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Analyse: Artturi Lehkonen à un cheveu de la Ligue nationale?

Artturi Lehkonen, ce gringalet repêché au 55e rang en 2013, est-il à un cheveu de faire des dommages dans la ligue nationale? Une telle affirmation pourrait paraître optimiste, mais plusieurs données, autant quantitatives que qualitatives suggèrent qu’il s’agit d’une possibilité bien réelle.

En inscrivant pas moins de 19 points en 16 rencontres éliminatoires avec Frolünda, le jeune finlandais vient de battre le record vieux de 2005 du légendaire Daniel Alfredsson. Ainsi, il incarne une rare lueur d’espoir pour une équipe ayant connu une saison aussi misérable que le Canadien, qui a terminé au 16e rang pour le nombre de buts pour (216) et au 25e rang pour l’efficacité en avantage numérique (16,2%). Dans ce contexte, difficile de ne pas voir en lui un morceau de la solution au marasme offensif des troupes.

Néanmoins, à travers cette vague d’engouement, les voix pessimistes font tôt de faire remarquer que Lehkonen a encore à faire ses preuves en Amérique du Nord, là où le jeu musclé pourrait le désavantager. Qu’en est-il vraiment?

Des circuits sous-estimés 

Il a longtemps été assumé que les joueurs les plus aptes à faire la transition dans la LNH proviennent de la ligue américaine de hockey. En fait, encore aujourd’hui, malgré l’émergence de la KHL et de la très sous-estimée Swedish Hockey League, un bon nombre de recruteurs et de panélistes conçoivent la LAH comme le deuxième meilleur circuit au monde. Chez le partisan moyen, par exemple, des cas isolés ont alimenté les doutes par rapport au calibre de jeu de la ligue continentale. « Comment peut-on parler d’une ligue sérieuse lorsque Stéphane Da Costa et Nigel Dawes y font la pluie et le beau temps? », opineront-ils.

Or, les recherches menées par l’analyste d’ESPN Rob Vollman contestent le statut de deuxième ligue en importance de la ligue américaine. Ce dernier a étudié les résultats compilés par un joueur faisant le saut dans la LNH, et les a comparés à ceux qu’il avait enregistrés l’année précédente dans la ligue où il se développait. Répétant l’expérience pour chaque cas recensé, il a accouché d’une formule calculant les forces des plus importants circuits (les équivalences LNH), en se fiant entre autres au degré de régression observé – ou de progression, dans de rares cas – en termes de production. Vollman en conclut que les joueurs en provenance de la KHL et de la Swedish Hockey League sont plus à même de transposer leurs succès à la LNH que ceux de la LAH.

Selon la formule des « équivalences LNH », un point dans la KHL en vaut 0,8 dans la ligue nationale. Et en ce qui a trait au reste des ligues? Ne cherchez plus.

.60 Swedish Hockey League
.47 American Hockey League
.44 Western Collegiate Hockey Association (defunte)
.41 National Collegiate Hockey Conference (nouvelle ligue)
.40 Switzerland NLA
.37 Hockey-East
.35 Big-10 (nouvelle ligue)
.32 Ontario Hockey League
.32 Central Collegiate Hockey Association (défunte)
.29 Finland SM-Liiga
.27 Western Hockey League
.26 Quebec Major Junior Hockey League
.23 Eastern College Athletic Conference

D’ailleurs, il semble que les succès du modèle suédois ne sont pas passés sous le radar des dirigeants du Canadien. «On aurait pu demander à Lehkonen de jouer dans la Ligue américaine cette année, mais il est au bon endroit pour se développer à Frolunda, en Suède. Il parviendra à maturité d’ici quelques saisons », confiait le directeur du développement Martin Lapointe à Mathias Brunet lors d’un entretien en septembre 2015.

Pourquoi la SHL est-elle donc aussi forte? Pour les mêmes raisons que la KHL, à vrai dire. À l’instar de certaines vedettes russes, plusieurs joueurs suédois ayant le talent pour contribuer dans la LNH préféreront rester chez eux, où ils sont d’ailleurs relativement bien payés. Et les alignements du circuit suédois ne sont pas sujets à autant de changements que ceux de la ligue américaine, qui doivent constamment composer avec la réalité des rappels.

On peut ainsi mieux mettre en perspective les récents exploits du chétif Artturi Lehknonen. Ses 52 points (27 buts, 25 passes) en 65 matchs, séries incluses, seraient équivalents à une production de 40 points (20 buts et 20 passes) dans la LNH, ce qui n’est pas piqué des vers quand on sait que seulement 22 ailiers gauches ont enfilé 50 points et plus dans le circuit cette saison. Sans oublier que le finlandais dispose d’un été d’entraînement complet pour fourbir ses armes avant le début des camps professionnels.

Tir vif, instincts aiguisés

Un élément ressort dans le jeu de Lehkonen: il marque des buts à la façon d’un franc-tireur de la ligue nationale. Tantôt il s’emparera d’une rondelle libre et logera le disque dans une minuscule ouverture, tantôt il inscrira un but laid en tenant son bout dans l’enclave. On vante également sa ténacité en échec avant.

Le finlandais n’est pas reconnu pour être le plus créatif, mais il sait passer la rondelle. Il n’a pas les meilleures mains, mais il manoeuvre assez bien pour se créer de l’espace. Son accélération n’est pas à tout casser, mais sa vitesse de pointe est assez bonne pour lui permettre de se séparer des défenseurs. Sa principale qualité demeure son tir foudroyant, dont la gâchette est trompeuse, ainsi que ses instincts offensifs. Lehkonen sait exactement comment marquer des buts, ce qui promet généralement de belles réussites au niveau supérieur.

Aller de l’avant  

Marc Bergevin aime répéter qu’il ne sert parfois à rien d’échanger un joueur puisque cela signifie obtenir une valeur égale en retour ou créer un trou dans son alignement.

Toutefois, il est viable de se servir d’un joueur comme monnaie d’échange lorsqu’on déniche un remplaçant qui lui sera probablement plus efficace dans la chaise qu’il occupait.

Artturi Lehkonen doit percer l’alignement du Canadien au sein des deux premiers trios et nulle part ailleurs. Si ce luxe ne peut lui être offert, une année supplémentaire en Suède sera à lui prescrire. La logique est toute simple: on n’apprend pas à un jeune à se comporter comme un top-6 autrement qu’en le développant de la sorte.

Fascinant, n’est-ce pas…

Où, dans le top-6? À gauche, Pacioretty est certes bien en selle. Mais on ne peut en dire autant de Lars Eller, qui a terminé l’année à l’aile sur le deuxième trio. Le Danois est, franchement, un excellent joueur de soutien lorsqu’il est employé à titre de troisième centre, confronté aux grosses pointures adverses. Ce qu’il n’est pas est un ailier gauche capable de produire à un rythme élevé. Bref, si Lehkonen a un poste à ravir, c’est bien celui du numéro 81, si ce dernier est à nouveau employé sur le flanc gauche. Et bien entendu, si un agent libre ne paraphe pas un contrat avec le Canadien.

À ce moment, il y aurait congestion au centre des trios trois et quatre: Eller, Desharnais et Mitchell joueraient du coude pour deux postes. Deux options s’offriraient à Marc Bergevin: sonder l’intérêt pour Eller sur le marché et utiliser Desharnais comme pivot offensif opposé à de modestes confrontations. Ou, à l’inverse, conserver le gros Danois dans sa niche de centre défensif pour donner un peu d’air à Plekanec et Galchenyuk.

Tout cela n’est qu’hypothétique, mais le scénario illustre bien à quel point la poussée concluante d’un jeune peut améliorer une équipe. Ceux qui ne livrent pas la marchandise dans leur chaise doivent céder leur place, ce qui a pour effet d’en décaler d’autres dans la hiérarchie. Au final, l’entraîneur est toujours gagnant.

En rafale
– Ce joueur de basketball de 29 ans joue dans une école secondaire parce qu’il ne connaît pas son âge. (25 Stanley)

– Lucian Bute a l’avantage d’avoir beaucoup d’expérience à l’approche de son combat pour le titre. (Montreal Gazette)

– Jonathan Quick? Vraiment? Quand on ne fait pas la distinction entre les résultats individuels et ceux obtenus en équipe… #Misère

Je vous pose plutôt cette question:

– La nouvelle vie de Mike Weaver et de son épouse. (RDS)

– Hum…

https://twitter.com/Sportsnet/status/725475535913148416

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