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Un seul compteur dans le top-10 en 40 ans, c’est normal?

Toutes les théories, tous les arguments, toutes les options sont mis sur la table depuis quelques années pour expliquer, justifier ou rabrouer l’organisation des Canadiens de Montréal. Les victoires et les défaites font foi de tout. Elles sont le résultat de toutes les actions entreprises. La mesure du succès.

Quand les défaites et les saisons misérables s’accumulent, c’est normal de questionner et d’exiger mieux. C’est même devenu normal de croire qu’on a une idée à proposer qui aiderait à faire mieux.

Mais au-delà des échecs répétés et l’absence de championnats depuis si longtemps, il faut voir ce qui fait décrocher les fans de la première heure. Il faut se demander ce qui pousse les jeunes québécois de 7-8 ans à préférer porter un chandail des Blackhawks de Chicago ou des Maple Leafs de Toronto avant la Sainte Flanelle.

À mon avis, le CH a perdu son ADN.

Qu’est-ce qu’il faut vendre?

J’ai décidé de valider quelque chose qui me trottait dans la tête depuis un certain temps après avoir visionné l’émission Zone Franche de cette semaine sur les ondes de Télé-Québec. Un panel réunissant une belle brochette d’observateurs de la scène sportive montréalaise débattait à savoir s’il fallait faire descendre le CH de son piédestal médiatique. Discussion fort intéressante. Un des intervenants était Ray Lalonde. L’expert en marketing sportif et ancien VP Marketing du CH parlait de l’importance de vendre une expérience aux fans. Au-delà du la victoire, qu’on ne peut jamais garantir.

Ok, mais on sait que la victoire est ce qui fait vivre les plus grandes émotions, ce qui rassemble les amateurs. Sauf qu’après ça, quand on ne peut pas garantir les victoires, on se rabat sur quoi? L’histoire glorieuse? Ça a fait son temps tout ça. Non, on se rabat sur les vedettes, ceux qui nous font lever de notre siège.

Valérie Sardin, animatrice à RDS a renchéri aux propos de Lalonde en parlant des Matthews, Marner et Tavares que les jeunes fans des Leafs peuvent au moins voir à l’oeuvre à défaut de savourer des championnats.

À Montréal, on compte sur les doigts d’une main les vraies vedettes qui sont passées depuis 25 ans. Et parmi elles, trop de gardiens. Il y a eu P.K. Subban. On peut dire bien des choses à son sujet, mais c’était une superstar à Montréal. Et en attaque? Il y a eu Kovalev pendant un court laps de temps. Qui d’autre? Koivu? Damphousse?

40 ans de désert 

Alors je me suis attardé à essayer de me souvenir des attaquants vedettes du CH. Car on peut présenter les choses de bien des façons, mais ceux qui marquent le sport, ceux que l’on veut voir prendre la pôle dans le coeur des partisans, ce sont les attaquants. Les Crosby, McDavid, Matthews, Kane sont les vrais ambassadeurs de ce que représente la LNH et le spectacle que le hockey peut offrir.

Donc, saison après saison après saison, j’ai reculé et j’ai cherché. J’ai dû pédaler longtemps pour retrouver ce diamant. Le dernier est Guy Lafleur. Ça fait 40 ans.

Après la saison 1979-1980, le Démond blond terminait au 3e rang des pointeurs de la LNH. C’était la dernière de six saisons consécutives où Lafleur terminait parmi le top 5 du classement. Depuis ce temps, c’est pratiquement le désert.

Guy Lafleur dans NHL 09.
(Crédit: NHL)

Mats Naslund est le seul Canadien de Montréal à avoir réussi à se hisser parmi le top 10 depuis 40 ans. En 1985-1986, ilavait pris le 8e rang après une saison de 110 points. Ça fait presque 35 ans. Depuis, trois autres joueurs ont atteint le top 15. Bobby Smith (15e en 87-88), Mark Recchi (14e en 97-98) et Alex Kovalev (11e en 06-07).

Vous me direz qu’il faut les repêcher ces joueurs qui sont au sommet des pointeurs. Il faut terminer au bas du classement pour y arriver. Et le CH a souvent repêché en milieu de peloton. Ce n’est pas faux, mais ce sont encore des excuses. Les transactions, ça existe. Des joueurs de talent repêchés tard, ça existe. Une culture offensive, ça s’implante.

Kucherov, Marchand, Benn, Kuznetsov, Giroux, Point, Getzlaf, Perry, St-Louis, Datsyuk, Hossa, Iginla, Richards, Carter, Zetterberg, Brière, Alfredsson, Marc Savard, Elias, Fedorov, Hejduk, Palffy, Demitra, Keith Tkachuk, Pavel Bure, Robitaille, Mogilny, Weight, Theo Fleury, Oates, Mark Messier ou Brett Hull sont des exemples de joueurs qui, au fil du temps, ont atteint le top 15 des pointeurs à plus d’une reprise et que les Canadiens auraient pu repêcher ou embaucher à un moment ou un autre. Il y en a plus.

Oui, c’est un peu injuste et on peut questionner la bonne foi de ceux qui pratiquent ce type de révisionnisme. Mais il n’en demeure pas moins que 40 ans est un échantillon assez important pour croire que le problème est plus important que la simple mauvaise foi de l’auteur de cet article.

On pourrait mentionner que le CH avait repêché un certain John Leclair et un Mike Ribeiro, deux joueurs qui ont aussi inscrit leur nom dans le top 15 des compteurs à plus d’une reprise. Mais jamais avec l’uniforme Bleu Blanc Rouge sur le dos.

Retrouver son ADN

Alors voilà! Ce sont des faits. Des faits qui tendent à démontrer que l’institution jadis glorieuse des Canadiens de Montréal a perdu son ADN.

L’ADN d’une équipe offensive, rapide et explosive.

L’ADN d’une équipe composée de francophones. Même si c’est aujourd’hui plus secondaire, ça demeure un lien important qui unissait l’équipe à ses fans comme aucune autre équipe ne pouvait le faire.

L’ADN d’une équipe qui a offert à la LNH un joueur qui a donné son nom au trophée du meilleur buteur et au trophée du meilleur gardien de la saison.

L’ADN d’une équipe qui a donné à la ligue le capitaine le plus gentilhomme de l’histoire.

L’ADN d’une équipe qui a mis fin au règne de terreur des Bruins et des Flyers dans les années 1970 grâce à sa vitesse, son talent et sa ténacité.

L’ADN de l’équipe la plus spectaculaire de toutes.

Une entreprise a une mission, une vision et des valeurs. Geoff Molson devrait prendre le temps de réfléchir à ça et ne pas avoir peur d’exposer clairement ce que son club de hockey doit devenir. C’est plus facile par la suite de se référer à ça quand on se demande quel chemin prendre. D’ici là, il urge de trouver un vrai attaquant digne de ce nom à donner en spectacle aux fans qui paient beaucoup trop cher pour un si piètre rendement.

Nick Suzuki? C’est peut-être un début.

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