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Kotkaniemi doit jouer à Laval

Dans notre évaluation estivale des 12 plus importants espoirs du Tricolore, Jesperi Kotkaniemi occupait la plus haute marche, tout juste au-dessus de Poehling et Caufield.

Ça ressemblait presque à 1A, 1B et 1C.

À ce jour, personne ne sait encore lequel de ces trois lascars connaîtra la plus belle carrière et lequel sera le plus important dans les (éventuels) succès du CH.

Peut-être évolueront-ils tous sur le même trio dès l’an prochain?

 

Ces deux-là ont déjà joué ensemble dernièrement… Capture d’écran (NHL.com)
(Crédit: NHL (capture d’écran))

 

Tout est possible.

On avait même dit que n’importe lequel des six premiers sur notre liste – et ça incluait par la suite, dans l’ordre, Romanov, Primeau et Suzuki – pourrait devenir le plus bel espoir du club.

On se rappellera, l’écart était très mince entre les membres du top 6

Et on remarquera que si l’exercice était à refaire (un prochain texte?), Suzuki monterait sûrement de quelques échelons…

Mais dans notre esprit, l’été dernier, la rareté de Kotkaniemi avait fait la différence au final.

Un espoir si jeune avec un tel potentiel brut de premier centre, grand et éventuellement costaud par-dessus le marché, il n’y en a eu aucun à Montréal dans les 25 dernières années. Si Le Canadien était pour redevenir une puissance dans la LNH, ça allait passer d’abord et avant tout par le développement intégral de Kotkaniemi.

Mais voilà KK fait du surplace depuis son entrée dans la LNH. Il semble même avoir régressé cette saison après avoir ajouté de la masse à sa charpente l’été dernier.

Guy Carbonneau a d’ailleurs avancé à plusieurs occasions récemment que le jeune finlandais n’était pas arrivé au camp dans une forme optimale…

Et pour mesurer l’écart qui sépare le #15 des meilleurs centres de la LNH, il fallait d’ailleurs entendre plus tôt cette semaine à RDS, lors d’un entracte, Carbo et Damphousse – pas de vilains joueurs de centre eux-mêmes, les deux principaux ancêtres de Patrice Bergeron – décortiquer les erreurs de KK.

Quand il n’est pas en train de perdre l’équilibre ou qu’il n’a pas les quatre fers en l’air :

KK est en retard sur le jeu.

KK manque de patience avec la rondelle lorsqu’il est en position dangereuse.

KK ne gère pas bien la rondelle.

KK utilise de mauvais patrons de jeux et de mauvaises trajectoires.

Etc.

Kotkaniemi doit (ré)apprendre à dominer à Laval

En fait, le jeune doit d’abord reprendre toute sa confiance.

Il doit jouer davantage dans toutes les situations. Il doit contrôler la rondelle, contrôler le jeu, doit prendre plus des tirs, doit jouer davantage en PP et en PK. Il doit laisser aller sa créativité.

Bref, KK doit dominer, ce qu’il n’a pas fait depuis maintenant près de deux ans.

Et pour réapprendre à dominer, il doit passer par Laval.

Le Canadien a eu jusqu’ici trois occasions en or de lui faire faire un petit trajet de ligne orange direction Montmorency.

Pas une, pas deux, TROIS!

1) Dès le début de la saison après un camp très difficile.

2) À son retour de blessure à l’aine.

3) En revenant de sa commotion cérébrale.

Constatant qu’il n’aide en rien la cause du CH cette saison, l’organisation aurait pu aussi faire comme les Coyotes de l’Arizona et le prêter à l’équipe finlandaise.

Rien de tout ça n’est arrivé.

Oh, KK a compté deux buts en deux matchs à son retour de commotion! Et il en a marqué un autre hier!, que vous dites?

Ok. Wow. Super.

Mais est-ce que ça change quoi que ce soit dans le portrait global de sa saison et de sa carrière jusqu’ici?

S’il en compte cinq autres d’ici la fin du calendrier, qu’est-ce que ça va changer?

S’il est vrai, comme le pensent les recruteurs, que pour se développer de façon optimale, un jeune doit évoluer dans le niveau de jeu le plus élevé où il peut tirer son épingle du jeu – voire dominer –  il va de soi que ce niveau de jeu n’est présentement pas la LNH pour Kotkaniemi.

Il faut remonter à une période de 6 mois à l’hiver et au printemps 2018 , alors qu’il évoluait dans SM-Liiga en Finlande, puis au championnat U18 pour retracer la dernière période véritablement dominante dans la carrière de Kotkaniemi.

Ça commence à faire longtemps. Trop longtemps.

À ce compte, on peut encore se demander ce qu’il aurait été en mesure de faire pour la Finlande au dernier championnat mondial junior. Personne ne le saura jamais.

Or, ce qu’on sait, c’est qu’à Montréal, depuis mars dernier, il ne fait que survivre grâce à son talent, mais aussi à cause du manque de profondeur du club et fort probablement, à cause d’intérêts économiques, de l’espoir qu’il faut vendre et surtout faire acheter aux partisans.

Kotkaniemi nous montre alors des flashs par-ci, par-là. Mais, plus souvent qu’autrement, il nous laisse sur notre appétit.

Depuis le 2 mars dernier, soit à ces 44 derniers matchs, Kotkaniemi n’a enregistré que 10 points et présente un frigorifique différentiel de -16!

Sur 82 matchs, on parle donc de 19 points!

Mais à Laval, que ferait-il?

Considérant le niveau de talent inférieur de ses coéquipiers, KK n’aurait d’autre choix que de s’imposer comme le maître de jeu du Rocket. Ce serait du moins un objectif à la fois légitime et réaliste que l’on pourrait avoir pour lui. Et, toutes proportions gardées, c’est le rôle qu’on aimerait encore qu’il occupe un jour à Montréal.

KK: Un beau défi pour Bouchard? (Crédit: Capture d’écran TVA Sports)

Laval serait un bel endroit pour apprendre à dominer dans toutes les phases de jeu.

D’être celui qui a le plus de temps de possession, le plus de lancers, le plus de chances de marquer, le plus de passes, le plus de buts.

Il doit laisser aller sa créativité et laisser le temps à son corps de se développer, il est encore trop souvent sur le derrière…

Sur le nombre de fois qu’il tombe lourdement suite à un contact, il était inévitable qu’une blessure survienne un jour contre un joueur un petit peu moins bien intentionné… #Zadorov

Et le CH continue dangereusement d’exposer Kotkaniemi à plus de blessures du genre en le faisant jouer à un niveau présentement trop élevé pour lui. Est-ce un risque à courir avec un tel espoir?

Nul ne sait encore où terminera le CH cette saison et à quel rang il pourra repêcher l’été prochain. Pour l’instant, on ne peut que rêver à Lafrenière ou Byfield.

Eh oui, il se pourrait aussi fort bien que Suzuki lui soit supérieur pour l’éternité et qu’il nous faudra revoir nos attentes envers Kotkaniemi.

Mais si KK n’est pas échangé, son développement optimal demeure essentiel à la montée en force du Canadien dans les prochaines années.

Et c’est quoi son développement optimal?

Dans mon tout premier article traitant de Kotkaniemi tout juste avant le repêchage de 2018 (mon choix était et serait encore Quinn Hughes) je comparais son style à celui de Lars Eller. Je voyais en lui une version légèrement supérieure du grand Danois. Un attaquant de 55-60 points.

Or, à 20 ans, à sa troisième saison suivant son repêchage, ce même Eller, avait réussi une campagne de 57 points en 70 matchs dans la AHL, tout juste avant de passer au CH en retour du bien aimé héros des séries de 2010, Jaroslav Halak.

Voilà le genre de saison que KK, plus talentueux qu’Eller, aurait pu et aurait dû avoir dans la AHL à sa deuxième saison chez les pros en Amérique du Nord; quelque chose qui frise le point par match.

Or, la saison actuelle de Kotkaniemi ressemble étrangement à la première saison complète d’Eller avec le Canadien alors qu’il était âgé de 21 ans : 17 points en 77 matchs!

Et on notera que le Danois n’en a jamais enregistré plus de 38 dans la LNH.

Mais on notera aussi que, contrairement au jeune Eller de 2010-2011, KK continue d’avoir ses chances en PP et qu’il n’a pas très souvent joué avec des chaudrons! Drouin, Armia, Lehkonen et Byron ont été ses coéquipiers les plus réguliers.

Toutefois, des scénarios plus optimistes souvent évoqués par Mathias Brunet le comparent davantage à Alexander Barkov qui, lors d’une première saison écourtée, aurait obtenu environ 36 points sur 82 matchs. KK en a obtenu 34 l’an dernier.  Mais, contrairement à ce dernier, Barkov avait progressé légèrement à sa seconde campagne (41 points sur 82 matchs), avant de faire un bon plus remarqué à sa troisième avec une production de 59 points. Barkov est aujourd’hui un des meilleurs centres de la LNH et le seuil des 90-100 points est annuellement à sa portée.

Coupons la poire en deux : 55-65 points, c’est pas mal entre Eller et Barkov, ça?

Et ce sont des statistiques sur lesquelles le CH pourrait difficilement cracher dans les prochaines années…

Mission : tout gagner à Laval!

Bref, au retour des blessés, dans un scénario de plus en plus probable d’une exclusion hâtive de la course aux séries, et je me joins ici à Dany Dubé, le plus bel environnement pour Kotkaniemi – et Poehling, et pourquoi pas Fleury – c’est le Rocket qui l’offrira.

Le message de l’organisation serait clair et simple : « Les gars, conduisez ce club en séries et tenter de tout gagner ».

Pour nous en tenir à Kotkaniemi, sans course aux séries à Montréal, il n’y a AUCUNE raison « hockey » – on pourrait même dire « humaines » rendu là – de continuer son « apprentissage » à Montréal.

Voulez-vous me dire ce que KK apprend présentement avec le Canadien qui ne serait pas surpassé par ce qu’il pourrait apprendre et peaufiner avec le Rocket?

Et on ne parle pas juste de petits trucs techniques et de stratégies, on parle encore d’apprendre à devenir un adulte, un pro, et par la même occasion, un leader, un joueur dominant.

Idéalement, un gagnant.

Son talent est trop précieux pour être gaspillé.

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