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Le retour du hockey/soccer poserait un énorme problème philosophique

Je vais vous faire une confidence ce matin. Je ne suis pas du genre à très bien dormir et ce, depuis que je suis tout petit. Mon cerveau ne s’arrête jamais et j’ai tendance à constamment tenter d’améliorer mon sort en général. Même quand je dors. Et ça, c’est sans parler de quand je me mets à m’inquiéter pour tout et rien.

Vous comprendrez que depuis le début de la crise de la COVID-19 et son confinement, je ne dors pas longtemps. Et pas très profond!

Si bien qu’à 03h17 la nuit dernière, j’ai eu un flash. Comment va-t-on gérer la jalousie ou du moins, le sentiment d’inégalité qui envahira la population si le sport professionnel peut reprendre (à huis clos)? Je me suis envoyé un liner par courriel afin de me rappeler de poursuivre ma réflexion à mon réveil.

(Crédit: GMail)

Je m’explique. Comment des gens normaux accepteraient-ils de voir des athlètes professionnels obtenir le privilège d’être à moins de deux mètres l’un de l’autre? Il y a des partisans pour qui ce serait un moindre mal afin d’avoir du hockey ou du soccer à se mettre sous la dent devant leur téléviseur… mais qu’en serait-il des citoyens qui n’en ont rien à fo*tre du sport professionnel? Comment pourraient-ils accepter ça, sachant que leur passion à eux (l’orchestre symphonique ou le théâtre, par exemple) ne pourrait pas reprendre?

Comment un entraîneur de soccer amateur verra-t-il ça de devoir constamment tenir ses joueurs, enfants ou adolescents, à deux mètres l’un de l’autre – parce que c’est ainsi que la saison de soccer risque de se jouer, sous forme d’ateliers techniques à distance et sans contact – alors que les joueurs de l’Impact devraient se frotter (littéralement) à ceux du Toronto FC le soir même?

Est-ce qu’on laisserait les joueurs de l’Académie de l’Impact se toucher durant les exercices? Disputerait-il des matchs? Pourquoi les pros auraient le droit, mais pas eux?

Et si on leur en donne le droit, on arrête ça où? Les joueurs AAA ont le droit et les AA, non? Ceux de plus de 14 ans inscrits dans un programme compétitif peuvent se toucher, mais pas les autres? On la trace où, la ligne?

Même chose au baseball, soit dit en passant.

Alexandre Pratt a eu la même réflexion que moi.

Comment pourrait-on permettre à une ligue professionnelle d’obtenir des centaines de milliers de tests alors que le gouvernement les rationne?

Comment pourrait-on permettre à deux hockeyeurs de se battre à mains nues alors que nous, on ne peut même pas serrer notre meilleure amie dans nos bras?

Comment pourrait-on permettre à des multimillionnaires de pouvoir recommencer à gagner leur vie (déjà bien gagnée, on s’entend) alors que d’autres entrepreneurs et employés du secteur divertissement/loisir ne pourront pas le faire, eux, en raison de la règle du deux mètres?

Si jamais l’action devait reprendre au Centre Bell et non dans un endroit commun comme le Dakota du Nord, comment pourrait-on accepter que les joueurs des autres équipes ne soient pas placés en quarantaine durant 14 jours alors que nous, nous devons l’être lorsque nous revenons au Québec? Ne me dites pas que le hockey est un service essentiel…

Bref, le retour au Centre Bell n’est pas pour demain, même à huis clos. En fait, il ne doit pas être pour demain.

Pendant que nous devons vivre avec plusieurs contraintes, notre cerveau risque aussi de mal digérer le fait de voir des athlètes professionnels se battre pour un ballon ou une rondelle… même si c’est fait au Massachusetts ou à Saskatoon. Il y a un élément psychologique et philosophique à tenir compte ici…

Ne me dites pas que vous ne sursautez pas parfois en regardant la télé et que dans votre série, les gens se tiennent à moins de deux mètres l’un de l’autre. Ne me dites pas que vous n’avez pas rêvé une seule fois d’être à moins de deux mètre de quelqu’un d’autre depuis cinq semaines?

Le pire, ce sont les jeunes et les gens en très bonne santé… ce sont ceux et celles qui auront déjà vaincu la COVID-19 et qui seront soumis aux mêmes contraintes que tous les gens de 62 ans souffrant de deux ou trois conditions médicale préexistantes. Ils voudront reprendre leurs activités eux-aussi. Les gens qui auront (très fort probablement) obtenu l’immunité ne comprendront pas pourquoi ils doivent se restreindre… pourquoi ils ne peuvent pas jouer au soccer avec deux trois amis au parc.

À qui décidera-t-on d’accorder des privilèges?

Non, le déconfinement ne sera pas chose facile. Surtout pas avec les recours collectifs qui se mettent à débarquer.

À la base, on a confiné tout le monde afin de préparer adéquatement notre système de santé et ainsi éviter d’atteindre un pic incontrôlable et trop élevé. On ne pourra pas échapper à la COVID-19 en tant que société. Il va falloir apprendre à vivre avec elle.

Mais en même temps, choisir ses morts et laisser les gens marcher vers un ennemi microscopique, ça peut durement s’accepter, non?

On fait quoi, alors? Par chance, on a la possibilité de regarder ce que l’Europe fera avant de prendre certaines décisions. Le soccer devrait reprendre le 9 mai en Allemagne, qui commence tranquillement à se déconfiner…

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