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Pacioretty et Subban: L’importance d’avoir des joueurs avec des caractères différents | Le leadership est une collaboration

On a été témoin le 9 janvier dernier, après la partie contre les Penguins, de ce qu’on pourrait appeler un autre chapitre dans « La saga Pacioretty – Subban ». La relation entre deux des principaux leaders du CH ne semble pas au beau fixe. Devrait-on s’inquiéter lorsque deux joueurs (et dans ce cas-ci, deux leaders) ne s’entendent pas à merveille ? Ou au contraire, est-ce qu’on « capote » pour pas grand-chose ?

Devrait-on s’inquiéter de cette mauvaise relation ?

À première vue, je ne crois pas, bien que nous n’ayons évidemment pas toutes les informations sur cette relation houleuse entre les deux joueurs. Les relations difficiles entre des joueurs d’une même équipe sont fréquentes (et normales). Il est impossible de bien s’entendre avec tout le monde et c’est la même chose pour les joueurs de hockey.

Ce qui inquiétait dans la situation de l’après-match contre Pittsburgh, c’est que Max semble incapable de le cacher devant les médias. Étant donné l’importance des deux joueurs, ils devront trouver un moyen de régler leurs différends avant que cela n’affecte la dynamique du groupe (si ce n’est pas déjà fait).

Les joueurs ne sont pas obligés de tous bien s’entendre entre eux. Par contre, ce sont des professionnels et s’ils ont un différend avec un coéquipier, ils doivent le régler entre eux. Surtout qu’ici nous avons affaire au meilleur défenseur et au meilleur attaquant de l’équipe et à deux pièces importantes du noyau de l’équipe.

L’importance d’avoir des joueurs avec des personnalités différentes dans une équipe.

L’année dernière, j’ai eu la chance d’assister à une conférence de Sylvain Guimond, qui est consultant en psychologie du sport auprès du Canadiens. Il nous a parlé de l’importance d’avoir des joueurs avec des traits de personnalité différents dans une équipe.

Subban et Pacioretty, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, sont très différents et n’ont définitivement pas la même manière de travailler. Subban a énormément d’énergie, il aime « s’activer » avant une partie en sautant sur place et il parle beaucoup. Pacioretty, sans être le gars le plus réservé, n’est pas non plus celui qui parle le plus dans le vestiaire et il préfère montrer l’exemple. C’est sa façon d’être un leader.

Cette différence entre les deux joueurs n’est pas problématique en soi mais devrait plutôt être perçu comme une richesse. Ce que Sylvain Guimond disait, lors de la conférence à laquelle j’ai assistée, c’est qu’un équilibre est nécessaire dans une équipe au niveau des traits de personnalité. Prenons par exemple l’introversion et l’extraversion.  Une équipe remplie de joueurs introvertis serait problématique car personne ne serait là pour prendre la parole dans le vestiaire lorsque ça va mal pour l’équipe. L’ambiance serait surement assez « plate » entre les périodes. Imaginez 23 joueurs qui ont la personnalité de Markov ou de Plekanec. D’un autre côté, si tous les joueurs seraient extravertis, on peut facilement imaginer la perte de contrôle que cela pourrait engendrer. Lorsqu’on parle des joueurs extravertis avec le Canadiens de Montréal, on peut penser à Subban, Weise, Gallagher et Beaulieu. On peut d’ailleurs remarquer sur les pages Instagram de ces  derniers que ces joueurs sont souvent ensemble à l’extérieur de la patinoire. Il y a aussi des joueurs qui se situent à quelque part au milieu du continuum et qui ont des traits extravertis et introvertis. Ces joueurs contribuent aussi à établir un équilibre.

C’est la même chose pour d’autres traits de personnalité. Certains joueurs ont un haut niveau d’anxiété avant chaque partie mais avoir un « clown » dans l’équipe permettra de détendre tout le monde. Ou encore, lorsqu’un joueur a un niveau de motivation plus bas pour une raison quelconque, il peut être utile d’avoir un coéquipier qui a une énergie contagieuse.

Chaque joueur qui fait partie de l’organisation en ce moment n’est pas là par hasard. Ne croyez pas que Bergevin et les autres membres de l’organisation ignorent cette importance d’avoir des individus différents les uns des autres. Sylvain Guimond, lors de sa conférence, nous a dit que lorsque Bergevin a rejoint le Canadiens à titre de directeur général, ce dernier et les autres membres important de l’organisation ont parlé de chaque joueur afin de déterminer lesquels étaient intouchables, lesquels ils voulaient garder et quels joueurs devraient partir.

Ils savent aussi quel type de personne peut être nuisible à la cohésion et à la dynamique de l’équipe. Kassian, par exemple, a probablement été considéré comme un potentiel « leader négatif » et ce, même s’il a suivi le programme de désintoxication proposée par la LNH et qu’il a indiqué vouloir s’en sortir et reprendre sa carrière en main.

Dans le contexte actuel, où les trois quarts de la ville réclament que Bergevin fasse un échange, il s’agit d’un facteur qu’il ne faut pas négliger. L’ajout et le départ d’un ou de plusieurs joueurs n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Il est vrai qu’une transaction importante permet souvent de fouetter l’équipe mais qu’arrive-t-il lorsque le ou les joueurs qui arrivent ne s’accordent pas très bien avec les autres membres de l’équipe? Ou encore avec le style de jeu de l’entraîneur? Ceux qui dissocient les performances sur la glace et ce qui se passe à l’extérieur font une grave erreur selon moi. L’être humain, peu importe son niveau d’excellence et son talent, ne fonctionne pas ainsi.

Le leadership
Lors du premier épisode de la nouvelle saison de 24CH, un passage m’a interpellé. Il s’agit des paroles de Max Pacioretty, qui parle du rôle de leader :

« Chaque joueur apporte à l’équipe une personnalité et une touche que je n’ai pas nécessairement. Ça facilite la tâche de tout le monde. Le leadership est une collaboration et je crois que nous réussissons à faire en sorte que tout le monde y mette du sien. »

Le capitaine l’a dit lui-même : le leadership est une collaboration. Max est un capitaine qui prêche par l’exemple. Il n’est pas celui qui parle le plus mais s’il a quelque chose à dire, il le fera. Subban, de son côté, n’a pas la langue dans sa poche et il aime motiver ses coéquipiers. Ils ont besoin l’un de l’autre car ils ont chacun leur propre rôle.

Un autre passage m’a apparu important dans cet épisode de 24CH. Voici ce que la mère de Pacioretty avait à dire de ce dernier sur sa façon d’être un leader :

« Il a une façon de diriger par l’intermédiaire des autres joueurs. »

Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire? Diriger par l’intermédiaire d’autres joueurs peut signifier que lorsqu’un message doit passer, le capitaine fait appel à un autre joueur pour le faire passer. Pacioretty connait ses limites. Il sait qu’il n’est pas nécessairement celui qui est le mieux placé pour faire un grand « speech » avant ou après un match. Il préfère montrer l’exemple en ayant une éthique de travail irréprochable et en faisant ce qu’il fait le mieux : compter des buts et contribuer aux succès de l’équipe.

Subban, de son côté a un rôle différent. Il est celui qui va faire rire les autres, il est excellent pour motiver ses coéquipiers mais il doit faire attention à ne pas trop en faire autant sur la glace qu’à l’extérieur. Il s’agit de son principal défaut. Sur la glace, il tente de tout faire seul pour marquer le gros but, qui fera gagner son équipe. À l’extérieur, il aime quand les caméras sont braquées sur lui et il tente tellement de motiver ses coéquipiers que cela peut en déranger certains.

Mais le Canadiens de Montréal a besoin autant de l’un que de l’autre. S’il y a vraiment un problème entre les deux joueurs, celui-ci se règlera à l’interne (si ce n’est pas déjà fait). Il s’agit ici d’une des plus prestigieuses équipe de hockey professionnelle et celle-ci ne peut se permettre un conflit entre deux de ses meilleurs joueurs. Heureusement pour les deux joueurs, avec toute l’histoire entourant Galchenyuk, les médias et les fans du CH ont déjà oublié cet épisode.

Francis Lapointe
Collaborateur occasionnel doctorant en psychologie se spécialisant dans le sport.

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