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Top-10 du repêchage 2024 (mi-saison) | 3e partie : les exclus

On s’était quitté la semaine dernière après avoir établi un solide top-10 constitué de joueurs talentueux, intelligents et pour la plupart très alertes et travaillants, des joueurs montrant tous de grandes forces et/ou très peu de failles dans leur jeu.

Ça nous avait donné ceci :

1. Macklin Celebrini
2. Ivan Demidov
3. Cayden Lindstrom
4.
Artyom Levshunov
5. Zayne Parekh
6. Michael Brandsegg-Nygard
7. Zeev Buium
8.
Sam Dickinson
9. Tij Iginla
10. Anton Silayev

Bien sûr, plusieurs s’étaient étonnés des absences de Cole Eiserman et de Trevor Connelly, entre autres.

On verra aujourd’hui pourquoi, ces deux-là – et quelques autres que l’on retrouve encore assez régulièrement dans certains top-10 – pourraient ou devraient faire lever quelques drapeaux rouges aux recruteurs de la LNH, incluant bien sûr ceux du CH.

Au niveau du talent brut (habileté sur patins, maniement et confiance avec la rondelle, créativité), Connelly est possiblement dans le top-3 du repêchage. Brillant à la Coupe HlinkaGretzky et au World Junior A Challenge, compétitions au cours desquelles il a inscrit 21 points en 11 matchs, il est le « chouchou » 2024 de Simon « Snake » Boisvert, qui le classerait présentement au 2e rang sur sa liste.

Même s’il est encore frêle à 160 lbs, Connelly mesure 6’1 et n’hésite pas à attaquer le centre de la patinoire. Flamboyant, voire électrisant, le Californien veut la rondelle. Au niveau du style, il ressemble à un mélange de Modano, Zegras et Barzal sur la glace.

On le croit plus travaillant que Zegras défensivement, mais il n’a pas un aussi bon tir. Il doit d’ailleurs encore améliorer la qualité, la sélection et le timing de ses lancers et de ses passes. Il manque aussi de maturité dans ses décisions sur la glace, alors qu’il tente beaucoup trop de jeux à haut risque et tend à conserver la rondelle trop longtemps. Cela contribue sans doute à sa fiche peu reluisante de -8 au sein d’un club où plusieurs de ses coéquipiers montrent un différentiel positif

Cela dit, il joue quand même pour une des pires formations de la USHL et demeure le meneur de son club ainsi qu’un joueur réellement engagé sur 200 pieds. C’est d’ailleurs pourquoi je le classe devant le prochain espoir sur cette liste…

Mais on rajoutera qu’il n’y a pas que le jeu et le physique de Connelly qui manquent de maturité ; il y a aussi le passé récent de l’individu qui soulèvent des doutes quant à son jugement et sa personnalité. Pour la petite histoire (qui n’a pas trop fait de bruit jusqu’à maintenant) le Californien a déjà mis une photo d’une croix gammée (svastika) en Lego en mars 2022 sur Snapchat. Il a aussi été mêlé à une affaire de propos racistes tenus sur la patinoire dont il a finalement été blanchi.

Réalisant l’imbécilité de son geste concernant la croix gammée, Connelly a depuis fait des dizaines d’heures de travaux communautaires et d’implication auprès de l’organisme Hockey Players of Colors pour se réhabiliter. Ce genre de geste laisse cependant des traces dans la tête de certains dirigeants et peut faire glisser un espoir de quelques, voire plusieurs échelons…

Le CH pourrait-il s’intéresser à lui entre le 5e et le 8e rang? J’en doute fortement. Quoi qu’on en pense, l’histoire de la svastika n’aidera probablement pas son dossier dans un marché comme Montréal qui essaie encore de se sortir de « l’affaire Mailloux ». Mais c’est peut-être encore davantage son style de jeu qui pourrait laisser songeurs les recruteurs du CH, alors que des options moins risquées et des joueurs plus complets et plus prêts de la LNH seront disponibles.

Connelly ajouterait toutefois une immense dose de talent à l’aile et pourrait avoir ses défenseurs autour de la table…

12- Cole Eiserman 
S’il se ressaisit d’ici la fin de la saison et montre le désir de faire autre chose sur la patinoire que de marquer des buts, Cole Eiserman, qu’une majorité d’experts plaçaient au second rang il y a quelques mois à peine, pourrait redorer son blason et remonter dans les classements.

Mais la côte sera difficile à remonter tellement la chute fut brutale.

D’après nos derniers visionnements de janvier et février, donc même après s’être fait exclure de la sélection américaine du plus récent CMJ malgré son talent exceptionnel de marqueur, Eiserman ne montre toujours pas beaucoup d’intérêt pour les autres facettes du jeu, sauf peut-être pour quelques coups d’épaules ici et là.

Avec un tel talent, il demeure cependant hasardeux à ce stade-ci de placer Eiserman en dehors du top-10 et il faut en être conscient. Le jeune homme a encore des fans chez les recruteurs de la LNH qui le classeraient dans le top-5, selon Bob MacKenzie. Le tireur élite gaucher, meilleur marqueur du programme de développement américain depuis Cole Caufield, est également plus costaud que ce dernier (6’0, 196 lbs) et pourrait lui aussi, un jour (!), avec la maturité et l’expérience, apprendre l’importance de montrer un jeu plus complet.

Un club avec un peu d’audace, de clairvoyance parmi ses recruteurs et de confiance envers son personnel de développement pourrait donc encore le repêcher bien avant ce rang.

Ce club sera-t-il le Tricolore et son besoin organisationnel criant à l’attaque? Hughes et Gorton connaissent très bien le programme de développement américain et ont sans doute quelques informations privilégiées sur l’individu. Macklin Celebrini, son bon ami et ancien coéquipier avec Shattuck St. Mary’s, ne joue-t-il pas avec Lane Hutson à BU, université où évoluera justement Eiserman l’an prochain? Voilà un dossier qui risque de faire couler beaucoup de jus de clavier dans les prochains mois.

Enfin, il ne faudrait surtout pas oublier que Eiserman, 17 ans, sera un des plus jeunes joueurs repêchés en juin prochain, étant né le 29 août 2006…

13- Carter Yakemchuk

Gros défenseur offensif droitier, Yakemchuk aime prendre des risques avec la rondelle. Se présentant à 6’3, près de 200 lbs, le natif de Fort McMurray ne manque pas de carburant possède un tir absolument dévastateur et de très bonnes mains qui l’aident souvent à déjouer quelques adversaires en zone centrale, en entrée de zone, voire même près du but adverse, comme ici :

Je ne suis cependant pas un aussi grand fan de Yakemchuk que Grant McCagg. Je ne lui reconnais pas un si grand sens du jeu, ni une grande fluidité sur patins. En tant que quart-arrière du jeu de puissance, il est aussi davantage un tireur qu’un passeur émérite. Pas un défaut en soi, mais les tirs sont plus souvent bloqués dans la LNH.

Quatrième meilleur défenseur offensif de l’encan après Parekh, Levshunov et Buium, il serait à ce stade-ci quelque peu étonnant que Yakemchuk, plutôt ordinaire défensivement et plus ou moins fort et robuste pour son gabarit (malgré un certain nombre de combats à sa fiche), soit sélectionné au sein du top-10, mais sa valeur semble monter de semaine en semaine. À suivre!

Du côté du CH, je sais qu’on peut toujours faire des échanges plus tard, que les défenseurs ont beaucoup de valeur et tralali et tralala, mais je ne vois pas ce qu’un club comptant déjà sur Reinbacher, Barron, Mailloux et, à la rigueur, Konyushkov, parmi ses jeunes espoirs du côté droit irait faire avec un Yakemchuk aussi haut au repêchage.

Chercherait-on une version améliorée – il faudrait le souhaiter – de Barron et Mailloux?

Un droitier avec un peu plus d’offensive que Reinbacher?

Me semble que ça demeurerait redondant…

De toute façon, il y aura très certainement de meilleures options au rang où parlera la Flanelle.

14- Berkly Catton

Malgré tous ses points dans la WHL pour Spokane, Catton me laisse sur mon appétit à chaque visionnement.

Montrant un certain dynamisme et un très bon QI hockey, le Saskatchewannais possède toutefois un très modeste gabarit et un coup de patin ordinaire. Il n’a pas exactement le même style qu’eux, mais son profil me rappelle énormément des gars comme Tyson Jost et Peyton Krebs…

Dans la catégorie « petit attaquant  », il n’a tout simplement pas la fougue ni la vitesse d’un Seth Jarvis, une récente vedette de la WHL à Portland, choisi au 13e par les Hurricanes, et qui s’est rapidement établi comme un des meneurs offensifs en Caroline. Un joueur que j’adorais en 2020 et qui est aujourd’hui 3e meilleur marqueur de sa cuvée.

Le match des meilleurs espoirs de la CHL n’avait rien fait pour modifier mes premières impressions sur Catton et, quitte à me répéter, si ce jeune mesure « 5’11, Nick Suzuki doit bien faire 6’2…

Si son pain et son beurre est de trouver les espaces libres, Catton ne fait tout simplement pas le poids le long des rampes et ne possède ni la vivacité ni la 5e vitesse pour se séparer de ses adversaires.

Dans le meilleur des cas, il sera le Cole Perfetti de cette année. Assez agile, excellent sens du jeu, bon passeur, bonne vision, bon tir. Mais comment pourra-t-il devenir un joueur vraiment dominant dans la LNH, surtout en séries?

Et qu’ajouterait-il à un club comme le Canadien au centre?

Avec Catton – quand même 89 points en 54 partise jusqu’ici avec Spokane, un club plutôt médiocre – ça se peut que ça fonctionne à la Perfetti (qui évolue surtout à l’aile maintenant), voire à la Jarvis s’il ajoute quelques cordes à son arc. Mais le contraire est aussi très possible, comme on a vu avec Krebs et Jost..

15- Konsta Helenius
Un autre joueur qui m’impressionne peu en général est le centre/ailier droitier finlandais Konsta Helenius. Projeté partout comme un des 6-7 meilleurs attaquants en vue du prochain encan amateur, Helenius a été très discret lors du plus récent CMJ. Pivotant le deuxième trio pour son pays, il n’a enregistré son seul but que lors du match pour la médaille de bronze.

Disons qu’il n’a pas dû gagner bien des points dans les cahiers des recruteurs lors de cette compétition…Donc, même si on lui accorde un bon sens du jeu, et d’assez bonnes mains, on ne l’a pas souvent senti très affamé pour la rondelle.

Est-ce différent en Liiga?

On remarque tout de suite qu’il fait sa part de points (33 en 44 matchs) au sein d’une des bonnes formations du circuit à Jukurit. Il possède aussi un bon tir.

Or, je ne sais pas si c’est parce que je suis juste tombé sur des matchs ordinaires de sa part, mais même avec cette formation on le voit rarement contrôler le jeu. Ce sont davantage ses ailiers plus expérimentés qui mènent la possession de rondelle.

Mais bon, n’oublions pas que Helenius n’a que 17 ans, qu’il joue déjà chez les pros et s’en tire plutôt bien dans l’ensemble.

Qu’à cela ne tienne, pas le plus engagé, pas très costaud, ni très grand, et ne montrant pas un talent exceptionnel, Helenius ne serait tout simplement pas ma cible préférée si j’étais recruteur du CH et que j’avais à me prononcer dans le top-10 l’été prochain…

On ne voit rien chez lui autre qu’un centre de troisième trio moyen.

Conclusion

Contrairement aux individus du top-10, même si certains possèdent de grandes qualités, les cinq joueurs analysés aujourd’hui possèdent tous des carences plus évidentes et dérangeantes dans leur jeu et peut-être même au niveau de la personnalité pour au moins un d’entre eux (Connelly).

Il leur reste encore bien du temps pour me faire ravaler quelques paroles et me faire changer d’idée d’ici le repêchage. Mais pour l’instant, en cette fin février, c’est ce à quoi ressemblent mes évaluations.

Voilà! J’espère que cette série de trois textes vous a plu et n’hésitez à poursuivre la discussion sur Facebook!

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