Top-15 des espoirs du CH : Classement estival revu et corrigé
Crédit: Getty Images

Le camp d'entraînement est terminé depuis déjà trois semaines et on a depuis eu le temps de voir les jeunes de l'organisation à l'œuvre dans différentes ligues.

C'est donc le temps pour la traditionnelle révision de notre classement estival des espoirs les plus importants du Canadien!

Y aura-t-il de gros changements? La réponse courte : oui, quand même!

1. Ivan Demidov (2)

On avait donné la première position par respect à Hutson il y a quelques mois. Le petit #48 venait de remporter le Calder et il méritait cet honneur. Puis, à partir de ce qu'il avait eu le temps de nous montrer à son arrivée le printemps dernier, une commande semblable nous semblait un peu élevée pour Demidov en vue de la présente saison. Pouvait-il nous montrer un potentiel supérieur à Hutson et nous laisser entrevoir un impact éventuellement supérieur à celui du petit Américain au sein du club?

Or, avec l'été d'entraînement qu'a connu Demidov, le Russe est vraiment passé à la vitesse supérieure dans tous les sens du terme. Beaucoup plus solide sur patins, plus vif, un véritable magicien avec la rondelle, Demidov ajoute déjà une dimension vraiment spéciale à l'offensive du Canadien et, à 19 ans, ce n'est que le «début du commencement».

Le nouveau membre de la première unité de l'avantage numérique nous montre de plus en plus qu'il a tout le talent et la volonté pour devenir LE « joueur concession » du Canadien, ce qui remplirait sa promesse audacieuse faite aux dirigeants en amont du repêchage en 2024. Il semble clairement voué à une carrière digne des Kaprizov et Kucherov de ce monde. Du moins, il n'est certainement pas en retard sur eux au même âge. Tout ça dans son propre style. Pas à dire, cette génération de fans sera plus gâtée que les précédentes…

Donc, oui je crois que Demidov aura éventuellement un plus grand impact que Hutson dans les succès de cette équipe. Mais c'est très serré…

2. Lane Hutson (1)

Hutson a peut-être perdu de justesse son premier rang, mais lui aussi nous paraît encore meilleur et plus solide en ce début de saison. Il a clairement démontré ses intentions d'utiliser davantage son lancer et on le voit rarement perdre ses batailles pour la rondelle. Son agilité et son utilisation de son bâton nettement supérieures à la moyenne compensent amplement pour les kilos en moins qu'il concède à ses opposants.

Un travailleur acharné qui semblent vivre avec des patins aux pieds, il demeure le dynamo à la ligne bleue. Mais l'arrivée et la polyvalence de Noah Dobson lui enlèvent quand même un peu d'importance (d'impact) au sein de la brigade défensive, sans oublier l'excellent et increvable Mike Matheson qui continue d'avaler les minutes comme si de rien n'était. Si Matheson prolonge sa carrière à Montréal, Hutson deviendrait probablement le seul défenseur supervedette de la LNH à ne pas jouer en désavantage numérique, du moins pas avant un certain temps… Un statut particulier, mais ce ne serait pas parce qu'il ne peut pas le faire.

3. Juraj Slafkovsky (3)

Celui qu'on se plait de plus en plus à surnommer « le Gros », demeure un joueur très spécial et important pour l'organisation. Slafkovsky, toujours 21 ans, a déjà plus de 200 matchs derrière la cravate dans la LNH et son identité devient de plus en plus claire. Le Slovaque est à son meilleur lorsqu'il joue « pesant », avec rythme et, je rajouterais, un peu « fâché ». C'est en jouant de cette façon qu'il est en train devenir sous nos yeux un des meilleurs attaquants de puissance de la LNH, un joueur extrêmement efficace en défensive et en échec avant, ainsi qu'en récupération de rondelle, batailles remportées le long des rampes et devant le filet.

Il est un peu bizarre de dire que Slaf est un bon passeur alors qu'il n'a encore aucune passe à sa fiche en ce début de saison, mais il se débrouille fort bien dans ce département également. Cela dit, on ne pense pas qu'il développe un jour une touche de marqueur à la Rantanen. Mais « le Gros » pourrait certainement marquer entre 25 et 35 buts buts plutôt « laids  » annuellement en se postant devant le filet tout en devenant presque aussi complet sur 200 pieds que l'était son compatriote Marian Hossa.

Certains en voudront toujours plus d'un 1er choix au total et regardent sans doute les prouesses de Logan Cooley avec envie. Mais le CH a repêché Slafkovsky pour qu'il devienne une importante pièce du casse-tête par sa présence physique, son caractère et ses aptitudes spéciales. Et c'est en plein ça qu'il a obtenu.

4. Alexander Zharovsky (7)

Est-ce qu'il y a déjà des clubs qui regrettent de ne pas avoir« sélecté » Zharovsky en juin dernier? Chose certaine, celui que le Tricolore a choisi au 34e rang – mais qu'il voyait en milieu de première ronde – n'a certainement rien fait jusqu'ici pour décevoir ses futurs patrons en Amérique du Nord. Auteur de 9 points en 11 matchs, le jeune Zharovsky suit les traces de son compatriote Ivan Demidov dans la KHL. Si celui qui s'aligne avec le club de Ufa m'apparaît un peu moins agile et dynamique que son illustre compatriote, le fait qu'on ose le comparer stylistiquement au #93 en dit quand même long sur son potentiel…

En plus d'excellentes mains, Zharovsky possède un très bon sens du jeu et, comme Demidov, il ne craint pas d'attaquer les zones payantes. Le Tricolore semble donc bel et bien avoir un autre attaquant top-6 dans sa banque d'espoirs.

Le fait qu'on semble maintenant enclin à le faire jouer au centre à UFA sous la supervision de coach Kozlov lui a même fait gagner un échelon supplémentaire à la dernière minute dans ce classement. Hage est plus costaud et demeure un bien meilleur patineur. Mais étant donné que Zharovsky est gaucher et que son sens du jeu ainsi que son niveau de compétition m'apparaissent plus élevés, je le classe maintenant devant Hage. Le Russe deviendrait, ni plus ni moins, le seul centre gaucher de grand talent de l'organisation et pourrait ainsi rendre caduque l'idée d'acquérir un 2e centre gaucher à long terme.

5. Michael Hage (5)

Connaissant un début de saison spectaculaire au Michigan (14 pts en 8 matchs, +3), Hage est plus fort physiquement grâce aux neuf livres de muscle qu'il a gagné. Il est aussi un peu plus rapide, lui qui l'était déjà pas mal! La situation du Canadien au centre étant ce qu'elle est, le développement de Michael Hage à cette position demeure très important pour l'organisation.

Si le passé est garant de l'avenir, il ne faudrait vraiment pas se surprendre de le voir aboutir à Montréal à la fin de sa deuxième saison dans la NCAA, où il s'affaire à devenir un joueur plus complet. À moins d'une certaine surprise, je ne crois pas que les fans du Rocket auront la chance de voir le talent et les prouesses de Michael Hage à la Place Bell.

6. David Reinbacher (4)
Parce qu'il demeure un défenseur droitier complet avec un assez haut potentiel, Reinbacher a probablement encore une plus grande valeur d'échange que Hage et Zharovsky au moment d'écrire ces lignes. Mais parce que depuis l'acquisition de Dobson, le CH pourrait l'échanger demain matin sans vraiment diminuer ses espoirs de devenir un club prétendant, je crois que la valeur d'usage de Reinbacher a considérablement chuté à Montréal.

Dobson sera finalement le défenseur top-2 que le Canadien espérait probablement en Reinbacher lorsqu'il a été choisi au 5e rang en 2023. Si Matheson poursuit bel et bien son parcours à Montréal, ça laisserait en temps et lieu une chaise de 4e défenseur ouverte pour l'Autrichien au côté de Hutson, ce qui offrirait au CH l'opportunité de faire jouer Guhle sur une troisième paire en compagnie de Carrier. Le gros luxe! Mais étant donné que Hutson excelle à droite, c'est aussi un luxe que l'organisation peut se permettre de sacrifier.  Ainsi, Reinbacher ou Guhle pour du renfort à une autre position, comme le poste de 2e centre?

Je ne dis pas que c'est ça qui va arriver, mais j'ouvre cette possibilité.

7. Jakub Dobes (11)

Il est présentement trop tôt pour dire que Dobes est passé devant Montembault, mais disons que si la tendance se maintient, le Tchèque se donnera de bons arguments. Et s'il supplante Montembault lors des prochains mois, voire des prochaines semaines, il se retrouvera lui aussi dans la conversation pour le Trophée Calder remis à la recrue de l'année.

Peu importe le potentiel alléchant de Fowler, les gardiens étant de drôles de « bibittes », je vais prendre celui de 6'4, pas beaucoup plus vieux, qui est déjà capable de dominer dans la LNH avant celui qui en est encore au stade de « projet ». Sans avoir perdu son côté « gamer » et sa douce arrogance, Dobes est beaucoup plus en contrôle devant le filet cette saison et n'accorde à peu près pas de retours. Reste à voir si sa séquence actuelle sera plus durable que celle de décembre et janvier derniers…

8. Zachary Bolduc (6)

Qu'on retrouve un attaquant qui est sur une séquence de plus de 40 buts sur 82 matchs depuis le Tournoi des 4 nations aussi bas sur cette liste ne peut dire que deux choses : soit je suis dans le champ, soit le pipeline de jeunes espoirs du CH est drôlement impressionnant!

Bolduc, 106 matchs d'expérience dans la LNH, n'a toujours pas encore atteint son plein potentiel et on ne sait toujours pas sur quel trio il évoluera à Montréal lorsque tous les pions seront en place. Son jeu à 5 contre 5 nous apparaît encore un peu inconstant. Fort comme il est, il pourrait développer encore davantage son côté power forward. Ce que l'on sait cependant, c'est qu'il possède une meilleur dégaine que Slafkovsky comme tireur gaucher et que ce dernier, récemment placé dans le rôle de bumper à la place de Bolduc sur la 1ère unité, est mieux d'en mettre quelques-unes dedans assez rapidement…

9. Jacob Fowler (8)
Le jeune Fowler demeure un espoir de premier plan dans les buts et ce, pas juste à Montréal, mais au niveau de toute la LNH. Tous les experts en gardiens le classent parmi les cinq plus beaux espoirs à sa position, certains le placent même au 2e rang derrière Yaroslav Askarov… Il est tout à fait possible qu'il retrouve sa place devant Dobes lors de notre prochain classement, mais il devra commencer par connaître une saison dominante à Laval et souhaiter que Dobes refroidisse un brin pour que ça arrive.

10. Oliver Kapanen (mention honorable)
Mettez ça dans la catégorie « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras », mais Kapanen – classé tout juste en dehors de notre top 15 cet été – doit maintenant être placé devant des joueurs qui en ont maintenant beaucoup plus que lui à prouver. On ne pense pas qu'il va conserver son rythme actuel au niveau des buts, ni qu'il sera le centre à temps plein de Demidov pour encore bien longtemps, mais Kapanen actualise présentement le potentiel optimal qu'on voyait en lui, soit celui d'un troisième centre de qualité dans une bonne équipe ou de quatrième centre dans un club champion.

Joueur très intelligent au positionnement impeccable partout sur la glace, le Finlandais a considérablement augmenté sa valeur d'usage dans les derniers mois, mais aussi sa valeur d'échange… Pourrait-il être le Heineman de 25-26 et être inclus dans un échange pour un plus gros poisson? En attendant, avec un Dach à la santé fragile, Kapanen rend d'excellents services à l'équipe et peut-être qu'on voudra en sacrifier d'autres avant lui…

11. L. J. Mooney (9)
« Little John » connaît un bon début à sa première saison à l'Université du Minnesota et peut prendre tout son temps pour s'y développer. Petit joueur de centre/ailier droit ultra-dynamique et créatif, sans pour autant être un joueur de périphérie, il sera intéressant de voir s'il pourra demeurer près d'une production d'un point par match tout en demeurant efficace en défensive. Voilà un « dard » qui pourrait payer en 4e ronde. Mooney a clairement le talent d'un joueur de première ronde et je serais très surpris qu'il n'atteigne pas la LNH. Dans le « style », il est beaucoup plus dynamique, rapide et fort physiquement que Farrell et Mesar au même âge. Son style peut même rappeler celui de son cousin, Logan Cooley…

12. Hayden Paupanekis (10)
Il aurait été intéressant de voir Paupanekis au vrai camp. Malheureusement, une mononucléose l'a forcé à l'inactivité pendant un mois. Il faudra donc laisser un peu de temps à cette force de la nature afin de retrouver son rythme dans la WHL pour se faire une meilleure idée de sa progression. Mais, pour l'instant, le coup d'accélérateur donné par Kapanen, un des joueurs que le Manitobain devra dépasser dans la hiérarchie, lui a fait perdre quelques rangs… Cela dit, « Big Paupi », 6'5, 205 lbs, rapide et plutôt agile, demeure un très beau projet. Un coffre à outils bien rempli, mettons.

13. Florian Xhekaj (13)

À bon droit, sans doute que certains placeraient Florian un peu plus haut sur cette liste. L'espoir à l'attaque le plus truculent de l'organisation conserve une importance aisément digne du top-15. Gros centre gaucher, intimidant et courageux, il apporte des ingrédients uniques qui seront sans doute fort utiles dans la LNH quand le jeu devient plus viril. Mais même si on lui reconnaît des qualités offensives et un bon sens du jeu, on doit se rappeler que l'identité du CH ne tournera jamais autour de lui et qu'il sera au mieux un bon attaquant de 4e trio qui jouera une dizaine de minutes par match.

14. Bryce Pickford (15)

Légèrement blessé lors du camp, Pickford en est un autre qu'on aurait aimé voir à l'œuvre avec et contre ses pairs. Mais l'Albertain n'a pas tardé à poursuivre son travail de démolition de la WHL à son retour au jeu en tant que capitaine des Tigers de Medecine Hat. Meneur incontesté de ce club qui a perdu les services de Gavin McKenna, Cayden Lindstrom, Ryder Ritchie, Andrew Basha et Oasis Wiesblatt, Pickford semble bien parti pour tenir le fort avec ses 7 buts et 11 points en 11 matchs…

Le robuste, solide et talentueux arrière au tir dévastateur recevra-t-il une invitation de dernière minute pour le CMJ? À suivre… Cela dit, ne partons évidemment pas en peur avec les défenseurs de la WHL de 19 ans qui produisent en masse dans cette ligue au jeu un peu plus ouvert… Mais le fait qu'il soit droitier lui donne un petit avantage sur celui qui va clore ce top-15…

15. Adam Engstrom (12)
Il a connu de bons moments ici et là et ne joue pas du mauvais hockey pour le Rocket depuis le début de la saison, mais Engstrom n'a pas exactement poursuivi sur sa lancée des dernières séries au camp du Canadien. On a un peu revu le défenseur un peu timide, à l'identité incertaine qui ne réussit pas vraiment à s'imposer sur une base constante. À bientôt 22 ans dans quelques semaines, personne n'a encore lancé la serviette dans son cas, mais disons qu'il doit vraiment profiter de son statut enviable à Laval et de l'absence de Reinbacher pour casser la baraque et se mériter un rappel à Montréal dès cette saison. Sinon, puisqu'on semble enclin à prolonger le contrat de Matheson, un arrière plus expérimenté dans son style, Engstrom demeure une assez belle monnaie d'échange.

Mentions honorables
Owen Beck (14e, supplanté par Kapanen dans un style comparable)
Owen Protz (gardez à l'oeil ce train aux mauvaises intentions! Je l'aime lui!)
Joshua Roy (probable monnaie d'échange, pas vraiment de futur pour lui à Montréal)
Filp Mesar (il a progressé, mais même situation que Roy)

Conclusion
Donc, on projette ou on se dit « deux tiens vaut mieux que deux tu l'auras »?

C'est souvent ça la question lorsque vient le temps de comparer des jeunes joueurs déjà établis dans la LNH, à d'autres qui y sont depuis moins longtemps et d'autres encore dans les rangs inférieurs.

Ainsi, si on projette, on peut penser que Demidov sera un peu plus important aux succès du CH que Hutson et ce dernier un peu plus que Slafkovsky.

Disons simplement qu'à peu près tout le reste de la LNH prendrait ce trio de jeunes de 21 ans et moins avant le leur!

On fait aussi le pari que les Hage, Zharovsky et Reinbacher seront des acteurs qui auront de plus gros rôles que Bolduc.

Mais, dans d'autres cas la projection est beaucoup moins certaine et on préfère légèrement ce que nous apporte déjà les Dobes et Kapanen si on les compare aux Fowler, Paupanekis, Xhekaj et Beck.

Enfin, c'est quand même hallucinant de penser qu'au moins 11 de ces joueurs connaîtront de longues carrières dans la LNH, et je ne parierais pas contre les chances des Mooney, Paupanekis, Pickford et Engstrom…