Publicité sur les chandails et langue de la majorité : ça ne fait pas jaser qu’à Montréal

Au tournoi de golf la semaine passée, deux sujets ont retenu l’attention : le logo de RBC et le fait que Nick Suzuki, fraîchement nommé capitaine, a affirmé qu’il allait continuer d’apprendre le français. Immédiatement, quand les gens ont critiqué les deux nouvelles, on a entendu que c’était « seulement à Montréal » que ça pouvait autant faire jaser.

Mais est-ce vraiment le cas? Est-ce seulement à Montréal que le chandail est « trop sacré » pour y apposer un logo commercial? Est-ce seulement à Montréal qu’on demande aux vedettes de parler la langue de la majorité?

La réponse est non.

Hier, on pouvait lire un texte de Jeremy Filosa (98.5 FM) dans lequel il nous apprenait que la MLB a autorisé la publicité sur les chandails et que les Yankees de New York et les Red Sox de Boston vont notamment en profiter pour se trouver un commanditaire.

Le pyjama rayé des Yankees est sacré, tout comme celui du Canadien. Mais pourtant, les Yankees ont choisi d’y apposer une publicité (en plus de celle de Nike, qui est sur les 30 chandails du baseball majeur cette année).

Est-ce que j’aurais préféré voir les Bombardiers du Bronx ne pas choisir cette avenue-là? Au niveau esthétique, oui… mais comme pour le CH, je ne peux pas dire que cela me dérange au point d’en faire des boutons. La publicité fait partie de la vie.

Si on prend l’exemple des Red Sox, pour 162 matchs avec une publicité sur la manche, le club devrait toucher entre 17 et 20 M$ par année. Le prix est élevé, mais comme le baseball est un sport plus statique, la pub se voit plus.

Le CH, lui, touchera 6.3 M$ par saison avec RBC, selon Georges Laraque. Toutes proportions gardées (41 matchs seulement), c’est un bon prix.

Les Yankees de New York ont vu Aaron Judge refuser une prolongation de contrat de 213.5 M$ sur sept ans (30.5 M$ par année) en mars dernier. Il deviendra agent libre cet hiver et en vertu de ce qui peut être qualifié de l’une des plus belles saisons de l’histoire, il touchera au moins 300 M$.

Les Yankees doivent le payer et avoir des revenus de publicité est donc logique. Même chose à Boston pour Xander Bogaerts (cet hiver) et Rafael Devers (dans un peu plus d’un an).

Donc non, ce n’est pas qu’à Montréal où un chandail sacré fait jaser en raison de la publicité. C’est une tendance qui est prise dans le monde du sport pour faire grossir le sport.

Il faudra s’y habituer, tout comme les fans des Leafs vont devoir faire avec la pub sur leur chandail.

Notons aussi que le débat sur la langue française fait jaser à Montréal, mais ce n’est pas unique. Bien des gens pensent qu’à Montréal, nous sommes à un autre niveau, mais quand on se compare, on réalise que finalement, c’est parfois plus intense ailleurs.

Dans les derniers jours, Alexandre Pratt (La Presse) a pondu un papier très complet sur le sujet. Au soccer, il y a des marchés où les médias n’acceptent pas de voir des membres importants de l’équipe de la place ne pas parler la langue de la majorité après quelques mois seulement.

Ici, ce n’est pas exactement le cas. Bien des joueurs ont passé beaucoup de temps ici et personne n’a forcé ces gars-là à apprendre le français ou à le parler devant les médias.

Je pense qu’on va collectivement se remettre du fait de voir certains politiciens demander à Nick Suzuki d’apprendre à parler en français maintenant qu’il a été nommé capitaine du club. Et de toute manière, il a passé l’été à l’apprendre.

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