Publicité sur le chandail : concrètement, pendant un match, ça change quoi?

Hier, il s’est passé ben des affaires à Montréal dans l’entourage du Canadien. Pour en avoir un aperçu, vous n’avez qu’à défiler nos textes de la veille pour voir qui a dit quoi au tournoi de golf du club.

Mais en gros, si je devais résumer la journée en deux secondes, je dirais que le logo de RBC se retrouve maintenant sur le chandail du Canadien et que la direction a choisi de nommer Nick Suzuki comme capitaine du club.

La première nouvelle a évidemment été l’objet de nombreuses critiques, mais disons que de nommer le capitaine 45 minutes plus tard a permis à la nouvelle de la publicité de passer un peu dans le beurre.

Mais malgré tout, la pub de RBC a fait jaser par bien du monde.

Évidemment, ce qu’il faut considérer, c’est le fait que le CH ne pouvait pas gagner en annonçant une telle nouvelle. Au mieux, les gens comprennent… mais ça ne veut pas dire qu’ils sont satisfaits.

Et au pire, les gens détestent.

À ce sujet, la chronique de Patrick Lagacé, hier dans La Presse, a eu énormément d’écho. Ils sont plusieurs à penser que le chandail du CH est sacré et que d’y apposer une publicité était comme vendre son âme au diable – mes mots, pas les siens.

Ça a évidemment rejoint bien du monde.

Fondamentalement, je ne suis pas en désaccord avec lui. Il est vrai que le chandail du Canadien est plus prestigieux que celui des Panthers ou des Hurricanes (en tout respect aux deux équipes) dans la LNH.

Il est vrai qu’il aurait été bien de ne pas voir de publicité pour le message que cela aurait lancé.

Ceci dit, je ne compte pas lancer la première pierre à Geoff Molson. Pourquoi?

Parce que le proprio a profité, comme plusieurs de ses homologues, de son droit d’aller chercher plus d’argent. Dans notre société de consommation, il est normal, à mes yeux, de voir un proprio qui a été grandement affecté par la pandémie aller chercher des revenus de plus.

Est-ce que j’aime voir le chandail du Canadien être « souillé » d’une publicité? La réponse est non. Comme tout le monde, j’aurais préféré qu’il n’y en ait pas et que ça reste comme avant.

Mais concrètement, ça ne change rien à mon expérience hockey. Je suis de la catégorie de ceux qui comprennent, mais qui espèrent que le chandail ne deviendra pas, un jour, comme ceux en Europe.

Le Canadien va être aussi poche en 2022-2023, et ce, avec ou sans publicité. Et pendant ce temps-là, Geoff Molson va pouvoir aller chercher plus de revenus, lui qui n’a pas hésité à investir dans le club depuis quelques années, autant sur la glace qu’hors de la glace.

Et même s’il est riche et qu’il a plus peur de la fin du monde que de la fin du mois, faire de l’argent, généralement, les hommes d’affaires ne disent pas non. Le sport évolue, comme l’a dit Yvon Pedneault.

L’être humain, par nature, est réfractaire au changement. Annoncer que la publicité débarque sur les chandails a été un gros coup pour bien des gens, mais encore une fois, ça ne change pas l’expérience hockey.

Comme pour les autres publicités, on va collectivement s’en remettre et ça prendra seulement l’importance qu’on voudra bien lui donner. Si tout le monde en fait tout un plat, ça deviendra un enjeu.

Mes proches diront que je ne suis pas le plus observateur du lot, mais quand je regarde un match, je ne remarque pas les publicités sur les casques, celles sur les bandes… ni même le gars au chandail vert fluo derrière le but.

Ce que je remarque? La belle passe de Nick Suzuki, le gros jeu défensif de Joel Edmundson ou l’arrêt de Jake Allen. Je parle ici des aspects qui, sur la glace, ont un impact.

D’ailleurs, un aspect dont on doit parler dans tout ça, c’est le fait que le CH n’a pas été hypocrite.

Imaginez si Geoff Molson avait affirmé vouloir garder le chandail du Canadien sacré. Tout le monde aurait été satisfait de sa prise de position et on aurait vanté tout ce qui est, depuis hier, critiqué.

Imaginez maintenant si, en 2027, il avait changé d’idée. Ça aurait chialé – et avec raison.

Mais là, le CH est conséquent avec ses propos. Geoff Molson a affirmé que les 32 équipes ont accepté d’ouvrir la porte à la publicité sur les chandails et le CH s’est trouvé un revenu d’appoint sans avoir à changer quoi que ce soit au niveau hockey en général.

Dans une LNH qui n’est plus aussi pure qu’avant (un mot à la mode depuis hier pour parler du chandail du Canadien), il faut noter que la game a changé. La LNH a changé, et ce, autant hors de la glace (aspect commercial) que sur la glace (loyauté des joueurs, salaire des gars).

If you want loyalty, buy a dog, comme disait Marc Bergevin.

Prolongation

Si la LNH veut vraiment monter le plafond salarial dans les prochaines années, question de (finalement) se sortir des contrecoups de la pandémie, il faut trouver de nouvelles sources de revenus.

Et encore une fois : même si j’aimerais mieux ne pas voir de jaune sur le chandail Bleu-Blanc-Rouge du Canadien, voir le logo de RBC ne change pas grand chose à l’aspect hockey sur la glace – la raison pour laquelle on se rend au Centre Bell.

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