Quand Marie-Claude Savard est arrivée sur le terrain en tant que journaliste qui couvrait le Canadien pour le compte de Radio-Canada, elle a vécu de nombreuses difficultés.
Elle savait, en acceptant un tel poste, qu’il allait y avoir des difficultés. Après tout, les femmes dans les vestiaires n’avaient pas la vie facile puisque c’était un milieu d’hommes – qui était déjà toxique à la base, à ses yeux.
À l’époque, Chantal Machabée n’était pas encore sur le terrain (elle lisait les nouvelles), pour ceux qui veulent se situer.
Tout ça pour dire que Marie-Claude Savard, qui s’est fait proposer le poste en sachant très bien que cela allait être difficile si elle acceptait, a pédalé pas mal pour rester à niveau.
Sans internet à portée de main, elle devait tout savoir par cœur pour garder sa crédibilité. Après tout, comme elle le raconte à Jerr Allain, au What’s Up Podcast, les autres journalistes profitaient de chacune de ses erreurs pour la planter.
Et ça, c’est quand ils ne lui faisaient pas des jambettes pour qu’elle fasse des erreurs.
Par exemple? Les journalistes ont commencé à faire des entrevues avec les joueurs dans les douches. Elle n’y allait évidemment pas, ce qui faisait en sorte qu’elle n’avait pas accès au même matériel que les autres.
Selon ce qu’elle a raconté dans le podcast, Réjean Tremblay était parmi ceux qui lui mettaient des bâtons dans les roues en parlant d’elle (en mal) dans ses chroniques. Elle raconte aussi qu’avec Michel Villeneuve, c’était épique.
Dans l’ombre, bien des gens voulaient aussi qu’elle soit ailleurs.
Donald Beauchamp, qui travaillait aux communications chez le Canadien, a aussi été un obstacle de taille, selon ce que Marie-Claude Savard a raconté. Pourquoi? Parce qu’il lui a déjà caché des informations pour l’empêcher de bien faire son travail.
La première fois qu’elle a couvert une conférence de presse pour le Canadien, Beauchamp ne l’a pas aidé. Elle lui a demandé ce qu’elle devait faire et l’employé du Canadien ne lui a pas dit que le vestiaire était ouvert pour parler aux joueurs.
Elle l’a appris après avoir parlé à l’entraîneur. Elle ne l’a pas su avant parce qu’elle n’avait pas demandé spécifiquement si le vestiaire était ouvert pour parler aux joueurs.
Elle a donc illégalement parlé aux joueurs (elle n’avait pas le choix : elle ouvrait le bulletin de nouvelles le soir) par la suite dans le stationnement et elle s’est fait critiquer pour ça. Mais elle ne l’aurait pas fait si elle avait su que le vestiaire était ouvert quand elle a demandé de se faire guider.
Ça, c’était mon quotidien.
J’étais tout le temps sur le qui-vive de (…) je suis-tu en train de manquer quelque chose. Je n’avais pas de collaboration. – Marie-Claude Savard
Mais quand même : ce n’était pas simple.
Par exemple? Quand Michel Villeneuve, un gars de l’extérieur, avait été embauché pour animer une émission de sports le soir à LCN, cela lui avait fait de la peine. Elle pensait qu’elle méritait sa chance, mais personne ne lui a demandé si elle était intéressée.
Et disons que selon ce que rapporte la principale intéressée, Villeneuve n’était pas le plus humble par rapport à tout ça. Quand il a croisé la journaliste, il lui a dit ceci :
Heille, salut la p’tite!
T’as beau gagner des trophées, mais c’est pas toi qui a les grosses jobs, hein? – Michel Villeneuve à Marie-Claude Savard
Quand est venu le temps pour lui de passer une entrevue à Salut Bonjour pour parler de son émission, il a demandé à ce que ce ne soit pas fait par Marie-Claude Savard. Elle a cependant réussi à le piéger pour qu’il soit obligé d’être en ondes avec elle. Parce que c’était sa job de l’interviewer, à la base.
L’arrivée de Chantal Machabée chez le Canadien et l’avancement des mentalités auront aidé à faire changer les choses.