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Trevor Timmins : les repêchages 2012 à 2014, de Galchenyuk à Scherbak

Après les années 2003 à 2008 et 2009 à 2011, on termine aujourd’hui notre analyse des repêchages de l’ère Timmins avec ses trois derniers tours de piste : 2012, 2013 et 2014. Trois années au cours desquelles il s’est mis à travailler de concert avec un nouveau DG, Marc Bergevin, qui a restructuré ses tâches.

Bien sûr, il est encore beaucoup trop tôt pour se prononcer définitivement sur ces trois repêchages. Mais ça nous ne nous empêche pas de faire une analyse basée sur ce qu’on a pu déceler ici et là du côté de la progression des joueurs sélectionnés ou, à tout le moins, de ce qui est raisonnablement anticipé de leur part.

Disons simplement que, jusqu’ici, le Timmins servi à la sauce Bergevin semble avoir pris une belle erre d’aller.

2012 : Hier on a dit de 2011 que l’important était que Beaulieu devienne le 2e-3e défenseur qu’on a vu en lui le jour de son repêchage. Le reste, que Nygren et Dietz fassent chou blanc, on allait pouvoir vivre avec ça.

À peu près la même sagesse pourrait fort bien s’appliquer pour 2012.

À plus forte raison, si Alex Galchenyuk devient un joueur vedette digne de son rang de sélection (3e), capable de saison de 70 pts et plus année après année, on pourra très bien vivre avec ça. Il a commencé sa carrière avec le CH à 18 ans et le joueur repêché en 2012 qui a cumulé le plus de points. C’est plutôt bien parti, non?

Si en plus Charles Hudon, le modeste choix de 5e ronde obtenu de Colombus en retour des droits de négociation pour Wisniewski, devenait un joueur de centre capable de chausser assez bien les souliers d’un Tomas Plekanec, alors il faudra parler d’une très bonne année.

Pour le reste, les Collberg (échangé à NYI), Thrower, Bozon, Vail (déjà parti de l’organisation) et Nystrom (déjà retourné en Europe), on ne doit pas s’attendre à des coups de circuits. Thrower (51e) et Bozon (64e), qui avaient tout deux glissés au repêchage, conservent des chances honnêtes de percer. Mais ne retenons pas notre souffle. On prendra ça en extra si ça finissait par fonctionner.

C’est drôle comme les choses peuvent changer et se préciser assez rapidement! Il y a un an à peine on était plusieurs à avoir une plus haute opinion de ce repêchage une fois passé la sélection de Galchenyuk.

Collberg, décevant en Suède avec les hommes et très décevant au camp l’an dernier, est déjà parti.

Thrower, obtenu suite à l’échange de Hall Gill aux Preds par Pierre Gauthier, est difficile à cerner. Décevant suite à son repêchage, il rebondit, à 20 ans après une transaction à Vancouver chez les juniors, puis se blesse assez sérieusement…

Bozon, on connaît son histoire. Ça ne lui nuira certainement pas sur le plan mental d’avoir surmonter cette maladie, mais il y a des points d’interrogation partout pour le reste.

Une année déterminante s’en vient pour lui, comme pour Thrower, à Hamilton.

2013 : Voilà mon année coup de cœur. C’est l’année des gros cadeaux post-mortem de Pierre Gauthier!

Même si son premier choix, Michael McCarron, est sans doute l’espoir qui divise le plus les observateurs, 2013 pourrait paradoxalement très bien devenir une des meilleurs années de Timmins. En fait, il n’y a que 2007 qui m’apparaît clairement meilleure, car il n’y a pas de McDonagh, Pacioretty et Subban en 2013.

En revanche, il y a peut-être plus de profondeur.

En plus de McCarron (25e), il y a De La Rose (34e, Nashville, échange de A. Kostitsyn), Fucale (36e, Calgary, échange de Cammalleri), Lehkonen (55e), Crisp (71e, Dallas, échange de Cole par Bergevin), Andrighetto (86e), Reway (116e) et Grégoire (176e).

Ça fait six joueurs dans les 86 premiers! 7 dans les 4 premières rondes! Et pas moins de quatre joueurs que je considérais parmi les 12 espoirs les plus importants du club il y a quelques semaines (DLR 3e,Andrighetto 5e, McCarron 8e, Fucale 11e).

Mais le plus beau, c’est que la très grande majorité d’entre eux ont épaté la galerie la saison dernière dans leur ligue respective. À mes yeux, aucun joueur de ce repêchage n’a perdu de point dans l’évaluation des dirigeants. Au contraire, ils en ont presque tous gagnés pas mal.

Bien sûr, le développement de McCarron sera long, et il a connu des moments difficiles à sa première saison dans la OHL. Mais c’est justement un pari à long terme qu’ont voulu prendre les dirigeants du CH dans son cas. Rien d’anormal à London l’an dernier, surtout qu’il a bien terminé en deuxième moitié. Patience, comme pour Tinordi. C’est le même genre de pari.

De la Rose, Fucale sont des cadeaux post-mortem de Pierre Gauthier et Crisp a été obtenu de Dallas dans l’échange d’Erik Cole. Je vois un avenir pour les trois à Montréal.

De la Rose, l’homme à tout faire. Le plombier de luxe. Patineur puissant. Un colosse. Un genre de Gainey. Un choix sûr.

Fucale, un gardien prometteur avec qui on va prendre notre temps. Au pire, une intéressante monnaie d’échange le temps venu.

Crisp, ce n’est pas pour demain non plus, mais un homme fort qui sait jouer au hockey, c’est ce qu’on veut aujourd’hui dans la LNH. Hâte de le voir à Hamilton cette saison. Pas mauvais du tout au camp l’an dernier.

Lehkonen et Andrighetto sont deux sélections qui enchantent. Malgré leurs petits gabarits, les probabilités que ces deux joueurs atteignent la LNH sont très élevées, particulièrement pour Andrighetto qui sent déjà les hot-dogs du Centre Bell lui titiller les narines.

Même Reway (4e ronde) et Grégoire (6e ronde…) ont continué d’attirer les regards aussi sérieusement que les autres. Reway était un des joueurs les plus dominants du dernier CMJ, ayant terminé au 5e rang des marqueurs du tournoi. On ne peut l’écarter du décor, même s’il jouera dans la KHL cette saison. Quant à Grégoire, un bon leader, une grosse saison, excellent en séries avec Baie-Comeau, un poste l’attend peut-être au sein d’Équipe Canada junior cette année.

Contrairement à tous les autres cuvées de Timmins depuis 2003, je ne suis vraiment pas en mesure d’écarter du portrait un seul joueur sélectionné en 2013, à ce stade-ci, un an après leur repêchage.

C’est ça que je trouve particulièrement exceptionnel en 2013, la profondeur, la qualité jusqu’à la fin et, surtout, le fait qu’ils ont tous été bons, très bons, voire excellents, l’année suivant leur repêchage.

Ils n’atteindront probablement pas tous la LNH au bout du compte, mais je parierais contre un aucun d’eux pour l’instant.

On verra l’an prochain si quelques-uns auront trébuché. On l’a dit plus haut, les choses peuvent changer très vite quand il est question d’espoirs.

2014 : Avec seulement deux sélections dans les quatre premières rondes (1ère et 3e ronde), l’histoire de 2014 risque d’être fort différente de celle de 2013.

Mais elle possède des airs de déjà-vu avec 2012 et 2010, ce qui n’est vraiment pas si mal.

En première ronde, on compare déjà beaucoup le style de Nikita Scherbak à celui de Galchenyuk (2012) et la sélection du petit et talentueux Daniel Audette (147e) rappelle celles de Charles Hudon (122e, 2012) et Brendan Gallagher (147e, 2010), ses homologues de la 5e ronde.

Quant au colosse Brent Lernout (73e, Arizona, en retour de 87e et 117e), on dirait qu’on a tenté de repêcher un Tinordi (22e, 2010) droitier et beaucoup plus tard dans l’encan.

Enfin, ne vous empêchez pas de dormir ce soir en pensant au sort de Nikolas Koberstein (125e), Hayden Hawkey (177e) et Jake Evans (207e), ce sont des long shots dans le plus pur sens du terme, et des noms qu’on risque d’oublier rapidement, comme Westin, Walsh, Sullivan, Cichy, Torp, Kishel, et autres du genre au fil des ans.

Bon, sauf peut-être le gardien Hawkey qui a suscité quelques bons commentaires lors du camp de développement.

Conclusion
Avec les Galchenyuk et Hudon en 2012, De La Rose et Andrighetto en 2013, ainsi que Scherbak en 2014, Timmins a mis la main sur des joueurs qui devrait normalement se greffer au noyau du CH à court et moyen termes.

Mais moyennant un peu de patience et de chance, les McCarron, Crisp, Lehkonen, Reway, Fucale, Grégoire, Bozon, Thrower, Lernout et Audette pourraient encore mieux faire paraître Timmins d’ici quelques années.

Avec le peu de recul qu’il nous est permis d’avoir sur ces trois derniers repêchages, il faut bien sûr se montrer prudent. Mais je parierais déjà pas mal cher que les fiascos de 2006, 2008 et 2009 ne seront pas reproduits ici.

Personne n’est à l’abri de rien dans ce domaine, mais j’ai la très forte impression que les nouvelles tâches mieux ciblées de Trevor Timmins autour du recrutement suite à la « restructuration Bergevin » – on laisse le développement à Martin Lapointe – lui permettront de continuer à éviter les années désastreuses qui font toujours un peu reculer l’organisation.

Le multitasking donne rarement des résultats optimaux dans une chose. Plus comme plein de résultats moyens dans plusieurs choses.

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