Pendant que nos voisins du sud (à l'aube d'une guerre civile?) continuent à se tirer dessus quotidiennement et à s'enfoncer de plus en plus dans une démocratie pour imbéciles plus ou moins avertis, au nord de la frontière, dans nos « deux solitudes », bien tranquilles dans le « confort et l'indifférence », on se questionne frénétiquement sur le sort de deux gloires nationales.
Si le premier ministre Mark Carney a déridé la salle cette semaine dans le dossier contractuel de Connor McDavid qui s'aligne avec ses Montagnes Rocheuses « ses Oilers », tout le Québec sportif n'en a présentement que pour « Sid the Kid », la grande vedette de la génération précédente, bien aimé des gens d'ici.
Ainsi, je ne serai pas très original et ajouterai une fois de plus mon grain de sel à ce douillet débat – qu'on a encore le luxe de se permettre – entourant la possible venue de Crosby avec le CH.
Ça fait depuis 2023 que je parle (sérieusement) d'une éventuelle venue de Sidney Crosby à Montréal. J'en ai encore discuté en 2024, et une fois de plus le printemps dernier après l'élimination du Tricolore aux mains des Caps.
Mais, considérant l'état des lieux à Pittsburgh, et à l'aube de son dernier contrat de deux ans qui le mènera aux portes de la quarantaine, la tentation de quitter la déprimante banquise des Penguins pour des contrées plus verdoyantes doit se faire de plus en plus forte.
Le principale intéressé et son agent semblent du moins montrer une ouverture qu'on ne leur connaissait pas dans ce dossier.
Il n'en fallait donc pas plus pour que l'univers médiatique sportif s'emballe une fois de plus. Et quand ça s'emballe, il y en a toujours qui pèsent plus fort sur les pitons ou qui parle plus fort dans le micro!
« Ça va coûter cher! Plus cher! Encore plus cher! Si vous pensez que ça ne coûtera pas cher, vous êtes dans les patates ! »
Etc.
Présumant que Hughes veut « beaucoup gagner », McGuire estime que CH devrait donner un peu plus que David Reinbacher, Michael Hage et un choix de première ronde pour convaincre Dubas de lui céder Sidney Crosby.
What should Kent Hughes be willing to trade in an attempt to acquire Sidney Crosby?
Pierre McGuire: « I think they want established ‘A' level prospects, so I would look at it as a 3-component prospect deal »#GoHabsGo #thesickpodcast @TonyMarinaro pic.twitter.com/I20iUv9gVA
— The Sick Podcast with Tony Marinaro (@thesickpodcasts) September 10, 2025
Selon moi, même si c'est déjà un peu « moins pire » que les quatre choix de premiers tours dont certains (Martin Biron) parlaient au printemps, ça n'a toujours pas beaucoup de sens.
Aussi bon soit-il, Crosby a 38 ans et il ne lui reste peut-être que deux saisons dans la LNH. En plus, c'est probablement lui qui va décider à 100% de sa prochaine destination s'il devait en arriver là.
Ça enlève pas mal de pouvoir de négociation à son boss, ça!
Hughes a beau vouloir gagner « badly », si Crosby veut effectivement jouer à Montréal, je ne crois pas qu'il ait à donner ça pour soumettre une offre tout à fait acceptable aux Penguins.
Si les Penguins sont prêts à bouger maintenant, pour que la transaction fasse du sens au niveau comptable, le CH pourrait devoir inclure un Dach ou un Newhook qu'il saupoudrerait d'un espoir de qualité comme Engstrom ou L.J. Mooney (qui vient de la région de Pittsburgh!), et d'un choix de première ronde.
Mais si le CH et les Penguins décident d'attendre plus tard en saison, Hughes pourrait n'avoir qu'à céder, disons, deux choix de premières rondes lors des deux prochains repêchages, accompagnés des mêmes Engstrom ou Mooney. Vous pouvez changer les noms pour Roy, Struble, Kapanen, si vous voulez.
Encore au tout début de son processus de reconstruction, Dubas, qui a déjà repêché trois fois en première ronde en 2025, ne sortirait pas de là les mains vides. Surtout si on pense qu'il continuerait d'augmenter ses chances de repêcher les McKenna, Dupont et Schultz lors des trois prochains repêchages.
« Ben voyons Patoine, c'est pas assez! C'est Crosby!»
Le calcul n'est pourtant pas bien compliqué à faire et on n'a pas à chercher bien loin pour établir un comparable assez probant.
Pas plus tard que cet été, Hughes et Gorton n'ont seulement eu qu'à donner deux choix de premier tour et Emil Heineman pour obtenir un défenseur étoile de 6'4, 25 ans, présentant une moyenne de 52 points lors des quatre dernières saisons, et avec qui ils ont pu s'entendre pour huit ans!
Pas deux là, huit!
Le fait que Dobson voulait poursuivre sa carrière à Montréal au détriment de Columbus a clairement aidé Hughes dans ses négos. Pourquoi ça serait différent pour Crosby?
Les Jackets pouvaient sans doute soumettre une offre au moins aussi bonne que le CH aux Islanders, mais à la condition que Dobson s'entende avec eux pour huit ans.
On connaît la suite.
Mathieu Darche a donc dû accepter l'offre du CH. Une offre raisonnable, certes, mais somme toute assez modeste pour un défenseur étoile de 25 ans, quand on y pense…
Un autre exemple?
L'hiver dernier, Brad Marchand, 37 ans, joueur autonome à l'été, voulait être échangé en Floride.
Résultats des courses : ça été fait. En retour les Bruins ont dû se contenter d'un choix conditionnel de deuxième ronde qui est devenu un choix de 1ère suite aux prouesses en séries de Marchand et des Panthers.
Marchand n'est pas Crosby, je comprends. Mais quand même. Parce que Marchand pouvait décider de sa destination, les Panthers ont obtenu un des meilleurs ailiers des 15 dernières années, un joueur encore capable d'être très productif, pour une bouchée de pain.
Dans cette logique, bien sûr que Dubas pourrait toujours demander si Reinbacher et Hage sont disponibles – qui sait, peut-être que Hughes pourrait plier pour un des deux – mais Dubas ne sera pas en mesure d'exiger les deux coûte que coûte si le souhait de Crosby est de jouer à Montréal et aucune autre formation.
Dans ce cas, le DG des Penguins pourrait fort bien devoir se rabattre sur une offre comparable (au moins l'équivalent de deux choix de premier tour), mais pas aussi bonne qu'une proposition incluant Hage ET Reinbacher, surtout s'il veut reconstruire plus rapidement avec des espoirs un peu plus mûrs.
Bien sûr, si Crosby se montre également ouvert à jouer au Colorado (ou ailleurs) et que les dirigeants là-bas sont prêts à se départir de, disons, Martin Necas, ce serait une autre histoire. Ça pourrait devenir un scénario de surenchère.
Mais on n'en est pas là.
Et l'idée ne plaît pas nécessairement à tout le monde au Colorado…