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Et si P.K. Subban s’appelait Kris Letang?

La comparaison est trop belle pour la passer sous silence.

Samedi soir dernier, on s’en rappellera, Kris Letang a été tout simplement magistral au Centre Bell. Il a récolté 4 mentions d’assistance. Il était partout sur la glace. On dirait qu’il flottait, qu’il avait toujours la rondelle.

Mais bon, il a terminé la rencontre à -2 et il a mal paru sur le but de Pacioretty lorsqu’il s’est fait avoir comme un pee-wee par le jeune Gallagher qui est revenu couper devant le filet sous ses yeux.

Or, il fallait entendre les oh! et les ah! de tout le monde à RDS autant pendant la description du match que pendant l’Antichambre qui a suivi. Tout ce beau monde, avec raison, a minimisé le -2 de Letang et passé sous silence son mauvais jeu sur le but de Pacioretty.

Letang, redisons-le, a été sensationnel samedi dernier et il est présentement le meneur dans la course au Norris. Il méritait tous ces éloges et il méritait que l’on minimise et mette en perspectives ses petites erreurs.

P.K. Subban est-il si différent de Kris Letang?

Une couverture médiatique douteuse
Mais plus ça va, moins je comprends le traitement très mitigé, voire injuste que reçoit P.K. Subban dans les médias d’ici, on va dire surtout dans les médias francophones, incluant les blogues et les médias traditionnels. Remarquez que plusieurs joueurs francophones reçoivent régulièrement ou ont reçu des traitements douteux dans les médias anglophones. Desharnais et Brisebois, entre autres.

Mais restons-en à P.K.


Prenons hier soir contre les Hurricanes, par exemple. Sur un jeu banal,
pour éviter l’interception ou un tir bloqué en zone offensive, P.K., alors à la ligne bleue, effectue une passe diagonale surélevée vers Plekanec positionné sur le bord du filet à droite. Pierre Houde estime que le jeu est « complètement raté ». Or, Plekanec a pourtant eu une bonne chance de faire un jeu avec cette rondelle qu’il aurait très bien pu intercepter avec son gant ou son corps.

Un peu avant, au retour du premier entracte, après qu’il eut passé plus de 10 minutes sur la patinoire en première période et effectué une passe lumineuse de 80 pieds à Prust (passe qui a complètement été passée sous silence), une sortie de zone magistrale qui a finalement mené au but de Gorges, Pierre Houde ne trouve rien de mieux à dire que Subban a encore des « petites choses à apprendre » et qu’un jour, « quand il aura maîtrisé toutes les facettes, il en mettra plein la vue».

Je pensais rêver! N’est-il pas déjà le défenseur #1 du club?

Plus tard, en troisième, lorsque P.K. va finalement marquer le but qui allait tuer les Canes, Marc Denis lance un « il a un tir puissant et depuis quelques matchs il frappe la cible ». Depuis quelques matchs? Il les a fait en quelques matchs ses 51 tirs? Vrai qu’il en a fait plus dernièrement (20 à ses 5 derniers), mais n’est-ce pas simplement parce qu’il joue plus souvent depuis la blessure de Diaz?

Le but que venait de marquer Subban en avantage numérique était pourtant clairement signé par un joueur qui a l’instinct du tueur, un joueur qui veut la rondelle quand la pression est grande, un joueur qui veut faire la différence. N’aurait-il pas été plus pertinent de souligner cet aspect? De valoriser davantage Subban?

La passe de Markov était une fois de plus très belle, mais très peu de joueurs dans la LNH sont capables de tirs comme ceux-là. Que serait une très belle passe sans un tel tir? Juste une belle passe.

Bang! Crack! Boum! Ting! En dedans du poteau. Un tir intimidant comme il y y en a peu, un tir qui ne laisse aucune chance au gardien et qui rend les joueurs adverses de plus en plus hésitants à se placer devant.

Mais ça, on ne le dit pas trop fort, ça serait lui donner trop de crédit…

Et puis, il y a l’inimitable Gaston Therrien qui en rajoute une couche à l’Antichambre avec sa manchette « Si Gorges le fait… », en soulignant que P.K. devrait lui aussi se pointer plus souvent à l’attaque comme… Josh Gorges!

Bein voyons don’ Gaston!

Parlons-nous vraiment de Josh Gorges, le défenseur qui a fait ça trois ou quatre fois depuis qu’il est avec le Canadien? Et ce n’est pas la même gang de RDS qui disait en début de saison que P.K. était trop ci et trop ça et qu’il devait garder son jeu simple?

Faudrait vous décider messieurs!

Même chose dans La Presse dans les évaluations de Pierre Ladouceur qui le trouve souvent « pris hors position » en défensive, ce qui « complique la tâche des son partenaire »…

Avez-vous vu joué Kris Letang samedi messieurs? Vous l’avez aimé, hein? Tient-il toujours sa position, Kris Letang? Les joueurs qui veulent la rondelle tiennent-ils toujours leur position?

Ahhhh, euhhhhhhh, hmmmmmmm.

Il faut analyser les faits, pas répéter des préjugés!
Et arrêtons de dire et répéter faussement que P.K. tire tout croche et que ses lancers se ramassent trop souvent dans la baie vitrée. Du pur délire.

Je ne me rappelle même pas du dernier tir de Subban qui est allé directement dans la baie vitrée sans dévier au passage. Et vous? Peut-être une ou deux fois cette année? Peut-être.

Subban tire presque toujours à 1 pied, 1 pied et demi de la glace. Avez-vous remarqué le nombre de joueurs qui reçoivent ses tirs sur les chevilles et avec quel type de tirs il marque ses buts et combien de buts sont inscrits sur les retours de ses lancers?

Oublions donc tous les préjugés, les faits sont donc les suivants : Subban a 6 buts, 9 passes, 15 points, 51 tirs et il montre un différentiel de +1 en 18 matchs.

Les défenseurs qui ont une moyenne de trois tirs par matchs (2,83) et qui marquent un but à chaque trois matchs, il n’y en a pas des tonnes dans la LNH.

C’est simple, vérification faite, seul Erik Karlsson est supérieur à Subban à ce chapitre. Karlsson, qui gagne 6,5 M$, avait 6 buts et 61 tirs en 14 matchs avant d’être blessé par Matt Cooke.

Keith Yandle, qui gagne 5 M$, est le seul autre défenseur avec une  moyenne de trois tirs au but par match (3,04), mais il n’a que 5 buts en 24 matchs…

Donc, avec un peu de logique, on en déduit que P.K. Subban ne doit pas tirer « à côté » du but si souvent que ça ; il est co-meneur chez les buteurs à la ligne bleue et vient au 3e rang dans la moyenne de tirs au but cadrés par match! Il doit pogner le but une fois de temps en temps!

Bon, Subban se fait encore bloquer trop de tirs? Ok. Ça c’est vrai. Ça c’est une critique justifiée.

Il pourrait faire plus de feintes puis se déplacer et utiliser davantage son tir du poignet pour tirer à côté des « bloqueurs » adverses. Il pourrait aussi passer un peu plus souvent au lieu de lancer. Ça viendra. Il s’ajuste et s’améliore à chaque match.

Mais lorsqu’on constate que Subban, qui a manqué les 6 premiers matchs, est présentement le 8e marqueur chez les défenseurs et le troisième – derrière seulement Kris Letang et Tobias Enstrom (blessé après 13 matchs) – pour la moyenne de points par match (0.83), les petits détails techniques sont à mettre en perspective.

Parmi l’élite
Tout indique que P.K. Subban est à l’heure actuelle dans le
top 10 des meilleurs défenseurs de la LNH. Je mets quiconque au défi de l’en exclure et de trouver 10 meilleurs défenseur que lui en ce moment. Il joue présentement le meilleur hockey de sa carrière.

Les statistiques de Subban sont impressionnantes. Son jeu est très solide dans l’ensemble. Il peut tout faire sur la patinoire. On peine à lui trouver des défauts. Même ses lobes sont précis et bien calculés!

Et tout ça, ne l’oublions surtout pas, après être arrivé « en retard » en début de saison, dans un vestiaire plutôt hostile à son endroit, avec une tonne de pression sur les épaules suite à une mini-grève controversée et la signature hypermédiatisée de son fameux contrat.

Oui, Subban a des balls. Ça en prend en titi pour performer à Montréal, des balls.

En passant, ce contrat se veut le deal du siècle pour Bergevin, qui avec cette seule signature nous a peut-être montré qu’il avait l’étoffe pour devenir un grand directeur-général.

Il paye présentement Subban comme s’il était un 4e-5e défenseur. Il a fait sauver plus de 5 millions de dollars sur deux ans à Molson. Subban vaut environ 6 millions dans le marché actuel. Une farce.

Tiens, c’est drôle, je viens d’avoir une petite pensée pour le contrat et les statistiques de Doughty cette saison (7 M$, 0 but, 10 passes, -5, en 22 matchs)…

Bref, tout ça m’amène  à ceci : Que dirait-on de P.K. Subban, 23 ans, s’il s’appelait Kris Letang, ou Drew Doughty ou Oliver Ekman-Larsson, s’il avait la peau blanche, s’il avait un style de vie un peu moins flamboyant hors glace, s’il était moins bavard, s’il recherchait moins les caméras, s’il était moins actif sur les réseaux sociaux, s’il en menait moins large, s’il dérangeait moins nos stéréotypes?

On dirait sans doute que c’est tout un joueur de hockey. On le louangerait. On passerait sous silence ses petites erreurs causées par sa fougue et son style de jeu naturel.

Et surtout, on se compterait chanceux de l’avoir à Montréal.

Drôle quand même, hein?

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