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La LNH n’a pas besoin des Nordiques | En rafale

On entend et on lit des tonnes de propos concernant l’exclusion (ou la non-inclusion) des Nordiques dans la prochaine expansion de la LNH. Si un paquet de fans sont déçus, tristes ou offusqués, de plus en plus d’analystes tentent de comprendre la logique derrière cette décision des gouverneurs.

Entendons-nous d’abord sur certaines choses, les raisons sont nombreuses, les nuances ne sont pas toutes claires et peu importe ce qui en ressortira, plusieurs personnes trouveront que la décision n’est pas la bonne malgré tout. Qui plus est, les probabilités qu’on réussisse à connaître les détails exacts ayant mené au choix d’écarter (pour l’instant) la candidature de Québec sont plutôt faibles.

Nonobstant la proverbiale opacité des communications entre la LNH et ses fans, il n’en reste pas moins que certains éléments peuvent nous orienter vers la compréhension de la situation. Des insiders connus ont commencé à glaner de l’information ici et là. Et cette semaine, John Shannon du réseau Sportsnet a osé lancer ce que plusieurs analystes au Québec n’ont jamais voulu dire ou voir : le plan d’affaires de Québécor est incomplet. Et la question principale qui est soulevée est la suivante : D’où viendront les gros sous?

Voyons cela plus en détail.

1- L’intérêt des fans

Mettons une chose au clair, personne ne met en doute l’intérêt des gens de Québec pour les Nordiques. Personne – pas même Gary Bettman (et Geoff Molson) – ne pensent que les amateurs de Québec ne sont pas en mesure de supporter une équipe de la LNH à court comme à long terme. Le Centre Vidéotron sera plein et tout le monde le sait.
Alors ceux qui y voient une attaque personnelle, vous faites complètement fausse route.

2- Les infrastructures

L’amphithéâtre, la structure organisationnelle pour vendre et faire rayonner le produit, les futurs employés, etc., tout est de niveau élite pour accueillir et faire fonctionner la future organisation des Nordiques. Encore une fois, la LNH ne remet rien de tout cela en question.

3- L’importance du marché

Ici on commence à entrer dans les données qui ont un impact sur la qualité d’une candidature. Pour évaluer l’importance d’un marché, il faut d’abord en connaître l’envergure. On le fait en évaluant l’ampleur des aires urbaines.

On définit une aire urbaine différemment selon qu’on soit dans un pays ou un autre, mais on peut généralement comprendre qu’il s’agit d’une région formée d’un noyau urbain et des agglomérations voisines dont les activités économiques et administratives sont intégrées. Il arrive qu’une aire urbaine intègre des agglomérations de deux pays lorsque le noyau se situe près de la frontière, comme par exemple Détroit-Windsor.

Donc, en observant les différentes aires urbaines d’Amérique du nord, on obtient le portrait suivant pour les équipes de la LNH :

Pas besoin de la tête à Papineau pour voir que le marché de Québec est réellement petit, même en comparaison avec d’autres marchés étudiés pour une possible expansion. Mais le marché ne correspond pas seulement au nombre de ses habitants. Il correspond à un potentiel de revenus supplémentaires.

À cet effet, il est intéressant d’observer l’activité économique d’un marché pour en reconnaître le potentiel. Pour illustrer le niveau d’activité économique des différents marchés actuels et potentiels de la LNH, j’ai recensé le PIB de chacune des aires urbaines. Et où est Québec?

 

4- Chaque chose a son prix

Est-ce que Las Vegas a autant de chance de remplir son aréna de fans finis des Black Knights que Québec le ferait avec ses Nordiques? Absolument pas. Les Nordiques attireront plus de monde dans leur aréna, feront probablement vendre plus de chandail à long terme et il y aura plus de monde devant le petit écran pour les regarder jouer que l’équipe du Nevada. Mais cet engouement n’est pas tout.

Il faut savoir qu’actuellement, la LNH tire ses revenus à plus de 80% de sources locales (revenus non partagés entre les équipes) qu’il s’agisse de la vente des billets, la publicité sur les bandes, les droits de télévision régionaux, etc.

Québec vendra probablement 18 259 billets pour chacun de ses matchs. Mais à quel prix? En 2015, la moyenne du prix d’un billet pour un match de la LNH était de 162,96$. À noter qu’à l’exception de Winnipeg, les six autres équipes canadiennes étaient au-dessus de la moyenne et cinq des six endroits les plus coûteux pour assister à un match étaient situés au nord de la frontière. La demande étant certainement plus forte de ce côté-ci, la loi du marché opère. On peut donc penser que les Nordiques arriveront à vendre ses billets à un prix qui leur permettra de s’en tirer. Mais pour combien de temps?

En ce qui a trait aux droits télé régionaux, ça se complique toutefois. D’abord parce que le deal que RDS a avec les Canadiens et qui rapporte plus de 60 M$ par année à l’organisation montréalaise n’existe pas encore pour les Nordiques. Dans le contexte où Québécor sera propriétaire, on peut supposer que cette dernière tentera d’obtenir les droits de diffusion régionaux. Mais, encore une fois, à quel prix? 60 M$ par année? Pas certain de ça.

Mais peu importe, c’est de l’argent qui part d’une poche vers l’autre me direz-vous. Sauf que ce n’est pas aussi clair que ça pour les autres propriétaires qui doivent subventionner les équipes déficitaires.

Mais RDS pourrait faire une grosse offre aussi et permettre aux Nordiques d’obtenir de gros sous. Sauf que RDS n’aura pas la place sur sa grille pour présenter 60 ou même 40 matchs des Nordiques. À moins qu’ils le fassent sur RDS2 et si c’était le cas, ça vaudrait pas mal moins. Bref, il y aura de belles discussions et des gros dollars en jeu pour la nouvelle concession. Du moins tant que l’entente actuelle qui prévaut pour encore 11 ans sera en vigueur.

Et la publicité dans tout ça? Ça reste à voir, mais historiquement ça a toujours coûté moins cher d’acheter de la pub à Québec qu’à Montréal. Un autre élément qui fera en sorte que les coffres des Nordiques se rempliront moins que ceux des Canadiens.

5- La ruée vers l’ouest

Il est important de souligner qu’à l’exception de Québec tous les marchés potentiels sont situés dans la partie ouest du continent, selon le découpage géographique des équipes de la LNH. A-t-on besoin de rappeler qu’en incluant Las Vegas, il y a encore un déséquilibre 16-15 en faveur de l’Est et qu’il y a certainement un intérêt à vouloir ajouter une équipe du côté Ouest.

Ce n’était pas un hasard si un déséquilibre a été créé lors du remaniement des divisions en 2014. La LNH prévoyait une expansion vers l’ouest. D’abord parce que les gros marché inexploités y sont situés et parce que les équipes de l’ouest doivent dépenser pas mal plus que les équipes de l’est pour voyager. En ajoutant des équipes dans l’ouest, la LNH aide les organisations qui y jouent.

6- De l’argent nouveau

Comme mentionné plus haut, 80% des revenus de la LNH viennent de sources locales. Et cet aspect de la business du hockey le rend particulier en comparaison à la NFL, la NBA et la MLB. Ces ligues ont des ententes de diffusion nationales et de commandite qui rapportent d’importantes sommes. Plus importantes que pour la LNH.

Par exemple, annuellement aux États-Unis, les revenus des droits de télévision des différents sports majeurs se détaillent comme suit :

NFL      6,3 milliards $
MLB      1,5 milliards $
NBA      930 millions $
LNH      200 millions $ (si on ajoute le contrat avec Rogers, on parle de 615 M$)
MLS       90 millions $

D’ailleurs, MLB Advanced Media, la branche techno du baseball majeur, verse annuellement (depuis cette saison) la somme de 100 M$ à la LNH pour opérer son site Web et offrir les matchs de la LNH à l’extérieur des marchés locaux via NHL GameCenter Live et NHL Center Ice. C’est notamment ce genre de deal qui fait en sorte que des équipes qui perdent de l’argent annuellement prennent tout de même de la valeur. Et c’est ce genre de deals qui ont le potentiel de faire augmenter de manière exponentielle la valeur d’une ligue et de ses équipes.

Et pour que le plan de Bettman (et ses amis propriétaires de clubs de la LNH) fonctionne, ces ententes doivent rapporter. Et pour que ça arrive, il faut que les matchs soient vus par un maximum de personnes. Malheureusement pour Québec, les fans des Nordiques ne représentent pas des nouveaux clients, ni un marché à conquérir. Alors que l’ouest des États-Unis, oui. Pour augmenter le potentiel de revenus, il faut augmenter le bassin de nouveaux clients potentiels. Et c’est là tout le nœud de l’affaire.

Conclusion

En fin de compte, je vous dirai que comme à peu près tout le monde je n’ai pas eu accès au plan d’affaire que Québécor a présenté à la LNH et qu’il est difficile de cerner exactement où est le problème. Je suis loin d’avoir tous les chiffres et toutes les prévisions. Je suis également loin de savoir ce que la LNH a en tête ni ce que Québécor a comme intention. Mais je suis convaincu que PKP, Labeaume et les autres n’ont pas tout fait pour rien et qu’ils auront leur équipe un de ces quatre.

Toutefois, j’ai encore certains doutes à un autre niveau. Est-il possible que ce soit Québécor qui ait décidé d’attendre? Est-ce que la candidature a réellement été déposée? Le fait que l’Association des joueurs n’ait même pas eu à discuter de la candidature de Québec m’amène à croire qu’il est possible que les 500 millions $ aient été mis en fiducie, mais que le dossier ait été mis sur la glace d’un commun accord. Notamment en raison de la faiblesse du dollar canadien, mais aussi peut-être pour d’autres raisons.

Ceci étant dit, Québec a perdu son équipe il y a 20 ans parce que son marché n’était pas en mesure de soutenir la réalité économique d’une équipe de la LNH. On a beau avoir un plafond salarial aujourd’hui et Québec a beau être une ville florissante au plan économique, il n’en demeure pas moins que cette ville ne représente pas un terreau indispensable pour le développement économique à grande échelle de la LNH comme en font foi les chiffres présentés.

Je souhaite sincèrement que les gens de Québec retrouvent leurs Nordiques, mais en ce moment, ça ne concorde pas avec la vision et le plan de Gary Bettman. Et bien que le petit Napoléon du hockey soit antipathique, il n’en demeure pas moins que sa vision et ses plans ont largement contribué à enrichir un bon nombre d’hommes d’affaires.

Cette réalité, bien que désagréable à lire pour plusieurs puristes du hockey, demeure l’argument numéro un qui fait que l’arrivée des Nordiques dans la LNH est actuellement sur la glace et peut-être pour plus longtemps que désiré.

Pour le plan de développement que Gary Bettman et les gouverneurs de la LNH se sont donné, il est plus important de développer la marque en l’implantant dans de nouveaux marchés qu’en donnant des concessions à des équipes qui vont fonctionne, mais qui n’offrent pas de potentiel pour un accroissement important de la richesse de la ligue. En gros, en ce moment et dans ce contexte, la LNH n’a pas besoin des Nordiques.

 

En rafale
– Joyeux anniversaire M. Corsi. Un gars qui fait parler de lui davantage aujourd’hui qu’à l’époque où il jouait.

– À quelques minutes du début du match ultime…

– Chris Nilan hanté par d’anciennes liaisons douteuses? (HABSolument Fan)

– Enfin un premier majeur pour le gendre de Wayne.

– Bonne fête à mon Pops et à tous les papas fans de sport!

– Les joueurs de hockey et d’autres athlètes aussi avaient leur mot à dire à leur papa aujourd’hui. (TVA Sports)

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