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Qu’est-ce que ça prend pour être un champion ? | Le Canadien a-t-il ce qu’il faut pour gagner la coupe Stanley ?

Dans la LNH d’aujourd’hui, prédire le classement n’est pas une simple affaire. Tellement de facteurs doivent être pris en considération pour évaluer la performance d’une équipe de hockey : le talent des joueurs, la chimie dans le vestiaire, les entraineurs, l’attitude des joueurs au plan individuel mais aussi l’attitude collective, la complémentarité de chacun des trios d’attaquants et duos de défenseurs, etc. etc.

Prédire les futurs gagnants du précieux trophée de la Coupe Stanley est tout autant difficile, voire même plus. Même si nous souhaitons nous baser sur des critères objectifs, il nous est impossible d’avoir accès à toutes les informations nécessaires pour faire le bon choix. Quel est le niveau de préparation des joueurs avant les matchs ? Est-ce que l’ensemble des joueurs est concentré sur la partie et centré sur le moment présent ? Quand on sait qu’une équipe comprend une vingtaine de joueurs, ça fait beaucoup de variables à prendre en compte. Et je n’ai même pas parlé des blessures et autres facteurs qui sont impossible à prévoir…

Dans les prochaines lignes, je vais faire une liste des caractéristiques des champions. Comment les meilleurs font-ils pour être et rester les meilleurs dans ce qu’ils font ? Cela vous permettra peut-être de vous faire une idée sur les équipes qui ont le plus de chance de se rendre en finale de la coupe Stanley cette année. Est-ce que nos Canadiens font parties de ces équipes ?

 

Y croire !

Ça peut paraitre cliché ou même « niaiseux » mais pour être un gagnant, ça commence par le fait de croire en soi. Croire en ses capacités, ses compétences, mais aussi croire en les heures de travail acharnés qui ont été mises pour atteindre cet objectif qu’est la victoire.

Mohammed Ali a dit : « Je suis le plus grand. Non seulement je les mets K.O., mais je choisis aussi le round ! ».

Certains diront que c’est de l’arrogance. D’autres pourraient dire que c’est un manque de respect envers ses adversaires. Par contre, une fois la victoire obtenue, ce que les autres pensent n’a plus d’importance. Parce qu’au fond, les athlètes qui font ce genre de déclaration ne le font pas vraiment pour faire parler, ni même pour déconcentrer l’adversaire. Ils le disent parce qu’ils y croient à 100% et qu’ils ne voient qu’une seule option possible : la victoire.

Évidemment, le hockey est un sport d’équipe et il est impossible de contrôler l’attitude, l’effort ou même le niveau de talent de ses coéquipiers. C’est pourquoi dans les sports d’équipe, il est important de se concentrer sur sa propre personne et sur ce qu’on contrôle.

Il ne faut pas oublier que le simple fait de croire en soi ne donnera pas des victoires si cette confiance en soi n’est pas accompagnée des efforts et du travail qui viennent avec. Ça ne donnera pas nécessairement des victoires non plus s’il y a une vingtaine d’autres joueurs dans l’équipe et que tu es le seul à avoir cette mentalité. Par contre, il s’agit de l’attitude qui t’offrira les meilleures chances. Et mieux vaut mettre toutes ses chances de son côté.

Alors, notre CH a-t-il une attitude de gagnant ? Croient-ils en leur chance ? Nous le verrons bien assez vite en début de saison lorsque Marc Bergevin et Michel Therrien s’adresseront aux médias pour parler de leurs attentes pour cette saison. Diront-ils que l’objectif de la saison est de faire les séries ? Ou viseront-ils plus haut ? Il faut dire que ce qu’ils disent au média ne reflètent pas nécessairement ce qui est dit dans les coulisses. À Montréal, tout est plus gros et il est possible qu’ils ne veuillent pas mettre de pression supplémentaire sur leurs joueurs en affirmant haut et fort qu’ils voient leur équipe remporter la Coupe Stanley !

 

Stabilité

C’est bien beau de donner le maximum de soi-même une fois de temps en temps, mais les vrais champions donnent leur 100% jour après jour. Ils ne connaissent qu’une seule façon de vivre : en étant le meilleur d’eux-mêmes.

Ils se donnent à fond autant durant les pratiques que lors des parties importantes. Pour offrir ce type de rendement, ils doivent faire des sacrifices importants. Ils n’ont pas peur de se lever tôt le matin, de travailler plus fort que les autres lors des entraînements ou de refuser des sorties intéressantes.

La stabilité, c’est aussi offrir le meilleur de soi-même peu importe son adversaire. Les meilleurs athlètes ne pensent pas trop à qui ils affrontent et préfèrent se concentrer sur leur jeu et ce qu’ils peuvent contrôler. Ça peut sembler cliché, mais c’est aussi vrai.

Le CH aura besoin de stabilité dans la performance de chacun de ses joueurs s’ils veulent espérer aller loin en série cette année. On sait déjà que certains joueurs se donnent match après match (Price et Gallagher sont les meilleurs exemples) mais d’autres joueurs dans l’alignement sont reconnus pour leur manque de stabilité au fil de la saison (Plekanec, Beaulieu et Desharnais, par exemple). Il s’agit d’une facette qui devra être améliorée de la part de l’équipe cette saison.

 

Moment présent

Un autre aspect important chez les meilleurs athlètes est la capacité à rester dans le moment présent. J’en avais d’ailleurs parlé dans un de mes articles lors de la saison dernière : http://www.danslescoulisses.com/fr/la-perception-des-situations-de-matchs/.

Rester dans le moment présent, c’est de ne pas penser à l’erreur qu’on vient de faire et se concentrer immédiatement sur la prochaine action. C’est de ne pas penser au match qui s’en viens et garder son focus sur la préparation en cours. C’est aussi de ne pas penser à ce qui se passe à l’extérieur de la glace (dans notre vie personnelle, par exemple).

Lorsqu’un athlète est concentré à 100% sur la tâche qu’il doit accomplir, il a un meilleur contrôle sur son focus attentionnel. Le focus attentionnel est la capacité à se concentrer sur ce qui est important dans l’environnement et ignorer ce qui ne l’est pas. Dans certains sports, comme le hockey, le focus doit être assez large pour ne pas manquer un coéquipier qui est démarqué, par exemple, ou pour détecter un adversaire qui approche. Par contre, dans certaines situations il est préférable d’avoir un champ d’attention plutôt restreint comme lors d’un tir de punition (le focus doit se faire sur le gardien pour bien détecter une faille dans ses déplacements, par exemple, et il faut ignorer la foule et les autres joueurs).

 

Objectifs à court et long terme

Quand tu veux atteindre un objectif, autant dans la vie de tous les jours que dans le sport, ça prend un certain niveau de préparation. Si ton objectif est flou, ou si celui-ci est bien défini mais que tu ne sais pas trop comment tu vas l’atteindre, ça va être plus difficile. D’autres choses sont importantes à savoir quand vient le temps de se fixer des objectifs :

  1. Ceux-ci doivent être élevé mais réaliste. Se fixer un but inatteignable ne fera que décourager l’athlète lorsqu’il réalisera qu’il ne peut pas l’atteindre. D’un autre côté, un objectif trop facile ne constituera pas un défi assez grand pour l’athlète et résultera en moins de motivation, moins d’intérêt et donc, une performance moindre.
  2. C’est toujours mieux de mettre ses objectifs par écrit et idéalement, que l’athlète les voit souvent. Tout d’abord, le fait de les écrire démontre un niveau d’engagement qui sera plus grand. Ensuite, le fait de les avoir à portée de vu poussera l’athlète à garder son focus sur ce qu’il doit faire.
  3. C’est important aussi de se fixer une date à laquelle nous souhaitons atteindre notre objectif. Sans date limite précise, c’est plus facile de remettre à plus tard ou de dévier de la trajectoire que nous nous sommes fixée.
  4. Il faut avoir un objectif à long terme et plusieurs petits objectifs à court terme. Ceux à court-terme sont généralement des actions sur lequel nous avons le contrôle, tandis que l’objectif à long terme échappe au contrôle de l’athlète. Prenons un exemple que des entraîneurs de hockey pourraient utiliser pour leur équipe :

 

Objectif : Terminer 1er au classement général de la LNH
·         Être dans le top 5 pour l’avantage numérique

·         Être dans le top 5 pour le désavantage numérique

·         Donner son 100% à chaque présence

·         Suivre le plan de match peu importe ce qui se produit

·         Accorder 2 buts ou moins dans 80% des matchs de la saison

·         Etc.

Être dans le top 5 pour l’avantage numérique

·         Pratiquer l’avantage numérique au moins 60 minutes par semaine

·         Lorsque possible, faire jouer un joueur X (Weber ou Pacioretty, par exemple) pendant la totalité de l’avantage numérique (lorsque c’est une pénalité mineure)

·         Respecter la stratégie pratiquée durant les entrainements

 

Dans l’exemple ci-haut, l’objectif général (à long-terme) est de terminer au sommet du classement de la ligue pour la saison. Ce dernier objectif a ensuite été décortiqué en plusieurs petits qui permettront d’atteindre l’objectif général (être dans le top 5 en avantage numérique et en désavantage numérique, par exemple). Finalement, chacun de ces buts à long-terme peut être séparé en plusieurs buts à court terme.

Dans mon exemple, « Être dans le top 5 de la ligue en avantage numérique » a été séparé en plusieurs objectifs à court terme. Les entraîneurs n’ont pas de contrôle sur quelles équipes termineront dans le top 5 en supériorité numérique. Par contre, ils peuvent contrôler le temps qu’ils consacrent à cette facette du jeu durant les entraînements, les joueurs qu’ils utiliseront, la tactique, etc. Ce sont ces derniers éléments qui constituent les buts à court terme et que, s’ils sont bien définis, peuvent permettre d’atteindre ses objectifs.

Avec les sports d’équipe c’est beaucoup plus complexe qu’en individuel. En plus des objectifs collectifs de l’équipe, chaque joueur peut avoir ses propres buts individuels. Idéalement, les buts des joueurs doivent correspondre à ceux que l’équipe a fixée.

J’ignore à quel point les équipes de hockey utilisent ce type de stratégie dans leur préparation. Il est possible que les entraîneurs l’utilisent sans nécessairement en parler à leurs joueurs mais il est préférable d’impliquer l’ensemble de l’équipe. Certains joueurs l’utilisent certainement pour se fixer des objectifs mais encore faut-il que ces buts individuels servent à l’équipe.

 

Être responsable

Être un gagnant, c’est aussi enlever de son vocabulaire les mots « chance » et « hasard ». C’est d’attribuer la faute à personne d’autre que soi-même lorsque ça va mal. Les vrais gagnants s’attribuent la responsabilité de leurs victoires et de leurs défaites. Ils sont responsables de leur préparation, de leur jeu et des bons comme des mauvais coups.

De cette façon, s’ils perdent, ces athlètes auront tendance à redoubler d’ardeur au travail. Ils vont se dire qu’ils auraient pu travailler encore plus fort ou qu’ils n’étaient pas suffisamment prêt. S’ils gagnent, ils seront totalement valorisés, auront confiance encore plus en leur moyen et sauront qu’ils méritent cette victoire car ils ont tout donné.

Cela peut être représenté par le fameux « No excuses »chez le Canadiens (qui a d’ailleurs été enlevé du vestiaire). L’an dernier, il s’agit d’une facette qui a cruellement manquée au CH. Après les défaites, les entrevues d’après-match n’étaient qu’une suite d’excuses et la plupart des joueurs ne voulaient pas s’attribuer la faute pour la défaite. C’était la même chose pour le coach qui, plutôt que de responsabiliser ses joueurs, parlait de malchance ou des nombreuses blessures.

 

Finalement, il ne faut pas oublier que même avec le meilleur mental, la meilleure préparation et la meilleure attitude possible, ça prend du talent pour être au top dans sa propre discipline. Par contre, le talent seul n’est pas suffisant pour se démarquer des autres et être le meilleur.

 

En se basant sur les éléments que je viens de fournir, croyez-vous que le CH a ce qu’il faut cette année pour gagner la Coupe Stanley ? Personnellement, j’ai beaucoup de difficulté à imaginer le CH gagner ce précieux trophée s’ils gardent la même attitude qu’en 2015-2016. L’ensemble de l’équipe a développé une attitude de perdant la saison dernière et il sera difficile de renverser la vapeur.

Certains facteurs pourraient par contre aider le CH. L’arrivée de Weber est selon moi un plus dans la chambre et le retour de Price aidera beaucoup autant au niveau du leadership que sur la glace. De plus, le départ de Subban contribuera à ramener une chimie entre les joueurs (croyez-vous encore que Subby n’était pas une distraction dans le vestiaire et qu’il n’était pas détesté par plusieurs coéquipiers ?). Il reste à voir si ces changements seront suffisants et si les joueurs auront appris de cette saison de misère.

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