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Wright, Slafkovsky ou Cooley : Ce sera le Bon, la Brute ou le Truand?

Ça y est, c’est les vacances! C’est ce temps de l’année où le goût de revoir des western spaghetti en compagnie du beau-père me revient inévitablement!

Dans le chef-d’œuvre de Sergio Leone The Good, The Bad and the Ugly, la scène finale – « Le Trio », une des plus mémorables de l’histoire du cinéma, accompagnée de la musique haletante et enivrante d’Ennio Morricone – consiste en un duel à trois au milieu d’un cimetière où est enterré le fameux butin que cherchent nos trois lascars depuis le début du film.

Qui tirera le premier? Et surtout qui aura le luxe de tirer en dernier?

Bien sûr, c’est le Bon qui gagne. On peut toujours s’arranger avec le gars des vues et Clint Eastwood ne peut pas perdre.

Ça avait même l’air facile.

Si le suspense entourant ce célèbre trio se dénoue finalement comme anticipé, en apparence la tâche s’annonce un peu plus complexe pour le nouvel état-major du Canadien qui a le luxe – mais peut-être surtout la pression – de choisir premier demain soir, un choix entre Shane Wright, Juraj Slafkovsky et Logan Cooley

Nous avons donc Wright dans le rôle du Bon. Celui pressenti depuis trois ans et que la majorité semble attendre encore au premier rang. Le classique Good Canadian BoyTM.

Puis, nous avons ensuite le Slovaque Juraj Slafkovsky dans le rôle de la Brute. Une poussée irrésistible dans le dernier droit en 2022 avec deux superbes tournois : les Olympiques et le Mondial senior, sans oublier ses 6’4, 220 lbs de talent…brut.

Enfin, il y a le Truand, l’Américain Logan Cooley, qui sans trop faire de bruit s’est invité dans la conversation avec une chance légitime de causer la surprise. Du talent à revendre.

Qui prendre?

Grosso modo, on entend depuis quelques semaines que le Canadien ne peut pas gagner à ce jeu.

Que s’il choisit Wright, en jouant trop safe, il ne sélectionnera probablement pas le meilleur joueur du repêchage. Et « safe is dead », comme disait John Tortorella.

Que s’il choisit Slafkovsky, un ailier, il prend peut-être un trop grand risque, tout en évoquant ses statistiques très modestes à Turku en Liiga…

Que s’il choisit Cooley, il choisit un petit joueur de centre pus ou moins complet, alors que le club a besoin d’un peu plus de muscles sur ses première unités en plus d’un centre responsable défensivement.

Mais on peut aussi voir ça autrement.

Et si le Canadien ne pouvait pas vraiment perdre en choisissant l’un ou l’autre?

Un peu comme si on imaginait que le duel final de Leone et la musique de Morricone s’arrêtaient d’un coup et que, finalement, personne ne meurt et qu’il y avait trois sacs d’or cachés dans trois trous différents?

Et si, chacun à leur façon, ils rendaient invariablement le Canadien bien meilleur à moyen terme?

Posons-nous donc les bonnes questions.

Le Bon : Shane Wright

(Crédit: Capture d’écran/Twitter)
Wright : Le centre cérébral qui fait tout bien.

Est-ce que le Canadien a besoin d’un Shane Wright?
Oui.

Est-ce que Shane Wright est assez bon et sera assez bon pour être un des deux centres principaux du CH pendant plusieurs années à venir.

Oui. On a aucune raison de penser le contraire.

Pourrait-on vivre avec le fait que Shane Wright ne devienne pas LE meilleur joueur de l’encan 2022?

S’il ne se fait pas outrageusement surclasser comme ce fut le cas pour KK avec Brady Tkachuk et Quinn Hughes, oui, on survivra aisément à cela. Mais puisque Wright n’est pas un reach, un acte de foi, de dernière minute sorti du champ gauche, on a vraiment pas trop à sans faire de ce côté.

Bref, y a-t-il un énorme problème avec une éventuelle sélection de Wright?

Non.

Les points positifs surclassent aisément les points négatifs, comme les petits doutes sur la hauteur de son plafond, etc.

La Brute : Juraj Slafkovsky

(Crédit: Capture d’écran/Twitter)
Slafkovsky :  une force brute, une confiance inébranlable, un franc parler et une attitude qui ne laisse personne indifférent.

Est-ce que le CH a besoin d’un gros ailier de puissance pour évoluer sur son premier trio?

Oui.

Est-ce que le CH a besoin d’être plus costaud à l’attaque en général?

Oui.

Est-ce que le Canadien a besoin de talent brut et d’un peu plus de f… you attitude?

Oui.

Je ne m’en suis pas caché, Slafkovsky serait mon choix. J’ai été emballé par son jeu lors du dernier Mondial. Même lorsqu’il ne marquait pas ou ne faisait pas de point, il était tout simplement un joueur dominant sur la glace, le meilleur des siens. Contre des hommes. Contre des pros, à tout juste 18 ans.

Si on remonte un peu plus loin, sa performance au Tournoi Gretzky-Hlincka l’été dernier avait déjà commencé à faire tourner bien des regards.

Personnellement, je ne vois pas plus de risque à repêcher Slafkovsky que Wright ou Cooley.

Je ne crois pas que le plancher de Slafkovsky soit de 20 buts, 20 passes, comme l’ont mentionné certains. Slafkovsky ce n’est pas Josh Anderson. Il est beaucoup plus créatif et aussi meilleur le long des rampes que le #17 du CH.

Et sans dire qu’il est dans le même style meat and potatoes que le gros Brady Tkachuk, le plancher de Slaf est au moins aussi haut que celui de l’attaquant des Sens. À moyen terme, on parle d’un attaquant de puissance qui n’aura aucun mal à produire 25 buts et de 50 à 60 points.

Après, si on veut parler de son plafond, c’est une science un peu plus ésotérique.

Peut-être 40 buts? 75 points?

On peut même penser que Slafkovsky pourrait devenir une supervedette. Allez savoir.

Mais, si le Canadien repêche le meilleur power forward de cet encan et un des meilleurs de sa génération, qui s’en plaindra dans 4-5 ans?

Avez-vous vu ce qu’ont réalisé Rantanen et Nichuskin, deux comparables plutôt pertinents, lors des dernières séries?

Donc, même chose ici, quelles sont les chances que ses principaux compétiteurs soient dans une autre stratosphère que lui et nous fassent amèrement regretter sa sélection dans 4-5 ans?

Elles semblent bien minces.

Bref, repêcher Slafkovsky ne me semble pas comporter beaucoup de points négatifs ni beaucoup de risque. Le CH a encore du temps, quelques années de reconstruction, pour se trouver un autre joueur de centre de haut niveau.

Donc, pour moi, La Brute est au moins aussi bonne que… le Bon et le Truand.

Le Truand : Logan Cooley

(Crédit: Capture d’écran/YouTube)
Un talent pur, une force tranquille, Cooley.

On a lu bien des choses sur Cooley dernièrement, notamment que s’il mesurait 6’2 il serait incontestablement le premier choix de l’encan 2022 et qu’il est celui dont le potentiel est le plus élevé.

Vu de cet angle, est-ce que le CH a besoin d’un joueur de centre créatif au potentiel élevé?

Oui.

Est-ce qu’on peut compenser un petit gabarit au centre en l’entourant d’ailiers plus costauds?

Oui. Et n’oublions pas que Cooley est quand même solide sur ses patins. À 5’10, 181 lbs, il n’est pas exactement un maigrichon. Au même âge, c’est un physique qui ressemble à celui de Crosby.

Une autre chose à considérer dans son cas est qu’il fait partie du meilleur programme de hockey au monde.

Depuis l’instauration de l’American Development Model en 2009, USA Hockey et la USNDT fabrique presque en série des joueurs dignes d’être repêchés en première ronde. En 2019, l’année de Jack Hughes, Zegras et Caufield, pas moins de huit joueurs issus de ce programme ont été sélectionnés au premier tour…

Par ailleurs, et pour ce que ça vaut, des trois principaux candidats, c’est peut-être aussi le caractère de Cooley qui correspond le mieux à ce que recherchent les nouveaux dirigeants qui le connaissent d’ailleurs depuis de nombreuses années. Un gars un peu plus low profile, exactement comme Kent Hughes et Jeff Gorton.

Tout en affichant une belle confiance, Cooley n’a pas l’ego d’un Shane Wright ou le côté cocky de Slafkovsky.

Il irait faire sa petite affaire l’an prochain à l’Université du Minnesota loin du cirque montréalais et arriverait donc plus mûr et mature physiquement et mentalement à 19-20 ans.

La seule chose avec Cooley c’est que tout le monde le voit comme étant une bonne coche en dessous de Jack Hughes et de Trevor Zegras.

Est-ce que c’est suffisant pour jouer sur un trio offensif et devenir un joueur d’impact?

Oui. Suzuki est exactement cela et ça ne l’empêche pas d’être un centre top 6 tout à fait légitime.

Maintenant, est-ce qu’un duo composé de Suzuki et Cooley serait assez bon pour faire du centre une force pour le Canadien?

Peut-être. En tous cas, je ne déteste pas que l’un soit gaucher (Cooley) et l’autre droitier et chaque ois que je l’ai vu je lai trouvé bon.

Bref, Cooley, le Truand – bon, peut-être plus l’intrus de dernière minute – pourrait légitimement devenir comme les deux autres, le meilleur du trio à moyen terme.

Conclusion

Tout bien considéré, la différence entre les trois membres du Trio pourrait difficilement être plus infime.

Peu importe qui est votre préféré, que l’on pense à l’intelligence sur 200 pieds, la force ou le talent brut, que l’on parle de centre de haut niveau ou d’ailier de puissance de calibre supérieur, on a là trois joueurs qui insuffleraient des ingrédients cruellement manquants au Tricolore.

Hughes et Gorton sont quelque part encore au début de leur reconstruction – ou de leur refonte, si vous préférez – au stade où ils peuvent se permettre d’ajouter un à un des matériaux de qualité au nouveau noyau de l’équipe. Ils n’ont pas encore vraiment à se soucier de la position du joueur. L’équipe a des besoins partout.

En ce sens, le Canadien ne peut pas vraiment perdre demain et peu importe son choix, on voit mal  comment il pourrait royalement se tromper, à moyen et long terme.

Au premier rang, ils n’ont qu’à repêcher celui qui leur semble le meilleur candidat et celui qui cadrera le mieux dans la culture de l’équipe.

À mes yeux, il y a peut-être encore quelques pièces d’or de plus dans le sac de la Brute, c’est celui qui semble présenter le meilleur potentiel de domination, mais il faudra recompter tout ça dans 5 ans…

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