On m’a toujours dit de ne jamais mêler sport et politique.
Reste que par moments, il faut savoir faire exception. On ne peut pas toujours faire comme si de rien n’était.
Ce qui se passe actuellement en Ukraine, c’est à mon avis l’exception. Impossible de fermer les yeux sur l’invasion russe et de faire comme si les athlètes, équipes et ligues russes n’existaient pas…
Qu’ils étaient tous apolitiques.
Les messages politiques, les sanctions et les appels au boycott ont commencé.
Danill Medvedev, tennisman russe qui vient de s’emparer du premier rang mondial – le premier depuis 2004 à ne pas s’appeler Federer, Nadal, Djokovic ou Murray – a lancé un appel à la paix durant le weekend.
Son compatriote Andrey Rublev a quant à lui été plus loin en signant No War Please sur la lentille d’une caméra de télé après une victoire à Dubai.
Alexander Ovechkin, après avoir refusé de parler aux médias pendant quelques jours, a finalement lancé un timide «No More War» vendredi. Cependant, aucun de ces trois athlètes russes n’a osé condamné ouvertement le président Vladimir Poutine en public.
Ovechkin, dont la famille est encore en Russie et qui y passe ses entre-saisons, a tenu à dire qu’il n’était qu’un athlète et qu’il ne faisait pas de politique.
OK…
Mais pourquoi as-tu une image du président Poutine et toi comme photo de profil sur Instagram (encore ce matin)? Une image sur laquelle tu fais justement un signe de peace…
Tu ne peux pas faire de la politique tout en faisant du sport et quand ça devient chaud, dire que tu ne fais pas de politique. Tu en fais ou pas?
C’est pourquoi des gens comme Dominik Hasek ont osé traiter Ovechkin de peureux et de menteur durant le weekend…
Hasek a même été jusqu’à demander publiquement à la LNH de suspendre les contrats de tous les joueurs russes. Chaque athlète représente lui-même, son club et son pays. Chaque athlète russe est co-responsable de ce qui se passe en Ukraine présentement selon l’ancien gardien de but de la LNH.
The NHL must immediately suspend contracts for all Russian players! Every athlete represents not only himself and his club, but also his country and its values and actions. That is a fact. If the NHL does not do so, it has indirect co-responsibility for the dead in Ukraine.
— Dominik Hasek (@hasek_dominik) February 26, 2022
What else?
Le propriétaire et président de Chelsea FC Roman Abramovitch s’est retiré et a cédé le contrôle de son club pour quelque temps…
Le Pologne, la Suède, l’Irlande et le Tchéquie ont indiqué à la FIFA qu’ils n’avaient ni l’intention d’affronter la Russie et la Biélorussie ni l’intention de se déplacer sur ces territoires afin d’y disputer un match quelconque.
L’ATP songe à annuler son prochain tournoi en sol russe. Pour l’instant, les prochains événements prévus à Moscou et à St. Petersburg ont été repoussés.
L’IIHF serait sur le point d’annoncer quelques sanctions politico-sportives : La Russie n’accueillerait pas les Mondiaux Jr et Sr en 2023, la Russie et la Biélorussie ne participeraient pas aux Mondiaux Sr ce printemps et l’aréna du Jokerit de Helsinki ne pourra pas tenir de matchs internationaux. Est-ce que la présence des Russes aux WJC du mois d’août sera maintenue? Ça me surprendrait…
According to @iltalehti_fi, IIHF will exclude the RUS & BLR from the international hockey later this evening.
– RUS won't host '23 WJC or '23 WC.
– RUS & BLR won't play in '22 WC.
– AUT will replace Russia, FRA will replace Belarus.
– Hartwall Arena won't host any games.— Ville Lampinen (@VilleLampinen) February 28, 2022
Le Dinamo de Riga (Lettonie) et le Jokerit de Helsinki (Finlande) se sont retirés de la KHL.
L’UEFA (mais pas encore la FIFA) serait sur le point de suspendre la Russie.
Devra-t-on se rendre jusqu’à bannir tous les athlètes russes de faire du sport ailleurs dans le monde? Seulement en occident?
Est-ce qu’Alexander Romanov – dont la joie de vivre de sa jeune épouse et lui est contagieuse – sera forcé de s’exprimer sur le conflit russe? Sera-t-il suspendu comme tous ses compatriotes par la LNH… parce qu’ils sont nés en Russie?
Si on a été capable de faire participer des athlètes russes au Jeux de Pékin sous la délégation du Comité olympique russe (ROC), on doit bien être capable de ne PAS punir des athlètes qui n’ont rien à voir avec Vladimir Poutine et ses plans d’invasion de l’Ukraine… dont l’erreur n’a été que de naître en Russie plutôt qu’au Canada, genre.
Quant à ceux et celles qui supportent Poutine ouvertement, il y a matière à y réfléchir plus longuement…
Mais gardons en tête que chaque athlète russe qui prendra la parole pour parler contre Vladimir Poutine placera sa famille encore en Russie en danger. Est-ce vraiment la solution? Doit-on vraiment demander aux athlètes de dénoncer la dictature russe pour pouvoir continuer de pratiquer leur sport sur la scène internationale?
En même temps, je l’écrivais en début de texte : on ne peut pas faire comme si de rien n’était non plus.