Bilan de mi-saison : le CH comme acheteur cartésien à la date limite des transactions?

Suite à la séquence irrésistible de 12 victoires en 17 matchs du CH depuis le 3 décembre, séquence coïncidant avec le retour au jeu de Laine, il y a comme un léger parfum de séries aux portes de la ville.

Une telle poussée, durant laquelle le CH joue pour .705, peut-elle être maintenue jusqu’à la fin de la saison?

On peut en douter.

Mais de toute façon, le CH n’aura pas à jouer pour .700 lors de la deuxième moitié de saison pour se qualifier en séries. Le cas échéant, ça lui donnerait une saison de 100 pts!

Les Blue Jackets, en 8e position, ont 44 points en 42 parties, un rythme de 85 points…

Si nos Glorieux ressuscités des dernières semaines récoltent, disons, 50 points lors des 41 prochaines parties (.625), une estimation très réaliste avec l’équipe que nous avons sous les yeux lors des 2 derniers mois, ils termineront la course avec 94 points, ce qui devrait suffire pour se qualifier dans l’Est.

C’est effectivement en regardant les 25 derniers matchs, soit en remontant au 11 novembre – jour de la fameuse victoire de 7-5 à Buffalo où les joueurs se seraient dit quelque chose comme « enough is enough » – qu’on peut mieux établir les probabilités d’un petit set carré au printanier au Centre Bell.

Avec 33 points sur un possibilité de 52, le Canadien joue pour .635 à ses 25 derniers matchs.

Une participation aux séries est donc logique si on considère cette tendance lourde.

Suite au point de presse de Kent Hughes plus tôt cette semaine, voici cinq facteurs qui pourraient encore davantage concrétiser une participation aux éliminatoires pour Tricolore.

1. Un grand déblocage pour Kirby Dach

On l’oublie facilement, mais Kirby Dach avait déjà connu un première éclosion avant ses deux grosses blessures aux genoux. Dès sa première saison dans la métropole, Il était déjà devenu un centre capable de produire sur un rythme de plus de 50 points sur une saison complète.

Il était aux yeux de tous un centre numéro deux tout à fait légitime et j’étais de ceux qui croyaient même son potentiel légèrement plus élevé que celui de Suzuki, si l’on pense en fait d’impact général.

Bien sûr, le problème c’est que, des saisons complètes, Dach n’en a encore jamais connues.

Mais le voici à la mi-saison, toujours sans blessures (on touche du bois), et après une première moitié difficile pour toutes sortes de bonnes et moins bonnes raisons (conditionnement physique?), l’Albertain a la chance de renaître et de connaître une deuxième grande éclosion.

Malgré des passes encore trop souvent irréfléchies, Dach montre de plus en plus de signes que la forme revient. Outre ses quatre buts et cinq points à ses six derniers matchs, on le remarque plus souvent en possession de la rondelle et sa vitesse semble être revenue, lui qui est d’ailleurs légèrement au-dessus de la moyenne de la LNH dans ce domaine.

(Crédit: edge.nhl.com)

Ces vitesses de pointe de plus en plus fréquentes, tout comme ses pivots agiles, indiquent peut-être que les opérations aux genoux pourraient ne pas avoir trop laissé de traces dans son cas, ce qui serait déjà un coup de chance pour son équipe et lui.

Moyennant que pas mal tout le monde demeure en santé et continue à jouer à la hauteur de son talent, un déblocage de Dach pourrait être LE facteur décisif entre une participation et une exclusion des séries.

So, no pressure Kirby, but this one is still a bit on you!

2. Un Slafkovsky plus constant et plus confiant

À part Dach et Newhook, Slafkovsky est le seul autre attaquant (avec Newhook, dans une moindre mesure) dont la saison nous a jusqu’ici passablement laissé sur notre appétit. On n’a pas besoin de tout détailler sur la chose.

Kent Hughes a lui aussi été on ne peut plus clair à ce sujet : Slaf peut en donner plus.

Il doit se racheter en deuxième moitié et il le sait. Il a d’ailleurs joué un de ses meilleurs matchs de la saison hier à Washington.

Sa production n’est pas trop mal quand on le place avec Suzuki et Caufield ; il domine régulièrement le long des rampes et fait de très belles passes à ses talentueux coéquipiers, comme ce fut le cas encore hier ou comme ici plus tôt cette semaine:

Le Canadien aura besoin du meilleur de son gros attaquant Slovaque alors que les matchs vont devenir de plus en plus intenses et âprement disputés.

On ne voudra plus juste voir des flashs ici et là, on voudra voir du vrai Slaf à temps plein.

Et si Slaf a plus une identité de passeur que de tireur, et bien qu’il en soit ainsi.

3. Un duo de gardien dominant

Le Canadien n’est pas encore le genre d’équipe qui peut régulièrement gagner avec des performances « ordinaires » de ses gardiens de but.

Ça viendra peut-être, mais… pas encore.

Montembeault et Dobes devront donc continuer à livrer des performances dignes des meilleurs duos de la LNH si le Canadien espère se qualifier en séries.

Montembeault est solide entre les deux oreilles et constant sur la glace. Il est capable de composer avec un imposante charge de travail.

Mais le jeune Dobes, 23 ans, a faim et impressionne par son tempérament et ses qualités athlétiques, notamment au niveau de son jeu avec ses grosses jambières…

Le grand Tchèque de 6’4, 215 lbs montre un potentiel énorme.

Suite à ses trois premiers départs on ne peut plus concluants dans la LNH – contre trois récents champions de la Coupe Stanley de surcroît – on est en droit de s’attendre à ce que Dobes débute en moyenne un match sur trois d’ici la fin du calendrier…et Monty sait qu’il est mieux d’être bon lors des deux autres, sinon ça pourrait être plus…

Avoir deux gardiens performants est un fichu beau problème pour n’importe quelle équipe…

4. Date limite du 7 mars : Hughes risque fort d’être acheteur 

Le Canadien a déjà 12 choix (!!!) au prochain repêchage et neuf autres en 2026. En a-t-il vraiment besoin de plus?

Disons… pas vraiment?

Et c’est exactement ce qu’a laissé entendre Kent Hughes lors de son point de presse.

S’il n’était pas revenu dans le « mix » et espérait encore repêcher dans le top-5 du prochain encan, Hughes aurait fort probablement enclin à échanger les Dvorak, Savard, voire Evans et Armia, ne serait-ce que pour affaiblir encore davantage l’équipe à court terme.

Mais là on sent pas qu’il ne voudra pas échanger ces 4 joueurs futurs autonomes pour des pacotilles. Au pire, il préférera les conserver et les verra comme ses propres joueurs de location!

Dans le même élan, il est aussi de plus en plus probable que Hughes et Gorton se présentent comme des acheteurs cartésiens d’ici la date limite.

Et c’est là que ça pourrait devenir fort intéressant.

Ainsi, dans un tel contexte, sans déroger du plan à long terme, s’ils pouvaient faire un autre échange « semblable » à ceux qu’ils ont réalisé pour mettre la main sur Laine et Carrier, des joueurs encore jeunes avec quelques années de contrat à écouler, pourquoi pas?

Les Mailloux, Struble, Roy, Mesar, Kapanen, et surtout les huit choix de deuxième et de troisième ronde lors des deux prochains encans deviennent alors toutes des pièces potentielles si l’offre est bonne.

Hughes a d’ailleurs pris soin d’énumérer tous ces jolis et nombreux choix devant les caméras lors de son point de presse de mercredi…

On serait cependant très surpris que les deux choix de premier tour de 2025 soient placés en jeu par le Canadien; peut-être un en retour d’un jeune vétéran pouvant être intégré dans le plan général de HuGo, mais pas les deux.

Le Tricolore doit boucler sa reconstruction, et ces deux choix – ou ce qui peut en découler – doivent servir à compléter les fondations de la reconstruction, ne laissant à peu près aucune carences organisationnelles dans une perspective à moyen et long termes.

Par contre, si le CH est dans le portrait des séries et décide de miser sur lui-même en se voyant comme un équipe de premiers tiers avec un Demidov dans la formation l’an prochain, le premier choix de 2026 serait beaucoup plus tentant à échanger que ceux de 2025…

Rappel : dans la vidéo du CH sur son dernier repêchage (à 7 min 30 sec), lorsque GORTON lui demande en entrevue s’il se voit lui-même comme un « franchise player », Demidov, souriant avec confiance, répond par l’affirmative sans même hésiter.

En général, les joueurs « concession » ont un impact majeur dès leur première saison et ça ne devrait pas être différent pour Demidov.

J’étais de ceux qui croyaient que Demidov n’avait pas grand-chose à envier à Celebrini,  et je le crois encore.

5. Une culture gagnante où l’équipe passe en premier

Belle question de Marc-Antoine Godin lors de la conférence de presse de mercredi dernier : « Kent, qu’est-ce qui te semble le plus durable dans cette équipe? »

Hughes a répondu que c’était la culture qui est en train de se mettre en place dans le vestiaire, une culture que possèdent tous les clubs gagnants.

Il semble en effet y avoir une mentalité « team first » bien implantée dans les propos et l’attitude des joueurs. C’est un facteur qui contribue déjà au succès de l’équipe et qui fera peut-être la différence entre le CH et ses compétiteurs dès cette saison et pour celles à venir…

Bref, les prochains mois s’annoncent passionnants.

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