Plaisons-nous aujourd’hui à déboulonner non pas un, mais deux mythes bien ancrés dans les esprits à force de répétition : Guhle est un joueur fragile et Slafkovsky connaît une saison ordinaire!
Guhle : la guerre, c’est dangereux!
Ainsi donc, Kaiden Guhle, 23 ans, en serait rendu à sa 9e blessure sérieuse depuis son repêchage.
Tous les médias en ont parlé ad nauseam et tous se sont posé cette question : le pauvre Kaiden est-il fragile ou juste malchanceux?
Faux débat classique!
Guhle ne se blesse pas parce qu’il est fait en peau de pet, ou parce qu’il est fragile!
C’est un super athlète, bien entraîné de 6’03, 202 lbs. Son squelette est protégé par une musculature bien au-dessus de la moyenne, ses ligaments sont pas mal plus solides que ceux du citoyen lambda, etc.
Le quadriceps de n’importe quel joueur va se lacérer si on le coupe avec un patin!
Les parties du corps de n’importe qui vont se briser si on les expose à des risques occasionnant des chocs violents et des « accidents » graves.
Maintenant, bien sûr, une lacération du quadriceps par son propre patin est une malchance, un accident.
Mais un grand principe universel veut que les malchances et les accidents arrivent pas mal plus souvent à ceux qui sont plus « intenses », à ceux qui ne font pas beaucoup attention ou qui sont moins prudents!
Ça fait deux ans que Guhle se promet au début de la saison qu’il souhaite éviter les blessures et demeurer en santé en « s’exposant moins » à celles-ci.
Ç’a beaucoup de bon au hockey, jouer à la limite du kamikaze comme il le fait. On parle d’un sport où une bonne partie de la victoire passe par une forme de sacrifice ou d’abnégation totale des joueurs/guerriers sur la patinoire.
Mais c’est aussi beaucoup plus risqué sur le plan individuel!
Si vous regardez bien la séquence, oui, son patin se coince dans une fissure, mais au préalable, Guhle s’amène dans le coin à corps perdu, déjà un peu en déséquilibre sur une seule jambe, dans un angle un peu bizarre, pour arriver le premier à la rondelle. S’il arrive plus « square » par rapport au jeu, sur ses deux pieds, il ne perd pas l’équilibre à cause de la petite craque dans la glace.
Sur la patinoire, si tu y vas à fond, tu t’exposes plus à tous les types de dangers inimaginables.
Kaiden Guhle went straight to the locker room after an awkward fall into the boards in the corner, does not look good at all#GoHabsGo pic.twitter.com/0loSNxddsP
— Hockey Daily 365 l NHL Highlights & News (@HockeyDaily365) January 29, 2025
Peu importe, la fissure dans la glace, un joueur juste un peu moins intense, un peu plus prudent ou cérébral dans son approche, disons, Nick Suzuki, ne tombe probablement pas sur une telle séquence.
Donc, Guhle n’est pas fragile. Il joue simplement comme s’il était au front à Vimy en 1917.
Et ça, ben, c’est plus dangereux et ça fait souvent mal.
C’est tout.
Bien sûr, Slafkovsky n’a pas été convaincant ou dominant tous les soirs cette saison, loin de là.
Mais en même temps, Slafkovsky, toujours 20 ans, a-t-il nécessairement connu plusieurs vrais « mauvais » matchs?
Non.
Donc, on aurait envie de dire que Slaf connait simplement une saison ordinaire.
Entre autres, comme il l’a dit à Processus, lui rappeler qu’il n’était pas Jack Hughes, mais bien Juraj Slafkovsky.
Tout simplement.
Tout ça est très bien et très sain.
Mais il demeure que sur le plan statistique, le gros Slovaque a tout de même inscrit 20 points en 27 matchs lorsqu’il évolue sur son régulier trio avec Suzuki et Caufield.
On parle d’une projection de 61 points en 82 matchs! Pas si loin de la saison de 70 pts que les plus optimistes lui donnaient en début de saison et en plein dans le mille pour ceux, plus modérés, qui lui en donnaient 60.
Faut-il rappeler que ces projections avaient été faites en ayant en tête qu’il allait jouer pas mal toute l’année avec Suzuki et Caufield?
Or, Slaf a été séparé de ses deux acolytes du 29 octobre au 14 décembre, un long purgatoire de 21 matchs sur d’autres trios, comme ceux-ci :
NICK SUZUKI – KIRBY DACH – JURAJ SLAFKOVSKY
JAKE EVANS – ALEX NEWHOOK – JURAJ SLAFKOVSKY
PATRIK LAINE – KIRBY DACH – JURAJ SLAFKOVSKY
BRENDAN GALLAGHER – CHRISTIAN DVORAK – JURAJ SLAFKOVSKY
C’était entre autres la période où l’on tentait désespérément de relancer Kirby Dach.
Cela dit, les statistiques ne disent pas tout. Slaf a aussi participé à de nombreux buts en avantage numérique sans nécessairement récolter de points, en jouant un peu à la manière de Chris Kreider devant le filet, compliquant la vie du gardien.
Patrik Laine has 7 goals on the season and they have ALL come via the POWER PLAY 🤯🚨 pic.twitter.com/6yqeeR6YEo
— Gino Hard (@GinoHard_) December 21, 2024
Considérant tout ça et malgré une première moitié de saison très imparfaite, si Slaf avait joué 21 matchs de plus sur le « premier trio », il voguerait probablement vers une saison de 60 points – une cible encore atteignable s’il continue sur la lancée actuelle – tout en étant fatiguant devant le but en pp.
55-60 points à 20 ans, c’est comparable, voire meilleur, que les frères Tkachuk, Draisaitl et Rantanen au même âge et aucun d’entre eux n’étaient dans la LNH à 18 ans…
Donc, pas exactement « ordinaire », Slaf. Même sa saison actuelle.
Une perspective, juste comme ça…