Il faut enlever les tirs de barrage au hockey

On a eu droit à tout un match hier soir la nuit dernière à Las Vegas. Non, le Canadien n’a pas su vaincre les champions de la Coupe Stanley – invaincus en temps réglementaire et premiers au classement général depuis le début de la saison -, mais c’est tout comme.

Le CH a dominé la puissance du Nevada 39 – 25 au chapitre des tirs au but et malgré un début de match un peu timide, les Montréalais ont su se reprendre… et quitter l’aréna avec un point en banque. Martin St-Louis n’a probablement pas tort lorsqu’il prétend qu’il s’agit du meilleur match de l’équipe depuis qu’il en est l’entraîneur-chef.

Samuel Montembeault a été fumant, notamment en prolongation…

Nick Suzuki (1 but en fin de troisième et un autre en tirs de barrage) et Cole Caufield (1 mention d’aide) ont connu du succès face à leur ancienne équipe et à leur ancien coach respectivement…

Et le Canadien (5-2-2) a ajouté un 12e point au compteur. Pas pire mois d’octobre, surtout avec les absences de Kirby Dach et Christian Dvorak…

Mais il y a une chose qui me dérange tout de même en ce début de saison. Et je ne parle ni de la non-production de Josh Anderson et de Juraj Slafkovsky ni de la santé fragile de Mike Matheson (qui ne m’a pas tant rassuré hier soir)…

Je fais officiellement partie de ceux et celles qui souhaitent voir les tirs de barrage disparaître dans la LNH.

Lorsqu’un match se rend en prolongation, je suis excité :

« Cool ! On va avoir du jeu spectaculaire à 3 contre 3 ! »

Mais quand la période de cinq minutes s’apprête à prendre fin, je me dis toujours la même chose :

« Merde, on va encore devoir régler ça avec des échappées. »

Un petit retour dans l’histoire et un questionnement de base sur le bien-fondé des tirs de barrage permettent de conclure que non, la LNH n’a plus besoin de ça en 2023-24.

Les tirs de barrage ont été instaurés en 2005-06, après une année complète de lock-out et alors que l’on cherchait à agrémenter le spectacle dans la LNH. Les longues prolongations soporifiques à cinq contre cinq en fin de soirée/début de nuit et les matchs nuls devaient disparaître. À cette époque, la décision de déterminer le gagnant d’un match avec des échappées était vendeuse, innovatrice, divertissante et spectaculaire. Je me souviens d’avoir crié au génie !

Mais il s’est passé quelque chose 10 ans plus tard, soit en 2015-16 : l’instauration des périodes de prolongation de cinq minutes à 3 contre 3. Elles sont venues répondre au même besoin que les fusillades (mais de façon encore meilleure) : s’assurer que le match ne se termine pas dans 45 minutes, genre…

Pas mal tout le monde en conviendra : ces prolongations à 3 contre 3 sont beaucoup plus spectaculaires et agréables à regarder que des breakaways sans poursuite et sans la moindre intensité…

Alors, pourquoi ne pas les prolonger indéfiniment et éliminer les tirs de barrage ? On s’entend qu’une prolongation à 3 contre 3, ça ne durera jamais 34 minutes.

On continuerait donc de répondre au besoin initial (agrémenter le spectacle, enlever les matchs nuls et s’assurer que les matchs ne durent pas une éternité en saison régulière), mais on le ferait d’une façon encore plus optimale qu’avec les tirs de barrage. Et avec le temps que ça prend pour pelleter la neige et entamer les fusillades, je suis pas mal certain qu’on sauverait même du temps au final.

Les tirs de barrage ne font pas partie de la culture nord-américaine du hockey. Ce n’est pas comme au soccer où il existent depuis des décennies…

Où un match pourrait prendre une éternité à se conclure si on n’avait pas ça…

Et où réduire le nombre de joueurs sur le terrain n’aurait aucun sens.

Les fusillades au hockey sont devenues plates. Elles me tannent. Je les ais vues (et revues), les deux feintes au ralenti de Nick Suzuki.

(Crédit: YouTube (capture d’écran))

De plus, je n’aime pas voir des actions individuelles programmées décider de l’issue d’un match collectif.

Et pour ceux et celles qui aiment les échappées, il y en a pratiquement toujours deux ou trois par période de prolongation de toute façon. Vous êtes déjà servis ! Et vous le serez encore lors des compétitions internationale, où les fusillades font partie de la culture et sont là pour rester à mon avis.

Le mois dernier, on a appris que plusieurs joueurs souhaitaient la fin des tirs de barrage dans la LNH. Je pense qu’on pourrait les écouter ; ils savent de quoi ils parlent.

La prochaine fois où je prendrai la plume pour revendiquer des changements dans la LNH, on se demandera collectivement s’il n’y a pas trop de matchs extérieurs désormais dans le circuit Bettman. Mon indifférence envers le match de dimanche en Alberta a atteint le même niveau que celle que j’ai face à l’éventuelle politique intérieure des différents partis de l’opposition au Burkina Faso.

Trop, c’est comme pas assez… et ça enlève toute la magie. Autant sur les glaces extérieures que durant les fusillades en fin de rencontre.

Trois des neuf rencontres du Canadien cette saison se sont soldées par des tirs de barrages. Et à trois reprises, je me suis surpris à dire intérieurement  : je n’en veux pas ; poursuivez la prolongation à 3 contre 3.

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