Selon le plus récent Yearbook du Hockey News, Carey Price serait le 5e meilleur joueur de la LNH derrière McDavid, Crosby, Karlsson et Kane.
Ça se peut.
Price serait encore le choix de la plupart des DG de la LNH s’ils n’avaient à gagner qu’un seul match.
Mais qu’est-ce que ça veut dire « être le 5e meilleur joueur » ou quelle importance doit-on accorder à ces classements des 50 meilleurs joueurs de la LNH?
L’an passé Subban (36e) et Weber étaient presque à égalité (38e) dans cette même liste. Cette année Subban est 29e après une année « correcte » avec de bonnes et longues séries et Weber est écarté du top 50 après ce qui fut somme toute une « solide » saison et une bonne ronde en séries.
Que dire maintenant de Bobrovsky, ABSENT du décompte l’an dernier qui se retrouve au 6e rang cette année, tout juste derrière Price!
Même s’ils sont faits avec le plus grand sérieux, ces classements demeurent des exercices ludiques, agréables et intéressants pour les fans qui peuvent en débattre pendant des heures.
Et même si on essaie de définir les « meilleurs joueurs » comme étant ceux qui ont le plus gros impact sur l’issu d’un match, ça demeure très fluctuant et subjectif tout ça.
Ce qui le serait un peu moins, serait de mesurer la valeur des joueurs sur le marché à partir de l’évaluation qu’en feraient les DG.
Mais qu’est-ce que la valeur?
Avec la valeur, nous sommes ici en présence d’un monstre à deux têtes. Il y a la valeur d’usage et la valeur d’échange.
C’est pas moi qui le dit, c’est Aristote, Adam Smith et Karl Marx. De purs no name!
Selon ces abrutis (!), la valeur d’échange, parfois appelée « valeur marchande », est tout simplement ce qu’une personne est prête à donner pour obtenir quelque chose.
La valeur d’échange, on s’en rendra particulièrement compte dans les évaluations que font les DG de la LNH, est bien sûr en grande partie dictée par la valeur d’usage, soit l’utilité du joueur dans une équipe donnée.
D’autres éléments comme la rareté du joueur au sein de la ligue ainsi que la qualité de son contrat sont également fort importants pour déterminer la valeur d’échange.
Bien sûr, si on parle de « valeur » de xyz, il y a là aussi une bonne part de subjectivité, soit la subjectivité de chaque DG influencée par son propre contexte.
Mais l’action qui suivrait la réponse à la question « échangerais-tu le joueur X contre le joueur Y » serait objective, elle deviendrait un fait.
Il y aurait échange ou pas.
Comme c’est un fait que Subban a été échangé contre Weber. Désolé si ça fait encore mal!
Subban valait Weber pour David Poile et Weber valait Subban pour Marc Bergevin. Qu’une quelconque liste des meilleurs joueurs place Subban devant Weber n’a plus aucune importance ici.
Quelle est la valeur de Price?
Alors, pour le plaisir de la chose, et en se servant de la bonne vieille logique, si on se demandait quels DG seraient prêt à échanger un joueur concession – ou, à tout le moins, des atouts de grande qualité – contre Carey Price, qu’est-ce que ça donnerait?
Autrement dit, au-delà de son classement de 5e meilleur joueur de la LNH et de son contrat de 10,5 M$, quelle est la véritable valeur de Price au sein de la Ligue nationale?
Y a-t-il des DG qui seraient prêts à sacrifier d’importants atouts pour l’acquérir?
Y a-t-il un ou des endroits où sa valeur d’usage serait aussi grande qu’à Montréal?
Bien sûr, les chances que Price soit échangé sont à peu près nulles. Mais pour ceux et celles qui se demanderaient alors à quoi bon faire cet exercice, eh bien sachez que selon les conditions de son « vieux » contrat, Price devait encore soumettre une liste de 15 équipes auxquelles il accepterait d’être échangé d’ici le 30 juin 2018.
Mais, je le répète, le but de l’exercice est avant tout de déterminer la valeur de Price pour le plaisir de la chose!
On ne passera donc pas toutes les villes de la LNH au peigne fin. On ne va traiter que de celles qui méritent une certaine réflexion car elles pourraient logiquement avoir un certain intérêt pour Price et vice-versa, tout en présentant des atouts alléchants pour Bergevin.
Ducks d’Anaheim
Même si Bergevin lui lançait un appel inattendu, Bob Murray n’échangerait pas Getzlaf contre Price, parce que pour un total de 4,3 M$, il compte sur le jeune, talentueux et peu coûteux Gibson dans les buts en plus du vétéran Ryan Miller en relève. Donc, si on regarde le contexte actuel des Ducks, Price n’aurait pas une assez grande valeur d’usage aux yeux de Murray.
Flames de Calgary
Brad Treliving échangerait-il Gaudreau ou Monahan pour Price? Les Flames ont un sacré problème dans les buts depuis la retraite de Mikka Kipprussof, mais formerait-il une meilleure équipe en sacrifiant autant de créativité offensive?
Si en plus on considère que leur ligne bleue est une des meilleures du circuit, on voit mal comment Price ferait une plus grosse différence pour eux que ne le fait présentement Gaudreau ou Monahan qui, de surcroît, entre à peine dans leurs meilleures années.
« Non Marc, tu peux garder Carey. Plutôt que de défaire mon attaque, je préfère y aller avec Mike Smith et Eddie Lack », lui répondrait sans doute Treliving
C’est tout dire!
Jets de Winnipeg : Les Jets sont un peu dans la même situation que les Flames, une défensive fort intéressante sur papier, une attaque avec un potentiel énorme et des gardiens de buts poreux, incluant le « petit nouveau », Steve Mason.
Échangeraient-ils alors Scheifele ou Laine + Mason contre Carey Price?
Du côté de Bergevin ce serait un échange très, très tentant.
Mais, au final, le problème à Winnipeg en est davantage un de manque de maturité, de leadership, de coaching et de système de jeu que de gardiens de but. Cheveldayoff ne serait pas prêt à tout virer à l’envers pour mettre la main sur Price et son contrat de 10,5M$. Pour une somme de 6,35 M$, il est sans doute préférable de tenter sa chance avec Mason tout en conservant le jeune Hellebuyck.
Oilers d’Edmonton
Oublions tout de suite McDavid et Draisaitl. Un échange avec les Oilers devrait quasi automatiquement impliquer Cam Talbot et RNH.
Pour Bergevin, ça pourrait avoir un certain sens. Si tu es Chiarelli aussi, surtout si tu n’as pas à joindre Puljujarvi ou Nurse dans la transaction.
Mais, à 4 M$, Chiarelli doit être bien satisfait du très endurant Cam Talbot, sans oublier le jeune Brossoit qui ne lui coûte trois fois rien. Pour ce qui est de RNH, le dg des Huileux cherchera à combler un besoin beaucoup plus pressant en l’échangeant.
Maple Leafs de Toronto
Matthews contre Price? Oubliez ça! Et on ne doit pas trop détester le travail et le contrat d’Andersen dans la ville Reine. Pour environ 10 M$, Lamoriello préférerait logiquement Andersen et Kadri ou Andersen et Rielly à Carey Price.
Et vous?
Sabres de Buffalo
Eichel contre Price? No way José! Le DG des Sabres pourrait au mieux proposer un package deal incluant Robin Lehner (25 ans, 4 M$) et qui compterait Sam Reinhart ou Ryan O’Reilly comme tête d’affiche. En sortirait-il gagnant?
Rien n’est moins certain…
Flyers de Philadelphie
Voilà certainement un club qui a dû « kicker les tires » du Canadien au sujet de Carey Price au fil des ans. Les Flyers, comme le veut la légende, n’ont pas eu de gardien digne de ce nom depuis Ron Hextall, voire même Pelle Lindberg. Bon, ils ont snobé Bobrovsky, mais ça explique aussi leur problème! Et ce n’est pas avec Elliott et Neuvirth que celui-ci va se résorber.
Avec l’arrivée de Nolan Patrick, un échange avec le Canadien impliquerait logiquement Claude Giroux et son lourd contrat (8,25 M$) qui se terminera en 2022. Hextall devrait aussi y joindre Neuvirth et peut-être Samuel Morin, très décevant depuis son repêchage en 2013.
À mon sens, même s’il leur en coûterait 2M$ de plus par année, dans le contexte des Flyers, on peut penser que la valeur d’usage de Carey Price y serait peut-être plus grande que celle de Claude Giroux au cours des prochaines 5 années.
Considérant que vous comptez sur des espoirs de qualité comme Lindgren et McNiven dans les filiales, si vous étiez dans les souliers de Bergevin, ça vous tenterait Giroux et Neuvirth?
Une valeur d’usage « inestimable », une valeur d’échange quasiment nulle
Bref, regardez ça sous l’angle que vous voulez, peu d’équipes, voire aucune, parmi les candidates logiques, seraient prêtes à concéder des pièces importantes de leur puzzle – encore moins leur joueur concession – pour mettre la main sur Carey Price et son contrat astronomique.
En cet ère de plafond salarial, on ne se bousculerait pas aux portes et Bergevin ne gaspillerait pas trop les batteries de son téléphone…
Si on oublie les package deals à n’en plus finir et que parmi les gros noms de la LNH, Claude Giroux – qui ne viendrait pas sans point d’interrogation (Déclin? Hors glace? Contrat? Commotions?) – est à peu près tout ce que Bergevin pourrait hypothétiquement espérer obtenir pour Carey Price, ce n’est pas la mer à boire.
Donc, comme on l’a répété à maintes reprises cet été, Carey a plus de valeur à Montréal que partout ailleurs.
Mais ce n’est pas une valeur d’échange. C’est une valeur d’usage.
Price est une des rares exceptions à travers la LNH pour qui une valeur d’usage impressionnante n’entraîne pas avec elle une importante valeur d’échange. C’est d’autant plus vrai avec son nouveau contrat.
Comme on l’a analysé, en toute logique, l’intérêt à l’externe pour ses services serait sûrement très bas comparé aux autres « meilleurs joueurs » du circuit.
Imaginez une nano-seconde l’intérêt que susciterait Erik Karlsson si les Sénateurs le mettait sur le marché! Ce serait la folie aux quatre coins de la ligue!
Les Sens recevraient une vingtaine d’offres sérieuses et le festival de la surenchère battrait son plein! Il y a peut-être 5 équipes qui n’ont pas besoin d’un Erik Karlsson!
Si les Penguins mettaient Crosby ou Malkin sur le marché, deux joueurs au début de la trentaine comme Price, qui gagnent près de 10 M$, combien d’équipes seraient intéressées et iraient de propositions audacieuses pour les acquérir. 10? 15? 20?
Le « mystère Montréal »
Donc, si on faisait l’exercice à savoir où se situerait Price dans un classement des joueurs ayant le plus de « valeur » dans la LNH où se trouverait-il dans le top 50?
Certainement pas dans le top 5!
Si, on estime qu’aucun des 30 autres DG de la LNH (ou presque) ne prendraient la décision de bâtir autour de Price plutôt qu’à partir des effectifs qu’ils ont en main, pourquoi serait-ce miraculeusement une bonne idée à Montréal?
Il doit y avoir quelque chose dans l’eau!
S’il est si bon et qu’il fait une si grosse différence, pourquoi, en toute logique, à peu près personne ne serait prêt à acquérir ses services? Pourquoi tous les autres DG préféreraient garder leur(s) joueur(s)?
Et ça ne peut pas être juste une question de gros contrat. Bergevin n’a pas eu de difficulté à trouver preneur pour Subban et son salaire de 9 M$.
Pourquoi, pour le même montant, Chevaldayoff n’échangerait-il pas Mason et Scheifele pour Price, par exemple?
Si c’est parce qu’il estime que son équipe est meilleure avec les effectifs en place, n’y a-t-il pas de fortes chances que ces mêmes joueurs feraient également du Canadien une meilleure équipe?
Se pourrait-il que des attaquants (surtout des centres) et des défenseurs élite aient tout simplement un impact plus grand sur la manière de remporter des matchs aujourd’hui dans le hockey de la LNH, une ligue où tous les gardiens sont au minimum « bons », voire « très bon »?
En dernière analyse, un gardien élite n’est-il pas autre chose qu’un méga-défenseur défensif qui empêche la rondelle d’entrer dans le filet?
Price a beau être « le meilleur », il ne peut pas continuellement faire des miracles contre des clubs trop dominants et orchestrant à répétition des chances de marquer quasi-imparables.
Le temps de réaction et la capacité d’anticipation ont des limites physiques inférieures à la vitesse à laquelle se déplace la rondelle entre joueurs talentueux.
Une blessure « payante »…
La valeur d’usage de Price à Montréal a sans doute pesé lourd, très lourd dans la balance et la saison catastrophique qui est survenue lorsqu’il s’est blessé il y a deux ans l’a probablement mieux servi dans ses négociations que n’importe quel autre argument.
On l’a alors transformé en demi-dieu sans qu’il n’ait à arrêter une seule rondelle.
Avec Price, le CH est en séries. Sans lui, il n’y est pas. Et comme les séries sont le but du jeu à Montréal…
Mais son absence était-elle le seul facteur expliquant cette débandade historique ou est-elle devenue une excuse facile pour masquer les problèmes de leadership et de coaching, ainsi que les erreurs de gestion du club cette année-là?
Bergevin a-t-il fait une bonne lecture de la situation?
Malgré son utilité à Montréal (faire les séries, yé!!!), Price vaut-il vraiment 10,5 M$?
Si l’on considère que probablement aucune autre équipe ne serait prête à lui verser un tel contrat, poser la question…