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Loyal au bleu, blanc, rouge… ou vert ?

À une ère où le concept de loyauté envers une organisation s’apparente de plus en plus à un mythe, rares se font les joueurs qui ne prêtent allégeance qu’à une seule et même équipe tout au long de leur carrière. Il est toujours difficile de prédire l’identité de ceux qui feront preuve d’une telle loyauté, mais quelques indices aident à s’en faire une idée. Une analyse du genre permet entre autres de prédire une place à Carey Price dans le même groupe sélect que son cousin nouvellement retiré.

Il fait à tout le moins partie de la liste des neufs joueurs les plus susceptibles de mettre un terme à leur carrière vêtus du même uniforme avec lequel ils l’ont amorcée. Celle-ci a été publiée ce matin par Sportsnet dans le cadre de l’annonce de la retraite de Shane Doan, après une prolifique carrière de 21 saisons, toutes jouées dans le désert de l’Arizona (ou presque puisque l’équipe était à Winnipeg avant d’être relocalisée).

Son amour pour l’endroit et celui que portent envers lui les quelques fans de la région ont certainement pesé dans la balance pour l’ancien capitaine des Coyotes, lui qui, malgré la présence environnante de plusieurs autres équipes professionnelles, y a été élu l’athlète le plus populaire en 2015. Un simple coup d’œil au vidéo précédant la liste émise par Sportsnet suffit pour prendre conscience de l’ampleur de l’impact que le numéro 19 aura eu sur cette communauté.

Crédit Photo : NHL.com

Qu’est-ce qui, de nos jours, motive un joueur à jouer tout son hockey pour la même formation ? Des exemples comme celui de Doan, bien que rares, permettent d’écarter l’hypothèse monétaire. Mais dans la majorité des cas, le vert semble davantage guider les hockeyeurs que les couleurs de leur uniforme. L’ailier droit de 40 ans, avec les statistiques impressionnantes qu’il a su compiler depuis son arrivée dans la LNH, aurait certainement pu obtenir plus d’argent ailleurs en testant le marché des joueurs autonomes en cours de route. C’est d’ailleurs cette tentation qui en fait dévier plus d’un des équipes qui les ont repêchés.

Les fans du tricolore ont été nombreux à critiquer la décision d’Alexander Radulov cet été. D’autres ont rétorqué qu’il ne devait rien au CH et qu’il serait ridicule de lui en vouloir. Il ne s’agit pas de savoir lequel des deux partis a raison, mais plutôt de réaliser que cette ligue est une business. Les joueurs de hockey n’ont pas toujours été aussi grassement payés, et leur allégeance était autrefois motivée par d’autres facteurs. Dans le hockey moderne, celui de l’argent prédomine, et pas seulement pour les joueurs. Une équipe, avant de faire plaisir à ses fans ou à ses employés, doit être rentable. Un hockeyeur, avant de penser aux intérêts de qui que ce soit, pensera d’abord aux siens. Pourquoi en ferait-il autrement, si tout autour fonctionne de la sorte ?

Carey Price partage bien le sang de Shane Doan, mais il est impossible de déterminer si les raisons qui l’ont poussé à signer un nouveau pacte à Montréal sont similaires à celles qui ont autrefois motivé son cousin. Il est tout aussi ardu de faire une telle prédiction pour les huit autres joueurs mentionnés par Sportsnet, soit les frères Sedin, Henrik Lundqvist, Henrik Zetterberg, Sidney Crosby, Steven Stamkos, Alex Ovechkin et Connor McDavid.

Qui sait si le numéro 31 ne sera pas piqué par le même genre d’envie que Daniel Alfredsson à la fin de son contrat si comme lui, il a déjà les poches bien remplies mais toujours pas de bague au doigt. Serait-ce mal ? Non. Est-ce souhaitable ? Non plus. Est-ce triste que le hockey soit autant régi par l’argent ? Un peu. Mais les joueurs comme Doan sont des exceptions, et il est peut-être injuste d’attendre de tous une loyauté aussi exemplaire…

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