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Le repêchage 2015 est-il aussi « bon » qu’on le prétend? | Dylan Strome en a déçu plusieurs

À l’approche du repêchage, il nous fait plaisir de vous offrir un texte (spécial) signé par Simon « Snake » Boisvert, un ancien recruteur dans la LHJMQ et blogueur émérite, pour le (vrai) fan de hockey!

Le repêchage 2015 suscite beaucoup d’intérêt, et certains le comparent même à la cuvée 2003 en termes de qualité et de profondeur. Il faut cependant faire attention de ne pas évaluer un repêchage en fonction des 4 ou 5 meilleurs joueurs. Pour moi, un repêchage est divisé en plusieurs segments :

  • La qualité du top 5.
  • La qualité du reste de la première ronde.
  • La profondeur de la deuxième ronde.
  • La profondeur (relative) du reste du repêchage.

Bien que les cinq premiers joueurs choisis deviennent rarement les cinq meilleurs joueurs d’une cuvée lorsqu’on analyse celle-ci 10 ou 15 ans plus tard, il n’en demeure pas moins qu’au moment du repêchage, ce sont généralement les cinq joueurs ayant le potentiel le plus élevé. Et cette année, on peut dire que ce top 5 fait partie de l’élite des top 5 des 30 dernières années.

Par contre, bien que le reste de la première ronde soit intéressant, je ne pense pas que cette année soit nécessairement meilleure que 2014 pour ce qui est des choix 6 à 30. Quand on pense que des joueurs comme Fabbri, Goldobin, Pastrnak et Scherbak ont été choisis après le 20rang, cette qualité est difficile à battre en 2015.

Quant à la 2e ronde, je la qualifierais de légèrement supérieure à la moyenne, mais rien d’exceptionnel par rapport aux années précédentes.

Le critère numéro 4 est le plus difficile à évaluer. On a beau avoir toutes sortes de cartes cachées sur nos listes, l’histoire nous démontre que ceux qui perceront sont souvent d’autres joueurs que ceux pour qui on entretenait un léger espoir. Mais je dirais que cette année, les rondes 3 à 7 semblent avoir un peu plus de profondeur qu’à l’habitude.

Alors sans plus tarder, voici mon top 30, suivi d’explications :

  1. Connor McDavid
  2. Jack Eichel
  3. Mitch Marner
  4. Noah Hanifin
  5. Matthew Barzal
  6. Mikko Rantanen
  7. Denis Guryanov
  8. Evgeni Svechnikov
  9. Kyle Connor
  10. Brock Boeser
  11. Dylan Strome
  12. Nick Merkley
  13. Zack Werenski
  14. Ivan Provorov
  15. Timo Meier
  16. Jeremy Roy
  17. Daniel Sprong
  18. Matej Tomek
  19. Ilya Samsonov
  20. Travis Konecny
  21. Lawson Crouse
  22. Joel Eriksson Ek
  23. Pavel Zacha
  24. Colin White
  25. Jeremy Bracco
  26. Alexander Dergachev
  27. Jens Looke
  28. Denis Malgin
  29. Roope Hintz
  30. Travis Dermott

Rappelons que le CH parlera au 26e rang, en 1ere ronde…

Connor McDavid est selon moi le meilleur espoir depuis Mario Lemieux en 1984. Et même si le hockey a changé et que les saisons de 200 points sont une chose du passé, je considère que McDavid pourrait devenir le plus grand joueur de tous les temps. C’est la première fois que je vois en un joueur autant de qualités à haut niveau à un si jeune âge. Sa vision du jeu, ses feintes, son coup de patin explosif, aucune des légendes du hockey ne possédaient toutes ces qualités. On dirait une combinaison de Mario Lemieux, Wayne Gretzky et Pavel Bure. La seule faiblesse de McDavid est la puissance de son lancer qui laisse à désirer. En ajoutant McDavid à leur collection de jeunes joueurs, les Oilers sont en position pour mettre sur la glace une équipe aussi excitante qu’à l’époque de Gretzky.

Vient ensuite Jack Eichel. Neuf ans sur dix, Eichel aurait été le premier choix. Son accélération et sa force physique en possession de la rondelle en font un joueur de concession qui devrait relever éventuellement les Sabres vers le sommet du classement. Mais il y a McDavid, cette année…

Au 3e rang, difficile de prédire ce que feront les Coyotes de l’Arizona. Comme leur attaque est déficiente, il serait logique pour eux de choisir Mitch Marner, un joueur dans le moule de Patrick Kane…

Mais ils pourraient être tentés par Noah Hanifin, un défenseur fiable et costaud au coup de patin fluide, mais dont le potentiel offensif n’est pas à la hauteur de celui des grands défenseurs de la Ligue Nationale. Pour moi, il se situe une coche au-dessus de Jay Bouwmeester à cet égard. Bref, une valeur sûre pour une brigade défensive, mais pas un Norris

Quant à Dylan Strome, son invisibilité durant les séries éliminatoires ont refroidi mon enthousiasme (et celui de plusieurs). Le problème avec Strome, c’est que toute la saison, il a semblé dominer uniquement lorsque la compétition était moins relevé. Son coup de patin est d’une lenteur déconcertante, mais son sens de jeu et son talent de passeur compensent pour cette faiblesse. Un bon choix, mais pas un top 5.

Vers la fin de la 1ere ronde, certains auront remarqué que j’ai omis des noms populaires sur la majorité des listes, et ajouté des joueurs qui ne seront probablement pas sélectionnés avant la deuxième ou la troisième ronde. La raison est simple : à ce stade du repêchage, je préfère y aller pour le coup de circuit que pour les choix plus « sûrs » qui font souvent le délice des recruteurs-chefs vers la fin de la première ronde. Un choix « sûr » est un joueur au talent offensif limité mais qui, en raison de son éthique de travail et son physique, possède d’excellentes chances de jouer à tout le moins sur un troisième ou un quatrième trio, ou une troisième paire de défenseurs.

Moi qui prêche depuis longtemps de ne pas choisir de gardien en première ronde, je dois tout de même inclure Matej Tomek et Ilya Samsonov dans le top 30. Je ne sais pas certain si je le choisirais nécessairement à ce rang, mais côté talent, on se doit de les inclure dans la liste. Ils n’ont pas le potentiel de Vasilevskiy, mais n’en demeure pas moins qu’ils sont deux des meilleurs espoirs des dernières années devant le filet. L’histoire de Tomek est intéressante : comme il lui était impossible de jouer dans la CHL en raison des règlements interdisant les gardiens européens, le Slovaque Tomek a évolué dans la très faible NAHL aux États-Unis. Cependant, il fut dominant et gardera les buts de l’Université North Dakota en 2015-16, où il pourra pleinement s’épanouir.

Au 26e rang, le CH pourrait avoir l’embarras du choix… ou non. Chaque année, certaines équipes font des choix qui sortent un peu du champ gauche, ce qui permet à de très bons joueurs de dégringoler. Si c’est le cas, le CH pourrait se retrouver un Brock Boeser ou un Jérémy Roy, par exemple. Sinon, je suis d’avis que le CH doit repêcher le meilleur joueur disponible, sans égard à la position, car le joueur repêché ne sera pas vraiment prêt avant trois ou quatre ans, et d’ici là, les besoins de l’équipe peuvent changer. Sans compter que le joueur en question peut devenir une excellente monnaie d’échange s’il se développe bien.  On parle beaucoup que le CH a besoin de rehausser son attaque, mais le joueur choisi en 2015 a très peu de chances d’avoir un impact l’an prochain, à moins de repêcher un autre Pastrnak.

D’ailleurs, le cas de Pastrnak est intéressant. Comme il n’a pas joué au hockey junior canadien durant son année de repêchage, les Bruins ont pu l’envoyer dans la AHL à 18 ans, contrairement au CH qui a dû retourner Scherbak à son équipe junior. C’est pourquoi je crois fortement que si le CH repêche un Européen ou un Américain n’évoluant pas au Canada, cela pourrait s’avérer une bonne idée de l’envoyer dans la AHL à 18 ans. Malgré tous ses défauts, la AHL est la deuxième meilleure ligue au monde et permet aux joueurs européens de s’acclimater à la patinoire et au style de jeu nord-américain.

Du côté de la LHJMQ, c’est une année intéressante, même s’il n’y a pas de super-vedettes. Les Svechnikov, Sprong, Chabot, Zboril, Meier, J. Roy et Beauvillier pourraient être appelés en première ronde, sinon au début de la deuxième…

Pour les rondes 3 à 7, je préconise une stratégie qui semble rigide, mais qui, en bout de ligne pourrait rapporter gros. On s’entend qu’entre les choix 61 et 210, ce sont des billets de loto. Un joueur choisi à ce stade du repêchage a autant de qualités que de défauts. Alors plutôt que d’essayer de deviner lesquels peuvent percer, pourquoi ne pas s’attarder à une seule catégorie de joueurs moins prisés par le marché.

Par exemple, au fil des ans, le marché a ignoré les petits attaquants habiles à la Tyler Johnson, les Russes, à cause du supposé « facteur russe », et les défenseurs offensifs de petite taille comme Torey Krug, ou encore les joueurs de 19 ou 20 ignorés lors de repêchages précédents. Cette année, dans les rondes 3 à 7, je viserais donc les Russes qui jouent dans la KHL ou la MHL. Parmi cinq choix, si un seul d’entre eux perce, le pari est gagné. L’une de mes cibles serait Kirill Pilipenko, un joueur talentueux qui sortirait certainement en fin de première ronde, s’il évoluait en Amérique.

Un joueur que j’aime bien en fin de repêchage est Brennan Menell, le défenseur des Giants de Vancouver. Je serais surpris qu’il soit repêché cette année, mais éventuellement, quelqu’un le signera, et il pourrait s’avérer un bon quart arrière de jeu de puissance chez les pros. Son physique (moins de 6 pieds) et le fait qu’il ait évolué à l’avant au début de la saison ont joué en sa défaveur.

Un autre joueur intéressant en deuxième ou troisième ronde est le Québécois A.J. Greer. Vedette du midget AAA il y a quelques années, Greer a évolué cette saison avec Jack Eichel à Boston. Peu utilisé en tant que joueur de première année, Greer est un ailier de puissance qui, avec plus de temps de glace, devrait progresser d’ici deux ans et atteindre éventuellement la Ligue nationale.

Sur ce, bon repêchage! On se jase après celui-ci pour discuter des sélections du Canadien…

Rappelons que la gang de DansLesCoulisses sera sur place, en Floride, pour le repêchage. #AvecLVH

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