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Les bulletins de Noël du Tricolore

À l’approche des Fêtes, l’heure est venue de procéder à un bilan provisoire de la saison du Canadien, une bien drôle de saison

Autant au plan individuel que collectif, on est beaucoup dans le « mi-figue, mi-raisin ». Malgré quelques points d’exclamation ici et là, les véritables premiers classes, tout comme les cancres, se font aussi rares que les victoires contre les gros clubs…

Comme on va le constater, Le CH est pris avec un paquet de joueurs qui ont juste des saisons « correctes ».

Passons donc aux bulletins individuels de la classe de Martin St-Louis qui, si l’on veut faire un parallèle avec le système scolaire, serait comme un groupe dans lequel ton plus fort n’a même pas 90 %…

Les (modestes) premiers de classe

Samuel Montembeault (A-)
Malgré une négociation de contrat qui s’est éternisé un peu et qui a fait couler beaucoup d’encre, malgré le ménage à trois devant le filet, Montembeault est demeuré imperturbable. C’est tout à son honneur. Le Canadien semble avoir identifié son gardien #1 pour les trois prochaines années et peut-être même un peu plus si les deux parties voulaient poursuivre leur union. Il n’a pas toujours fait face à la plus grande opposition cette saison, mais le Québécois réalise de plus en plus régulièrement des arrêts et des performances dignes des meilleurs de sa profession.

Mike Matheson (B+)
Même s’il se classe dans le top-20 chez les défenseurs de la LNH au chapitre de la production offensive, Matheson ne reçoit peut-être pas tout le crédit qui lui revient à Montréal. Sur 82 matchs, il aurait amassé 58 points l’an dernier et il produit encore à un rythme de 57 points cette saison. Régulier, vous dites? Il joue sans doute un peu trop de minutes, ce qui l’expose défensivement mais, quand même, ce sont des statistiques offensives dignes du Subban des belles années… Étonnamment, ses 12 points en avantage numérique le place au 6e rang chez les défenseurs de la LNH. Pas trop mal pour un gars qu’on ne qualifie presque jamais de « véritable quart-arrière »… Imaginez-le avec des attaquants un peu plus productifs…

Cayden Primeau (B+)
Solide dès le camp d’entraînement, Primeau a fait taire bien des commentateurs avec plusieurs performances impressionnantes. Il n’a pas affronté les clubs les plus faciles et n’a pas toujours eu le support défensif et offensif requis, mais, plus souvent qu’autrement, il a été parmi les meilleurs joueurs de son club lorsqu’on a fait appel à ses services.

Jayden Struble (B+)
On a tendance à oublier que Struble est un assez haut choix au repêchage (46e, 2019) qui a somme toute suivi un parcours assez classique pour un Américain avec ses quatre années dans les rangs universitaires. Les blessures qu’il a subies lors des deux campagnes subséquentes à son repêchage ont sans doute un peu nui à son développement, mais le « dieu grec » s’est réinventé en défenseur fiable, tout en conservant certaines qualités offensives évidentes. L’échantillon est encore petit, mais à 22 ans, le fruit semble mûr et il force déjà ses patrons à revoir la hiérarchie à la ligne bleue. Une belle histoire en cette morne saison…

David Savard (B+)
Avec sept matchs au compteur, vous faites ce que vous voulez de cette évaluation, mais à chaque fois qu’il a été dans l’alignement, Savard a été bon et a répondu aux attentes. On verra s’il peut demeurer efficace et en santé pour le reste de la saison et, le cas échéant, si des acheteurs se montreront intéressés à ses services.

Kaiden Guhle (B)
L’Albertain est capable d’y aller de quelques performances étincelantes ici et là – il est aussi capable du contraire comme on l’a encore vu contre les Penguins cette semaine – mais plus souvent qu’autrement, il faut admettre qu’il présente un jeu complet et solide, souvent contre les bons joueurs adverses. Cela dit, je ne comprends toujours pas les nombreux analystes qui s’extasient devant lui et en parlent comme d’un futur défenseur numéro un. À mes yeux, il est certes assez mature pour son âge, mais n’a simplement pas ce genre de talent. Il constituera un excellent numéro trois au sein d’une future brigade digne de l’élite. Un genre de Ekholm/McDonagh, mais lâchez nous avec le « Pietrangelo gaucher », s’il-vous-plait, messieurs Lemay, Delorme et compagnie. Au même âge, à 21-22 ans, Pietrangelo était sur le point de connaître une saison de 51 points (+18), et ce n’est pas comme si les Blues avaient un club « paqueté »!

(Crédit: Hockeydb.com)

Ils sont « corrects », mais…

Nick Suzuki (B-) 
Nick Suzuki est égal à lui-même depuis le début de la saison. Et c’est justement un peu ça le drame. Il produit au même rythme que lors des dernières campagnes et se dirige une fois de plus vers une soixantaine de points, tout un maintenant un différentiel résolument négatif (déjà à -8 en 29 matchs…). Avec Dach fini pour l’année, un Monahan plus effacé qui risque de partir sous peu et un Dvorak qui n’est juste pas assez bon pour se démarquer offensivement, c’est encore Suzuki qui doit porter le club à bout de bras. C’est un peu comme si, année après année, on avait confié les Bruins à Krejci sans un Bergeron devant lui…

Justin Barron (B-)
Le Néo-Écossais joue avec plus de maturité et de constance après avoir été écarté de la formation en début de saison. Comme la plupart de ses collègues, il lui arrive encore de faire quelques bourdes défensives, mais Barron trouve souvent le moyen de compenser par un apport offensif très honnête qui ne laisse planer aucun doute quant à sa mobilité, son flair offensif et la qualité de son tir.

Sean Monahan (B-)
Malgré une baisse de régime ces dernières semaines, Monahan demeure efficace en avantage numérique grâce à un bon bon sens du jeu/timing. Il demeure un solide vétéran à ajouter dans le middle-6 d’une formation en vue des séries. Il faut l’échanger alors qu’il est en santé et j’ai envie de dire que le plus tôt sera le mieux si le CH veut tanker pour la peine…

Cole Caufield (C+)
Plusieurs tombent sur la tomate de Cole Caufield ces jours-ci, même son coach en veut plus de sa part. Et c’est justifié en bonne partie. Caufield se dirigerait vers une saison de 20 petits buts et 57 points au moment d’écrire ces lignes. Ça ne répond pas aux attentes qui viennent avec ses prouesses passées et le lucratif contrat qu’il a paraphé au mois de juin… Trop peu de buts à 5 contre 5, trop peu en avantage numérique. Du côté plus positif, accumulant davantage de passes qu’à son habitude, Caufield (différentiel de +/- 0) joue plutôt bien défensivement, entre autres,en interceptant plusieurs rondelles en zone centrale ou à la ligne bleue de l’adversaire. Est-il vraiment à 100 % physiquement et psychologiquement suite de son opération à l’épaule? On ne saurait trop dire, mais qu’à cela ne tienne, il doit trouver le moyen de tirer davantage de l’enclave. Les marqueurs étant souvent des joueurs de séquences, il pourrait très bien se ressaisir bientôt.

Jake Evans (C+)
Malgré une longue disette entre son premier et son deuxième but, Evans connaît une assez bonne saison selon ses standards et paraît relativement bien au centre de Monahan et Anderson dans ce qui devrait normalement être un bon 3e trio. Son différentiel de + 5 détonne pas mal du reste du groupe chez les attaquants, une étoile dans son cahier… L’Ontarien, centre droitier intelligent, dans la fleur de l’âge, à qui il reste un autre année de contrat (1,7 M$), pourrait générer un retour surprenant sur le marché. Un « vieil ami » de Connor McDavid

Alex Newhook (C+)
On avait déjà tous eu le temps de constater son sens du jeu plutôt ordinaire lorsqu’il évoluait au centre, mais il connaissait ses meilleurs moments à l’aile lorsqu’il s’est blessé. Newhook n’a pas encore atteint son plafond à cette position où il pourrait bien devenir un marqueur d’une vingtaine de buts grâce à sa vitesse, la qualité de son tir et son flair pour le filet. Bien dommage, cette blessure.

Juraj Slafkovsky (C+)

Après un premier match prometteur aux côtés de Dach, ce fut une assez longue traversée du désert pour Slaf, surtout le très pénible séjour avec Newhook, inefficace au centre, et un Anderson sans aucune confiance sur l’autre aile. Ça s’est replacé un brin avec Dvorak et Caufield, puis on a vu une autre amélioration à la droite de Caufield et Suzuki. Dans cette saison de transition qui a perdu beaucoup d’intérêt suite à la perte de Dach, une saison où l’emphase a dû être replacée sur la progression individuelle, le développement de Slafkovsky est devenu le principal centre d’intérêt de la campagne en cours. Dû à un manque d’opportunisme de sa part et de la part de ses coéquipiers, il a été anormalement « malchanceux » au niveau de sa production offensive, mais les progrès du #20 sont bien réels, plusieurs indicateurs le démontrent clairement.

Jesse Ylonen (C)
On aimerait bien vous dire que le Finlandais a une bonne saison, mais la vérité c’est qu’on ne le sait pas, ou plutôt, qu’il ne joue pas assez pour qu’on puisse le savoir. Si on avait donné toutes les minutes de Josh Anderson sur le top-9 et sur l’avantage numérique à Ylonen, est-il difficile d’imaginer que ce dernier montrerait des statistiques à l’avenant? Aucun autre joueur n’est autant victime des onéreux contrats et des « statuts spéciaux » de Gallagher et Anderson. Cela dit, si Ylonen défonçait carrément des portes à chaque match, j’ose croire qu’on aurait déjà revu sa place dans la hiérarchie. Encore un peu trop gêné, Ylonen?

Tanner Pearson (C)
Après un début assez surprenant aux côtés de Monahan et Gallagher, les choses se sont vraiment calmées pour Pearson, qui ne parvenait que très rarement à se démarquer au sein des autres combinaisons concoctés par Martin St-Louis. Moyennant un retour en forme, l’Ontarien à qui il ne reste que quelques mois de contrat (3,25M$), pourrait bien trouver preneur à la date limite des transactions, lui qui possède encore un bon sens du jeu et qui demeure un vétéran apprécié avec une Coupe Stanley à son palmarès.

Joel Armia (C)
L’échantillon n’est pas très grand, mais Armia s’est plutôt bien comporté dans les rôles qu’on lui a confié lors de ses 13 matchs à Montréal. On a senti un peu plus d’urgence dans son jeu, on a vu son tir, sa protection de rondelle, son efficacité défensive. Les petites escales lavalloises y sont sûrement pour quelque chose… Mais de là à dire qu’une équipe voudra faire acquisition pour une autre saison à un cap hit de 3,4 M$, il y a un pas que je ne suis pas prêt à franchir.

Gustav Lindstrom (C)
Le Suédois a été tout à fait correct en général lorsqu’on a fait appel à ses services, assez belle mobilité, pas trop à risque défensivement, possède même un certain flair offensif. Il se veut pour l’instant un 7e défenseur idéal qui n’a pas à prendre des minutes aux jeunes plus prometteurs de l’organisation. Cela dit, si un club se cherche un peu de profondeur dans la course aux séries…

Michael Pezzeta (C)
Le sympathique ailier joue très peu de minutes et se contente d’un jeu assez simple et intense qui met rarement son club dans le pétrin. Mais en voilà un autre, égal à lui-même, qui ne fait que pâlement reproduire ce qu’on a déjà vu de lui.

Ils en arrachent…

Brendan Gallagher (C-)
Gallagher va à la guerre à chaque fois qu’il saute sur la glace, mais souvent avec un réservoir à moitié vide. Ça donne ce que ça donne. Il peut encore être relativement efficace autour du filet adverse, capable d’une quinzaine de buts, mais ses replis défensifs et son travail dans sa propre zone laissent grandement à désirer en raison d’un manque de mobilité criant. Pour ce que ça vaut, son différentiel de -12, de loin le pire de l’équipe, n’est pas le fruit du hasard.

Christian Dvorak (C-)
Comme plusieurs de ses coéquipiers, Dvorak ne joue pas mal, mais sa production offensive se retrouve bien en-deçà des attentes. Il ne capitalise pas suffisamment sur ses chances de marquer. Même s’il faudra probablement attendre la saison prochaine, voilà un autre vétéran joueur de centre qu’on aurait intérêt à envoyer sous d’autres cieux si on veut donner tout son sens au mot « reconstruction ».

Arber Xhekaj (C-)
Son différentiel positif de +1 est un peu trompeur. Xhekaj se montrait souvent brouillon avec la rondelle et les trop nombreuses punitions inutiles dont il a écopé ne témoignait pas d’une très grande concentration sur la glace. On souhaitait plus d’efficacité de sa part. Son séjour à Laval n’est pas le fruit du hasard et ne pourra que lui être bénéfique.

Josh Anderson (D)
Ce qui se passe avec l’Ontarien relève presque du paranormal. Tout le reste de son jeu est très semblable à ce qu’il a toujours présenté, mais il a perdu toute confiance avec la rondelle en position de marquer. C’est très étrange. Si jamais il retrouve un peu de sa superbe et, par la même occasion, une assez bonne valeur autour de la ligue, Hughes et Gorton ne doivent plus hésiter à se départir de leur gros ailier, à qui il restera trois autres complètes saisons à 5,5 M$.

Jordan Harris (D)
Avec l’éclosion très nette de Struble, la venue anticipée et désirée de Hutson vers la fin de la saison, sans oublier l’arrivée de Engstrom en Amérique dès l’automne prochain, les carottes semblent plutôt cuites pour Harris à Montréal, lui qui connaissait un début de saison désastreux avant de se blesser. Harris n’apporte tout simplement rien de spécial à la brigade du Tricolore, alors que ces trois autres gauchers possèdent tous quelque chose qui les démarque. On lui donnera sans doute une chance de remonter sa valeur au cours des prochaines semaines, mais quand on dit et répète que le ménage devra tôt ou tard commencer à se faire chez les jeunes défenseurs de l’organisation, difficile de trouver cible plus facile à identifier…

Conclusion

Les très nombreux joueurs qui se contentent d’être juste corrects me préoccupent un peu. Certains sont-ils un peu trop confortables, voire même un peu endormis, dans ce contexte de reconstruction ou la pression n’est disons pas à son paroxysme?

Quelques transactions viendraient-elles changer la dynamique et en « réveiller » quelques-uns, jeunes et moins jeunes?

Cela dit, plusieurs vétérans qui jurent déjà pas mal dans le décor (d’une reconstruction), ne produisent pas à la hauteur de leur contrat, ce qui rend leurs départs difficiles, voire impossibles.

Mais, en même temps, jusqu’ici on ne peut pas dire que ce sont les Gallagher, Pearson, Anderson, Dvorak qui ont tiré le club pour le maintenir dans le maléfique « no man’s land ».

Tristement, ils n’ont même pas été assez bons pour ça!

En réalité, si on s’en tient aux vétérans, ce sont davantage des gars comme Matheson, Monahan, et dans une moindre mesure Evans, Savard et Kovacevic qui ont permis au Tricolore de grappiller des petits points au classement par-ci par-là.

Si le Tricolore veut vraiment maximiser cette saison, il faut absolument qu’elle capitalise sur au moins deux, voire trois de ces cinq « bons » vétérans pendant qu’ils ont encore tous une très belle valeur.

Misez sur Monahan et Kovacevic à cause de leurs contrats et de leurs performances tout à fait acceptables.

Mais ne pariez pas pour autant contre les chances de Savard de susciter un grand intérêt, et si Hughes et Gorton sont sérieux avec la reconstruction et veulent vraiment terminer le plus bas possible au classement, alors que l’acceptation sociale de la chose est encore excellente, ils ne doivent pas trop hésiter…

Pour le reste, dans le cadre d’une telle reconstruction, il n’y a rien de mal à ce que ce soient les jeunes qui tirent la charrette. Et, dans les faits, c’est en gros ce qui se passe la plupart des soirs. On n’a qu’à regarder les temps de jeu de chacun pur s’en convaincre.

C’est juste que, pour l’instant, ça ne tire pas toujours bien fort avec des joueurs comme Suzuki, Caufield, Guhle et Barron en avant de l’attelage.

Quand Slafkovsky, Hutson et Reinbacher auront eux aussi trois, quatre saisons derrière la cravate, on s’en reparlera.

D’ici là, et en attendant le retour de Dach en octobre 2024 (!), on n’a d’autre choix que de souhaiter un autre gros attaquant au prochain repêchage comme cadeau de Noël aux loyaux partisans de la Flanelle…

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