. Filip Eriksson : On voit qu’il commence à avoir un peu du hockey pro derrière la cravate. Exécute vite et bien. Pas un mauvais sens du jeu. Assez bon patineur. Le genre de joueur qu’on voudra voir à Laval dans un an. Demeure tout de même un espoir marginal. Pas des grosses stats en première division suédoise l’an dernier (SHL), 6 points, différentiel de -11, en 37 matchs. Changera de club pour rejoindre Lulea, l’équipe championne de la SHL la saison prochaine…

6. Félix Trudeau : « Petit gars » de Terrebonne! Parcours atypique. Jamais joué dans la LHJMQ. Deux buts! Se fait oublier, se place bien dans l’enclave, dégaine vite! 23 ans en septembre, jouait à Sacred Heart University (NCAA) où il a été nommé parmi les candidats au Trophée Hobey-Baker. Pourrait-il se mériter un contrat à Laval ou Trois-Rivières?

7. Sam Harris : Complétait assez bien Hage. On voit l’expérience accumulée dans la NCAA où il a fait la troisième équipe d’étoiles l’an dernier avec ses 23 buts et 35 points en 43 parties. Aura 22 ans à l’automne. Prêt pour la AHL bientôt, mais a choisi de jouer au moins une autre année à l’Université de Denver. Aucune chaise assurée pour lui à Montréal, cela dit…

8. Bryce Pickford : Peut-être un des seuls défenseur à se démarquer un peu avec Owen Protz. Très beau but. Pas de mauvaises mains, bon sens offensif. Sauf erreur, n’a rien fait de mal défensivement. Devrait connaître une autre grosse saisons dans la WHL à 19 ans. Aura déjà 20 ans en avril prochain. Apporte une belle profondeur du côté droit. Vraiment pas un mauvais remplaçant pour Mailloux dans la banque d’espoirs… Finira probablement la prochaine saison à Laval.

9, Tyler Thorpe : « The Thorpedo » a gagné un peu en vitesse depuis l’an dernier. Le gars sait jouer au hockey et possède un tir du poignet des ligues majeures. Assez bonnes mains. Confiant, calme, protège bien sa rondelle. À 6″5, 212 lbs, ce choix de 5e ronde en 2024, joue aussi du « hockey de gros garçon » et devrait le faire (aux côtés de Florian Xhekaj?) dans la AHL dès cet automne. Il fait partie des plans futurs dans le bas de l’alignement à Montréal.

10. Aatos Koivu : Mis à part son très beau but en tir de barrage et un bon tir du poignet, n’a rien montré de bien convaincant à quatre contre quatre. A souvent plus l’air d’un « garçon qui joue au hockey que d’un joueur de hockey », pour utiliser la langue de Martin St-Louis… Très discret à 18 ans avec le TPS en Finlande (8 points, 1 but, en 32 parties), devra en montrer davantage la saison prochaine. Personne ne retient son souffle ici…

11. Logan Sawyer : Je m’attendais à plus. Patineur correct, sans plus. Pas de très bonnes mains. Mais converge vers le filet, joue «direct » avec un peu de chien et semble vouloir aller dans les zones payantes. Hâte de voir s’il va progresser à Providence après une assez bonne première saison (16 points en 37 parties)…

12. Makar Khanin : Quelques beaux flashs. Le gars voulait clairement nous montrer ses qualités en possession de rondelle, des bonnes mains. Mais ses stats ordinaires (10 buts, 19 points en 34 matchs) à 19-20 ans dans le circuit junior russe (MHL) nous invitent à la plus grande prudence. Peut-être que ce choix de 7e tour en 2024 pourra sortir de Saint-Pétersbourg et venir continuer son développement à Laval un jour, mais c’est aussi le genre de gars qu’on pourrait ne plus jamais revoir en Amérique…

Bon ben, c’est ça! On reconnecte dans les prochaines semaines avec mon traditionnel classement des espoirs les plus importants du CH et autres analyses ici et là pour meubler les « jours de chien de l’été »! 

Toujours un plaisir d’échanger avec vous dans le respect sur FB et Twitter!

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