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Top 12 des espoirs du CH | 4e position : le « projet » Jesperi Kotkaniemi

Avec tous ces vétérans blessés, les jeunes espoirs du CH sont sous les réflecteurs ces jours-ci et les Primeau, Romanov, Suzuki et Caufield ont saisi la balle au bond.

Mais qu’en est-il de Jesperi Kotkaniemi?

Sans dire qu’il joue mal – loin de là – c’est plus tranquille du côté de KK qui vient d’être muté à l’aile gauche en l’absence de Drouin et Tatar.

Mais peu importe les derniers jours, avec ses 20 points en 50 matchs, KK n’a encore rien fait cette année pour vous énerver en vue de votre prochain repêchage entre amis l’automne prochain.

En fait, même si on le voit évoluer sous nos yeux depuis trois ans, Kotkaniemi est possiblement l’un sinon l’espoir le plus difficile à évaluer de ce décompte.

La raison?

Du lot, le Finlandais est parmi ceux qui sont encore le plus loin d’avoir atteint son plein potentiel ou, du moins, de ce que l’on croit être son plein potentiel.

En ce moment, ce n’est que certains soirs où l’on peut entrevoir le joueur qu’il pourrait devenir. On se rappellera tous de CE but à sa saison recrue:

Mais le sera-t-il un jour à temps plein ce joueur, ce fameux centre numéro 1A ou 1B « gros format » dont on rêve depuis plus de 20 ans?

C’est la question à 1M $.

Mais avant d’aller plus en profondeur sur KK, voici où nous en sommes dans notre décompte, dans lequel, faut-il encore le rappeler, on retrouve des jeunes joueurs de la formation actuelle, puisqu’ils sont encore, littéralement, des espoirs poursuivant leur développement dans la LNH.

13. Mattias Norlinder
12. Jayden Struble
11. Jesse Ylonen
10. Jan Mysak
9. Luke Tuch
8. Ryan Poehling
7. Jordan Harris
6. Cayden Primeau
5. Alexander Romanov

Note :
Après recomptage, Kotkaniemi et Romanov sont techniquement à égalité au 4e rang de mon classement avec un note identique de 86/100. Le potentiel optimal de KK est supérieur, mais Romanov le devance en ce moment au niveau de l’assurance d’atteindre son plein potentiel et du côté de la valeur d’échange. Les deux ont cependant une valeur d’usage anticipée identique de 26.5 sur 30, soit celle d’un bon défenseur #2 et celle d’un bon centre #2. 

4. Jesperi Kotkaniemi, C | 20 ans, 6’2, 201 lbs | 1ère ronde, 3e, 2018
Dernier classement : 3e
Potentiel : 34.5/40
Assurance : 16.5/20
Valeur d’usage : 26.5/30
Valeur d’échange : 8.5/10
Total : 86/100

Potentiel : 34.5 / 40
Que ça nous plaise ou non, le débat entourant le potentiel optimal de Kotkaniemi est loin d’être terminé. À ce stade-ci, les comparaisons oscillant entre Kopitar, Barkov et Eller sont toutes aussi plausibles l’une que l’autre. On peut même aussi avoir une petite pensée pour le droitier Mika Zibanejad.

En incluant l’espoir du CH, on a là cinq hauts choix au repêchage, cinq joueurs de centre « gros format » avec tout plein de qualités, qui ont connu des débuts fort différents dans la LNH.

Si Kopitar a commencé sa carrière pas mal sur les chapeaux de roue (61 points à 19 ans!), Barkov a suivi une progression plus classique avec 59 points à 20 ans, sa 3e saison.

De son côté, Zibanejad, maintenant devenu un centre explosif et un des meilleurs buteurs de la LNH, n’est réellement sorti de sa coquille à New York qu’à l’âge de 24 ans, à sa sixième saison, en enregistrant 27 buts et 47 points. Puis, il a littéralement explosé à 25 ans avec un campagne de 30 buts, 74 points, avant de monter d’une autre coche à 26 ans : 41 buts, 75 points… en 57 matchs!

Que penser du début de carrière de Kotkaniemi si on le compare à ces trois-là?

Même s’il avait surpris avec 34 points en 79 matchs à 18 ans, sa décevante deuxième saison et ses 20 points en 50 matchs jusqu’ici à sa saison de 20 ans, font qu’il n’a rien à voir avec Kopitar et Barkov qui, au même âge, étaient déjà devenus des centres # 1 en voie de faire partie de l’élite.

Son profil ressemble peut-être davantage à celui de Zibanejad qui, à sa saison de 20 ans, avait enregistré un honnête 33 points en 69 matchs, dont 16 buts.

Et, puisque vous insistez, Lars Eller avait pour sa part connu une saison de 57 points en 70 matchs… à 20 ans à Peoria dans la AHL! Il avait conclu sa première saison complète dans la LNH à 21 ans avec le CH, enregistrant 17 points en 77 matchs. Rien pour écrire à sa mère…

À sa défense, un an plus tard, à 22 ans, Eller était peut-être en voie de devenir le centre # 1 de l’équipe à l’aube des séries de 2013 (30 points en 46 matchs, une projection de 53 points sur 82 matchs ) avant que sa carrière prenne un autre virage après que le subtil Eric Gryba des Sénateurs ne l’estampe en sortie de zone. Dans la vraie vie, c’est l’an dernier, à 30 ans, qu’Eller a finalement connu sa meilleure saison, 39 points en 69 matchs, soit 46 points sur une saison complète…

Pour revenir à KK, on notera qu’à 20 ans, il n’a toujours pas la même maturité physique qu’avaient les quatre autres. Il faudra donc encore se montrer patients.

Bergevin lui-même a déjà rappelé qu’il ne voyait pas Kotkaniemi atteindre sa maturité physique, et donc son plein potentiel, avant l’âge de 22-23 ans. Il aura 21 ans seulement cet été.

Faites le calcul.

Il n’aura que 22 ans lorsqu’il commencera sa 5e saison dans la LNH, 23 ans au début de sa sixième, etc.

C’est donc probablement quelque part dans les deux, trois prochaines campagnes qu’on va voir si sa carrière penchera davantage du côté du point par match, ou si elle se maintiendra davantage du côté d’un Eller qui, n’eut été de cette triste blessure, aurait pu, en théorie, atteindre régulièrement les 50-55 points par année dans un rôle plus offensif.

À la lumière de toutes ces données, il faut voir le potentiel de KK quelque part dans l’océan séparant celui d’Eller (moyenne en carrière de 32 points par saison sur un 3e trio) et celui de Kopitar (moyenne de 73 points par saison sur un premier trio), soit un potentiel de centre de deuxième trio, solide dans les deux sens de la patinoire, capable d’une production de 55-60 points par saison.

Pour me convaincre que je suis trop conservateur dans mon évaluation, il faudrait que Kotkaniemi montre rapidement une bien meilleure touche de marqueur, un flair pour le filet, une dégaine plus rapide, ainsi qu’une plus grande assurance et plus de créativité en avantage numérique.

Certains soirs, il semble avoir plus de potentiel que Suzuki, puis il entre dans une phase où tout ce qu’il entreprend n’aboutit à rien de concret, où il devient très timide offensivement, où la confiance n’y est pas.

Cela dit, gros, grand, fort, rapide, travaillant et intelligent comme il l’est, si on se montre patient, Kotkaniemi pourrait bien devenir un des futurs bons centres two-way de la LNH. Une coche au-dessus de Danault.

Un genre de Mikko Koivu qui a maintenu une moyenne de 56 points par saison en carrière?

Ce serait excellent.

Capture d’écran : Twitter
Un solide deuxième centre, ça ressemble à ça. On notera que ce Koivu est arrivé dans la LNH à 22 ans et qu’il a éclos à 23 ans avec une saison de 54 points…

Assurance : 16.5 / 20
Les recruteurs qui avaient été séduits par son fameux tournoi U18 quelques semaines avant le repêchage de 2018, tournoi au cours duquel il avait inscrit 9 points en 7 matchs, ont-ils eu raison de voir en lui un futur centre d’impact dans la LNH?

C’est encore exactement à cette question que l’on tente de répondre aujourd’hui, trois ans plus tard.

Et, ça ne sert plus à rien de se demander ce qu’il serait devenu l’eut-on laissé se développer à son rythme en Europe et dans la AHL. KK est à Montréal, ce qui est fait est fait et il est condamné à progresser et se développer dans la LNH, aussi difficile cela puisse-t-il être au niveau de la confiance.

Malgré des progrès évidents dans plusieurs facettes de son jeu, l’incertitude persiste sur son développement et sa capacité à maximiser son talent, ce qui nous invite à la prudence dans notre évaluation. Comme on le disait, on n’aura pas une idée claire du produit fini tant et aussi longtemps qu’il n’aura pas terminé sa maturation physique.

En attendant, on se questionne :

« KK est plus solide sur ses patins. » Oui, mais peut-il l’être encore plus?

« KK a un excellent tir des poignets, « un missile », de dire Jake Allen. » Oui, mais peut-il le décocher plus rapidement et plus souvent et avec un peu plus de déguisement et de précision?

« KK est plus rapide, sa technique de patinage est meilleure. » Oui, mais y a-t-il une vitesse supplémentaire dans la boîte?

« KK est un excellent passeur et possède toute une vision. »  Oui, mais peut-il traduire ça en points sur le tableau?

Si d’ici deux, trois ans il nous oblige à répondre à ces questions par l’affirmative, le Canadien pourrait bien s’être déniché un centre numéro 1 qui se rapprocherait drôlement de l’élite.

Mais tant que Kotkaniemi ne nous aura pas prouvé sur une assez longue période qu’il peut maintenir un niveau de jeu très élevé en produisant davantage, tout ça demeurera extrêmement hypothétique.

Vous pouvez donc m’inscrire dans le camp de ceux qui prônent la patience et des attentes modérées offensivement concernant « le projet Kotkaniemi ». Et c’est pour ça qu’un comparable moins glamour comme Mikko Koivu – qui n’a jamais marqué plus de 22 buts dans une saison – m’apparaît plus équitable pour lui au bout du compte.

Mais oui, puisque vous insistez encore, tout aurait tellement été plus simple s’il avait joué, comme Mikko Koivu, une ou deux autres années en Europe et une saison complète dans la AHL.

Ça, je vous l’accorde!

Valeur d’usage : 26.5 / 30
Si tous ceux autour de lui se développent à peu près normalement – comme ça semble être le cas – c’est donc dire que c’est le développement intégral de KK qui pourrait faire la différence entre un club compétitif correct et un véritable club aspirant pendant plusieurs saisons. La différence d’utilité entre un troisième centre ordinaire et un véritable centre two-way d’impact serait énorme pour l’organisation.

Pour cela, le Canadien n’avait pas le droit de se tromper en juin 2018 en le sélectionnant au troisième rang et le Canadien n’avait pas plus le droit de se tromper dans son développement. Vu sous un autre angle, si le CH veut enfin passer à l’échelon supérieur, Kotkaniemi ne peut pas devenir un autre Galchenyuk, ni un autre Eller. Il doit finir par être digne de son rang de sélection et, au risque de se répéter, devenir un genre de Mikko Koivu.

Jusqu’ici il a été mangé tout rond par Brady Tkachuk et Quinn Hughes – mon choix en 2018 – qui chacun dans leur style sont déjà des vedettes établies dans la LNH.

Mais après avoir débattu avec un ami sur le sujet, j’en suis arrivé à la conclusion que le choix de KK se défend encore très bien si Romanov figurait effectivement dans le top 10 de l’encan sur la liste du CH en 2018. Encore ici, les propos de Bergevin sur Romanov livrés à Mathias Brunet en février 2020 sont éclairants :

Un défenseur comme ça, je le considère aussi important qu’un défenseur capable d’obtenir de 60 points, mais à risque.

Hmmm, à qui pouvait-il bien faire référence!

On verra bien qui deviendra le meilleur défenseur « overall » entre Hughes et Romanov d’ici quelques années…
(Crédit: Twitter/capture d’écran)

Qu’importe, le CH semble s’être dit quelque chose comme : « on peut combler deux besoins en allant se chercher un centre #1 ou #2 gros format au 3e rang ET un excellent défenseur, plus dans notre style que Hughes, et que personne ne connaît en deuxième ronde. On va donc prendre Kotkaniemi! »

L’agent de Romanov, Dan Milstein, qui estimait que son client aurait été considéré dans le top 10 s’il avait évolué au Canada, ne disait pas de la bullshit. Et le Canadien, de ce que l’on peut comprendre, l’une rares équipes à avoir scruté Romanov sérieusement, était sûrement d’accord avec lui.

Il ne faudrait donc pas négliger le « facteur Romanov » dans la sélection et l’utilité générale de Kotkaniemi pour le CH.

Si, on met ça sur un horizon de 5 ans, et qu’on prend pour acquis que le CH ne voulait pas repêcher un ailier au 3e rang en 2018, aimez-vous davantage la paire KK et Romanov ou la paire Hughes et Romanov?

Si KK devient le très bon centre two-way de deuxième trio capable d’une production de 55-60 points qu’on entrevoit, je pense qu’on sera pas mal tous du même avis…

Tou ça lui mérite une assez bonne note de 26.5 sur 30 au niveau de la valeur d’usage. Il n’a qu’à devenir un solide centre de deuxième trio et sa sélection sera pleinement justifiée, peu importe ce que deviendront Tkachuk et Hughes.

Valeur d’échange : 8.5/10
Rappelez-vous le mois de janvier et la frénésie entourant l’avenir de Pierre-Luc Dubois : « Échangeriez-vous Suzuki ou Kotkaniemi contre Dubois?»

Une majorité de partisans n’auraient pas été prêts à se départir de KK dans un échange un contre un pour obtenir Dubois.

Encore moins auraient échangé Suzuki.

Mais si ce qu’on a rapporté est vrai, Bergevin avait proposé Kotkaniemi, Mete et un autre joueur, possiblement un genre de Byron pour des raisons d’équivalence salariale, afin d’obtenir Dubois.

Kekalainen a finalement opté pour l’offre des Jets : Laine et Roslovic.

Difficile de le blâmer, même si l’expérience ne s’est pas avérée fructueuse jusqu’ici à Columbus.

On rapportait aussi à l’époque que les Jackets désiraient davantage Suzuki et que Bergevin avaient indiqué que Romanov était un « intouchable » dans ces discussions avec Kekalainen.

Je n’ai aucune difficulté à croire que Bergevin aurait été prêt à se départir de KK, Mete et, disons, Byron pour Dubois. Il voit le Québécois dans sa soupe depuis le repêchage de 2016. Mais je ne suis pas très surpris que Kekalainen ne se soit pas montré plus entiché qu’il ne le faut de Kotkaniemi.

Il avait une valeur sûre en Dubois (quoique sa saison est très ordinaire avec les Jets…) et n’était pas intéressé à obtenir un point d’interrogation en retour.

– Allo Marc? Je vais y aller avec Winnipeg finalement, Oui, vois tu…

Même s’il traîne une réputation de paresseux, Kekalainen sait très bien qu’il pourra au pire refiler Laine à une équipe où celui-ci veut jouer – Los Angeles ? – et en avoir pour son argent (Turcotte, etc.?).

On peut conclure de tout cela que la valeur d’échange de Romanov et de Suzuki est supérieure à celle de KK, une valeur qui n’a pas dû augmenter encore cette saison.

Kotkaniemi risque donc d’être le point d’interrogation de l’organisation pour encore un certain temps…

Mais à 20 ans, il faut encore surtout le voir comme un beau projet, un projet plus humble que les projections du genre Barkov et compagnie, mais un projet très important pour la structure de l’équipe. Un agent stabilisateur au centre.

En attendant, qui sait ce qu’il nous réserve pour les séries, lui qui a su montrer un côté « guerrier » fort convaincant l’été dernier…

On reconnecte bientôt pour l’excitante 3e position! 

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