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Les 12 espoirs les plus importants du CH | 4e partie : le duel final!

Nous voici donc rendus au quatrième et dernier article de ce décompte des 12 espoirs les plus importants du CH.

Pour revoir le concept particulier de de ce palmarès basé sur la valeur globale (potentiel+assurance+utilité+valeur marchande) dans lequel on a décidé d’inclure Mete et Kotkaniemi, ou pour relire les analyses de tous les joueurs répertoriés jusqu’ici, vous pouvez cliquer sur les trois articles précédents ici, ici et ici.

Nous avons jusqu’à maintenant défendu l’ordre suivant :

12. Mattias Norlinder
11. Jordan Harris
10. Jesse Ylonen
9. Victor Mete
8. Josh Brook
7. Jayden Struble
6. Nick Suzuki
5. Cayden Primeau
4. Alexander Romanov
3. Cole Caufield

Préambule
Il ne nous reste donc plus que deux espoirs : Ryan Poehling et Jesperi Kotkaniemi.

Le moins que l’on puisse dire c’est que les choix de première ronde de 2017 et 2018 n’ont pas déçu. Ils ont même chacun à leur façon surpassé les attentes à leur sujet.

Mais lequel des deux sera le plus à même de propulser le Canadien parmi les équipes aspirantes à la Coupe Stanley? Lequel pourrait le plus s’imposer comme la principale locomotive de l’équipe, le principal leader, le go to guy?

C’est le duel que nous vous proposons aujourd’hui!

Plusieurs donnent sans doute déjà la victoire à Kotkaniemi haut la main!

« Il a déjà joué une saison complète dans la LNH à 18 ans. » 

« Son potentiel offensif est plus grand. »

Tout ça est vrai.

Mais il ne faut pas juste parler, d’âge, de points ou de potentiel offensif lorsqu’on pense à l’espoir le plus important ou au joueur le plus important d’une équipe. Il faut apprécier l’apport général du joueur.

Patrice Bergeron n’a pas très souvent remporté le titre des marqueurs chez les Bruins, et pourtant…

On peut aussi penser que si Poehling – d’un an l’aîné et plus mature physiquement que l’autre – avait joué la dernière saison à Montréal, il aurait probablement surclassé Kotkaniemi sur plusieurs fronts. C’est juste qu’il s’était compromis envers son Université…

Il ne faut pas non plus être trop influencé par leur rang de sélection.

Au 25rang en 2017, Poehling fut considéré par plusieurs experts comme un excellent coup, voire un vol, de la part du CH. En rétrospective, on dira probablement de Poehling qu’il aurait dû faire partie des 15, voire des 10 premiers choix de 2017.

Au troisième rang en 2018, Kotkaniemi, un des rares joueurs de centre de cette cuvée en première ronde – sans être une surprise totale – était un peu vu au moment de sa sélection comme une sorte de  « reach » pour répondre à un besoin organisationnel. Dans une année plus normale où les joueurs de centre abondent, il aurait peut-être pu se retrouver autour du 10rang, qui sait…

Donc, en rétrospective et dans une année normale, on peut soumettre l’argument que dans les deux cas, on se retrouve plus ou moins avec deux attaquants de niveau top 10. La différence entre les deux joueurs est probablement beaucoup plus petite que le laisse voir leur rang de sélection respectif.

C’est en partie pourquoi on pourrait presque les considérer comme deux numéros un dans ce palmarès, 1A et 1B.

Cole Caufield, un autre espoir qu’une majorité d’observateurs voyaient dans les 10 premiers choix en juin dernier, pourrait presque être considéré comme un 1C tellement il a terminé proche du top 2 dans notre analyse. Mitch Brown le place d’ailleurs en première place de sa liste qui insiste davantage sur le potentiel et le talent brut que la mienne.

 

Certains l’appellent « Mini-Ovechkin »… Nous fera-t-il regretter de ne pas l’avoir placé plus haut?

La vérité c’est qu’en date d’aujourd’hui, personne ne peut dire en toute certitude lequel de Kotkaniemi, Poehling et Caufield aura la meilleure carrière dans la LNH, lequel aura été le plus important pour son équipe au final.

Mais puisqu’il fallait trancher dans nos prédictions à partir de nos critères, on a opté pour l’ordre suivant…

2. Ryan Poehling – 20 ans – C/AG
Repêchage : 2017, ronde 1, 25e
Valeur globale : 34/40

 

Potentiel 8.5/10 : Suite à son repêchage, le potentiel le plus élevé qu’on attribuait à Poehling était le plus souvent celui d’un centre de deuxième trio ou encore d’un attaquant top 6. Deux ans plus tard et avec en poche un titre de MVPau prestigieux tournoi des moins de 20 ans, on peut dire que Poehling a légèrement surpassé les attentes et qu’il possède peut-être plus de potentiel offensif qu’anticipé. La qualité offensive première de Poehling, c’est son efficacité. Poehling semble jouer un match à haut pourcentage. Avec lui, les jeux se terminent au filet plus souvent qu’autrement. Poehling semble toujours jouer entre les deux points de mises en jeu et près du filet ennemi. Eût-il joué l’entièreté de la dernière saison à Montréal, on peut aisément penser qu’il aurait présenté des statistiques supérieures à celles de Kotkaniemi. Poehling était beaucoup plus prêt physiquement pour la LNH que le Finlandais. Reste maintenant à voir où on voudra le faire jouer dans l’alignement. Étant donné le petit gabarit des ailiers du Canadien sur les deux premiers trios, il pourrait se mériter un sérieux essai à cette position au camp et en début de saison. Un Poehling qui, à terme, deviendrait un attaquant complet capable d’une soixantaine de points, serait tout un ajout à la formation.

Assurance 8.5/10 : Les récents exploits de Poehling au CMJ, à St. Cloud State [NCHC], puis dans la LNH où il a connu un début fracassant- et auxquels s’ajoute un autre camp de développement inspiré où il a dominé ses compères – ne font que nous rassurer davantage quant à la réalisation de son potentiel. Un autre facteur important, Poehling est facilement parvenu à ajouter 40 libres (!) à sa charpente depuis son repêchage, lui qui se présente maintenant à 6’3 et 210 lbs. À 20 ans, il a déjà atteint sa maturité physique. Il ne lui reste donc plus qu’à ajouter de l’expérience et parfaire ses habilités. Ajoutez à cela une attitude irréprochable, de la maturité et un leadership naturel et vous avez entre les mains quelque chose qui se rapproche d’une valeur sûre. Encore ici, on a l’impression d’être conservateur en lui donnant un 8.5/10. Mais, répétons-le, on parle désormais de la réalisation d’un potentiel offensif d’une soixantaine de points pas de 40-50.

Utilité 8.5/10 : Du côté de son utilité, plus précisément de sa rareté, le Canadien compte sur plusieurs petits attaquants et, à ce compte, la charpente de Poehling détonne dans le décor. Or, le choix de première ronde de 2017 est loin d’être un patineur lourdaud à la McCarron. Au contraire, son coup de patin est plus puissant que la moyenne et ses pieds sont plutôt agiles. Poehling peut battre des défenseurs avec sa vitesse, mais il peut aussi pivoter sur lui-même et se faufiler jusqu’au filet, comme O’Reilly et Van Riemsdyk, des joueurs au gabarit et style et semblables en bordure de la cage adverse. Et comme eux, il semble capable de la mettre dedans. Bref, on aura compris que Poehling vaut cher pour le Canadien. Il possède un profil rare de power forward/joueur complet, et donc sa valeur d’usage est énorme. En fait, il semble avoir le potentiel pour devenir l’attaquant le plus complet de l’équipe et c’est idéalement sur les deux premiers trios qu’il aura l’occasion de nous montrer son savoir-faire plus tôt que tard, n’en déplaise à l’excellent Arpon Basu qui le voit encore comme quatrième centre à l’automne 2021

Valeur marchande 8.5/10 : Qu’en est-il de sa valeur marchande? Il s’agit toujours d’une partie quelque peu spéculative, car la valeur marchande dépend toujours de ce qu’un autre DG serait prêt à sacrifier! Or, dans le cas de Poehling, on a rapporté à quelques reprises que Bergevin aurait refusé de l’inclure dans une transaction dans laquelle il aurait obtenu nul autre que Ryan O’Reilly (auquel on le compare souvent) soit un premier centre ou un centre de 2trio de très grande qualité, et plus récent récipiendaire du trophée Conn Smythe. Ça nous donne une idée assez claire de sa valeur… Bergevin a aussi révélé que l’acquisition de très bons joueurs (Duchene?) lors de la dernière date limite des transactions lui aurait coûté des joueurs comme Ryan Poehling. On en déduit donc que ce dernier fait partie d’une des catégories de patineurs les plus difficiles à obtenir sur le marché : les jeunes joueurs de centres (ou ailiers) costauds de premier plan (top 6) identifiés comme des valeurs sûres, une catégorie juste en dessous des joueurs élites.

1. Jesperi Kotkaniemi – 19 ans – C
Repêchage : 2018, ronde 1, 3e
Valeur globale : 35/40

 

Potentiel 9/10 :En raison de son jeune âge, de son niveau de développement physique qui devrait connaître un bond prodigieux cet été, ainsi que de son année de repêchage atypique, Kotkaniemi est difficile à évaluer dans un tel classement. Du côté de son potentiel, on va une fois de plus utiliser les mots des dirigeants comme Trevor Timmins qui ont vu en lui le profil d’un futur centre numéro un, peut-être le seul de la cuvée 2018. En théorie, on parlerait ici d’un potentiel flirtant avec la catégorie des Barkov, Kopitar, Scheifele, Draisaitl, du jeune Eric Staal, etc., mais étant donné la pauvreté de la cuvée 2018 au centre, un doute persiste, aurait-il été le 3echoix au total dans une année plus normale? Il demeure que ce qu’a réalisé Kotkaniemi en 2018-2019 est fort impressionnant. S’améliorant de match en match lors du camp, il s’est mérité un poste en toute justice avec le grand club. Puis, étant désavantagé par un physique d’adolescent et de son inexpérience, il a tout de même fait plus de 30 points sur la base presque exclusive de son talent. Sa première saison, à 18 ans, n’a d’ailleurs rien à envier à celle de son compatriote Barkov. On a déjà très hâte de voir sa saison de 19 ans pour continuer à sous-peser les comparables… Deviendra-t-il le joueur de centre de 80-90 points dont on rêve depuis 25 ans? Si on le compare à Barkov, c’est le potentiel offensif qu’on doit voir en lui.

Assurance 8/10 : Plus la marche est haute, plus il est difficile de l’atteindre! C’est ici que Kotkaniemi perd un peu injustement le plus de points. Si le grand potentiel est là, l’assurance de l’atteindre pleinement n’est pas encore une garantie, et il y a quelques raisons qui appuient ce raisonnement. Après un début couci-couça en Liiga en 2017-2018, Kotkaniemi a connu une grosse deuxième moitié lors de la saison précédant son repêchage. Il a notamment été le meilleur des siens au U18 du printemps 2018. Il a ensuite connu un bon camp, puis une bonne première moitié de saison avec le CH, avant de s’essouffler en février dernier. Comme on l’a souvent mentionné, il a aussi été incapable de marquer sur la route. Donc, lors des deux dernières saisons, KK n’a pas été constamment dominant, peu importe la ligue, le calibre de jeu et les circonstances comme le sont les vrais de vrais sure shots générationnels. La clé sera son développement physique – ce qu’il semble déjà être sur la bonne voie – ainsi qu’un important gain de confiance qui se mettait à chambranler par moments la saison dernière. L’expérience d’une saison complète ne fera pas de tort non plus… Eut-on placé le potentiel de Kotkaniemi plus bas, autour de 70 points, on n’aurait pas hésité à faire grimper sa cote dans cette catégorie. Mais il serait ridicule de le punir davantage qu’un 8/10 pour cette dimension un peu embêtante de notre évaluation.

Utilité 9/10 : Bien sûr, son gabarit, sa portée, son hockey IQ, ses mains, ses passes, son tir font de lui un espoir très spécial. Et ne sous-estimons pas son coup de patin… Mais, plus globalement, juste le fait que le Canadien n’avait pas été en mesure de repêcher un joueur possédant le profil d’un premier centre depuis presque 30 ans le rend unique en tout point au sein de l’organisation. Les espoirs de Coupe Stanley à Montréal passent ultimement par un développement intégral de Kotkaniemi. Le CH ne peut pas se permettre de manquer son coup avec lui. Il pourrait devenir un des prochains grands et gros joueurs de centre complets de la LNH, car il possède une lecture du jeu et un talent bien au-dessus de la moyenne. Avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités Certains le voient même comme un futur sélectionné pour le Trophée Selke remis au meilleur attaquant défensif. Un joueur de centre de ce calibre, affichant une telle polyvalence, pouvant jouer plus de 20 minutes par matchs, beau temps, mauvais temps, c’est de l’or en barre ; un instrument absolument nécessaire pour dominer en séries, comme en témoignent pratiquement toutes les conquêtes de la Coupe Stanley depuis des décennies

Valeur marchande 9/10 : Règle générale, aucun DG ne veut être celui qui échangera un joueur comme Kotkaniemi. Le risque est trop grand que la transaction lui saute au visage. Conséquemment, on devine que lorsque le téléphone sonne et que son nom est évoqué, les risques que Bergevin raccroche au nez de son interlocuteur sont proportionnellement élevés. Bergevin a d’ailleurs déjà mentionné son nom dans de tels scénarios à la plus récente date limite des échanges. Mais, si en juin 2020 la possibilité de mettre la main sur Alexis Lafrenière implique des pourparlers concernant le grand Finlandais, qui sait…  En tout cas, ça illustrerait assez bien le genre de joueur que ça prendrait pour faire réfléchir Bergevin quant à la possibilité de transiger KK et ç’a en dit long sur la valeur de ce dernier. Mais ne pariez pas votre maison sur un scénario du genre!

Conclusion
Malgré tout le sérieux et les heures qu’on a pu y mettre, il faut bien sûr prendre ce classement final avec un grain de sel, ou deux!

Mais, généralement, force est d’admettre que le bassin d’espoirs importants du Canadien a connu une amélioration prodigieuse lors des quatre dernières années si on le compare à ce qu’on a pu voir entre 2013 et 2015.

Un premier constat qui s’impose c’est la qualité du top 3. On ne peut tout simplement pas comparer Poehling-Kotkaniemi-Caufield (un futur premier trio?) avec McCarron-Scherbak-Juulsen! Et j’ose croire qu’il ne s’agit pas ici d’un simple biais de récence de ma part!

En rétrospective on dira probablement que les trois premiers choix de 2017, 2018 et 2019 auraient dû être repêchés dans les 10 premiers de leur encan respectif.

Le top 3 est donc plutôt emballant.

D’autres pourraient avancer qu’il faut considérer le top 10, voir le top 12 au grand complet comme un des plus enviables de toute la LNH. Ce serait loin d’être faux.

Mais, à mon sens, c’est peut-être en concentrant notre attention au niveau du top 6 qu’on apprécie encore davantage cette banque d’espoirs : aux trois joueurs de premier plan qu’on vient de nommer s’ajoutent des Romanov, Primeau et Suzuki, des joueurs dont l’impact sera peut-être presque aussi important que les trois premiers. C’est énorme. Et cela exclut encore Ylonen et Brook, des joueurs de talent et d’une certaine envergure, que d’autres comme Mitch Brown placeraient dans leur top 5 (en excluant toutefois exclut Koktkaniemi de l’équation).

C’est bien ce qui caractérise peut-être le plus cette nouvelle banque d’espoir : la profondeur. Autant en quantité qu’en qualité.

En rétrospective, il faudrait peut-être remonter au milieu des années 80 avec les Roy, Chelios, Richer, Lemieux, Svoboda et Corson pour retrouver un bassin de jeunes aussi prometteur.

Il y a quelques années on aurait été enthousiasmé par la seule présence d’un Suzuki dans le top 3. Aujourd’hui, malgré tout son potentiel et la finesse de son jeu, on n’est pas parvenu – à tort ou à raison – à trouver suffisamment d’arguments satisfaisants pour le placer dans le top 5. Si mon évaluation est à peu près juste, il faudrait voir cela comme une excellente nouvelle pour tous les partisans de la Flanelle!

On pourrait aussi penser cyniquement que le Canadien récolte les simples fruits de sa médiocrité des dernières années. C’est certainement vrai pour Kotkaniemi (encore que les dirigeants ont pris un certain risque le concernant) et encore un peu vrai pour Caufield (pour qui ils ont surtout été chanceux!), mais pour tous les autres, il faut donner le crédit à Timmins et Bergevin qui ont su redresser le navire en changeant leur approche au repêchage et leur philosophie d’organisation (Ex. : échange de Pacioretty pour obtenir Suzuki).

Dans tout ça, le Canadien n’a cependant pas mis la main sur un joueur générationnel. Son profil d’organisation ressemble davantage à ce qu’on a pu voir avec les Bruins et les Blues dernièrement.

Comme pour ces équipes ou comme pour les éditions de 86 à 93 le succès passera donc par le collectif… et un pas piregoaler! Il faudra alors que les espoirs se développent adéquatement et remplissent les rôles qu’on a prévus pour eux.

Plus que jamais, la seule chance des équipes canadiennes de ramener un jour la Coupe Stanley au nord de la frontière reposera sur des coups de circuit au repêchage et un système de développement sans faille.

Timmins et Bergevin devront donc maintenir le cap.

Mais Joël Bouchard, Claude Julien et tous les entraîneurs et « développeurs » de l’organisation devront continuer à se retrousser les manches.

Ils ne peuvent se permettre de gaspiller tout ça.

 

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