On a eu droit à tout un weekend de sport au Québec, particulièrement à Montréal.
Les Carabins ont remporté la Coupe Dunsmore samedi.
Les Alouettes ont par la suite offert une performance défensive historique pour venir à bout des puissants Argonauts chez eux à Toronto. Il s’agissait d’un septième gain consécutif pour les Moineaux, qui auront la chance de remporter la Coupe Grey dimanche soir prochain à Hamilton (face aux dominants Blue Bombers).
On voit ce qu’un propriétaire impliqué et un coach près de ses joueurs (et respecté de ceux-ci) peuvent faire à un club…
Samedi soir, les Canadiens ont surpris la meilleure équipe de sa conférence – et ennemie de toujours – devant ses partisans au Centre Bell. C’est Cole Caufield Kaiden Guhle qui a tranché le débat en surtemps, après avoir vu Samuel Montembeault multiplier les arrêts spectaculaires durant plus de 60 minutes. Les gens sur place avaient payé leur billet à gros prix, mais ils en ont eu pour leur argent !
Malheureusement, la belle histoire montréalaise a pris fin dimanche soir alors que Casey DeSmith et les Canucks sont venus gâcher la fête au Centre Bell. Reste que le pointage final (5 à 2) ne représente pas l’allure de la rencontre : Jake Allen a été aussi solide que Casey DeSmith, les Canucks ont inscrit deux buts dans un filet désert et ils n’ont obtenu que cinq tirs de plus que les Montréalais. Le match aurait pu aller d’un bord comme de l’autre, pour reprendre les dires de Martin St-Louis.
Un but refusé suite à un hors-jeu de Cole Caufield (encore !?) a possiblement changé la donne à lui seul. C’était ce genre de match là.
Mais le joueur qui fait le plus jaser depuis hier soir à Montréal, c’est Juraj Slafkovsky. Il a été blanchi de la feuille de pointage, il a terminé le match à moins-2, il n’a pas distribué de mises en échec… mais il a obtenu six tirs au but (et a vu les joueurs des Canucks en bloquer plusieurs autres également). Slafkovsky a été nommé troisième étoile de la rencontre et donc, meilleur joueur du CH face aux ‘Nucks.
Martin St-Louis a même dit après la rencontre que Slafkovsky avait disputé son meilleur match de la campagne.
St-Louis: “C’est le match où Slafkovsky a eu l’air le plus confortable cette saison.”
— Marc Antoine Godin (@MAGodin) November 13, 2023
Mike Matheson a lui aussi lancé des fleurs à son jeune coéquipier après la rencontre.
Matheson sur Slafkovsky: «il a été incroyable, ce soir. Il était partout sur la glace.»
— Anthony Martineau (@Antho_Martineau) November 13, 2023
Plusieurs personnes ont aussi tenu à encenser Slafkovsky hier sur les réseaux sociaux.
C’est certain que si tu regardes son profil HockeyDB, t’es déçu des stats de Slafkovsky, surtout pour un 1er choix au total.
Mais si tu te concentres sur ce qu’il fait sur la glace, t’es probablement confiant. Il ne produit pas mais ça s’en vient clairement! #CH #Habs #Canadiens
— Marc-Olivier Beaudoin (@MOBeaudoin1) November 13, 2023
Dans la défaite face aux Canucks, Juraj Slafkovsky a amené son match à un autre niveau.
Reportage ⬇️ #rds #ch https://t.co/mOosp2DF4a— Luc Gelinas (@LucGelinasRDS) November 13, 2023
Reste qu’au final, Slafkovsky n’a que deux points – dont un seul but – en 15 matchs depuis le début de la saison. Il affiche le pire ratio points par match de toute l’équipe.
Il n’a qu’un différentiel de moins-6 en 2023-24.
Il a la chance d’évoluer sur le premier trio aux côtés d’un gars comme Nick Suzuki, le capitaine de l’équipe, ou sur la deuxième unité avec Cole Caufield de l’autre côté.
Il est un premier choix au total.
Il rate plusieurs chances de marquer – qu’il obtient, au moins -, ayant notamment été incapable de passer OU de tirer en début de rencontre hier, alors qu’il était à deux contre un avec Nick Suzuki je crois…
Je lis tout le positif qu'il y a d'écrit au sujet de Juraj Slafkovsky depuis quelques heures et je me dis :
Imagine s'il avait plus que 2 points en 15 matchs. Ce serait juste FOU.
(Les gens l'encouragent bcp malgré ses difficultés. Les fans du CH sont les meilleurs au monde)
— Maxime Truman (@MaximeTruman) November 13, 2023
On va faire quoi quand il va marquer trois buts ?
Attention ! Je ne dis pas qu’on devrait nécessairement lui lancer des roches (plus grosses) plus souvent. Je ne fais que réfléchir à voix haute sur le pourquoi de ce traitement aussi « gentil » auquel je participe aussi en tant que chroniqueur et rédacteur sportif?
J’ai plusieurs pistes de réponse. Désolé pour le long texte qui suit ; ce n’est pas le genre de sujet qui se résume en trois paragraphes… ou encore pire, avec un titre accrocheur que tout le monde s’amuse à commenter sans avoir lu le texte qui y est attaché.
1. Les partisans du Canadien sont les meilleurs au monde. Ils encouragent leur équipe – même lorsqu’elle s’en va nulle part comme l’an dernier – et ils achètent la reconstruction de Kent Hughes/Jeff Gorton sans broncher. Ils n’ont pas peur de supporter leur club et d’être plus subjectifs qu’objectifs. Après tout, c’est ça, aimer une équipe.
Même si plusieurs tentent de vous dire que les fans montréalais sont trop négatifs et à la limite toxiques/malsains, ce n’est pas le cas. Regardez dans d’autres sports, ailleurs sur la planète, et osez comparer…
2. Les médias sont loin d’être aussi négatifs et chercheux de bibittes que ne tentent de vous le faire croire certaines personnes (dont le coach lui-même). Ils sont souvent là pour relayer les paroles du coach ET pour les appuyer. Surtout depuis que Martin St-Louis est en poste. Il a droit à une couverture plus positive que négative, même si l’équipe a perdu plus de rencontres qu’elle en a gagnées. Bref, les gens qui gravitent autour du club sont pratiquement tous teintés d’un positivisme boosté aux stéroïdes.
3. On dirait qu’on se sent tous obligés de surpondérer nos commentaires positifs à l’égard de Slafkovsky en raison de tous les commentaires négatifs (ou critiques, devrais-je dire) qui lui ont été adressés depuis un an et demi.
Une performance moyenne devient une bonne performance…
Une bonne performance devient une performance extraordinaire…
On veut rééquilibrer les choses… ramener le balancier de l’autre côté
On oublie par contre qu’avec seulement deux points en 15 parties, le solde du rendement de Slaf est encore dans le négatif. Le verre n’est pas encore à moitié plein, pour reprendre une expression populaire.
Pourquoi les gens se sentent-ils autant investis d’une mission d’équilibrer l’opinion publique ? C’est spécial, vous ne trouvez pas ?
On n’avait pas cette mentalité-là avec Jonathan Drouin au cours des dernières années…
4. On a vu Slafkovsky être hué dès sa sélection au tout premier rang et on se sent mal pour lui. Encore aujourd’hui…
On s’efforce ainsi de ne pas mélanger la décision de Hughes, Gorton, Bobrov et Lapointe avec la (jeune) personne qu’est Slafkovsky.
5. On est rationnels et on est conscients qu’il faut être patient avec un kid de seulement 19 ans. La LNH est devenue une ligue où il est difficile d’y connaître du succès avant l’âge de 21 ou 22 ans. Les gars ne sont pas tous des Connor Bedard…
Jack Hughes a connu une saison de 21 points en 61 rencontres avant de devenir le joueur qu’il est aujourd’hui (20 points en 10 matchs en 2023-24).
Quinton Byfield, Alexis Lafrenière (quel but il a marqué hier !) et Jesperi Kotkaniemi ont tous connu des moments difficiles avant de produire dans la meilleure ligue au monde. On se dit peut-être qu’on aurait dû être plus patients avec McCarron KK… oubliant volontairement que des hauts choix au repêchage sont également devenus des «busts» au cours des dernières décennies. #Pouliot #Yakupov #Etc
Statistiques cette saison de…
Quinton Byfield: 2B+11A=13PTS en 14 matchs
Alexis Lafrenière: 7B+4A=11PTS en 14 matchs
Jesperi Kotkaniemi: 6B+7A=13PTS en 15 matchs3 jeunes qui n'ont pas produit rapidement et que certains ont traité de "bust".
PATIENCE!!!!!!!!! 😉
— Marc-Olivier Beaudoin (@MOBeaudoin1) November 13, 2023
Reste que comme nous le répètent souvent des gens de l’organisation, la LNH n’est pas une ligue de développement. Elle est une ligue de résultats. Ses athlètes – s’ils y évoluent, plutôt qu’être dans la Ligue américaine, le junior ou en Europe – ne devraient-ils pas être jugés sur leurs résultats ? Je pose la question.
Et… pourquoi n’a-t-on pas la même retenue lorsque vient le temps de commenter les (non) performances de Shane Wright? Parce que les gens à Montréal ne sont pas des partisans de Wright, mais plutôt du Canadien (et de Slafkovsky). #Émotions #PasRationnel
6. On voit tous Logan Cooley connaître du succès en Arizona et on essaie à notre façon d’aider Juraj Slafkovsky à éclore. Comme on le ferait avec un enfant, on se dit qu’en l’encourageant autant, il va finir par débloquer. On veut le supporter, ne pas lui nuire te l’aider.
On souhaite tous le voir connaître du succès… et on espère tous que les gens qui l’envoient à Laval dans leurs fabulations n’auront pas raison. Si Slafkovsky est encensé de toute part et qu’il parvient à enfin récolter des points de façon constante, on oubliera tous cette idée de l’envoyer à Laval (et aux WJC). C’est ce qu’on veut qu’il arrive.
Mais plus j’y pense (en écrivant ces quelques lignes) et plus je reviens aussi au fait qu’à Montréal, on ne prend pas toujours notre gaz égal lorsqu’il est question du sacro-saint Canadien de Montréal.
Les plus intenses diront qu’on est bipolaires…
Samedi soir, Slafkovsky a connu un match difficile et il a été cloué au banc en fin de rencontre. Aux yeux de plusieurs, Slafkovsky était alors un flop.
Le lendemain, ce même Slafkovsky est utilisé en fin de rencontre et boom, il est extraordinaire… il deviendra un Joe Thornton ! Il s’est enfin dégêné et le meilleur est à venir ! Gros weekend aux antipodes du spectre du succès pour le #20 du CH !
Je pense que le mantra que je me suis donné il y a 15 ans déjà quand j’ai lancé le site explique un peu / pas mal toute la patente: il faut être positif quand il y a matière à être positif, et négatif lorsque le portrait est négatif. Je ne serai jamais un cheerleader, ni un hater. Je serai toujours teinté de neutralité dans mes émotions… parce que oui, le sport reste un divertissement où les émotions prennent le dessus. Laissons aux partisans la mission d’encenser Slafkovsky et tenons-nous en un peu plus aux faits dans les médias.
Never too high, never too low, comme disent les Anglais.
Bref, Slafkovsky connaît une saison – et un début de carrière – difficile, il vient de connaître un très bon match et on espère qu’il saura suivre les pas tracés par plusieurs jeunes joueurs avant lui. Mais rien n’est joué et pour l’instant, il y a plus de points d’interrogation et d’incertitude que de raisons de s’énerver le poil des jambes avec lui. Patience, autant d’un bord que de l’autre !
Reste que le fait qu’une majorité de fans soient derrière Slafkovsky pour applaudir ses petites réussites prouve une chose : les partisans du Canadien sont les meilleurs au monde. C’est comme s’ils voulaient tellement que Slaf fonctionne qu’ils sont prêts à mettre leurs lunettes roses, à l’encourager outre mesure et à tomber dans le wishful thinking sans se questionner.
Il ne leur reste qu’à se tenir un peu plus loin des extrêmes, autant quand ça va mal que quand ça va bien. T’sais, la fameuse joke de « ça sent la Coupe Stanley… on prépare nos chaises pour la parade », elle n’a pas été inventée pour rien!
Prolongation
– Mine de rien, Connor Bedard (9) et Leo Carlsson (6) ont déjà plus de buts en carrière que Juraj Slafkovsky (5), repêché un an plus tôt au tout premier rang du draft. Adam Fantilli en a quatre, lui, soit un de moins.– Je suis pas mal certain que David Reinbacher aura droit au même traitement que Slaf lorsqu’il fera le saut en Amérique du Nord.
– Je ne savais pas où le dire ; je vais le faire ici. Après avoir vu RDS connaître toutes sortes de difficultés techniques jeudi soir, TVA Sports est allé en pause pendant que le jeu se déroulait et ils ont dû nous résumer ce qu’on avait manqué au retour de la pause samedi soir. Soyez meilleurs SVP.
– J’ai ri.
Est-ce que Kingsley est rendu responsable des Titres au Toronto Sun ?#Alouettes 🤜🤛 #CFMTL pic.twitter.com/TeNweD3Ka4
— Nilton Jorge (@NiltonJorge) November 13, 2023