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Victor Mete : le nouvel exemple d’une vieille tendance

Ma vision n’est certes pas aussi aiguisée que celle des pigeons avec lesquels je partageais le dernier palier de gradins du Centre Bell hier soir, mais la distance n’aura pas suffi à dissiper l’anomalie qui se donnait en spectacle sur la glace. Le petit nouveau, Victor Mete, a dû délaisser l’agréable compagnie de Shea Weber (et de tous les autres défenseurs avec qui il a été jumelé jusqu’ici) pour celle de Byron Froese et Jacob de la Rose… sur la quatrième unité offensive. C’est là une habitude, fâcheuse ou pas, vers laquelle le Canadien tend plus souvent qu’à son tour depuis quelques années.

Il faut dire que la situation de mardi soir en était une des plus particulières. La maladie soudaine de Mitchell et son timing inopportun ont forcé la main à Claude Julien. L’expérience n’était guère planifiée et ne s’est pas éternisée au-delà des deux premiers tiers du match, mais elle inspirait un drôle d’air de déjà-vu. Les plus frais exemples à notre mémoire collective risquent d’être ceux de Yannick Weber et Raphaël Diaz, et le plus marquant celui de Mark Streit. Contrairement au cas Mete, les trois précédents étaient prémédités.

Mais il n’y a pas que des hockeyeurs d’origine suisse à qui l’organisation montréalaise a fait chaussé des souliers qui ne convenaient pas à leurs pieds. Marc-André Bergeron et Mathieu Dandenault y ont passé, eux aussi. Le dernier de la liste fût assurément moins déstabilisé, lui qui a joué tout son hockey pré-LNH en tant qu’attaquant, avant d’être muté au poste de défenseur par Scotty Bowman.

Par-delà les frontières québécoises, on trouve des exemples qui reluisent davantage. En tête de liste : Brent Burns. Même si son nom se retrouve officiellement dans la colonne des défenseurs chez les Sharks, l’homme à la barbe flamboyante a terrorisé plus d’un gardien en portant son chapeau d’attaquant. La versatilité de Burns sert encore très bien Peter DeBoer, lui qui semble avoir la même facilité à noircir la feuille de pointage à l’avant qu’à l’arrière.

Comme si peser plus de 230 livres était un pré-requis pour réussir la transition, le deuxième meilleur exemple actuel se nomme Dustin Byfuglien. Le joueur des Jets a joué la majeure partie de son hockey manitobain à sa position naturelle, mais il a fait beaucoup de dommage en tant qu’attaquant, lorsqu’il évoluait pour les Blackhawks. Ses 16 points amassés en 22 matchs éliminatoires lors de la conquête de 2010 parlent d’eux-mêmes. Peu importe son utilisation, big buff donne toujours du fil à retorde à ceux qui ne partagent pas son uniforme (presque autant qu’à mon moi de 12 ans qui essayais de prononcer son nom).

Un joueur qu’on préfère dans son équipe… peu importe la position.

En reculant le cadran de quelques années, on remarque que plusieurs autres hockeyeurs se sont épanouis dans cet art de la polyvalence. Phil Housley et Sergei Fedorov, entre autres, y ont excellé. Le maître incontesté toutefois, ce semble être Red Kelly. Le membre du temple de la renommée s’est vu décerné le trophée Norris alors qu’il s’alignait pour Detroit, avant de participer activement aux lointaines conquêtes de la Coupe Stanley des Leafs, dans les années 60. Il possédait de justesse le nombre de doigts nécessaire au port simultané de ses huit bagues de championnat. Si le nom de ce joueur sonne autre chose que la cloche du néant en vos souvenirs, vous êtes soit des connaisseurs beaucoup plus raffinés que je ne le serai jamais, soit d’un âge très avancé, soit morts. La dernière option se mariant difficilement à la lecture de ce texte, je penche vers les deux premières.

Le futur pourrait amener avec lui son lot de situations similaires. L’attaquant Nicolas Deslauriers s’est entraîné quelques fois à titre de défenseur depuis son arrivée avec le Rocket de Laval, lui qui a joué une bonne partie de son hockey junior dans cette chaise. Qui sait, peut-être ce bagage supplémentaire lui permettra-t-il de recevoir un appel du grand club dans un avenir plus rapproché, et peut-être la perception de bien des fans tricolores vis-à-vis cette tendance sera renouvelée.

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