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Top 12 des espoirs du CH | 8e rang : N’oublions pas Ryan Poehling

Après avoir expliqué les principes de notre décompte et discuté de quelques exclus (on aurait dû aussi inclure Joël Teasdale dans les exclus!), nous avons, dans l’ordre, analysé et classé Norlinder, Struble, Ylonen, Mysak et Tuch.

Nous voici donc rendus au 8e rang de notre décompte où l’on retrouvera une figure un peu plus familière qui maintient presque son rang
du dernier classement…

8. Ryan Poehling, C | 22 ans, 6’2, 204 lbs | 1ère ronde, 25e, 2017
Dernier classement : 7e
Potentiel : 32/40
Assurance : 15.5/20
Valeur d’usage : 24.5/30
Valeur d’échange : 7.5/10
Total : 79.5/100

Potentiel
La beauté est évidemment toujours dans l’oeil de celui qui regarde. Mais à mon sens, on aurait tort de sous-estimer la valeur de Ryan Poehling dans les plans du CH comme Scott Wheeler l’a implicitement fait pour le compte de The Athletic récemment en le classant au 11e rang de ses meilleurs espoirs du Canadien, un décompte qui, de surcroît, n’inclut pas KK et Suzuki.

Contrairement au nôtre, le classement de Wheeler est axé presque exclusivement sur le talent brut. On ne regarde donc pas les espoirs exactement du même angle. Il faut le spécifier et c’est très bien ainsi.

Cela dit, placer un Mysak (3e sur sa liste, derrière Caufield et Romanov!!!) devant Poehling passe toujours si on parle de potentiel brut. Mysak a peut-être un peu plus de talent que Poehling, dans certains aspects, son sens du jeu, sa rapidité d’exécution, entre autres.

Mais placer Poehling, derrière des Sean Farrell et autres Cam Hillis en soutenant que Poehling ne sera « probablement jamais meilleur que ce qu’on voit en ce moment », me semble étirer l’élastique un peu trop.

Voici comment Wheeler résume son évaluation de Poehling qu’il peine à qualifier d’ « espoir »à ce stade-ci de sa carrière :

Poehling doesn’t really feel like a prospect anymore. Even though he turned 22 a month ago, I don’t think there’s a ton of runway left for him to become more than what he is at this point in his career, which is a versatile depth forward who works low in the defensive zone, supports his linemates effectively offensively, has pro size, can skate at a pro level, and can penalty kill. He does have some skill off the cycle and playmaking talent as a passer, but he’s limited as a finisher and he lacks creativity with the puck, limiting his ability to make more than the simple first play.

Selon Wheeler, on a donc là un centre de tout juste 22 ans, un attaquant versatile de profondeur (retenez ce mot) qui supporte ses défenseurs, supporte ses coéquipiers offensivement, bon gabarit, patine comme un pro, peut tuer des punitions, habile off the cycle, talent de fabricant de jeu et de passeur, mais qui manque un peu de finition et de créativité.

Il me semble que c’est quand même pas trop mal comme habilités, non?

On dirait presque qu’il parle d’un joueur de hockey! Un joueur de hockey qui fait drôlement penser à Phillip Danault à part de ça!

À titre d’exemple de ce q’il peut faire aisément sur une patinoire, on le voit ici bien voir le jeu, puis exécuter une passe rapide pour Weal en entrée de zone pour ensuite converger au filet et marquer un but facile :

Mais bon, il est vrai qu’à ce stade-ci de sa carrière, il ne faudrait pas non plus trop le surestimer.

Son patron Joël Bouchard, nous répète d’ailleurs depuis l’an dernier de ne pas voir en lui un joueur extraordinaire qui va tout revirer à l’envers par sa production offensive. Il nous réoriente vers un attaquant bon sur 200 pieds, solide et responsable.

C’est pourquoi Poehling occupe encore une position somme toute assez enviable dans notre classement, mais plus personne n’oserait le placer dans son top 3, comme ce fût le cas de bien du monde, moi y compris, à l’été 2019!

N’empêche, selon toute vraisemblance, Poehling a encore le potentiel pour évoluer dans le middle six.

Au même âge, il ne faut pas oublier que Phillip Danault n’avait joué que deux matchs dans la LNH. Après avoir connu des saisons de 26 points en 72 matchs, puis de 38 points en 70 matchs à Rockford dans la AHL, Danault, à sa 5e saison après son repêchage – saison qui l’a vu passer de Rockford, à Chicago, à Montréal – n’affichait toujours bien que 10 points en 53 matchs dans la LNH!

Aujourd’hui, M. Wheeler, à 28 ans, au sommet de son art depuis trois saisons, qualifieriez-vous Danault « d’attaquant versatile de profondeur » ou de deuxième centre tout à fait correct?

Certains le qualifieraient même encore de 1er centre de l’équipe, mais ça c’est un autre débat…

Bref, comme on peut le voir, Poehling, avec au compteur 28 points en 56 dans la AHL et 5 en 28 dans la LNH, n’est vraiment pas en retard sur Danault à sa 4e saison après son repêchage. Il serait même un peu en avance sur lui vu sous cette angle, surtout si l’on calcule qu’il a 15 points en 20 matchs jusqu’ici cette saison avec Laval, dont 11 à ses 10 dernières rencontres, un rythme que n’a jamais soutenu Danault dans la AHL…

Un autre comparable à suivre serait Brock Nelson, qui avait inscrit 26 points en 72 matchs avec les Islanders à sa première saison complète dans la LNH, la 4e saison après son repêchage.

À le voir aller avec le Rocket ces temps-ci diriez-vous qu’il aurait été absolument impensable pour Poehling de réaliser une vingtaine de points (ou une quinzaine dans un calendrier de 56 matchs) avec Montréal cette année?

Sincèrement, j’ai déjà pensé à des choses plus farfelues…

Assurance
La première saison de Poehling chez les pros l’an dernier a été marquée par les blessures (dont une commotion au camp d’entraînement),  un manque de maturité assez bien documenté et une pandémie. Cette dernière l’a aussi privé d’une importante expérience, soit d’une course aux séries et possiblement des séries éliminatoires avec le Rocket.

Quelques mois plus tard, avec un peu plus de sagesse dans la tête et de muscle partout ailleurs, Poehling semblait être arrivé fin prêt au dernier camp d’entraînement en janvier et connaît jusqu’ici une saison plus qu’honnête avec le Rocket. On voit même une nette progression depuis quelques semaines, une première vraie éclosion avec Laval.

On voit un joueur qui exécute vite et bien et qui patine avec encore plus de puissance et d’autorité, ce qui était déjà une force pour lui pourrait bien devenir une de ses marques de commerce. Regardez ceci:

Poehling n’a peut-être pas l’intelligence de Suzuki, ni les mains et la vision de Kotkaniemi, mais on est aussi très loin du coffre à outils standard et très limité offensivement du centre de 4e trio classique à la Nate Thompson.

Ce que nous montre Poehling depuis quelques semaines – n’en déplaise à Scott Wheeler – c’est un joueur avec une bonne dose de talent qui est en train de se développer et de s’épanouir au centre, non pas un joueur plafonné qu’on ne doit aujourd’hui à peine considérer comme un espoir.

Après l’euphorie de son premier match dans la LNH, et la débarque de l’an dernier. Poehling est en train de nous montrer peu à peu ses vraies couleurs.

On retrouve le joueur au jeu simple et efficace avec une  bonne touche offensive que le CH avait repêché et qui avait été élu MVP du CMJ de 2019.

En somme, ce n’est pas du tout assuré que Poehling devienne un Danault ou un Nelson. Mais rien n’indique qu’il ne pourrait théoriquement s’approcher d’eux dans les prochaines années…

Valeur d’usage
En plus d’un potentiel toujours très intéressant, ce qui assure encore Poehling d’une place enviable dans ce décompte, c’est son utilité, sa valeur d’usage envisageable pour l’équipe qui l’a repêché.

Poehling demeure un jeune attaquant polyvalent (centre/ailier gauche) avec un bon coup de patin, un bon sens du jeu, un bon niveau d’habileté et un gabarit enviable. Ce n’est pas un espoir parmi tant d’autres dans l’organisation. Il fait concrètement partie des plans.

Peut-on en dire autant de projets très hypothétiques et lointains comme Hillis et Farrell?

Et si à pareille date l’an dernier, Jake Evans était clairement passé devant lui dans la hiérarchie des centres de l’organisation, ça ne voulait pas dire qu’il avait battu Poehling pour de bon.

Appelez plutôt Poehling « Monsieur Options ».

Au moment d’écrire ces lignes, personne ne sait ce qu’il adviendra de Philip Danault à Montréal. Si jamais le divorce devenait inévitable, Poehling n’a qu’à se tenir prêt. Il aura droit à une audition très sérieuse dès le prochain camp. Bergevin n’avait-il pas confié à Mathias Brunet qu’il voyait encore Poehling comme un futur « solide troisième centre » pas plus tard qu’en février 2020 alors que le principal intéressé était pourtant au milieu d’une difficile saison recrue chez les pros?

Ensuite, personne ne sait exactement à quoi ressemblera Jesperi Kotkaniemi dans 2-3 ans. Si jamais KK et Suzuki ne devenaient pas des 1er ou 2e centre dominants de 65 points et plus, mais plus des centres « corrects » d’une cinquantaine de points, pouvoir compter sur un Poehling capable d’une belle touche offensive au centre d’une 3e unité, pourrait s’avérer une belle consolation et une belle consolidation du top 3 chez les pivots de l’équipe.

Puis, dans une moindre mesure, mais dans une perspective à plus court terme, on a tous pu voir les limites de Jake Evans. À moins que c’était prévu tout du long, c’est peut-être ce qui a forcé Bergevin à faire l’acquisition d’Eric Staal. Evans et son trio n’ont pas su offrir une production suffisante pour que le CH puisse régulièrement appliquer son fameux plan de match à quatre trios. Ce sera peut-être différent avec Poehling l’an prochain…

Enfin, si jamais Danault s’entend avec le CH, en plus du poste de 4e centre, on pourrait aussi vouloir donner l’opportunité à Poehling de percer l’alignement à l’aile gauche surtout si Tomas Tatar joue sa dernière saison à Montréal. On peut aussi s’interroger sur la l’avenir de Paul Byron et d’Arturri Lehkonen avec l’organisation…

Bref, Poehling est loin d’être vague idée dans l’esprit des dirigeants. Il leur donne bien des options et de la flexibilité.

Valeur d’échange
Parlant d’options, en voilà une autre… Après avoir connu une jolie petite chute, la valeur d’échange de Ryan Poehling remonte à vue d’oeil ces temps-ci. Par exemple, si je m’appelle David Poile (dont relève au centre fait pitié) et que Marc Bergevin me « zoome » pour me parler de, disons, Mattias Ekholm en levant ses dumbells, en plus d’un choix de première ronde en 2021 et d’un Lehkonen, j’ai comme une soudaine envie de lui parler de Poehling, lui-même un ancien choix de première ronde.

C’est ça pour moi la valeur d’un Ryan Poehling : un espoir clé dans une transaction d’envergure.

Je ne sais pas si Kevyn Adams à Buffalo a questionné Bergevin sur la disponibilité de Poehling avant de lui céder Eric Staal pour des choix de 3e et 5e ronde, mais on peut penser que Bergevin aurait dit un « non » catégorique si ça avait été le cas…

Voilà pour Poehling!

On reconnecte bientôt pour discuter de la 7e place!

Avant d’entrer dans le fameux « top 6 » (qui inclura KK, Suzuki et Romanov, rappelons-le), je pense que vous avez probablement une bonne idée de qui il peut s’agir…

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