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Les péripéties du développement de Galchenyuk: là où la direction a foiré

Marc Bergevin avait les yeux ronds et lumineux lorsqu’il décrivait le jeu d’Alex Galchenyuk, en 2012-2013. Le directeur général du CH, reconnu pour sa prudence et son habileté à ne rien dire aux médias lors d’une entrevue, l’avait même comparé à Jonathan Toews, l’archétype du gros centre numéro un complet que possède une équipe gagnante.

Quatre ans plus tard, Galchenyuk n’est toujours pas un centre à temps plein dans la ligue nationale. À cette position, le Canadien lui a même préféré un David Desharnais, 29 ans, sur la pente descendante et en route pour une saison de 40 points. Sous le prétexte de le libérer de ses responsabilités défensives.

Si cela ne vous sert pas un rappel éloquent que les choses peuvent drôlement changer avec le temps, rien ne le fera.

Galchenyuk demeure le joueur le plus productif de sa cuvée. Il n’a encore que 21 ans. Mais le fait demeure qu’à sa quatrième saison, il n’est toujours pas employé en permanence dans le poste névralgique qui lui était ultimement prédestiné. Aussi mince et temporaire soit-il, il s’agit en quelque sorte d’un échec, car le jeune accuse un retard dans l’échéancier. Mais cet échec est également partagé par l’homme détenant son oxygène, Michel Therrien et par Marc Bergevin, responsable d’améliorer l’environnement offensif dans lequel baignent ses joueurs d’avant.

L’élément déclencheur de cette péripétie est le commencement. Le premier match de 2012-2013, lorsque le Canadien a placé Galchenyuk à l’aile plutôt qu’à sa position naturelle à l’amorce de sa carrière. En toute franchise, c’est une décision qui se défend bien encore aujourd’hui. L’organisation a  jugé bon de mettre son poulain dans une situation où il allait être confortable et ne se casserait pas la tête avec les mille-et-une technicités relatives à la position de pivot. Galchenyuk allait s’acquitter de besognes défensives simples; surveiller son homme à la pointe, venir en appui à un coéquipier le long des bandes et s’assurer de couper les lignes de passes dans son champ d’action.  Il allait utiliser sa vitesse pour décamper sur le flanc et prendre un bon tir, ou fabriquer un jeu. Tout irait bon train. Il allait fournir des résultats plus qu’honnêtes par rapport à ce qu’on s’attend d’un jeunot de 18 ans, polissant ainsi soigneusement sa confiance. Il allait s’adapter à la cadence de la LNH et nourrir davantage la conviction qu’il détenait les habiletés pour être un joueur d’impact dans cette ligue.

Jusque là, tout va bien.

Du 9 décembre au 14 janvier, Galchenyuk a joué au centre pour la première fois durant une longue période (14 matchs). Une période qui a coïncidé avec une explosion offensive impressionnante, couronnée par un tour de chapeau face aux Hurricanes. Il y a eu évidemment, des soirées de travail plus difficiles. Mais c’est tout naturel dans l’apprentissage du métier.

L’expérience a été interrompue au coeur d’une séquence ordinaire du Canadien, et après deux soirées plus ou moins fructueuses du 27 dans sa nouvelle niche. Si l’équipe n’en tenait qu’à Galchenyuk, elle aurait évidemment continué de le faire mûrir au centre de la première unité, mais Therrien devait jongler avec plusieurs variables, celle de l’équilibre des trios, celle des confrontations et, celle des victoires à court terme, car aucun entraineur n’aime le gout de la défaite à Montréal. La décision était à nouveau défendable.

En 2015-2016, on nous annoncé une mutation définitive. Galchenyuk allait être un centre. « Mais ça ne veut pas dire qu’il ne jouera pas à l’aile de temps à autre », a-t-on voulu nuancer.

Le gaucher jouit de confrontations favorables et joue avec dynamisme dans sa nouvelle position. Il affiche le meilleur ratio de point par minute de jeu au sein de son équipe. Il se veut l’une des armes les plus constantes à cinq contre cinq, même s’il doit composer avec des ailiers soit défensifs (Eller), soit marginaux (Semin) soit franchement moyens (DSP, Flynn et cie). Notez qu’il connait ses meilleurs moments lorsque Carr et Andrighetto sont ses ailiers droits.

Viendra ensuite les 9 et 10 décembre. Un chapitre anecdotique de deux matchs, mais un moment qui, mine de rien, exerce aujourd’hui beaucoup d’importance dans le processus décisionnel du personnel d’entraineur.

Alex Galchenyuk est alors flanqué de Max Pacioretty et de Sven Andrighetto. La présence du capitaine à sa gauche signifie qu’il l’accompagnera face au meilleur trio adverse et à la meilleure paire défensive adverse. L’heure est aux tests et Therrien observera attentivement.

Le premier soir, face aux Bruins, le trio de Galchenyuk est complètement muselé lorsqu’il est confronté à Patrice Bergeron et à Zdeno Chara. 0 chance de marquer. Du maigre temps en zone offensive. Rien. Niet.

Même combat face aux Wings. Kronwall, Datsyuk et Zetterberg ne font qu’une bouchée de lui. Encore le néant au compte des chances de marquer.

Deux matchs. Deux échecs. Un enchainement gauche-droite qui met la patience de Therrien au tapis.

De cet essai, l’entraineur semble avoir tiré deux conclusions: que Galchenyuk n’était prêt à prendre en charge les responsabilités de premier centre et que la chimie entre lui et Pacioretty n’existait pas. Pour lui, il était alors futile d’attendre que les choses se replacent alors que son objectif est de gagner et de consolider une place en séries. On peut en garder un gout plus amer, mais c’est une autre décision qui se défend.

16 janvier. Après s’être illustré comme la rare bougie d’allumage en offensive durant la glissade du mois de décembre, Galchenyuk connait un bref passage à vide de quatre matchs sans point. Un petit jab mou, puis hop, la patience de Therrien vacille. Le voilà de retour à l’aile, à la gauche de… David Desharnais!

Une décision qui cette fois, est difficile à expliquer.

Primo, bien que ses changements de trio lui ont parfois souri, le manque de tolérance de Therrien face aux erreurs et aux contreperformances est devenu lassant par accumulation. Le CH nous répète sans cesse qu’il ne veut pas que ses jeunes jouent en craignant de commettre des revirements, mais, dans les faits, ils n’ont que très rarement cette latitude.

Deuxio, les ajustements qu’il apporte vont souvent à l’encontre de la méritocratie. Durant de longues éclipses offensives, David Desharnais a été lancé trois fois plutôt qu’une comme bouée de secours en direction de Max Pacioretty. Chaque échec a mené à une réunion de Pacioretty avec Plekanec. Comment Therrien peut-il expliquer offrir autant d’auditions à son centre québécois, alors que le duo Galchenyuk-Pacioretty est rapidement jeté aux orties après deux matchs?

Tertio, en 2014-2015, durant une période bien plus longue que ces vulgaires deux joutes, Galchenyuk et Pacioretty ont prouvé être capables de flammèches lorsque complétés par Gallagher à l’aile droite.  Cette combinaison n’a jamais été essayée cette année. Il était clair qu’Andrighetto n’était pas tout à fait prêt à affronter la crème de la crème du circuit Bettman, ce qui a compliqué les choses.

Quarto, il semble évident que la ligne de centre du Canadien est mieux nantie avec Galchenyuk, autant à court terme qu’à long terme. Les récentes défaites n’ont rien fait pour prouver la justesse de sa mutation à l’aile. L’américain traine bien sûr des défauts: il contrôle longuement la rondelle et ne la distribue pas autant que la direction le voudrait. Mais son physique, son explosion, son agilité en contrôle du disque et son long bâton actif sont tous des atouts davantage mis en vitrine dans le corridor central. La possibilité d’emprunter plusieurs directions en entrée de zone est également un gros « plus » pour son jeu.

Galchenyuk est un attaquant énergique ayant besoin de prendre un rythme à l’aide de plusieurs touches de rondelle. Et ça tombe bien, car le Canadien a tout avantage à confier les commandes du jeu à un de ses attaquants les plus talentueux.

Win the middle, win the game. 

S’il est annoncé éventuellement que Carey Price ne reviendra pas au jeu cette saison, Michel Therrien devra diriger ses joueurs avec un oeil sur l’avenir. C’est-à-dire que les vétérans qui ne livreront pas la marchandise perdront quelques minutes au profit de jeunes jambes plus efficaces. Et Galchenyuk devra être mis au test au centre du premier trio afin d’apprendre à la dure comment tenir tête à l’élite de la ligue nationale. Autrement, comment y parviendra-t-il?

Lui et Pacioretty sont les attaquants d’avenir du CH. Dans le meilleur des mondes, ils formeraient un duo électrisant pendant plusieurs années et ce, match après match. À l’instar des Russes qui composaient des quintettes, cultivons les atomes crochus en misant sur la stabilité. Laissons tout le temps au 27 et au 67 de s’apprivoiser jusqu’au terme de la campagne et advienne que pourra. Rome ne s’est pas bâti en une journée, dirait un vieux sage. À la rigueur, Eller et Plekanec pourront siphonner un bon nombre de minutes dures pour alléger sa charge de travail. Desharnais, quant à lui, a bien fait à l’aile par le passé.

Qu’il fasse des revirements. Qu’il échoue à l’occasion. Pourvu qu’il ait l’oxygène pour s’épanouir.

Si le constat qui en ressort à la fin de la saison est qu’il ne sera pas aussi dominant que prévu, Bergevin en aura au moins le coeur net.

En rafale
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