betgrw

Les journalistes traditionnels ne comprennent pas les nouveaux médias

Avertissement : la lecture qui suit vous prendra au moins 10 minutes. Il est encore temps de quitter et d’abdiquer parce qu’une fois commencée, elle ne pourra plus s’arrêter.

Dormir nous permet de recharger nos batteries et d’avoir de l’énergie pour le lendemain. Mais dans mon cas – et je présume que c’est peut-être comme ça pour vous aussi -, dormir est un excellent moyen de synthétiser ce qui s’est passé dans mes/nos 16 dernières heures et de ranger tout ça dans des tiroirs précis de mon/notre cerveau.

Je me suis instauré une règle importante il y a une dizaine d’années : toujours attendre au moins 24 heures avant de prendre une décision importante. Ça me permet de prendre des décisions mûrement réfléchies et ça m’évite ainsi de faire des niaiseries.

C’est ainsi que j’ai abordé le texte qui suit quand j’ai eu l’idée de l’écrire hier vers 11h00.

Lundi, je suis parti sur une chire avec JC Ouellet, Patricia Vincent et Pierre Couture à Québec, mais ça a donné un excellent segment de radio. La ligne directrice de celui-ci : on ne peut plus débattre et jaser avec des gens qui ne pensent pas comme nous au Québec. Malheureusement, la plupart des gens se trouvent des silos à l’intérieur desquels tout le monde pense comme eux.

Et les gens dans l’autre silo, ce sont des maudits imbéciles… des cr*ss de caves !

Deux jours plus tard, l’excellent Max Lalonde (Gérants d’estrade) m’a invité à venir parler des médias non-traditionnels sur les ondes de BPM Sports. Ce que je ne savais pas, c’est que ça allait être un débat « pour ou contre les médias comme DansLesCoulisses »… avec/contre Richard Labbé.

Je dis débat, mais on est passé l’un après l’autre. Semble-t-il que Max prépare un 2e round où nous serons les deux en même temps…

Sincèrement, j’espère que BPM Sports poursuivra dans cette voie de laisser de la place au débat… autre que ceux du genre Pezzetta ou Ylonen sur la quatre ? Ça fait de la bonne radio.

Avant d’aller plus loin, je vous invite – si vous avez le temps – à écouter le passage de Richard…

Puis, le mien (qui a suivi).

Je ne vous résumerai pas mot à mot les propos de Richard. Je ne voudrais pas mal le citer. Allez l’écouter.

Mais je vais me permettre de les commenter.


S’accrocher au modèle traditionnel
En gros, Richard, dans une envolée du genre « moi, je, nous, mon métier, mon importance, mes privilèges  » a tenu à vanter l’importance du vrai journalisme d’enquête sportif… en crachant sur les médias non-traditionnels.

Il avait l’air dépassé, mettant tout le monde dans le panier et pensant que les gens comme moi se lèvent le matin, ne parlent jamais à aucune source et inventent des rumeurs comme bon leur semble.

Relisez le paragraphe ci-dessus. Je n’invente rien. C’est vraiment ce qu’il a dit.

Sincèrement, juste avec ça, il s’est discrédité totalement. Penser que tous les blogues sportifs font la même chose et n’ont pas d’éthique – du plus petit lu par 4 personnes à celui dont les stats sont meilleures que le site de TVA Sports -, c’est démontrer que tu ne connais pas ton sujet, Richard. Et après ça, tu vas nous dire qu’il faut écouter les vrais journalistes parce qu’eux sont plus fiables ? Come on… j’espère que les journalistes font davantage de recherches et connaissent mieux et en savent plus sur les subtilités – pas tant subtiles, hehe – des choses dont ils parlent en ondes ou écrivent sur leur clavier.

Au fait, puisqu’il est question d’éthique : un journaliste ne devrait-il pas garder une bonne distance avec les gens qu’il couvre dans le mandat de son travail selon le code de déontologie journalistique ? Est-ce que ce principe est toujours appliqué ?

Le journalisme sportif vs d’autres journalismes
Second, penser que le journaliste sportif est aussi important et que son travail est aussi nécessaire à la société dans laquelle on vit que le journaliste d’enquête ou le journaliste politique, c’est croire au Père Noël qui se promènerait sur une licorne pour livrer ses cadeaux en plein mois de décembre juillet. Le journaliste d’enquête est craint des politiciens, des hommes d’affaires, des criminels… bref, des sujets qu’il couvre.

Pensez-vous vraiment que le Canadien craint tant que ça les Renaud Lavoie et compagnie ? Ce sont des fans, des partenaires (entente légale ou pas avec le club), des collaborateurs, des porte-paroles, des animateurs… mais leur travail n’est que très rarement journalistique. Ils sont bons, ils sont divertissants, ils apportent de la nouvelle… mais ils ne font pas du gros journalisme, on va s’entendre là-dessus.

Le sport, c’est du show business. Les journalistes s’entremêlent avec d’anciens joueurs, avec des gens qui travaillent aussi pour les organisations qu’ils couvrent et avec des personnalités publiques populaires. Lâchez-moi la pureté journalistique dans le monde du sport…

Des vrais journalistes sportifs qui ne retiennent jamais de nouvelles de peur de déplaire à des athlètes ou des organisations, il n’y en a pas beaucoup au Québec. Martin Leclerc le fait très bien… mais après ça, il y en a peu qui peuvent se vanter de faire le même travail que Rick Westhead dans le Canada anglais, par exemple.

Surtout pas ceux et celles qui font constamment de la pub pour des sites de paris en ligne illégaux…


Le diplôme en journalisme
Third, je crois qu’il faut arrêter de dire que les journalistes sportifs traditionnels sont purs parce qu’ils ont une formation en journalisme. Ils sont plusieurs à ne pas avoir de diplôme en journalisme ou en comm (écoutez mon passage sur les ondes de BPM Sports pour en connaître quelques-uns) et pourtant, ils font tous un bon travail.

Mais je me répète : ils n’ont pas de bacc en journalisme.

Next !

Chez DLC, on a cinq personnes formées en journalisme ou en comm. On ne s’est jamais vanté de ça parce que ce n’est pas ça, l’important. Sauf que parfois, il faut remettre les choses au clair.

Quand ces gens-là pensent qu’on a zéro source, ça me fait rire. Combien de scoops Richard a-t-il sorti depuis six ou sept ans ? Les Domi vs Galchenyuk, Matko Miljevic à Laval, Drouin vs Sergachev, le départ de Paul Houde, l’aventure de Gonzo à la Poche Bleue, le saut francophone de Tony Marinaro, la fin de Norman Flynn chez BPM Sports, les côtes fracturées d’Andrei Markov en Russie, David Desharnais qui avait aggravé sa blessure au genou à l’entraînement… c’est ici-même sur DLC que c’est sorti, signé par celui que vous êtes justement en train de lire en ce moment.

Soit les gens comme Richard n’ont pas d’info privilégiée – même s’ils sont dans le vestiaire, pour reprendre leurs propres mots -, soit ils décident de ne pas publier les infos privilégiées qu’ils sont en mesure d’obtenir de par leur proximité avec les organisations. Dans un cas comme dans l’autre, est-ce que le lecteur y gagne vraiment ?

Et tout ça, c’est sans compter les 1001 histoires dénichées sur le Web que les médias traditionnels ont reprises quelques heures après les avoir lues sur DansLesCoulisses.com…


On était là avant et on sera là après
Arrêtez de penser que sans vous, on n’existerait pas… qu’on a besoin de votre contenu. C’est du fake news, comme dirait l’autre.

On était là il y a 15 ans, alors que vous ne saviez même pas ce que « control + alt + delete » voulait dire ou provoquait…

Et on va être encore là dans 10 ans. Si jamais ce n’est pas le cas, soyez certains d’une chose : je ne blâmerai pas les autres. Je me blâmerai moi-même pour ne pas avoir pris les bonnes décisions et ne pas avoir su m’adapter en tant que bon gestionnaire/hommes d’affaires…

Notamment à TikTok et aux façons de consommer de la nouvelle rapidement chez la plus jeune génération ! #Défi

Si j’ai pu survivre à un « rant » comme on m’a fait en heure de grande écoute à quelque part en 2018, je vais être correct.

Ah oui… arrêtez aussi de dire que tous les sites non-traditionnels exagèrent tous leurs titres de façon malhonnête pour forcer le lecteur à ouvrir l’article afin d’avoir la véritable info. Dire ça, c’est prouver une fois de plus que vous ne connaissez pas les médias non-traditionnels et leurs nuances entre eux… un sujet que vous vous permettez pourtant de traiter et de pourfendre sur les ondes de médias traditionnels.

Le journalisme va mal présentement et le monde du sport n’y échappe pas. Sauf que si vous pensez que c’est à cause de moi, vous faites fausse route. Et vous me donnez beaucoup trop d’importance.

Moi, je fais ma petite affaire en tentant de répondre du mieux que je le peux – avec mon équipe – au besoin de la population. Est-ce que vous vous êtes remis en question au cours des dernières années, vous ? Au lieu de brailler en disant que le monde ne vous consomme plus, vous êtes-vous demandé pourquoi ils ne le font plus ?

Et si oui, en êtes-vous arrivés à d’autres réponses que « Netflix, Disney+, Google, Facebook (Meta), le CRTC, Donald Trump, Pierre Poilievre, Elon Musk ou X » ?


L’importance de l’indépendance
Plusieurs médias sportifs sont partenaires avec des équipes ou des organisations sportives de nos jours.

Plusieurs journalistes travaillent pour des partenaires des athlètes qu’il couvre… quand ils ne sont pas directement (cher) payés par l’équipe ou la ligue elle-même ! #AppleTV #MLS

Pendant ce temps-là, des plus petits – passionnés, indépendants et parfois oui, loin de la galerie de presse – répondent mieux à ce que le public veut parce qu’ils sont indépendants et n’ont pas de comptes à rendre à personne.

Dans le fond, c’est peut-être ça le problème qu’ils ont avec moi : je vais regarder le point de presse d’Olivier Renard de mon sous-sol tantôt et je vais faire la même chose ce soir avec celui de Martin St-Louis. J’aurai donc accès au même contenu qu’eux, sans avoir à me taper les déplacements dans la neige…

Et je serai au lit 1h30 avant eux ! Tout ça sans avoir à me dire : « est-ce que ce bout-là va choquer telle ou telle personne si je l’écris « ?

Au lieu de chialer pour conserver vos privilèges, enlevez vos œillères et arrivez en 2023. Ne soyez pas comme les chauffeurs de taxi devant les patrons d’Uber il y a quelques années. L’inévitable est arrivé et le public a parlé. Le marché a été déréglementé et les revendications des chauffeurs de taxi n’ont pas trouvé beaucoup d’écho.

On a vu les médias traditionnels tenter de modifier leur approche (tardivement) en tentant de faire comme les gars dans leur sous-sol sur le Web.

Le jour où vous arrêterez de nous voir comme des ennemis et que vous comprendrez qu’ensemble, on serait juste plus fort, vous cesserez peut-être de gérer une décroissance.

Croyez-moi, c’est pas mal plus le fun de gérer de la croissance…

Pour terminer, je vous redonne le lien pour entendre mon segment d’hier :

Prolongation

Vous avez sûrement suivi la saga Patrick Roy à Kanata au cours des dernières heures…

Ça m’a bien fait rire de voir des journalistes purs dire – une vingtaine d’heures après la sortie de Norman Flynn – qu’il ne fallait pas parler de ça…

Que tous ceux qui l’ont fait ont erré parce que ce n’était pas vrai…

Que les sites non-traditionnels qui en ont fait des articles sont des [insérez le qualificatif que vous souhaitez].

Guys… on est dans le sport ici. On n’opère personne à cœur ouvert et on ne guérit (malheureusement) pas le cancer.

Les rumeurs (dont la source est crédible et qui ne touchent pas la vie personnelle des gens), ça fait partie de la game. Prétendre le contraire et vouloir que ce ne soit pas le cas, c’est encore une fois démontrer que tu ne comprends pas le « client »… et encore pire, que tu le juges !

Quand un gars de RDS sort une telle rumeur, que le site de RDS – de même que des chroniqueurs/chroniqueuses à TVA, Radio-Canada, Cogeco et autres osent en parler – guess what : on va en parler nous aussi ! Et avant les autres…

Pis si ça se reproduit encore demain, on va encore en parler.

En prenant bien évidemment les précautions nécessaires : conjuguer au conditionnel, dire que Norman Flynn n’a pas toujours raison avec ses rumeurs, etc.

PLUS DE NOUVELLES