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Les deux masques | Therrien doit être congédié, Therrien doit rester

Qu’il décide ou non de limoger son entraineur, Marc Bergevin en est à une étape cruciale de son passage à la barre du Tricolore. La décision – ou la non-décision – qu’il prendra, bonne ou mauvaise, sera reconnue quelques années plus tard, comme un de ses faits marquants.

Que doit-on penser dans tout ce capharnaüm?

D’abord, il ne serait pas juste de rédiger une chronique au sujet de Therrien en ignorant volontairement quelconque point de vue ou angle de traitement. Une opinion ne peut être endossée qu’après avoir été exposé aux deux côtés de la médaille.

C’est pourquoi je me prêterai avec vous à l’exercice des masques. Le premier est celui du détracteur, le deuxième, vous l’aurez deviné, celui du supporter.

Allons-y…

Therrien doit être congédié

On ne frappe pas un homme à terre. Et il vrai qu’il est trop facile d’imputer la séquence de défaites à l’entraineur lorsque son meilleur joueur est sur le bistouri. Mais c’est à se demander si Therrien, à l’image des coachs d’élite de la LNH, sait s’ajuster aux situations les plus délicates.

Dans ses moments de gloire, le Canadien était vanté sur toutes les tribunes comme une équipe défensive redoutable. Or, cette équipe ne s’est jamais montrée avare en termes de buts concédés sans son portier étoile. Lorsque Budaj, Condon, Tokarski ou Scrivens ont dû prendre les choses en mains, non seulement le Tricolore n’a pas marqué pas de buts: il en accordé à la pelletée. Bien sûr, Price a ce don d’absorber la pression comme une éponge et insuffler la confiance en ses troupiers, mais le problème est beaucoup plus important. Le système défensif de Therrien avait carte blanche grâce aux miracles répétés de vous-savez-qui. À vrai dire, comme peut-on louanger l’efficacité d’une structure dite défensive si, l’an dernier, elle a donné toutes les auditions à son gardien pour marcher sur les eaux et rafler la quasi-totalité des honneurs individuels à Las Vegas? Les bons gardiens des bonnes équipes doivent-ils exercer un impact aussi prononcé sur une rencontre?

Ah, puis assez parlé de la satanée défense. On nous casse les oreilles avec cet aspect du jeu depuis trop longtemps, si bien qu’on semble l’élever au détriment d’un autre. Parfois, les entraineurs sont si prudents et allergiques aux risques qu’ils viennent à croire que l’attaque ne peut être enseignée, et qu’elle s’améliore par elle-même en fonction du brio en défensive.

Quand a-t-on entendu Therrien se plaindre que son équipe n’a pas bien joué offensivement?

Combien de fois a-t-il maugréé que son équipe jouait trop dans la dentelle. Qu’elle faisait trop de fantaisie. Combien de fois a-t-il prononcé les mots « We were fancy » avec le plus profond des dégouts, à la suite d’une défaite? Combien de fois l’a-t-on entendu prôner le jeu simple, sans imagination?

Tout récemment, il a attribué le manque de production de Lars Eller au fait qu’il ne jouait pas comme un plombier.  Sans oublier ce sombre passage de 24CH, durant lequel Therrien, disons-le ainsi, n’aurait pas impressionné un tacticien de renommée de la LNH…

« On essaie d’être fancy, d’être cute. On essaie d’être une équipe que nous ne sommes pas. Zéro chance de marquer. Quatre tirs au but. Ça ne fonctionne pas de cette façon. Premièrement, ce n’est pas notre identité. Transporte la rondelle à l’aile, met là au filet. Il y aura un rebond, assure-toi d’être là pour le saisir. On est fancy, fancy, fancy… Il n’y a pas de support pour la rondelle! Nord-sud, rapide! On ne veut pas ralentir le jeu, on veut l’accélérer! Chip and chase! On est une équipe de grinders! Acceptez-le! Sinon, on n’aura pas de succès! »

Jeff Marek (Sportsnet) nous parlait il y a un mois de Rocky Thompson, un entraineur des Spitfires de Windsor qui a fait tomber des mâchoires durant une présentation qu’il a livrée à Sunrise cet été. Ses idées les plus brillantes étaient des tactiques ayant pour but de nourrir l’offensive. Un schéma de jeu qu’il affectionne est d’étirer le jeu à l’aide d’une longue passe d’un défenseur à l’autre afin d’ouvrir les lignes de tir, puis alimenter un attaquant stratégiquement placé dans le haut de l’enclave.

« Il pense comme un joueur de poker. Quel est le jeu à haut pourcentage? Qu’est-ce que je peux retirer de cette situation en particulier? » – un employé de la LNH connaissant bien Thompson.

Michel Therrien a-t-il montré assez d’ouverture et de créativité pour stimuler l’apport offensif de son équipe? Il aime les joueurs étant difficiles à affronter en raison de leurs gros bras, mais aime-t-il les joueurs étant pénibles à contrer, car ils sont talentueux et imprévisibles?

Imprévisible. C’est le mot-clé. Un mot au combien révélateur dans la séquence actuelle.

Le Canadien est tout le contraire. Il simplifie, simplifie le jeu pour sortir de son marasme et les autres équipes se sont vraisemblablement passées le mot. Le Canadien est une équipe prévisible. Trajet nord-sud. Trafic devant le filet. Tentative de récupération d’un retour dans l’enclave. Utilisation de la pointe pour faufiler un lancer à travers la circulation. Les occasions sont là. Mais le gardien sait trop bien ce qui se déploie devant lui.

C’est tout le contraire du côté des Blackhawks, qui jouent à l’européenne. Patrick Kane et Artemi Panarin font dans la dentelle autant qu’ils le veulent et suivent des tracés est-ouest sans représailles. C’est ce qui les rend aussi imprévisibles. Chaque tir se veut en quelque sorte un duel face au gardien. Où loger la rondelle, comment déguiser la direction de son lancer, comment amener le cerbère à se déplacer du côté souhaité… Au-delà des chances de marquer, il y a la qualité des chances de marquer et aussi la qualité qu’on insuffle à une chance de marquer. Et le mouvement précédant le lancer. Tout cela fait cruellement défaut au Tricolore.

Comment vaincre une offensive en ligne droite, voulant pelleter les buts affreux? Low-zone collapse (voir le match face aux Blues). Il suffit de commander aux cinq joueurs de former une boite derrière le centre des cercles, pour ainsi être en surnombre et neutraliser les menaces télégraphiées dans les zones sales.

Cela ne vous ressasse pas des souvenirs du printemps dernier? Dites, pour quelle stratégie le Lightning de Tampa Bay avait-il opté en zone défensive? Mmmm.

Comment expliquer que l’avantage numérique du Canadien connaisse aussi peu de succès? Davantage que le jeu à 5 contre 5, les unités spéciales peuvent être fortement influencées par les directives du personnel d’entraineur. Elles permettent l’élaboration de tactiques définies (set plays) censées mettre le talent en valeur. Cela en dit long sur le savoir-faire offensif du pilote ainsi que de ses adjoints.

Que dire des schémas en sortie de territoire? Le CH est l’équipe qui y dégage le plus souvent la rondelle selon la firme Sportlogiq et il faudrait être aveugle pour ne pas constater à quel point il est fréquemment coupable de revirements et de dégagements refusés. En optant pour le jeu sécuritaire, le Canadien croit jouer les probabilités et minimiser les chances de contrattaques dangereuses. Mais à s’entêter à lober contre la rampe, il devient p-r-é-v-i-s-i-b-l-e, et, ironiquement, à risque.

Les équipes se parlent. Elles savent qu’en appliquant un left-wing lock, une variante de trappe en zone neutre, le CH verra ses trajets de prédilection le long des rampes être contrés. Par conséquent, il aura plus difficultés à sortir de son territoire; il s’épuisera, paniquera, et finalement, s’ébrèchera.

Comment peut-on battre le left-wing lock? En gardant la possession de la rondelle et en la remettant à un coéquipier derrière pour créer une option de passe. La plupart du temps, il devient possible d’attaquer l’autre flanc, car l’adversaire s’est compromis en tentant d’inonder une portion de la glace.

Mais Therrien voit les choses autrement. Chaque geste est posé dans le but d’accélérer le tempo. Selon sa philosophie, le moins de temps son équipe contrôle la rondelle en territoire défensif et en zone neutre, le mieux c’est. Le petit tricotage fancy vers l’arrière est prohibé.

Il faut parfois accepter de ralentir, se regrouper et repartir à neuf si on ne peut organiser une sortie contrôlée.

Les patrons de jeu devront se diversifier. Les attaquants du Tricolore facilitent la lecture du jeu aux défenseurs adverses en leur servant match après match la même recette désuète.

Michel Therrien est-il assez ingénieux pour se sortir d’impasse?

Therrien doit rester

Le premier masque fait preuve d’opportunisme. Le moment est bien choisi pour pointer du doigt l’inefficacité de chaque stratégie dans une période de défaites. Le CH n’est pas aussi dominant que son début de saison le suggère, comme il n’est pas aussi mauvais qu’il nous le fait croire à l’heure actuelle. Chaque système comporte des lacunes, celles-ci étant présentement exacerbées par la séquence noire que le Canadien traverse.

Quoi qu’on en dise sur ses méthodes controversées, le retour de Michel Therrien a coïncidé avec le retour en force du Canadien après une saison de misère l’ayant permis de repêcher au troisième rang de l’encan de 2012. Durant la saison écourtée par le lockout, le CH a montré une fiche de 29-14-5, un tour de force admirable par rapport au dossier de 31-35-16 compilé en 2011-2012.

Les plus grandes critiques à l’endroit de Michel Therrien tournent autour de son effet négatif sur les indices de possession de son équipe et de sa manie à miser dangereusement sur les prouesses de ses gardiens de but. Force est d’admettre que Marc-André Fleury et Carey Price ont vu beaucoup de caoutchouc sous sa férule, en plus de jouer un rôle inhabituel dans les succès de leur équipe.

Cette saison, Therrien a prouvé être capable de se renouveler. Il a rafistolé plusieurs détails de son système de jeu pour permettre à ses troupes de dicter la cadence à l’adversaire et non le contraire. Pour une rare fois, le CH domine et accule l’adversaire dans son territoire. Il trône au 1er rang de la LNH pour le temps de possession en zone offensive et pointe au 4e rang pour le différentiel des tirs au but. Cette nouvelle façon de faire avait souri à l’équipe en début de saison, lorsqu’elle était en confiance et pouvait compter sur son gardien numéro un. Les chiffres démontrent hors de tout doute que cette formation jouit d’une bonne structure et qu’elle bénéficierait d’une injection de talent brut pour améliorer son rendement.

L’entraineur a mis sur place une brillante stratégie tirant profit de deux des grandes forces de ses joueurs: l’efficacité dans les bagarres à un contre un, et la vitesse. Il crée des courses stratégiques pour la rondelle en zone neutre et finit par épuiser l’adversaire à mesure que le match avance pour prendre le contrôle. C’est pourquoi cette équipe nous a habitué à de lents débuts de matchs, mais également à des fins énergiques. Le niveau d’énergie des joueurs est donc un élément important du système. On comprend mieux pourquoi Therrien brandit aussi souvent l’excuse de la fatigue durant les conférences de presse dans des situations de deux matchs en deux soirs.

Notez que Therrien a été frappé malgré lui par la régression de deux vétérans importants: Tomas Plekanec et Andrei Markov. Le Tchèque n’est plus aussi dynamique, ne génère que très peu de chances de marquer même en étant fortement sollicité, et a profité jusqu’à maintenant de la contribution de ses ailiers Gallagher et Pacioretty pour engraisser sa fiche. Markov n’est quant à lui plus l’ombre de lui-même depuis quelque temps, ce qui lui a valu un purgatoire au sein de la troisième paire durant le mois de décembre. Un vilain coup de vieillissement qui était certes attendu, sachant qu’il a 37 ans. Desharnais n’a plus des jambes aussi rapides qu’avant et Fleischmann a manifestement perdu en vitesse après un premier quart de saison au-dessus des attentes. Même Jeff Petry, d’habitude constant comme une horloge, a eu ses moments de maladresse. Le jeune Nathan Beaulieu a été quant à lui fumant certains soirs et plutôt sobre durant d’autres.

L’organisation est donc dans un entredeux embarrassant: ses vétérans s’épuisent avant l’échéance, pendant que la relève n’est pas tout à fait mure.  Une situation qui ne peut être gérée qu’avec la patience.

Ou, bien sûr, à l’aide d’une transaction. Dans ce cas, la balle est dans le camp de Marc Bergevin.

Arborez le masque qui vous convient.

En rafale
– Danius Zubrus s’approche d’un retour au jeu alors que Raffi Torres continue d’éprouver des problèmes au genou. LIEN

– Les partisans perdent-ils de l’intérêt pour leur équipe? Possible.

– Le sbire de John Tavares, Kyle Okposo, sera populaire s’il ne prolonge pas son aventure à Long Island… Il est agent libre cet été.

– Pat Carpenteri, un lecteur assidû, a un plan en cinq étapes/travaux pour Marc Bergevin. LIEN

Disons que certaines de ses solutions sont radicales/utopiques… 

– Alexei Emelin a composé son équipe d’étoiles de l’histoire de la LNH: LIEN

La surprise? Alex Galchenyuk! Que de camaraderie… #RacinesRusses

– Des lignes de centre enviables…

https://twitter.com/BWildeCTV/status/689934074090250241

– Les Sénateurs d’Ottawa ont finalement décidé de prêter Mikael Wikstrand à une équipe suédoise. LIEN

– Sans surprise, un exécutif de l’Association de l’Ouest croit que le plus grand besoin du Canadien est un attaquant pouvant évoluer sur les deux premiers trios.

– Bob McKenzie croit qu’une transaction est nécessaire pour réveiller le CH. LIEN

Mais Marc Bergevin ne négocie pas à partir d’une position de force… Les autres directeurs généraux ne lui feront pas de cadeaux. Quoique les Blue Jackets ont réussi à procéder à un échange important…

– Le plus grand problème avec les commotions cérébrales est qu’elles sont si dur à diagnostiquer…

– Bon texte de Marc-Antoine Godin sur le nouveau départ de Jarred Tinordi. LIEN

– Quand même fou de penser que les Capitals ont déniché Oshie et Williams en l’espace d’un été!

– Jagr est un bon vivant!

– Comment tourner le fer dans la plaie…

– Les plus belles histoires de succès à ce moment de la saison, racontées par TheHockeyNews: LIEN

– Parions que c’est arrivé plusieurs fois à Marc Bergevin dernièrement… Il n’a simplement pas de monnaie d’échange de ce calibre!

– Carl Soderberg s’avère une excellente acquisition par l’Avalanche du Colorado. LIEN

– Loui Eriksson est pour le moins gourmand, même s’il connait une bonne campagne.

– Le CH reste uni dans la tempête! LIEN

– Les Prédateurs, à l’image du Canadien, manquent peut-être d’imagination à l’attaque. LIEN

– Wow! Quel beau geste de Barkov!

– Le Lightning regrette encore sa défaite en finale de la Coupe Stanley. LIEN

– Rendu là, devrions-nous bannir les bagarres?

– Suspense! Jonathan Drouin n’est pas en uniforme à Syracuse ce soir!

– Simple rappel…

– Travis Hamonic devrait être échangé durant la saison morte.

– Ayoye, aux dernières nouvelles, il aurait été suspendu sans salaire pour ne pas s’être présenté au match de son équipe!

Non seulement a-t-il exigé un échange durant son ELC (entry-level contact), mais il ne se présente pas pour travailler!

Que se passe-t-il à Tampa Bay?

Drouin est-il mal conseillé par son agent?

https://twitter.com/CoreyHirsch/status/689963014410338304

Et pourtant, Drouin serait à l’aréna avec les joueurs retranchés du Crunch? Comment peut-on prétendre qu’il ne s’est pas présenté?

– Selon McKenzie, Drouin tenterait volontairement de baisser sa valeur pour foutre le camp de l’organisation au plus vite!

– Bon! On y voit plus clair! Voici la mise à jour d’Allan Walsh!

– Des nouvelles de Collberg, qui n’est même pas de taille pour la LAH…

– Brandon Prust en est-il à ses derniers milles à Vancouver?

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