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À quand la prochaine supervedette du CH?

Le passage du jeune retraité P.K. Subban au Centre Bell afin de souligner ses belles années avec le Tricolore nous a fait réaliser à quel point les fans actuels de l’équipe ne sont pas très gâtés en fait de supervedettes.

Une supervedette, c’est un joueur qui s’élève au rang des meilleurs de sa profession pendant une bonne partie de sa carrière, qui marque l’histoire de son sport, qui est encore meilleur quand l’enjeu est grand, et qui, souvent, apporte un petit quelque chose de plus à la game, autant sur la surface de jeu qu’en dehors de celle-ci : un charisme spécial, un sens du spectacle, une sorte de signature dans sa façon d’être et de jouer, si on veut. Certains vont même transcender leur sport et devenir des icônes.

À 44 ans, fan du Canadien depuis 40 ans, qui n’a donc pas vraiment eu la chance d’apprécier Guy Lafleur et Larry Robinson à leur meilleur, j’en arrive à la conclusion que Subban et Roy sont sans doute ceux qui se rapprochent le plus du statut de supervedette parmi tous les joueurs qui sont passés dans l’équipe depuis 1982.

Bien sûr, pendant le court « règne » de Subban et depuis son départ, le Canadien a pu compter sur la présence la plus souvent rassurante de Carey Price, lui aussi un nouveau jeune retraité (du moins, officieusement…).

Disons, que ça sentait fort la nostalgie jeudi soir au Centre Bell!

Or, sans rien enlever à Carey Price, compter sur un gardien de but comme lui à titre de « supervedette », c’était un peu comme d’être invité à souper chez des amis et manger du pâté chinois.

Ça peut être bon. Ça peut certainement être réconfortant. Ça fait la job.

Mais c’est difficilement excitant!

Personne ne s’achète un billet dans l’espoir de voir son goaler être calme et solide techniquement match après match ou, si vous préférez, pour continuer l’analogie, tant qu’à manger du pâté chinois, on préfèrerait souvent s’en faire chez soi!

Du reste, même s’il suscite aussi sa dose de nostalgie, en général, la relation entre Price et les partisans a toujours comporté une certaine tiédeur.

Pour ce qui est de Subban, avec ses nominations au Norris (dont un remporté en 2013), ses buts aussi mémorables que spectaculaires en séries, ses tirs frappés foudroyants, ses montées à l’emporte-pièce et, plus généralement, la passion et l’enthousiasme avec lesquels il jouait au hockey et qu’il partageait généreusement avec les fans, il a vraiment été une des seules vraies supervedettes des 40 dernières années du club.

Du moins, avec Roy et Price (si on tient à l’inclure), c’est certainement Subban qui peut se targuer d’avoir mérité cette « étiquette » le plus longtemps durant cette période, même s’il n’a jamais fait l’unanimité complète chez les partisans et encore moins chez ses coéquipiers.

Sans être parfait, pendant la majeure partie de ses sept saisons passées à Montréal, Subban a reçu plus que sa dose d’affection de la part des fans. Ceux et celles qui l’aimaient, l’aimaient d’amour.

Juste dommage qu’il n’ait pas pu gagner la Coupe Stanley en 2014, alors que lui et Price étaient à leur sommet…

14 points en 17 matchs de séries, cette année-là pour Pernell Karl… Dont le plus mémorable de tous!

Les autres…

Parce qu’il pouvait être dominant spectaculaire, Alex Kovalev nous aura fait vibrer pendant quelques saisons au milieu des années 2000. Mais ce n’est vraiment qu’en 2007-2008, à l’âge de 35 ans, qu’il a véritablement joué comme une supervedette digne de ce nom, terminant au 11e rang des marqueurs de la ligue avec ses 84 points, dont 35 buts, ainsi que sa fiche de +18.

Chris Chelios, Mats Naslund, Stéphane Richer, Saku Koivu, Pierre Turgeon, Vincent Damphousse et même, plus récemment, le « remplaçant » de Subban, Alexander Radulov, ont eu leurs « moments ». Mais pour différentes raisons, leur étoile n’a pas su briller très longtemps avec beaucoup d’éclat à Montréal et, dans leurs cas, on dira qu’ils ont plutôt été des vedettes que de supervedettes. Même chose pour Max Pacioretty, qui avait plus ou moins le charisme d’un bibelot.

Et maintenant? Suzuki, Caufield, etc.

Force est d’admettre qu’il n’y a pas de joueur de l’édition actuelle qui correspond pleinement à cette définition.

Nick Suzuki est un des bons joueurs de la ligue, une vedette « locale », et le meilleur est assurément à venir. Mais après avoir terminé la dernière saison au 79e rang des marqueurs avec ses 61 points,  il pointe aujourd’hui, à la mi-saison, au… 77e rang des marqueurs et se classe au 34e rang chez les centres.

Pour ce qui est de faire partie de l’élite à sa position, on repassera. Du moins pour l’instant.

Comme plusieurs, je me suis aussi un peu fait prendre par l’embelli automnal, le mirage du début de saison de Suzuki

À sa quatrième campagne complète, Suzuki, 23 ans, n’a pas encore prouvé qu’il était capable de produire sur une base constante durant tout le calendrier. Il connaît une fois de plus un spectaculaire passage à vide, avec un petit but et seulement six points à ses 16 derniers matchs.

On peut continuer d’espérer qu’il parviendra à produire une saison de plus de 80 points, mais ce ne sera probablement pas cette année encore…

Du reste, avec sa fiche de – 9 (-18 l’an dernier), ce n’est pas comme si Suzuki était transcendant dans les deux sens de la patinoire. Oui, il joue dans un club de fond de classement avec une mauvaise défensive, mais il est lui-même ordinaire défensivement, surtout si on le compare aux meilleurs des 15 dernières années, les Bergeron, Kopitar, Toews et compagnie.

Il ne fait pas la différence dans sa zone, c’est même encore un peu trop souvent le contraire…

J’ai donc envie d’être plutôt d’accord avec Simon « Snake » Boisvert lorsqu’il a récemment réaffirmé que le Canadien ne gagnera jamais de Coupe Stanley avec Suzuki comme premier centre.

Je nuancerais cependant en disant qu’avec un autre centre équivalent, et plusieurs joueurs dominants aux autres positions, le CH aurait peut-être une petite chance. Après tout, le CH s’est rendu en finale avec Danault comme 2e centre…

Suzuki est aussi capable d’élever son jeu d’un cran ou deux quand ça compte. Il faut lui donner ça.

Mais ça serait plus simple si Suzuki était assis dans le siège du copilote sur le 2e trio. À moins de 8 M$ par saison, s’il devenait un des bons 2e centre de la LNH (dans un bonne équipe), son contrat ne serait pas horrible.

Il faut aussi réaliser qu’à 23 ans, la courbe de progression de Suzuki tire un peu à sa fin, surtout au niveau de ses qualités offensives.

Dans 2, 3, 4 ou 5 ans, l’Ontarien ne patinera pas plus vite, ne sera pas un bien meilleur tireur, ni un bien meilleur passeur. Ses mains ne seront pas plus vives et sa créativité ne décuplera pas.

Le mieux que l’on puisse espérer, c’est qu’il gagne en constance, qu’il augmente sa volonté d’être le meilleur soir après soir, qu’il s’améliore défensivement et surtout qu’on trouve un centre sinon meilleur que lui, à tout le moins équivalent, pour lui simplifier la vie.

Cole Caufield?

À nos yeux, Caufield a un peu plus de star power que Suzuki. Il est plus spectaculaire, marque des buts à un rythme que la jeune génération de fans n’a jamais vu à Montréal… et ce n’est que le début.

On lui prête aussi un certain sens du spectacle et du dramatique. Un charisme qu’il commence à montrer un peu plus…

Les gens sont excités, avec raison, lorsqu’il est en possession de la rondelle en territoire ennemi. C’est un vrai tireur d’élite, doté de mains vives et d’une belle accélération.

En date d’hier,  il pointait au 10e rang de la LNH avec ses 25 réussites en 42 matchs., deux buts de plus que Leon Draisaitl, cinq de plus qu’Auston Matthews…

Tout ça dans un club de fond de classement, faible offensivement, minable en avantage numérique, et qui ne compte sur aucun quart-arrière digne de ce nom pour faciliter le travail des attaquants.

Pas mal.

Caufield coche déjà plusieurs cases de notre définition et dans son cas, on sent que sa courbe de progression n’a probablement pas encore atteint son plateau.

Mais, en contrepartie, à sa deuxième saison complète, il ressemble déjà pas mal à celui que plusieurs observateurs attendaient : un marqueur d’une quarantaine, voire d’une cinquantaine de buts, d’une soixantaine de points, peut-être soixante-dix s’il termine en force, mais aussi, un ailier plutôt unidimensionnel.

Strictement offensif et en finesse. Celui qui termine le jeu.

Caufield pourra probablement accumuler plus de passes avec le temps qui passe, surtout si on insuffle du talent à l’alignement, mais pourra-t-il dominer des matchs comme Kovalev a pu le faire en 2007-2008, comme Guy Lafleur le faisait à répétition entre 1975 et 1980 avec ses six saisons de 119 points et plus, comme Subban à son sommet?

Si Caufield parvient à enfiler quelques saisons de 50 buts sans être une nuisance en défensive, dans les critères d’aujourd’hui, il deviendra très certainement une grande vedette locale comme le fut Stéphane Richer dans les années 80.

Mais une supervedette de la LNH, un gamebreaker annuel, un gars à placer dans la même phrase que les Kane, Kucherov, Ovechkin, Draisaitl, Matthews et compagnie?

Disons que ça va lui prendre au moins un Maurice Richard, plusieurs top 5 chez les buteurs de la ligue et des saisons de 80 points et plus à la pelle.

On ne dira pas de Chris Kreider qu’il est une supervedette parce qu’il a su faire une saison de 52 buts…

Pour ce qui est de son aura de superstar à Montréal, il faut aussi faire vibrer les fans dans les grandes occasions et ça, ultimement, ça passe par des moments marquants et des victoires en séries. À ce compte, Caufield n’avait pas mal fait en 2021 comme recrue…

À suivre! On ne déteste pas ses chances… 

Juraj Slafkovsky?

Par son jeu plus complet que Caufield, comme on l’a déjà écrit, Juraj Slafkovsky a certainement le potentiel de devenir un des bons attaquants de puissance de sa génération et un joueur qui pourrait avoir un grand impact sur les matchs. Un mélange de Rick Nash, Jamie Benn, Marian Hossa et Mikko Ratanen dans le meilleur des cas.

Et si on rajoute sa personnalité rafraîchissante, son humour, l’assurance dans ses propos, il a ce petit quelque chose qui aide à percer dans un marché comme Montréal.

Mais ça se peut aussi qu’il ne parvienne jamais à s’approcher du statut de supervedette, comme il est possible que ça prenne du temps, comme pour Valeri Nichushkin, avant qu’il ne se serve bien de toutes les pièces de son coffre à outils.

On verra.

Mais comme Martin Leclerc aime le rappeler avec sa belle formule, ne tirons pas sur la fleur pour qu’elle pousse plus vite!

En attendant Godot, le repêchage…

Il est bien sûr trop tôt pour se prononcer de façon définitive sur les Suzuki, Caufield et Slafkovsky quant à leurs chances de devenir des supervedettes et des joueurs qui marqueront profondément les fans du Canadiens comme ont pu le faire Subban et d’autres avant lui.

Ils ont tous le potentiel d’être de bons joueurs, assurément des vedettes locales, et on verra si, par leurs performances et leurs personnalités, ils pourront au fil du temps s’installer profondément dans l’imaginaire collectif.

En théorie, il forme un beau trio et peut-être se partageront-ils la vedette en comité!

Mais si on parle de superstars qui apporteraient l’équipe à un autre niveau assez rapidement, en voilà deux ou trois qui nous feraient déjà pas mal rêver, un en particulier!

(Crédit: Capture d’écran du site Tankathon.com)
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