Rémi Garde aux commandes

Joey Saputo n’a pas déçu quelque deux semaines après avoir promis aux supporters de l’Impact de Montréal un nouvel entraîneur-chef d’envergure, alors qu’il a officialisé en conférence de presse la nomination du français Rémi Garde.

Le président avait promis un entraîneur-chef «désigné», et c’est ce qu’il a livré.

Rémi Garde est entré comme milieu défensif au centre de formation de l’Olympique de Lyon en France dès 1980. Il a intégré l’équipe première en 1987 et en est devenu capitaine, tout comme il l’a fait ensuite avec Arsenal au milieu des années 1990. Avec les Gunners, il développe une amitié avec Patrick Vieira, aujourd’hui entraîneur du NYCFC et surtout l’un de ceux qui a convaincu Garde de faire le saut de l’autre côté de l’Atlantique. Il y rencontre également Arsène Wenger, qui voit en lui un futur entraîneur et lui partage sa vision d’un jeu offensif, positif.

C’est naturellement que Garde devient entraîneur dès 2003. Il revient à Lyon comme adjoint à de grands noms comme Paul Le Guen ou Gérard Houiller. Il devient manager de l’équipe première en 2011, remportant notamment la Coupe de France en 2012 ainsi qu’un Trophée des Champions. Il quitte de son propre gré quelques années plus tard et accepte une mission impossible à Aston Villa en joignant en novembre un club déjà en difficultés et en étant capable de le sauver de la relégation. Il quitte donc d’un commun accord quelque 5 mois après son embauche, et est sans emploi depuis. Il a été pressenti pour de nombreux postes entre-temps, notamment au Standard de Liège en Belgique et plus récemment à Everton, mais c’est finalement l’Impact de Montréal qu’il choisit.

On retiendra beaucoup de son séjour à Lyon, tant comme entraîneur que comme formateur à l’Académie, où il a notamment aidé des Benzema, Lacazette, Pjanic, et j’en passe, à développer leur plein potentiel. Cela s’est traduit dans son style de manager, où il a su intégrer les jeunes de l’Académie dans son schéma et a maintenu l’OL dans le top 5 de la Ligue 1 malgré un budget très serré. Cette partie de son expérience sera très, très, importante à Montréal.

C’était une longue conférence de presse, une des plus longues que je me souvienne avec l’Impact de Montréal. Un optimisme certain y régnait. Rémi Garde est charismatique, il a probablement l’un des meilleurs CV en MLS et son expérience parle pour lui. Il est aussi très, très francophone, ce qui fera plaisir à plusieurs. Il a même eu de la difficulté à comprendre certaines questions posées en anglais…

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Au-delà des trop nombreuses questions sur sa découverte de Montréal et sa connaissance de la ville, on a surtout appris que même si le premier contact s’est établi depuis déjà longtemps entre Joey Saputo et Rémi Garde, ce dernier a une connaissance encore limitée de l’effectif montréalais. Son vrai travail débute seulement maintenant, alors qu’il prendra le temps nécessaire pour évaluer les joueurs de l’équipe première tout comme ceux de l’Académie.

Même son staff demeure entièrement à créer, et il a ouvert la porte à y intégrer un adjoint qui connait bien la MLS et pourra l’aider à s’y adapter. Il ne faut pas oublier qu’il existe une différence entre le foot qui se joue en Europe et celui qui se joue ici, et Rémi Garde aura besoin de temps et de conseils pour bien s’y intégrer.

« J’aime bien évaluer les gens, me faire une idée, a-t-il mentionné en conférence de presse. Je ne veux pas débarquer ici avec des certitudes qui peut-être ne fonctionneront pas. Je vais m’adapter, par rapport à mes habitudes de travail, à mes exigences. »

Rémi Garde se qualifie de pragmatique, ce qui me semble une excellente mentalité à avoir au moment de débarquer dans une nouvelle organisation, un nouveau championnat. Une mentalité qui se transmet dans le style de jeu et le système qu’il préconise.

« De par mes années à Lyon, je pratique un jeu offensif, basé sur la possession du ballon. Tu veux avoir le ballon, tu te fatigues moins, c’est plus facile de courir quand tu as la possession. Mais si tu n’as pas les joueurs pour jouer ce style, ça ne sert à rien, il faut t’adapter. »

Il est également encourageant dans un secteur qui agace bon nombre de partisans, le recrutement. Sans offrir trop de détails sur l’étendue de son rôle et surtout sans discréditer ses prédécesseurs (et/ou Nick De Santis…), il laisse entendre qu’il pourra également servir à ce niveau.

« Il n’est pas question pour moi de faire table rase du passé, de ne pas profiter des connexions italiennes ou argentines. Je n’ai aucun problème avec ça, j’aime beaucoup le tempérament des sud-américains. Mais j’ai évidemment des réseaux, avec qui j’ai pu travailler. On parle surtout d’agents, donc ça ouvre la porte à de nouveaux horizons. »

Rémi Garde prend bien soin, on le sent, d’affirmer sa nouvelle autorité, tout en s’assurant de ne pas débarquer ici et de tout chambouler. Il reconnaît la structure déjà en place et contribuera à la bonifier. Ses rapports avec l’Académie devraient également aller en ce sens, même s’il relativise les comparaisons qu’on peut faire avec une académie aux bases solides comme celle de Lyon.

« Si je peux aider Philippe [Eullafroy] à faire évoluer l’Académie, ce sera aussi ma mission. Évidemment, ça prend du temps. Il y a une certaine inertie avant que ça ne porte fruit. Mais je serai bien heureux de faire participer Philippe et son équipe de mon expérience. »

Rémi Garde pourra servir l’Impact dans tous les domaines. De l’entraînement au recrutement en passant par le développement.

Celui qui déménagera très prochainement à Montréal a déjà beaucoup de pain sur la planche. Il devra évaluer son effectif, construire son staff, se préparer pour le mercato du mois de janvier et, déjà, la nouvelle saison sera à nos portes.

Cette annonce ne change en rien les ambitions de Joey. Il ne voit pas cela comme une reconstruction, mais comme une façon de solidifier ses bases, sa structure, et de déjà viser pour le sommet.

Rémi Garde devra s’adapter à la MLS et à tout ce qu’elle implique. Déjà, à peine 5 minutes après sa nomination, il offrait un commentaire sur la qualité de l’arbitrage en Amérique, ce qui en dit long… Il a historiquement eu certaines difficultés avec la presse en Europe, où on affirmait qu’il n’aimait pas beaucoup les conférences de presse. Est-ce qu’il aura de la difficultés avec certains journalistes? Comment gèrera-t-il les conférences d’après-match, les journalistes dans le vestiaire ?

Beaucoup de questions demeurent, surtout au niveau de l’effectif qui devra être rapidement évalué. J’avoue tout de même être optimiste, et très heureux de l’investissement que vient de réaliser Joey Saputo. Une organisation qui a du succès émane d’un excellent leadership, d’une tête forte, ambitieuse, qui commande le respect.

Tout porte à croire que c’est ce qu’a réussi à obtenir Saputo avec l’embauche de Rémi Garde. Êtes-vous séduits?

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