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Carey Price : la fin d’une époque chez le Canadien

Depuis des mois, quand on me demande si Carey Price va commencer la saison 2022-2023, je réponds toujours que selon moi, Price a joué son dernier match en carrière. Oui, il existait un monde où il revenait et il fallait l’analyser, mais au fond, je n’y croyais pas.

Je ne dis pas ça pour me vanter puisque ce n’était pas exactement un hot take. Le hot take, c’est surtout Stéphane Waite qui l’a sorti cet été en prédisant encore que son protégé allait être en santé en début de campagne.

Je dis ça parce que même si c’était ma prédiction, j’ai reçu les propos de Kent Hughes comme une tonne de briques. De voir le DG du club être aussi transparent dans le dossier du gardien nous sort de nos habitudes, évidemment…

Mais de l’entendre dire que le gardien ne devrait pas jouer cette année, ça a fessé.

Durant tout l’été, on s’est fait dire que sans voir Price sauter sur la glace, il était difficile de dire s’il allait pouvoir jouer et on vivait donc d’attentes. On se disait que les injections au genou, dont nous n’avions pas encore de nouvelle, allaient peut-être pousser le gardien à s’essayer.

Mais finalement, il n’en est rien. On en saura plus au camp d’entraînement, mais…

Ce que je retiens principalement, c’est que Kent Hughes a affirmé qu’il ne voyait pas, en ce moment, le chemin du retour pour Price sans une nouvelle opération. Ce sont de gros propos.

Ce sont aussi des propos qui corroborent un brin avec ce que le gardien avait dit en fin de saison. Il avait ouvert la porte à une nouvelle opération et même s’il ne veut pas abandonner, il ne se voyait pas jouer une saison du genre avec une telle douleur.

Rappelons aussi que le gardien a affirmé ne pas vouloir jouer s’il n’est pas à 100 % de ses capacités, que le club s’en va vers le bas et qu’il a traité le dernier match de la saison 2021-2022 comme si c’était son dernier match en carrière et on a les ingrédients d’un gars qui ne jouera plus pour le Canadien.

Avec le recul, quand Shea Weber est parti après la saison 2021, il y avait eu des signes qu’on avait ignorés. Et Price, lui, a aussi laissé des signes dans les derniers mois.

Est-ce que cela veut dire qu’il ne reviendra plus jamais? On ne peut pas l’écrire noir sur blanc, mais on peut clairement se demander si son corps peut tenir le coup après tout ce qu’il a vécu. À son âge, pour moi, la réponse est non.

Je ne crois pas non plus qu’il soit dans l’état d’esprit d’un gars qui veut tout tenter pour revenir.

Et vous savez quoi? C’est correct. Price a donné beaucoup au CH et là, son corps le lâche. Il doit penser à lui et s’il veut jouer avec ses enfants dans quelques années, il doit arrêter au bon moment.

Et le bon moment, ce n’est pas moi ou monsieur et madame tout-le-monde qui pouvons le dire : c’est le principal intéressé.

Le gardien ira donc probablement passer les quatre prochaines années sur l’île Robidas. Comme le disent les gars de Radio-Canada dans leur podcast, l’île Robidas, c’est là que vont les gros salariés qui ne peuvent plus jouer et qui finissent leur carrière sur la LTIR.

Stéphane Robidas, nouvel adjoint de Martin St-Louis, est à la base de l’expression.

Pour les amateurs, ça ne devrait rien changer puisque l’argent de son contrat sera disponible pour le Canadien sur la masse et parce que ce sont les assurances qui vont payer. En étant sur la liste des blessés à long terme, Price ne bloque pas le Canadien.

Et Kent Hughes en a déjà profité en faisant l’acquisition de Sean Monahan.

Pour John Sedgwick, par contre, c’est une autre paire de manches. Après tout, avoir une grosse liste des blessés fait en sorte que le CH peut ajouter des contrats, mais sera toujours accoté au maximum du plafond salarial.

Le club devra donc reporter les bonis de ses jeunes, s’ils en ont, l’an prochain… surtout si Paul Byron et Sean Monahan passent du temps avec Price sur la LTIR cette année. Voilà pourquoi Weber a été échangé.

Parce que non, les options n’ont pas changé pour Price. Il ne sera pas échangé, son contrat n’est pas avantageux pour aller aider une équipe pauvre et il ne va certainement pas annoncer sa retraite pour cracher sur des dizaines de millions de dollars.

Personne ne prendrait sa retraite dans de telles conditions.

Et comme l’option de jouer n’en est plus une, il va être sur la LTIR. Tout simplement.

On peut donc arrêter de se demander s’il veut jouer ailleurs, si tel ou tel club pourra aller le chercher ou s’il pourra jouer X matchs sur une période de temps donnée puisque le CH doit avancer sans lui.

Le Canadien doit donc préparer la suite à court, moyen et long terme sans lui.

À court terme, ça sort Samuel Montembeault de la galerie de presse et ça l’amène sur le bout du banc. Jake Allen et Monty sont présentement les deux seuls gardiens du CH qui sont sous contrat avec le club.

Comme prévu.

D’ailleurs, d’un club qui dépensait beaucoup pour ses gardiens, le CH est maintenant une formation qui a seulement 3.875 M$ devant le filet. C’est assez différent d’avant.

(Crédit: Cap Friendly)

Notons que Cayden Primeau, qui devrait commencer la saison à Laval, n’a pas encore de contrat. Quand il en aura un, il sera la seule option de rappel puisque les autres cerbères qui joueront pro au Québec l’an prochain ont un contrat directement avec le Rocket ou les Lions.

Voilà pourquoi présentement, je ne vois pas un chemin vers une transaction de Jake Allen. Même si le CH ne le voit pas comme un gardien #1 et qu’il y a de la demande pour les gardiens de sa trempe, en ce moment, le CH en a trop besoin.

Est-ce que le Canadien veut avoir Montembeault et Primeau pour être le tandem d’une équipe qui aura une brigade défensive poreuse? Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

Après tout, le CH veut finir bas au classement, mais pas se faire laver.

Et à long terme, cela vient renforcer un besoin : celui de trouver le gardien d’avenir du club qui guidera (idéalement) le CH vers sa prochaine conquête de la Coupe Stanley.

Est-ce que Cayden Primeau, Frederik Dichow et Jakub Dobes sont la solution? Il est trop tôt pour le dire.

Question de ne pas se faire « pogner les culottes à terre », comme on dit, la direction du Canadien doit aussi regarder à l’externe. Après tout, on s’entend que le CH a tellement d’espoirs et de choix au repêchage qu’il faudra en échanger à un certain point.

Et clairement, la nouvelle de Price nous rappelle que de le faire pour un gardien est sans doute une bonne idée.

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