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Si on lui avait demandé de développer au lieu de gagner, Dominique Ducharme aurait écouté

Depuis que Dominique Ducharme a été congédié par le Canadien plus tôt cette année, il s’est fait très discret dans les médias. On l’avait vu à son tournoi de golf, où il avait piqué un brin de jasette aux médias, mais dans l’ensemble, il est resté assez silencieux.

Et je ne lui reproche en rien son silence : c’est son droit et il faut le respecter.

C’est pourquoi j’ai été surpris aujourd’hui en voyant que Marc-Antoine Godin, d’Athlétique Montréal, a publié un entretien exclusif avec l’ancien entraîneur-chef du Canadien.

Durant son entretien avec Godin, Ducharme revient notamment sur la saison 2021-22, qui n’a pas été évidente. Les nombreuses blessures, les cas de COVID-19 et la perte de leaders et de joueurs importants au sein du groupe a fait mal, si bien que le CH s’est rapidement retrouvé dans les bas-fonds du classement.

Mais malgré tout, Ducharme ne sentait pas qu’il avait le pouvoir de décider que la victoire n’était plus importante. C’est pourquoi il s’accrochait à l’espoir de gagner malgré tout et qu’il continuait d’essayer de donner beaucoup de temps de jeu à des vétérans, et ce, même si l’équipe n’avait tout simplement pas le niveau pour gagner de façon régulière.

Godin note, par exemple, le fait qu’Alex Belzile obtenait plus de temps de jeu à Montréal que Cole Caufield à un certain moment.

Or, Ducharme explique que si Kent Hughes et Jeff Gorton s’étaient assis avec lui pour leur dire qu’il fallait désormais prioriser le développement des jeunes plutôt que de gagner des matchs, il aurait ajusté ses façons de faire. Un gars comme Caufield, par exemple, aurait retrouvé de plus grosses responsabilités avec le grand club.

Et parlant de Caufield, Ducharme avoue qu’il a entendu les commentaires comme quoi il avait privé le jeune franc-tireur du trophée Calder. Lui aussi aurait aimé voir Caufield inscrire une quarantaine de buts, mais considérant tous les déboires de l’équipe en début de saison (ainsi que les siens), le #22 s’est retrouvé dans une « spirale ». Il a également pris le temps de souligner le fait qu’il n’a jamais eu un conflit personnel avec un joueur en particulier durant son passage, que ce soit Jeff Petry ou un autre.

Ducharme ne diminue en rien l’impact de Martin St-Louis sur la résurgence de Caufield (et de plusieurs autres joueurs) suite à son départ, mais il croit que l’arrivée du nouvel entraîneur a diminué la pression de gagner sur les gars et que c’est une grosse partie de l’explication derrière le retour en force de l’équipe. Sans pression de gagner, les gars étaient plus libres, après tout.

Sans la pression de gagner, il a pu laisser parler son jeu sur la glace.
(Crédit: Capture d’écran/Twitter)

Quand on s’arrête pour y réfléchir, l’explication de Ducharme est tout à fait logique. Si je reviens encore sur le cas de Caufield, on sent que ses insuccès en début de saison avaient le poids d’une tonne de briques sur ses épaules. Or, avec le changement d’entraîneur (et son petit séjour dans son Wisconsin natal), Caufield a pu profiter d’un « nouveau départ » dans lequel la victoire n’était plus la priorité absolue, si bien qu’il a pu laisser parler son jeu sans trop se mettre de pression sur les épaules. Et visiblement, ça a eu un impact positif sur le jeune attaquant.

Ducharme note également que, comparativement à lui, le CH sous Martin St-Louis avait droit à des « victoires morales ». Les attentes étaient différentes envers les deux entraîneurs, et clairement, ça a joué contre Ducharme.

Ceci dit, ce dernier ne regrette pas son passage à Montréal, et mis à part quelques petits aspects, il n’aurait pas changé beaucoup de choses. Il espère qu’éventuellement, on se souviendra de lui comme étant « l’entraîneur ayant mené l’équipe en finale en 2021 » et il a vécu de très beaux moments. Il en a aussi connu de moins beaux, par contre, et il semble un peu soulagé que sa famille n’ait plus à subir les contrecoups de son emploi.

J’ai tendance à croire qu’une fois la poussière retombée, on se souviendra de Ducharme pour les bonnes raisons. Il est arrivé dans des conditions difficiles, a amené l’équipe en finale, a eu une situation encore plus difficile l’année suivante et a été maintenu dans le flou par les nouveaux dirigeants suite à son arrivée.

Non, il n’est peut-être pas l’un des meilleurs entraîneurs que le CH ait jamais connu, mais il n’en demeure pas moins qu’il a fait un bon boulot dans les circonstances.

Je vous invite fortement à lire l’entretien complet de Godin avec Ducharme (que je vous remets ICI) pour en apprendre encore plus sur l’ancien entraîneur-chef du Canadien. Il y a du très bon contenu là-dedans et c’est de la belle job, vraiment.

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