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Comment expliquer la stupidité (de certains) par rapport à la reconstruction du CH?

C’est toujours comme ça à l’approche d’une nouvelle session, mes neurones philosophiques s’emballent et ont envie de se remettre au boulot en tâchant de répondre aux grandes questions de l’univers.

Aujourd’hui au menu : la stupidité humaine (en lien avec notre passion commune pour le Canadien)!

On a tous – sans exception – été stupide un jour ou l’autre dans notre vie.

Pourquoi?

Parce que personne n’est complètement à l’abri de ce qui cause la stupidité, qu’on associera tantôt à l’irrationalité, tantôt à la bêtise, voire même la folie!

Toutes les classes sociales, tous les corps de métiers, tous les sexes et les genres, tous les groupes ethnoculturels et tous les âges y passent.

Personne n’y échappe!

Et vous pouvez facilement y inclure l’auteur de ses lignes sans aucun problème!

N’en déplaise à René Descartes et un certain Pierre Poilièvre, force est d’admettre que la stupidité (et non, pas  le « gros bon sens ») est la chose du monde la mieux partagée!

Ou comme l’aurait dit Einstein :

« Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. »

Nous sommes donc tous potentiellement « caves »… au moins à temps partiel!

 

À cet égard, le processus de reconstruction du Canadien nous offre de nombreuses occasions d’assister à des commentaires où le niveau de rationalité est souvent au mieux « très bas »!

Oui, bien sûr, le CH a connu une assez bonne semaine, ce qui lui a permis de passer de 2,7% de probabilités de faire les séries à… 2,9%!

Surtout, les jeunes, en particulier, Slaf, Caufield et Roy, ont-ils participé directement aux victoires du club, ce qui est très encourageant.

Ça veut dire que la reconstruction de Hughes et Gorton fonctionne, qu’on va « dans la bonne direction », comme ils le répètent partout.

Et ça veut aussi dire que Bergevin et Timmins avaient fait beaucoup de bonnes choses entre 2018 et 2021, ne l’oublions pas…

Mais ça ne veut pas dire qu’elle est terminée, cette reconstruction! Que nenni!

Si on veut mieux circonscrire cette dernière, disons simplement que le CH doit commencer, comme tous les derniers clubs qui ont remporté la Coupe – excluant Vegas, bien sûr un cas exceptionnel – par se défaire de son bois mort tout en accumulant des hauts choix au repêchage (ou l’équivalent, comme les Bruins et les Blues) pendant quelques saisons, soit minimalement de 2022 à 2024 pour le Tricolore.

Mais, on notera une fois de plus, comme l’ont fait Bruins de 2003 à 2006 et des Blues de 2007 à 2012, que le Tricolore accumule déjà des choix équivalents top-10 depuis un certain temps : Suzuki (2017), Dach et Caufield (2019), Guhle (2020) s’ajoutent ainsi au Slafkovsky et Reinbacher et on verra très bientôt pour Hutson et Mailloux.

Ça semble être une excellente idées puisque le dernier « gros noyau » du CH était demeuré un peu trop mince avec les Price, Pacioretty, Markov et Subban (Weber) à qui on a pas su greffer suffisamment d’éléments de qualité entre les repêchage de 2008 à 2015.

Ainsi, souhaiter le contraire d’une reconstruction et vouloir que le club fasse tout pour gagner tout de suite, entre autres, en faisait davantage jouer Montembeault et en gardant tous les vétérans, demeurerait donc un non-sens absolu : il faut encore ajouter du talent de pointe.

Qu’est-ce que la stupidité et quelles en sont les causes?

Pourquoi ce processus de reconstruction, pourtant assez clairement nécessaire à la victoire à l’ère du plafond salarial, est-il donc si difficile à comprendre pour certains?

Quelles sont les causes de la stupidité, l’irrationalité, voire de la folie en cette matière? Voilà la question à laquelle je tenterai de répondre!

Commençons d’abord par définir nos concepts clés, la stupidité et ses synonymes.

Une phrase célèbre encore attribuée à Einstein concernant la folie constituerait un bon point de départ :

« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent! »

Ainsi, les dirigeants du CH seraient carrément fous de refaire du « patchage » comme cela a déjà été fait ici et ailleurs pendant plusieurs années sans grand succès. Même chose, bien sûr, pour ceux et celles qui souhaitent que le CH mette un terme illico au processus de reconstruction (pourtant bien entamé) en y allant de solutions à court terme! Et non, le CH n’est pas en reconstruction depuis 30 ans!

Un peu plus récemment, en 1976, dans son ouvrage Les lois fondamentales de la stupidité humaine, Carlo Cipolla, professeur d’histoire économique à l’Université de Californie à Berkeley, a pour sa part défini la personne stupide de cette manière, il s’agirait :

« d’une personne qui cause des problèmes aux autres sans aucun avantage clair pour elle-même. »

Sous cet angle, on pourrait donc voir les gens qui manifestent une opposition épidermique à la reconstruction du CH à coups d’énormités à la radio et sur les réseaux sociaux comme de parfaits idiots.

En effet, être contre l’idée de reconstruction (et ses bénéfices potentiels prouvés à maintes reprises) ne leur apportera rien de bien gratifiant – comme au reste de la société québécoise/canadienne – sinon d’interminables commentaires/querelles stériles combinés à un appui frustrant à un club qui oscillerait de « minable « à « passable » sur une très longue période…

Enfin, on pourrait généralement définir l’irrationalité comme le fait de penser certaines choses ou d’agir d’une certaine manière en l’absence de bonne raison ou à l’encontre de faits avérés et d’études sérieuses sur un sujet.

En ce sens, on peut, par exemple, dire que fumer la cigarette en 2024 est un comportement irrationnel, tout comme croire et défendre que la Terre est plate, ou encore, de façon plus pertinente pour notre sujet, « aller à la chasse à l’ours avec un couteau à beurre » comme l’avait illustré le coloré, feu Pat Burns.

Mais encore, quelles sont les causes de la stupidité, disions-nous?

Une autre importante étude menée conjointement par des chercheurs de l’Université Eotvos Lorand en Hongrie et de l’Université Baylor aux États-Unis en identifie trois principales :

  1. La distraction
  2. Le manque de contrôle et la recherche de gratification immédiate
  3. L’ignorance accompagnée d’une confiance démesurée

On va passer vite sur la première cause (plus les téléphones sont intelligents, moins les humains…. ah pis laissez faire) et on se concentra sur les deux dernières, pas si éloignées l’une de l’autre, pour essayer de comprendre l’irrationalité de certains fans du Tricolore vis-à-vis le processus de reconstruction, telle qu’on a pu la constater récemment.

La « thèse » de mon texte de la semaine dernière n’avait pourtant rien de bien sorcier et n’était pas non plus très originale : le Canadien doit perdre davantage cette année (en particulier, en ne faisant pas trop jouer Montembeault) dans l’espoir de repêcher haut un joueur très désirable en juin.

Tant que faire se peut, il faut à tout le moins éviter de sortir du top-11, après quoi il n’y a de surcroit même plus aucune chance pour Celebrini…

(Crédit: Tankathon)

Oui oui, je sais, Mathias Brunet nous rappelle – et il n’a pas tort de le faire – que la marge peut être mince entre le 6e et le 12e rang. Des Dobson (12e), des Suzuki (13e) et des Caufield (15e) peuvent même devenir meilleurs que des Kotkaniemi (3e), des Glass (6e) et des Kakko (2e).

Il y a effectivement des années où le top-15, voire le top-20, regorge de bon joueurs (par exemple, 2020) et certaines équipes « tardives » y trouveront leur compte alors que d’autres « hâtives » se tromperont royalement.

Mais, règle générale, repêcher plus tôt c’est mieux. Le top-5 est meilleur que le top-15, le top-15, meilleur que le top-32, etc.

(Source: Dobber Prospects)

Repêcher tôt est d’autant plus intéressant quand les besoins organisationnels se précisent après quelques saisons, aurais-je envie de dire. Le CH est peut-être rendu à sa dernière chance (en or) de trouver aussi facilement sur les tablettes la matière première dont il a réellement besoin à court, moyen et long terme, exactement comme il a pu le faire avec Slafkovsky et Reinbacher.

Dans le cas du CH, s’il veut, mettons, ajouter du talent jumelé un autre bon gabarit à l’attaque, il n’y aurait rien comme sélectionner tôt pour s’assurer de pouvoir choisir le joueur qui répondrait le mieux à ce profil sans risquer de se le faire voler sous le nez.

On pense à Celibrini, évidemment, mais aussi à Lindstrom, Demidov et Brandsegg-Nygard. On a là quatre attaquants talentueux et relativement costauds qui, de surcroît, sont déjà, à nos yeux, très près de la LNH.

Du lot, seul Bransegg-Nygard pourrait être encore disponible hors du top-10. Mais, perso, je le vois plutôt dans le top-8, du moins pour l’instant. À suirrrrrrrrrrre

Autrement dit, pour avoir une meilleure chance de mettre la main sur le joueur désiré cette saison – qui pourrait aussi être encore un défenseur – il vaudrait mieux reporter la gratification à plus tard. Un peu comme ces enfants sujets d’une étude psychologique à Stanford en 1972, celle de Walter Mischel, à qui on promettait deux guimauves au lieu d’une seule s’ils étaient capables d’attendre 15 minutes.

À nos yeux, les quatre joueurs mentionnés (et peut-être d’autres) valent tous au moins une couple de guimauves plus pour le Canadien que quelques victoires supplémentaires en 2023-2024 qui pourraient exclure l’équipe du top-11 au repêchage.

Conclusion

Bref, il faut être stupide ou irrationnel pour ne pas admettre des faits et des probabilités bien établis : bien qu’elle nécessite une bonne dose de patience et qu’elle ne garantisse pas la Coupe Stanley, une reconstruction bien faite demeure le meilleur moyen de la remporter et conduit souvent aux succès sur une assez longue période.

C’est aussi simple que ça.

Vouloir gagner chaque match et espérer un jour la Coupe Stanley avec une équipe aussi « verte » et incomplète que le Canadien, une équipe « pas encore prête », pour reprendre les mots de son directeur général, c’est exactement comme « aller à la chasse à l’ours avec un couteau à beurre ».

C’est la définition même de la stupidité qui serait ici causée par une recherche de gratification immédiate jumelée à une ignorance crasse des données probantes et une confiance aveugle devant la tâche titanesque à accomplir.

Selon Cipolla, qui avait peur qu’une « idiocratie » s’installe en Occident, « la seule façon pour une société de ne pas être emportée par le poids de ces idiots est pour ceux qui ne le sont pas de travailler plus et plus intelligemment. »

Alors, messieurs Hughes et Gorton, lâchez pas, hein!

J’ai envie de vous laisser sur une belle ouverture toute scolaire, comme on les aime.

Les gens un peu beaucoup axés sur la gratification immédiate qui s’opposent à la reconstruction – et qui seraient donc prêts à aller à la chasse à l’ours avec des couteaux à beurre – sont-ils les mêmes impatients qui crient « shooooooooot » depuis les hauteurs du Centre Bell après quelques secondes de contrôle de rondelle approximatif en avantage numérique?

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