Les paramètres qui définissent la réalité de la LNH, comme ceux de la vie en général, sont des variables sujettes au changement. Le succès des uns forcent souvent les autres à en copier le modèle, même si ce modèle va à l’encontre des normes établies. Lorsque les Kings de Los Angeles ont raflé les grands honneurs en 2012 et 2014, en écrasant tout sur leur passage (dans tous les sens possibles associés à ce terme), plusieurs organisations ont tenté de copier leur recette, qui semblait alors infaillible. À peine trois ans plus tard, celle-ci semble désuète. Comme le fait remarquer Mark Lazerus dans sa dernière chronique, la rapidité triomphe maintenant de la robustesse.
Big plays come in small packages. Little guys come up big. Short guys reach new heights. So many puns to make. Read: https://t.co/BYClXwR1nY pic.twitter.com/veGOAl3kI2
— Mark Lazerus (@MarkLazerus) July 20, 2017
Le chroniqueur du Chicago Sun-Times souligne en fait la présence grandissante des joueurs de petit gabarit dans la ligue nationale. Plus les équipes axent leur système autour de la rapidité, et plus cette tendance est favorisée. Lazerus illustre le tout avec l’exemple d’Anthony Louis, un jeune espoir des Blackhawks. Lors de son premier camp des recrues, en 2013, ses 5 pieds 7 pouces lui donnaient des airs de touriste sur la glace. Seulement quatre étés plus tard, ce détail ne fait plus sourciller personne.
Il fût un temps où le simple fait de ne pas franchir le seuil des 6 pieds (ou du moins de le frôler) était suffisant pour miner toute chance de succès dans la grande ligue pour un joueur. Très rares étaient ceux qui échappaient à cette règle.
Un simple coup d’œil aux tableaux des marqueurs et des champions en titre des dernières campagnes suffit à confirmer que cette époque est bien révolue. La présence des Patrick Kane, Mikael Granlund, Jeff Skinner, Cam Atkinson et Brad Marchand dans le groupe de meneurs de la dernière saison pour la catégorie des points, pour ne nommer que ceux-là, en dit beaucoup à ce sujet.
Si ces statistiques sont révélatrices, l’identité des équipes championnes lors de la dernière décennie l’est encore davantage. À l’exception des Kings et des Bruins (et peut-être des Ducks si l’on remonte jusque-là), aucune de ces formations ne prônait un style basé sur le jeu physique. Au contraire, elles semblaient trop rapides pour leurs adversaires, dévoilant au grand jour la lenteur qui accompagne souvent la robustesse d’un alignement.
Les Penguins de Pittsburgh et les Blackhawks de Chicago, qui se partagent à eux seuls 6 bannières de la Coupe Stanley depuis 2009, n’avaient rien des Broad street bullies lors de leurs conquêtes respectives. Les Red Wings de 2008 ne s’en approchaient pas plus. Leurs succès s’expliquent plutôt par une rapidité d’exécution supérieure à la moyenne, une offensive balancée et des joueurs au coup de patins efficace.
Les commentaires recueillis par Lazerus auprès de quelques joueurs de petites charpentes illustrent le fait qu’il n’est pas pour autant facile d’évoluer dans une ligue où tout le monde autour est plus imposant que soi. Peu importe le style de jeu à la mode, il est toujours aussi douloureux de se faire étamper le long de la rampe par un colosse de 220 livres. Mais ce qui est sure, c’est que les petits joueurs ont plus que jamais leur place dans la LNH. Ils ne sont limités à aucun rôle, et à de moins en moins d’obstacles.